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Collection « Sciences du développement »
L'importance du secteur informel en RDC (2000)
Introduction

Une édition électronique réalisée à partir du texte du Dr Malikwisha Meni, L'importance du secteur informel en RDC. Un article publié dans le Bulletin de l’ANSD, volume 1, décembre 2000, pp. 21-40. Kinshasa: Académie nationale des sciences du développement. [Séance du jeudi le 27 janvier 2000.] [M. Michel Maldague nous a transmis le 10 janvier 2005 l'autorisation du professeur Mapunzu de diffuser ce texte.]

Introduction

Je vous remercie, Monsieur le Président et Chers Confrères, de me donner l'occasion de vous entretenir d'un sujet délicat, car fort discuté par les économistes, en général, et rejeté par les économistes classiques jusque dans nos universités africaines, pourtant confrontées à la réalité quotidienne de l'envahissement du secteur formel par l'informel depuis les premières années de notre Indépendance.

Dans le cadre de la lutte contre la pauvreté - notre pauvreté congolaise -, je me suis intéressé, depuis près de quatre ans, à toutes les stratégies proposées, tant au niveau urbain que rural, par les communautés de bases ou par les institutions, tant privées qu'officielles, pour y mettre un terme.

Reconnaissons dès maintenant que la résolution progressive de la lutte contre la pauvreté est en réalité le point de départ du développement du pays, développement entendu dans le sens de développement humain durable. Nous définissons ce concept comme étant la quête permanente du mieux être de l'homme et de tout homme dans son environnement.

Tous les grands économistes qui ont étudié notre économie congolaise sont unanimes à reconnaître que la crise que connaît notre pays a commencé juste après notre indépendance, c'est-à-dire après 1960. Cela s'explique aisément par le fait que l'économie du Congo Belge était extravertie, du fait qu'elle avait pour finalité le développement prioritaire de la métropole. Cet état de chose constituait déjà en soi le germe de la crise qui devait suivre l'indépendance.

Pour mémoire, en 1958, le P.I.B. du Congo Belge était au même niveau que celui du Canada. Mais, par la suite, nous avons emprunté deux itinéraires contrastés : tandis que le Canada s'est fort développé et se range aujourd'hui parmi les sept grandes puissances économiques de ce monde, la R.D.C. se trouve actuellement parmi les P.M.A. (pays les moins avancés), selon le rapport du PNUD de 1998.

Puisque nous nous trouvons ici dans un cénacle de chercheurs, d'universitaires, mais aussi de gestionnaires, au sens large du terme, je voudrais que nous méditions sur les chiffres suivants que nous avons extraits à votre intention de l'ouvrage de deux chercheurs belges d'Anvers, MM. Tom De Herdt et Stefaan Marysse, « L'économie informelle au Zaïre », publié en 1996, et dont le sous-titre « (sur)vie et pauvreté dans la période de transition » est évocateur

•   En 1955, 39% de la population active urbaine, c'est-à-dire âgée de 15 à 59 ans, se trouvait dans le secteur formel, et 61% dans l'économie non structurée.
•   En 1961, 29,1% s'y trouvaient encore, pour 70,9% dans le secteur informel.
•   En 1990, 5% seulement de la population active urbaine pouvait encore compter sur le revenu du secteur formel. Au vu de ces données, nous estimons personnellement qu'aujourd'hui, en 2000, après une transition tumultueuse, après les tristes pillages de 1991, 1993, après la guerre de libération de 1997 et cette guerre d'agression de 1998, on ne peut plus compter raisonnablement sur plus de 1% dans le secteur structuré. Ce qui paraissait comme donc conjoncturel, depuis une dizaine d'années, mieux, depuis une quarantaine d'années, devient, par son dynamisme, un phénomène économique structurel avec lequel il faut désormais compter dans tout projet de développement.

Et, à cause de cette nouvelle donne, le système éducatif, de l'école primaire, en passant par le secondaire, jusqu'à, et surtout, l'Université, qui forme les cadres et les décideurs, doit être impérieusement repensé quant à son contenu et à ses méthodes.

C'est pourquoi, nous avons participé, avec joie, durant la semaine du 13 au 19 février 2000, à un séminaire-atelier, intitulé « Pour une pédagogie universitaire inculturée en Afrique », organisé par les Facultés Catholiques de Kinshasa, en collaboration avec la Fondation Internationale des Universités Catholiques. Les participants ont réfléchi en profondeur aux finalités classiques de l’Université, à savoir la recherche, la pédagogie et les services à rendre à la société.

D'après les chercheurs modernes des sciences de l'éducation, comme le professeur Kondani de l'Université de Kinshasa, il est impropre de parler de pédagogie universitaire, dès lors que l'on s'adresse à des personnes adultes en général. Il vaut mieux parler d'andragogie universitaire et réserver le terme de pédagogie aux enfants de l'école primaire et aux jeunes du secondaire. En fait, l'étymologie du mot pédagogie justifie suffisamment cette nouvelle définition conceptuelle et nous y souscrivons.

Le problème consistait essentiellement à trouver de nouvelles stratégies, appropriées et applicables, dans la situation d'anomie que traverse l’État congolais. Quelle université africaine, dans quels milieux, avec quelle « pédagogie » et pour quel développement ? Comment concilier l'idéal universaliste de la recherche universitaire avec sa mission qui consiste à participer à la recherche de solutions aux problèmes que pose l'environnement dans sa dimension socio-culturelle (c'est-à-dire physique, culturelle, économique, écologique et sociologique) ?

Nous allons, Monsieur le Président et Chers Confrères, analyser l'émergence de cette nouvelle économie, jadis qualifiée de souterraine, qui non seulement a fait surface, mais a envahi, en outre, tous les milieux de la vie nationale. Il n'y a plus, au Congo, un seul secteur qui ne recoure à l'informel pour sa vivacité et pour sa survie ; p.ex., la B.C.C. [1], les Ministères, l'import-export. Un exemple, parmi d'autres : d'après les participants au séminaire-atelier auquel nous venons de participer, les universités officielles et les instituts ont pu se maintenir grâce à l'encouragement que les professeurs et les gestionnaires de ces établissements recevaient dans le secteur informel (universités privées, affaires).

Il y a interaction et imbrication entre le formel et l'informel, et c'est ce que nous allons voir après cette introduction.

Quelques exemples parmi d'autres

Exemple 1 : plusieurs secrétaires de direction ou de service se livrent, presque normalement, au commerce de pagnes, de bijoux, de souliers, etc., sur les lieux du service.

Exemple 2 : les hautes autorités du pays (ministres, P.D.G., officiers supérieurs), par le truchement de leurs épouses ou de leurs amis, s'adonnent au commerce en gros de bière, d'importations d'habits, ou au trafic fluvial ou routier.

Exemple 3 : beaucoup de professeurs ou de cadres de sociétés, publiques ou privées, ont recours à la pluriactivité pour vivre.

Monsieur le Président, Honorés Confrères,

Après cette introduction, notre propos s'articulera autour des points suivants :

-   état de la question et quelques concepts ;
-   organisation et fonctionnement du secteur informel ;
-   modèle d'explication et démarches méthodologiques ;
-   recommandations de certains chercheurs ;
-   conclusion.

[1]     B.C.C., Banque Centrale du Congo.

Retour au texte de l'auteur: Dr Malikwisha Meni Dernière mise à jour de cette page le Jeudi 11 août 2005 07:23
Par Jean-Marie Tremblay, sociologue.
 



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