RECHERCHE SUR LE SITE

Références
bibliographiques
avec le catalogue


En plein texte
avec Google

Recherche avancée
 

Tous les ouvrages
numérisés de cette
bibliothèque sont
disponibles en trois
formats de fichiers :
Word (.doc),
PDF et RTF

Pour une liste
complète des auteurs
de la bibliothèque,
en fichier Excel,
cliquer ici.
 

Collection « Histoire du Saguenay—Lac-Saint-Jean »

Une édition électronique réalisée à partir de l'article de Benoît Brouillette [1904-1979], Combustibles et force motrice.” Un texte publié dans l’ouvrage sous la direction d’Esdras Minville, NOTRE MILIEU. Aperçu général de la province de Québec, chapitre IX, pp. 233-270. Montréal: Les Éditions Fides — l’École des Hautes Études Commerciales, 1942, 443 pp. Collection: Études sur notre milieu. Une édition numérique réalisée par mon épouse, Diane Brunet, bénévole, guide de musée retraitée du Musée de La Pulperie de Chicoutimi.

[233]

Deuxième partie :
LE MILIEU ÉCONOMIQUE

Chapitre IX

Combustibles
et force motrice
.”

par Benoît BROUILLETTE


Nous nous proposons dans ces pages de rechercher parmi les ressources naturelles de la province de Québec celles qui se rapportent aux combustibles et à la force motrice et d'exposer les principaux problèmes économiques que pose leur exploitation.

C'est presque un aphorisme de dire que notre province ne dispose d'aucun combustible minéral, mais est abondamment pourvue, par contre, de forces hydrauliques. Elle possède cependant des combustibles végétaux qui, sans avoir une grande importance au point de vue industriel, méritent de retenir notre attention un moment. Les forêts, sujet d'un article antérieur, alimentent les ruraux en bois de chauffage, fournissent la matière première à une petite industrie en plein développement, celle du charbon de bois, et les marécages asséchés, si étendus à travers la Province, sont susceptibles de produire un jour de bonnes quantités de tourbe. Examinons ces trois ressources avant d'étudier la houille blanche, qui, il va sans dire, retiendra davantage notre attention.

*
*     *

[234]

Le bois de chauffage, souvent appelé « bois de feu » ou « bois de poêle » quelquefois simplement « bois de corde », jouit d'une importance relative très grande dans l'ensemble de l'industrie forestière du Canada. Par sa valeur et son volume, la coupe de ce bois se place au troisième rang, immédiatement après le bois d'œuvre et le bois à pâte. La production totale du Canada oscille autour de 9 millions de cordes, soit près de 900 millions de pieds cubes (le facteur de conversion étant 95), évaluées à 33 millions de dollars par année. La province de Québec a produit pour sa part, en 1938, environ 260 millions de pieds cubes de bois de chauffage, soit environ 2,700,000 cordes. Remarquons en passant que cette quantité diffère beaucoup de celle qu'indiquent les annuaires de la Province antérieurs à 1938 (ordre de grandeur : 150,000 cordes) ; mais la quantité de 1938 est du même ordre que celle des recensements décennaux suivants :

Volume (cordes)

Valeur (dollars)

1910

2,876,005

5,510,345

1920

3,303,436

13,424,400

1930

3,064,838

10,519,801


Les comtés où les cultivateurs coupent le plus de bois de chauffage sont des comtés périphériques : ceux de Gaspésie, de la rive sud de l'Estuaire (Témiscouata), du nord-est des Cantons de l'Est (Beauce, Dorchester, Frontenac), du Nord (Chicoutimi), de l'Ouest (Abitibi).

Le bois de chauffage est le combustible le plus en usage, parfois le seul connu, dans l'habitat dispersé des campagnes et dans les villages. L'usage du charbon pour le chauffage domestique est une caractéristique de l'habitat urbain. Aussi importe-t-il de ménager les « lots à bois », où cultivateurs et journaliers vont faire leurs coupes soit pour l'usage familial, soit pour la vente. Les réserves du Québec en bois durs ne sont pas inépuisables. Le jour où l'industrie utilisera davantage les bois francs, il y aura danger de disette. C'est alors que les ruraux comprendront le tragique de la situation. Ils savent par expérience combien longs et durs sont nos hivers ; mais ils ignorent aujourd'hui à quel prix élevé ils paieront le charbon pour remplacer le bois de chauffage. Ils apprendront, direz-vous, à faire des fagots, comme les paysans d'Europe. [235] Demi-solution, car les froids qui persistent sous le 0° F. réclament dans le poêle de solides bûches de bois dur et non pas seulement des branchages, qui ne font que des feux de paille. Disons-leur dès maintenant qu'ils doivent être prudents, qu'ils doivent exploiter rationnellement leurs lots à bois. Une bonne pensée qui devrait guider les ruraux est celle-ci : le domaine forestier doit être aussi soigneusement entretenu que le domaine agricole.

Nous savons tout ce que cette étude succincte a d'incomplet. Nous espérons la compléter un jour en disant quelles sont les diverses essences les plus propices et les plus utilisées et en indiquant la valeur calorifique de chacune ; en précisant davantage quels sont les centres de production ; en étudiant la main-d'œuvre et les gages de ceux qui exploitent ce combustible ; en traitant enfin de l'organisation commerciale et des transports (approvisionnements, méthodes de vente, concurrence, etc.). Autant de problèmes pour un organisme de recherches, dont la tâche serait d'étudier à fond les ressources de la province de Québec.

*
*     *

Dans un article paru récemment dans L’Actualité Économique [1], notre collègue, M. Paul Riou, D.Sc, préconisait la fabrication du charbon de bois dans la province de Québec, comme un remède à l'utilisation partielle de nos ressources ligneuses. Nous renvoyons nos lecteurs à cet article qui expose la technique des fours et des gazogènes. Il y a quelques années à peine que certains cultivateurs de la Province, encore trop peu nombreux, se sont mis à fabriquer du charbon de bois. Pourtant c'est un produit qui est à la fois intéressant et rémunérateur. Il se vend d'ordinaire 12 dollars la tonne. Or de septembre 1940 à février 1941, son prix s'est élevé de 12 à 20 dollars la tonne, à cause des besoins exceptionnels du moment.

Demandons-nous d'abord où l'on fabrique du charbon de bois. Le plus gros établissement, le seul qui produit en quantité industrielle, est situé à Fassett, municipalité de Notre-Dame-du-Bon-Secours (Papineau),  sur  la rive nord de l'Outaouais,  près de [236] Montebello. La Standard Chemical Co. y possède un four d'une capacité de 8,500 cordes de bois. Le comté où se trouve le plus grand nombre de fours est celui de Portneuf. On compte 219 fours, ayant une capacité globale de 1,733 cordes. Dans la seule paroisse de Saint-Raymond, il y a ni fours qui totalisent une capacité de 953 cordes. La deuxième paroisse qui s'en rapproche le plus est Sainte-Catherine de Portneuf avec 35 fours d'une capacité de 187 cordes. Le tableau suivant indique la répartition des fours par comtés pour toute la Province.

Répartition des fours à charbon de bois de la province de Québec [2]

Comté

Lieux principaux

Nombre de fours

Capacité
en cordes

Papineau

Fassett

1

8,500

Portneuf

Saint-Raymond

111

953

Saint-Léonard et Allen's Mills

29

281

Sainte-Catherine

35

187

Lac Sergent

15

120

Autres

29

192

Wolfe

Weedon

7

319

Autre

1

10

Dorchester

Saint -Luc

15

115

Autres

6

48

Lotbinière

Villeroy

3

52

Autres

4

87

Témiscouata

Bélanger (près de St-Marc du Lac Long).

2

90

Labelle

L'Annonciation

2

25

Québec

Ancienne Lorette

2

31

Châteauguay

Hemmingford

2

18

Montmagny

Saint-Fabien-de-Panet

1

8

267

11,101


En 1939, environ 200 fours ont fonctionné. Ils ont fabriqué 13,000 tonnes de charbon de bois et ont utilisé, comme matière première, 32,400 cordes d'érable, de merisier, de hêtre et de bouleau. Ce bois est évalué à 110,450 dollars. À une ou deux exceptions près, l'industrie du charbon de bois, essentiellement familiale, est saisonnière, elle se pratique d'ordinaire de novembre à avril. Pour nous faire une idée de la capacité de production, prenons comme exemple un four de 10 cordes qui fonctionne à plein rendement. On le charge trois fois par mois.  Son rendement [237] mensuel pourrait être de 10 tonnes de charbon, soit d'environ 50 tonnes par saison d'hiver. Or les cultivateurs font rarement produire leurs fours à pleine capacité. Ces fours sont construits en béton ou en briques. La construction des premiers (capacité de 10 tonnes) coûte de 200 à 225 dollars ; celle des seconds, de 375 à 425 dollars. Le charbon de bois se vend dans le commerce selon une triple classification :

1° Charbon de métallurgie et de chauffage, de 1/4 de pouce à 4 pouces de diamètre,
2° Volailles (plus petit),
3° Médecine et explosifs (poussière).

Certains établissements métallurgiques utilisent le charbon de bois pour fabriquer des alliages de fer et de silice. Cependant la majeure partie de la production sert au chauffage domestique. Quant aux gazogènes, malgré de nombreux essais faits pour les adapter aux moteurs à combustion interne, ils n'ont pas encore donné de résultats satisfaisants et capables de susciter une production industrielle [3].

*
*     *

La tourbe, qu'on trouve en abondance dans la Province, pourrait éventuellement fournir du combustible. Certains pays comme l'Irlande l'exploitent avec avantage. Les paysans l'utilisent pour remplacer le bois de chauffage à peu près inexistant chez eux. Mais, pour notre malheur, nos tourbières sont, au dire du professeur Potomie, expert en la matière, « trop jeunes d'un demi-million d'années ». Ce ne sont pas cependant les recherches qui ont fait défaut. Justement alarmé en 1917 par une menace sérieuse de disette de charbon, le gouvernement fédéral de concert avec celui d'Ontario institua une enquête qui fut conduite par des techniciens et des économistes. On dépensa un demi-million de dollars pour expérimenter un appareil propice à l'extraction et au séchage de la tourbe, et pour savoir quelles sont nos ressources.  Dans l'intervalle, [238] la concurrence des autres sources de combustibles vint miner les projets que Ton caressait d'exploiter la tourbe sur une grande échelle. Il n'en reste pas moins que nous savons quelles sont nos ressources et que nous pourrions en cas d'urgence les utiliser [4].

Il ne semble pas inutile d'indiquer, sous forme de tableau, quelles sont nos ressources, d'autant qu'elles sont les meilleures du Canada. Les deux-tiers de la tourbe qu'on pourrait exploiter possède une valeur calorifique supérieure à 9,000 B.T.U. (British Thermal Units) par livre. Tandis qu'en Ontario, 87 p.c. de la tourbe disponible possède une valeur calorifique inférieure à ce chiffre.

Répartition géographique des tourbières utilisables de la province de Québec

Lieux

Superficie (acres)

Volume utilisable (verges cubes)

Production possible de combustible (tonnes)

Production possible de litière (tonnes)

1. Plaine de Montréal

Les champs de thé — Canton de Godmanchester (Huntingdon)

9,460

61,045,000

8,140,000

Holton, Sainte-Clothilde (Châteauguay

6,180

22,400,000

2,999,000

Napierville

7,200

48,980,000

6,530,000

Girard, Saint-Valentin (St-Jean)

3,105

26,539,000

3,539,000

St-Isidore (Laprairie)

1,230

16,817,000

2,242,000

Canrobert,  Saint - Ange – Gardien (Rouville)

2,000

36,260,000

4,835,000

Farnham (Missisquoi)

5,100

59,814,000

7,975,000

Saint-Hyacinthe (St-Hyacinthe)

3,890

27,490,000

3,665,000

Sainte-Thérèse (Terrebonne)

1,070

3,453,000

460,000

L'Assomption (L'Assomption)

1,565

13,200,000

1,760,000

40,800

315,998,000

42,145,000

2. Plaine du Saint-Laurent

Lanoraie (Berthier-Joliette)

7,500

35,636,000

4,751,000

Saint-Luc (Champlain)

5,680

19,925,000

2,657,000

Pont-Rouge (Portneuf)

125

524,000

69,000

Lac  Sagamite,  canton  Stoneham (Québec)

340

3,606,000

461,000

Saint-Jean-Chrysostôme (Lévis)

270

1,694,000

225,000

Breakeyville, Sainte-Hélène (Lévis).

1,780

7,499,000

1,000,000

[239]

15,695

68,884,000

9,163,000

3. Beauce (Cantons de l'Est)

Saint-Joseph (Beauce)

1,550

14,576,000

1,944,000

4. Rive sud de l'Estuaire

Clair, St-Charles (Bellechasse)

2,600

25,333,000

3,377,000

Rivière-Ouelle (Kamouraska)

4,520

58,350,000

2,921,000

2,624,000

Saint-Denis (Kamouraska)

315

7,127,000

388,000

Rivière du Loup (Rivière-du-Loup).

7,220

113,939,000

12,611,000

1,928,000

Cacouna (Rivière-du-Loup)

845

8,343,000

626,000

Le-Parc, Cacouna (Riv.-du-Loup)

615

5,370.000

716,000

Saint-Arsène (Riv.-du-Loup)

2,161

19,914,000

1,132,000

856,000

Isle-Verte (Riv.-du-Loup)

540

5,406,000

721,000

Saint-Anaclet (Riv.-du-Loup)

3,250

7,498,000

508,000

278,000

22,066

251,280,000

21,984,000

6,700,000

Grand Total

80,111

650,738,000

75,238,000

6,700,000


Le tableau ci-joint est loin d'être complet. Les auteurs du rapport sont les premiers à le reconnaître. Ils estiment, d'après les travaux déjà anciens de R. Chalmers (1904), que la superficie des tourbières connues du Québec, situées dans la partie peuplée, est de l’ordre de 500 milles carrés, ayant une profondeur moyenne de 8 à 10 pieds. Il n'est pas nécessaire d'avoir une longue expérience du terrain dans la Province pour s'apercevoir que les données rassemblées par le Peat Committee sont très fragmentaires. Nous connaissons l'existence d'une énorme tourbière sur les terrasses de sable du Saint-Maurice, sur la rive gauche en face de la ville de Grand-Mère, dont on a déjà tenté l'exploitation à la bifurcation ferroviaire de Garneau. M. Raoul Blanchard signale dans son étude sur la plaine du Saint-Laurent [5] la présence de marécages très étendus à Test des comtés de Nicolet et de Lotbinière, marécages qui font de cette région un désert situé entre les rives peuplées du fleuve et le piedmont des Cantons de l'Est, où recommence l'animation. Les auteurs du rapport du Peat Committee ne disent rien des tourbières situées dans les Cantons de l'Est, sur les plateaux [240] de la rive sud de l'Estuaire (celles qui sont indiquées se trouvent dans les basses terres du littoral), en Gaspésie, autour du Lac Saint-Jean, enfin tout le long des Laurentides et jusqu'au Témiscamingue et en Abitibi.

S'il était possible de tirer parti économiquement des tourbières, les ressources disponibles seraient, n'en doutons pas, dix ou vingt fois supérieures à celles que l'on connaît déjà. Problème technique, qu'il n'est pas de notre compétence d'aborder.

Signalons d'autre part qu'on commence à exploiter la tourbe non pas comme combustible, mais pour servir de litière. Les exploitants sont ceux de l’Isle-Verte (Riv.-du-Loup), de Rivière-Ouelle (Kamouraska) et de Waterville (Compton). Voici quelle fut la production des trois dernières années pour lesquelles nous disposons de statistiques :

Volume (tonnes)

Valeur (dollars)

1937

578

17,121

1938

526

16,518

1939

822

23,914


La production a dû augmenter considérablement en 1940, car les journaux nous apprennent, au 31 janvier 1941, que la Province a exporté aux États-Unis 2,000 tonnes de tourbe. L'occasion s'offre à la Province de s'emparer d'un marché qui appartenait auparavant aux pays Scandinaves et à l'Allemagne. Les États-Unis ont besoin de quelque 75,000 tonnes de tourbe pour servir de litière et même pour recouvrir leurs champs de golf en hiver. La législature provinciale a voté un subside de 12,500 dollars pour favoriser le développement de l'extraction de la tourbe durant les quatre prochaines années. Nous ne voyons rien d'exorbitant à cela, quand il s'agit pour notre province de conquérir un marché susceptible de devenir très intéressant.

*
*     *

La principale source de force motrice de la province de Québec est, sans contredit, l'énergie de ses eaux courantes, qu'on désigne [241] sous le nom de houille blanche. Les facteurs géographiques qui occasionnent cette richesse sont le relief et le climat. Examinons-les. Le relief n'est nulle part particulièrement élevé, mais il est accidenté de nombreuses ruptures de pente. Elles sont dues à la glaciation du début du Quaternaire. La Province fut, en effet, un des centres de rayonnement des calottes glaciaires qui recouvraient le Canada au Pléistocène. Les glaciers ont récuré les roches dures du Bouclier canadien, ont creusé de profondes excavations sur l'emplacement des plus grands lacs, ont modifié considérablement le tracé des rivières préexistantes. On sait qu'un glacier creuse sa vallée par à coups : s'il persiste quelque part il défonce la plateforme rocheuse sur laquelle il repose, s'il passe ailleurs plus rapidement, il laisse la roche en saillie. D'où la succession, dans le profil en long d'une vallée glaciaire de paliers occupés plus tard par des eaux tranquilles et de verrous sur lesquels les eaux dégringolent en cascades et que les torrents parviennent à approfondir en gorges. Tel est le spectacle familier sur toutes nos principales rivières : des biefs remplis de vastes étendues d'eau que nous qualifions de lacs (lacs Saint' François et Saint-Louis sur le Saint-Laurent), d'autres parties où l'eau bouillonne en rapides ou tombe en cataractes (rapides des Cèdres et de Lachine). Les milliers de lacs de la Province sont d'origine glaciaire, lacs de crypto-dépression ou lacs de barrage morainique. Ces derniers sont issus de dépôts laissés par les glaciers qui ont fondu sur place.

Le relief crée des conditions fixes, du moins si on les envisage à l'échelle humaine. Le climat a une action directe sur les débits fluviaux. La température d'abord joue un rôle important, car c'est elle qui règle l'évaporation et qui conditionne la rétention ou la fusion des neiges. La répartition saisonnière des précipitations constitue cependant le facteur principal. La lame annuelle des précipitations réduites en eau est d'une trentaine de pouces à peu près partout, et dépasse même 40 dans la vallée du Saint-Laurent. La répartition mensuelle est en outre sensiblement égale durant chaque mois de l'année. L'Est du Canada jouit d'un climat beaucoup plus humide que ne pourrait impliquer le type d'allure fortement continental de ses températures.  Les chutes de neige sont [242] très abondantes (de 70 à 120 pouces en moyenne) et les pluies d'été surviennent sous forme de fortes averses, quand souffle le vent d'est, à l'encontre des courants généraux de l'atmosphère sous nos latitudes. Il n'y a donc aucun danger de voir s'assécher nos lacs et nos rivières aussi rapidement que ceux et celles de la Prairie canadienne.

Cependant le débit naturel de nos rivières est irrégulier à cause de la rétention nivale durant la saison froide et de la fonte subite qui occasionne la débâcle. Cette dernière se produit du milieu à la fin d'avril. Toutes les rivières souffrent de crues étonnantes en mai et juin. L'exemple devenu classique est celui du Saint-Maurice. Avant sa régularisation, la rivière avait aux chutes de Shawinigan un débit qui atteignait 170,000 pieds cubes par seconde durant la fonte des neiges et qui tombait à 6,000 en août, septembre, janvier, février et mars. Il y avait une légère crue (très irrégulière) en octobre. Les extrêmes des débits enregistrés sont les suivants : un maximum de 173,000 pieds-seconde le 20 mai 1924 et un minimum de 3,300 pieds-seconde en avril 1915.

La Commission des Eaux courantes, corps d'ingénieurs du gouvernement provincial qui existe depuis 1910, dont l'action est aussi bienfaisante pour nos rivières que le Waterstaat l'est pour les polders des Pays-Bas, a réalisé son premier projet en régularisant le débit du Saint-Maurice. Le tableau ci-joint montre quels sont actuellement les principaux barrages-réservoirs de la Province. Les grandes rivières, dont le débit est contrôlé, sont, outre le Saint-Maurice, la Gatineau, le Saguenay, le Saint-François, la rivière du Lièvre et l'Outaouais supérieur. La Commission des Eaux courantes a publié des rapports annuels depuis 1912, qui sont pleins d'intérêt non seulement pour les ingénieurs mais pour ceux qui étudient la géographie des rivières. Nous sommes très heureux d'apprendre que la publication de ces documents, interrompue après 1934, a été reprise en 1940 et 1941 [6].

[243]

Tableau des barrages-réservoirs de la province de Québec

NOM

Rivière ou lac

Position
en latitude
et en longitude

Capacité en milles carrés-pieds [7]

Superficie

Hauteur maximum
en pieds

Date de la construction

Altitude au-dessus du niveau de la mer (pieds)

Gouin

Saint-Maurice

48° 23' Lat. N.

5,725

304

80

1918

1278 à 1325

74° 6' Long. W

Manouan     A

Manouan

47° 28' Lat. N.

A 440

A 70

1918

1366 à 1372

74° 12' Long W

Manouan     B

47° 43' Lat. N

B160

B 20

1918

1332 à 1340

           

74° Long. W.

Manouan     C

47° 43’ Lat. N.

C 80

C 10

1918

1178 à 1185

73° 56' Long. W.

Taureau

Mattawin

46° 51' Lat. N

1.183

50

80

1930

1133 à 1178

73° 39' Long. W.

Mercier

Gatineau

46° 43' Lat. N

3,340

115

96

1927

600 à 732

75° 54' Long W.

Cabonga

Gens-de-Terre

47°18' Lat. N

1,647

157

25

1929

1169 à 1184

76° 28' Long. W

Taschereau

Lac Kénogami

48° 13’ Lat. N.

488

23

80

1925

507 à 539

71° 12’ Long. W.

Price [8]

Shipshaw

1918-23

Des Cèdres

Du Lièvre

46° 6' Lat. N

914

41

58

1930

628 à 659

75° 38' Long. W

Des Quinze [9]

L. des Quinze

47° 34' Lat. N.

1,600

158

35

1911-12

852-864

79° 16' Long. W.

Allard

Saint-François

45° 57’ Lat. N

430

20

45

1917

925 à 952

71° 17’ Long. W.

Aylmer

Lac Aylmer

45° 46' Lat. N.

129

14.3

20

1919

806 à 816

71° 25' Long. W.

Mitis

48° 20’ Lat. N.

109

7.5

30

1924

841 à 861

67° 50’ Long. W.

Lac Masson

R. du Nord

46° 2' Lat. N

15

1.5

20

1927

1096 à 1106

74° 4' Long. W

L. Brûlé

Beaupré

47° 19’ Lat. N.

8

0.85

20

2750

70° 54’ Long W.

R. Savane

Beaupré

47° 26' Lat. N.

18

0.5

30

1919-23

2666

70° 53' Long. W.


[244]

Le Saint-Maurice possède un débit régulier depuis 1918. C'est à cette date que fut terminée la construction du barrage Gouin à la source de la rivière. On peut y emmagasiner 160 milliards de pieds cubes d'eau sur une superficie de 304 milles carrés [10]. C'est la plus vaste entreprise du genre au Canada. Deux affluents du Saint-Maurice furent munis de barrages : la Manouan qui possède trois digues depuis 1918 et la Mattawin qui en a une aux rapides du Taureau depuis 1930. D'autres travaux considérables furent effectués sur la haute Gatineau, où le barrage Mercier, achevé en 1929, emmagasine près de 100 milliards de pieds cubes d'eau dans le lac Baskatong, au nord-ouest de Mont-Laurier [11]. Deux ans plus tard, on a amélioré encore le débit de cette rivière en barrant son affluent, la Gens-de-Terre, par la digue de Cabonga. Le cours du Saguenay est régularisé naturellement par la cuvette du lac Saint-Jean ; mais on a amélioré le débit de ses affluents utilisés, les rivières Chicoutimi et des Sables, en faisant du lac Kénogami un réservoir artificiel (1925). On a construit un barrage principal, au Portage-des-Roches, sur la Chicoutimi et plusieurs digues sur la rivière au Sable et autour du lac Kénogami. Parmi les travaux dignes de mention, ailleurs, signalons le barrage des Cèdres sur la Lièvre (1930), celui des Quinze sur le lac du même nom, entrepris par le gouvernement fédéral dès 1911-12, les barrages Allard et Aylmer sur le Saint-François (1917 et 1919), celui du lac Mitis (1924) et ceux enfin de la rivière Sainte-Anne de Beaupré (1919-23).

*
*     *

Nous savons comment la nature a favorisé notre province et comment l'État a aidé la nature. Voyons maintenant quel parti les hommes, ou plus précisément les industriels, ont tiré des ressources hydrauliques. Ce serait une belle page de l'histoire économique de notre province que de décrire par le menu comment une à une nos rivières furent aménagées. Dès 1868, une compagnie se constituait pour exploiter les forces hydrauliques du Richelieu, à Chambly. La constitution de la Shawinigan Water & Power date de 1898. Cette société, destinée à devenir la plus puissante de la Province, a acquis le site des chutes de Shawinigan, sur le Saint-Maurice, en toute propriété.  Il n'entre pas dans l'objet de [245] notre exposé de faire ici l'histoire du développement des centrales hydro-électriques, qui sont aujourd'hui une centaine environ. Laissons à d'autres cet intéressant travail de recherche et contentons-nous de dresser un tableau des usines aménagées en 1940.

Les ressources hydrauliques de l'ensemble du Canada sont de l'ordre de 43,700,000 chevaux-vapeur, qui se répartissent ainsi par province ou groupe de provinces :

Ressources hydrauliques du Canada

Provinces

Puissance disponible (80 p.c.) en H.P.

Débit moyen

Aménagement commercial

Étiage

6 mois

Total

p.c

Québec

8,459,000

13,064,000

17,000,000

39.0

Ontario

5,330,000

6,940,000

9,000,000

20.6

Prairie

4,241,000

7,476,000

9,706,000

22.1

C.-B., Yukon &Terr. du Nord-Ouest

2,225,000

5,884,500

7,600,000

17.4

Maritimes

92,400

302,700

394,000

0.9

Canada

30,347,400

33,617,200

43,700,000

100.0


La puissance des usines aménagées est légèrement inférieure à 8.5 millions de chevaux. Elle se répartissait de la façon suivante au 1er janvier 1940 (elle est supérieure à ce chiffre présentement à cause des aménagements en cours) :

H.P.

p.c.

Québec

4.084,763

49.4 p.c.

Ontario

2,596,799

31,3 ”

C.-B., Yukon &Terr. du Nord-Ouest

756,212

9.1 ”

Prairie

583,757

7,0 ”

Maritimes

267,681

3,2 ”

            Canada

8,289,212

100.0


Notre province, qui possède 39 p.c. des ressources, s'est aménagée des centrales dont la capacité est voisine de la moitié du total. Le chiffre le plus récemment publié, celui du 1er janvier 1941, est de 4,291,044 H.P. Nous arrivons dans notre tableau avec un chiffre légèrement supérieur parce que nous avons tenu compte des petites centrales, ayant une capacité inférieure à 500 H.P. Voici ce tableau [12], accompagné d'une carte-graphique de M. Huet Massue :

[246]


[247]

Tableau des forces hydrauliques de la province de Québec

 

Forces
aménagées

Forces
disponibles

 

1° Le Saint-Laurent

3,040,000

 

Centrales principales :

 

Beauharnois (Beauharnois Power Corp.)

583,000

 

Des Cèdres (Montreal Light Heat & Power)

197,400

 

Des Prairies (Montreal Island Power)

72,000

 

Saint-Timothée (Canadian Light & Power)

30,400

 

Soulanges (Montreal Light)

16,050

 

Lachine (Montreal Light)

15,800

 

Valleyfield (Montreal Cottons Ltd)

9,860

 

Autres

6,458

 

930,968

 

2° L’Outaouais et ses affluents

2,083,000

 

A. La Gatineau

 

Paugan (Gatineau Power) (augmentation possible : 34,000)

238,000

 

Chelsea (même cie)

170,000

 

Farmers Rapid (même cie), (augmentation possible : 24,000)

96,000

 

Autres

3,756

 

507,756

 

B. L’Outaouais

 

Hull (Ottawa Electric Co.)

36,600

 

E. B. Eddy (Hull)

14,149

 

Chute des Chats, Quyon (Ontario Hydro-Electric Comm.)

56,000

 

Rocher Fendu (Gatineau Power)

51,400

 

Kipawa, Témiscamingue (Can. Inter. Paper)

24,000

 

Ka-Ka-Ké, R. des Quinze (Xprthern Quebec Power)

40,000

 

Syndicat National, Canton Landanet (32 milles au S. mine O/Brien, Cadillac) (augmentation possible : 14,000)

32,000

 

Woltham, R. Noire (Pembrooke Electric)

5,800

 

Belleterre Mining, canton Devlin (R.Winneray, près lac Expanse)

1,400

 

Autres

2,480

 

263,829

 

C. La Lièvre

 

High Falls, Val des Bois (McLaren Power & Water)

120,000

 

Masson, Buckingham (même cie)

136,000

 

Autres

20,607

 

276,607

 

[248]

 

D. Du Nord

 

Lachute

7,342

 

Saint-Jérôme

5,038

 

Autres

5,841

 

l8,22I

 

E. Rouge

 

Chutes Bell

7,200

 

Autres

2,814

 

10,014

 

Total de l’Outaouais

1,076,427

3° Le Saint-Maurice

1,465,000

Shawinigan, 2 centrales (Shawinigan Water & Power) 

278,000

Shawinigan, 2 centrales (Aluminum Ltd. et Consolid.Paper Corp.)

55,000

Grand-Mère (Shawinigan)

189,000

La Gabelle (Shawinigan)

152,000

La Tuque (Shawinigan)

178,000

Rapide Blanc (Shawinigan)

160,000

Autres

1,400

1,013,400

4° Le Saguenay

2,000,000

Ile Maligne (Saguenay Power)

540,000

Chute-à-Caron (Aluminum Power)

265,000

Chicoutimi, 5 centrales (Price Bros, et Consolidated Power)

41,445

Rivière au Sable, 3 centrales (Price)

33,200

Shipsbaw, 2 centrales (Price)

28,400

Val-Jalbert, sur la Ouaitchouaniche (Quebec Pulp & Power)

7,300

Autres

5,320

920,065

5° Les affluents de la rive sud du Saint-Laurent
et de son estuaire

402,000

A. La Saint-François et ses affluents

Hemming Falls (Southern Canada Power)

33,600

Drummondville (même cie)

19,500

East Angus (Brompton Pulp & Paper)

10,700

Bromptonville (même cie)

10,300

Westbury et Weedon (Municipalité de Sherbrooke).

11,300

Windsor Mills

5,190

Disraeli

4,000

Magog (7 centrales)

17,100

Burrougbs Falls (Coaticook)

2,000

Autres

423

114,123

[249]

B. Autres rivières :

Chambly, sur le Richelieu (Montreal Light Heat & Power)

21,600

Autres sur le Richelieu

2,018

Farnham, sur la Yamaska (Southern Canada Power)..

1,130

Granby (2 centrales)

1,000

Autres sur la Yamaska

3,826

Lévis, sur la Chaudière (Quebec Power)

4,800

Lac Mégantic

2,100

Autres sur la Chaudière

770

Saint-Raphael, sur la R. du Sud (Quebec Power)

4,500

Autres sur la R. du Sud

1,240

Rivière du Loup, 2 centrales  (Warren et municipalité)

4,825

Rimouski (Price Bros.)

3,150

Priceville, sur la Mitis (Cie de Pouvoir du Bas St-Laurent)

9,700

R. Madeleine, Gaspésie

5,000

65,659

Total

179,872

6° Autres affluents de la rive nord du Saint-Laurent
et de son estuaire

3,480,000

Rawdon, sur la Ouareau (Gatineau Power)

2,300

Crabtree Mills, même rivière (Howard Smith Paper)

1,200

Saint-Narcisse, sur la Batiscan (Shawinigan Water & Power)

22,200

Panet, sur la Sainte-Anne de la Pérade

4,080

Saint-Alban, même rivière  (Shawinigan Water & Power)

4,000

Donnacona, sur la Jacques-Cartier

6,800

Pont-Rouge, même rivière (2 centrales)

5,184

Saint-Gabriel, même rivière (Quebec Power)

2,200

Montmorency, aux chutes (Quebec Power

8,850

Les Sept Chutes, sur la Ste-Anne de Beaupré (Québec Power)

24,000

Chutes Nairn, sur la Malbaie

9,000

Baie Comeau, sur la R. des Outardes (Ontario Paper)

70,000

(projet)

Clark City, sur la Sainte-Marguerite

11,000

Total

170,014

7° Versant de la Baie James

3,190,000

La Sarre, aff. de l’Abitibi (Cie électrique de La Sarre)

1,900

8° Versant des Baies d'Hudson et Ungava

1,340,000

Total de la Province

4,293,165 [13]

17,000,000


[250]



La province de Québec occupe un rang honorable dans le monde. Les forces hydrauliques captées sont d'environ 64 millions de H.P. Notre province en possède plus de 6.5 p.c. Elle vient en 1938 au cinquième rang avec 4.1 millions de H.P. (le Canada dans son ensemble se classant au deuxième avec 8.2 millions), après les États-Unis (18 millions), l'Italie (6), la France (5.4) et le Japon (4.8). Elle est sensiblement sur un pied d'égalité avec l'Allemagne (4). Si l'on calcule la force captée par rapport à la population, on trouve que notre province est la première au monde, avec une puissance de 1.27 H.P. per capita, avant la Norvège (1.04) et [251] Terre-Neuve (0.87).  L'ensemble du Canada vient au troisième rang, à cet égard, avec 0.75 H.P. per capita [14].

*
*     *

Avant d'étudier la production, demandons-nous quel est le principe de fonctionnement d'une usine hydro-électrique. Il repose sur la puissance de l'eau qui coule. « Tout corps pesant qui tombe, écrit M. Olivier Lefebvre [15], acquiert dans sa chute une certaine énergie qui est le produit de son poids par la distance verticale parcourue. » Trois facteurs entrent dans la mesure de l'énergie : pesanteur, espace, temps. Le cheval-vapeur est, par définition, le travail d'un pied cube qui tombe d une hauteur de 8.8 pieds en une seconde. Il fournit 550 livres-pieds d'énergie par seconde. Dans la pratique, à cause de l'imperfection des machines on calcule la hauteur de chute de 10 pieds.

L'usine se compose ordinairement de plusieurs groupes électrogènes. Le groupe est formé de deux éléments accouplés : une turbine et un appareil à induction. La turbine, d'invention française (1827), est la partie de l'engin actionnée par l'eau courante. Sa puissance est égale au produit du débit par la hauteur. Elle peut être la même pour une chute de faible hauteur ayant un gros débit (exemple : Beauharnois et La Gabelle) ou pour une chute de grande hauteur et de faible débit. Nos plus hautes chutes sont celles de Shawinigan : 135 pieds, Montmorency (273 pieds), Saint-Ferréol (410 pieds). Dès 1914, on installait des turbines de 10,800 chevaux aux Cèdres ; aujourd'hui, les turbines de 53,000 chevaux sont nombreuses. Les onze turbines de Beauharnois ont une telle puissance chacune.

La prise d'eau est assurée par un barrage fixe. Une autre partie du barrage est munie de vannes mobiles pour régler le niveau de la rivière. L'eau s'amène vers la turbine par un canal, souvent enfoui dans un souterrain, et tombe dans la chute au-dessus de la turbine par des conduites forcées. Elle exerce son énorme pression sur la roue à aubes de la turbine et s'écoule à l'aval par le canal de fuite.

[252]

Le second élément du groupe électrogène est l'appareil à induction (dynamo ou alternateur), mû par la turbine. C'est là que se produit le courant qu'on dirige sur les bornes des alternateurs. Toutes nos centrales produisent du courant à une fréquence de 60 cycles et à une tension variant de 3,000 à 14,000 volts [16]. Pour faciliter le transport, pour éviter plus précisément une trop grande déperdition d'énergie, on fait passer le courant dans des appareils appelés transformateurs, qui portent la tension au voltage désiré. Il peut atteindre sur certaines lignes jusqu'à 220,000 volts.

Notre première ligne de transmission (transport de force) fut celle qui reliait Saint-Narcisse à Trois-Rivières : 18 milles, 11,000 volts, 1897. Dès 1903, on construisait la ligne Shawinigan' Montréal, 85 milles, 50,000 volts. En 1911, on la portait à 110,000 volts. En 1927, on reliait le lac Saint-Jean à Québec (135 milles) avec un voltage de 168,000. En 1928, on transportait le courant de la centrale de Paugan, sur la Gatineau, à Toronto, par une ligne de 220,000 volts sur 230 milles. Il existe des lignes à cette dernière tension entre Montréal et Québec. La Province possède 13,144 milles de lignes de transmission (20 p.c. du Canada) dont 1,355 sur pylônes d'acier. En général, ce sont des fils de fer à revêtement de cuivre qu'on utilise ; mais pour les lignes à forte tension, on se sert de fils d'acier à revêtement d'aluminium.

On mesure la production de l'énergie électrique au kilowatt-heure. Le kilowatt équivaut à 1.341 du cheval-vapeur anglais. Quand on utilise l'énergie du kilowatt pendant une heure on a l'unité de mesure, le kilowatt-heure. En examinant le graphique ci-joint, on se rendra compte de la production du Canada et de la province de Québec depuis 1919. Elle atteindra vraisemblable ment 28 milliards en 1940, dont plus de 14 pour le Québec.

Notre province occupe le premier rang au monde pour sa production per capita. En chiffres absolus, elle ne vient qu'au neuvième rang, après les pays qui ont des installations d'une plus grande puissance (ceux que nous avons énumérés précédemment) [253] et d'autres qui possèdent un outillage thermique (actionné au charbon) répondant à leurs besoins, tels que la Russie, la Grande Bretagne et l'Allemagne. Notre production d'électricité par des centrales au charbon est extrêmement faible, pour ne pas dire inexistante : 0.03 p.c.

*
*     *

[254]

Examinons maintenant la consommation. Quels sont les clients des centrales électriques ? Nous disposons de statistiques que M. Huet Massue a patiemment compilées dans les rapports officiels de l'Office fédéral de la Statistique. Qu'il reçoive ici nos remerciements empressés pour les trois graphiques et les deux cartes qu'il nous a fournis. L'année 1938 est bien représentative. Servons-nous en. La production totale de la province de Québec a été de 13.8 milliards de kilowattheures. Les revenus bruts, de 53,260,000 de dollars. Mettons en regard les pourcentages du volume de la consommation et des sommes payées par les consommateurs.

La consommation et les revenus des centrales électriques
de la province de Québec en 1938

(d'après les graphiques de M. Huet Massue)

CONSOMMATEURS

Volume
en kilowatt-heures

Valeur
en dollars

Volume et valeur de la consommation totale

13,778,000,000

53,259,723

1. Les industries manufacturières

62.60 p.c.

41.07 p.c

Pâte de bois et papier

41.60 p.c.

22.00 p.c.

Métaux non ferreux

12.05

6.48

Produits chimiques

2.74

1.62

Textiles

2.14

3.52

Fer

1-56

2.64

Minéraux non-métalliques

1.50

1.84

Autres produits

1.01

2.97

2. La vente au détail

5.88

38.67

Usages ménagers

2.08

16.30

Usages commerciaux

1.82

13.35

Faible force-motrice

0.79

4.65

Traction électrique

0.92

2.10

Éclairage public

0.27

2.25

3. Exportations

20.40

17.20

Vers l'Ontario

16.25

Vers les États-Unis

4.15

4. Les mines

2.33

4-68

5. Pertes et divers

8.79

0.40

100

100


[255]

INDUSTRIE DES USINES CENTRALES ÉLECTRIQUES
UTILISATION DE L'ÉNERGIE

Service ou Industrie

Ontario

Québec

Kwh.

% du total

Kwh.

% du total

Exportations

1,301,300,000

13.30

2,516,000,000

20.40

1. Vers E.U.

1,1,231,500

12.60

571,000,000

4.15

2. Vers province

69,500,000

0.70

2,238,000,000

16.25

Détail

3. Éclairage domestique

1,286,000,000

13.15

287,000,000

2.08

4. Éclairage commercial

509,000,000

5.20

250,000,000

1.82

5. Petite force motrice

235,400,000

2.40

108,000,000

0.79

6. Éclairage des rues

98,000,000

1.60

38,000,000

0.27

7. Traction électrique

159,900,000

1.65

126,000,000

0.92

Mines

676,600

6.92

321,000,000

2.33

8. Métaux

658,700,000

6.74

204,000,000

1.48

9. Non-métall.

6,300,000

0,06

110,000,000

0,80

10. Sable, gravier, pierre

9,700,000

0,10

7,000,000

0,05

11. Combustible

1,900,000

0,02

Produits manufacturés

4,361,100,000

44.68

8,625,000,000

62.60

12. Bois et papier

2,045,200,000

20.95

5,733,000,000

41.60

13. Végétaux

201,100,000

2.06

104,000,000

0.76

14. Animaux

83,100,000

0.85

27,000,000

0.20

15. Textiles

131,200,000

1.34

294,000,000

2.14

16. Ferreux

418,500,000

4.50

214,000,000

1.56

17. Non-ferreux

609,300,000

6.25

1,661,000,000

12.05

18, Non-métall.

328,200,000

3.36

207,000,000

1.50

19. Chimique

501,900,000

5.14

378,000,000

2.74

20. Divers

22,600,000

0,23

7,000,000

0.05

Pertes et autres

1,149,000,000

11.75

1,207,000,000

8.79

TOTAL

9,976,300

100.00

13,778,000,000

100.00

Source : Bureau fédéral de la statistique


OTARIO
9.776,300,000 KWH

QUÉBEC
13.778.000.000 KWH

Valeur de la production de l'électricité pour 1938 dans les provinces de Québec et d’Ontario.
Les graphiques et tableaux indiquent les groupes de consommateurs.
(Huet Massue)

[256]

INDUSTRIE DES USINES CENTRALES ÉLECTRIQUES
REPARTITION DES  RECETTES

Service ou Industrie

Ontario

Québec

Dollars

% du total

Dollars

% du total

Exportations

$2,800,00 [17]

4.8

$8,094,584 [18]

15.2

1. Vers É.U.

2.Vers province

Détail

3. Éclairage domestique

18,456,575

31.70

8,669,034

16.30

4. Éclairage commercial

8,301,892

14.25

7,116,728

13.35

5. Petite force motrice

3,856,024

6.65

2,464,031

4.65

6. Éclairage des rues

2,083,075

3.60

1,200,496

2.25

7. Traction électrique

1,318,300

2.30

1,125,400

2.10

Mines

4,252,951

7.30

2,489,947

4.68

8. Métaux

4,176,313

7.18

1,528,798

2.87

9. Non-métall.

40,525

0.07

942,427

1.77

10. Sable, gravier, pierre

9,703

0.01

118,722

0.04

11. Combustible

26,410

0,04

Produits manufacturés

16,577,354

28.50

21,885,993

40.07

12. Bois et papier

4,587,284

1.90

11,722,594

22.00

13. Végétaux

1,746,998

3.00

958,852

1.80

14. Animaux

773, 789

1.33

509,185

0.95

 

15. Textiles

1,086,061

1.86

1,874,933

3.52

 

16. Ferreux

3,191,169

5.50

1,407,412

2.6

 

17.Non-ferreux

2,171,088

3,74

3,450,507

6.48

 

18. Non-métalliques

1.450,620

2,50

981,425

1.84

 

19. Chimiques

1,360,185

2,34

866,404

1.62

 

20. Divers

210,160

0,33

115,726

0.22

 

Pertes et autres

529,734

0,90

213,510

0.40

 

Total

$58,175.905

100.00

$53,259.723

100.00


[257]

M. Massue nous a permis de publier ses graphiques, établis pour faire une comparaison avec la province d'Ontario. Nos lecteurs feront cette intéressante comparaison entre les conditions de nos deux provinces. La première chose qui saute aux yeux en regardant les graphiques de production et de revenu du Québec, c'est que l'industrie manufacturière consomme plus des deux tiers de l'électricité et y compte pour moins de la moitié dans les revenus, tandis que les ventes au détail ne prennent qu'un vingtième du volume et fournissent les deux-cinquième des revenus.

Cela s'explique de la manière que voici. Les usines sont aménagées et outillées pour produire au maximum de la demande. Or l'électricité est un fluide qu'on ne peut emmagasiner. La demande varie sans cesse avec les mois de l'année et même avec les heures du jour. Aux heures de pointes succèdent les heures creuses. Ce qui fait distinguer les chevaux permanents des chevaux résiduels. Les premiers alimentent les chenaux les mieux rémunérés, le commerce de détail, assurant l'éclairage, la traction et la force motrice des usines à consommation régulière. Les chevaux résiduels, eux, sont traités comme des sous-produits. Ce sont, selon l'expression de M. Henri Cavailles, « des déchets de force » [19]. La centrale a tout intérêt à les céder à bas prix. Elle trouve preneur, chez nous, dans l'industrie du papier, qui chauffe ses bouilloires avec l'alimentation irrégulière des chevaux résiduels. Les industries chimiques et métallurgiques procèdent de la même manière. L'absence du charbon oblige les industriels à utiliser l'électricité comme combustible. Voilà pourquoi l'activité industrielle se manifeste dans les régions riches en houille blanche. La force motrice résiduelle possède une puissance d'attraction sur les grandes industries. Elle nécessite leur association, fait surgir enfin des foyers industriels au voisinage des chutes d'eau.

[258]

INDUSTRIE des USINES CENTRALES ELECTRIQUES
REVENU  MOYEN par KILOWATT-HEURE

Service de l’industrie

Ontario

Québec

Cents

Cents

Exportations

0.22

0.29

1. Vers É.U

0.22

2. Vers Provinces

Détail

3. Éclairage domestique

1.43

3.02

4. Éclairage commercial

1.62

2.84

5. Petite force motrice

1.64

2.28

6. Éclairage des rues

2.12

3.16

7. Traction électrique

0.82

0.89

Mines

0.63

0,78

8. Métaux

0.63

0.75

9. Non –métalliques

0.64

0.85

10. Sable, gravier, pierre

1.00

0.27

11. Combustible

1.39

Produits manufacturés

0.78

0.25

12. Bois et papier

0.22

0.21

13. Végétaux

0.87

0.92

14. Animaux

0.93

1.88

15. Textiles

0.83

0.64

16. Ferreux

0.73

0.66

17. Non-ferreux

0.36

0.23

18, Non-métalliques

0.44

0.47

19. Chimique

0,27

0,23

20. Divers

0.93

1.65

Total

0.59

0.38


Graphique de M. Huet Massue illustrant le prix moyen du kilowatt-heure
pour chaque groupe de consommateurs.  Comparaison entre Québec et Ontario pour 1938.

[259]

Nous illustrerons mieux encore l’idée que nous venons d'exposer en examinant un autre graphique très ingénieux de M. Huet Massue, celui par lequel il montre ce que rapporte un cheval-vapeur. L'unité coûte cher aux services ménagers (3.02, cents), parce qu'il y a trop peu de consommation ; même chose pour le commerce et pour la force motrice des petits établissements, surtout si l'on compare ces statistiques avec celles d'Ontario. On voit, d'autre part, que le cheval-vapeur vendu aux papeteries ne rapporte que 0.25 cent, alors que plus de la moitié de la consommation passe à ces usines. Un examen attentif du graphique se passe de commentaires.

Ce serait ici le lieu d'ouvrir une discussion sur la question controversée des tarifs. Si on les abaissait, la consommation augmenterait. Cercle vicieux. Mais le sujet nous entraînerait trop loin. La capitalisation des entreprises ferait aussi le sujet d'un travail bien intéressant. Contentons-nous de signaler le fait qu'elle est énorme, pour ne pas dire monstrueuse. Le capital engagé en 1938 dans les centrales électriques du Canada est de 1,545,416,592 dollars, et de 668,410,299 dollars dans le Québec (43.25 p.c). Le rapport des revenus bruts aux dépenses est de 144.3 à 87.4 millions de dollars pour l'ensemble du Canada et de 53.3a 20.6 millions de dollars pour la province de Québec. Songeons que l'ensemble de toutes les industries manufacturières du Canada n'est guère capitalisé à plus du double (3,485.7 millions de dollars), mais produit pour une valeur brute de 3,337.7 millions de dollars, soit 62 fois plus.

Les statisticiens évaluent le capital engagé dans ces entreprises non pas par le chiffre au poste de capital dans les registres comptables, mais par l'évaluation des propriétés, usines, installations, lignes de transport, routes et le coût des travaux qu'a nécessité l'aménagement des usines. Il est instructif de montrer quelle est la capitalisation des entreprises par cheval-vapeur aménagé dans chaque province (1938) :

Québec

187 dollars

Ontario

247

Colombie-Britannique et Yukon

195

Prairie

180

Maritimes

229

Canada

207 dollars


[260]

Les deux provinces où les installations sembleraient le plus difficiles, parce qu'éloignées des lieux de consommation ou en montagne, sont celles justement où, le coût d'aménagement par unité est le moins élevé.

Avant de terminer, disons un mot de la main-d'oeuvre. Les centrales ont un nombre très restreint d'employés par rapport à la valeur de leur production. Tandis que toutes les industries manufacturières du Canada embauchent une armée de 642,016 employés, les centrales n'occupent que 17,929 personnes, dont 4,405 dans le Québec. Cela s'explique aisément ; car les centrales ont pour objet de fournir aux industries la force motrice capable de décupler la main-d'œuvre. On emploie un grand nombre d'ouvriers lorsqu'elles sont en construction, mais une fois les travaux d'art terminés, quelques surveillants et ouvriers occupés aux réparations suffisent. La preuve en est que 31 p.c. des employés dans le Québec sont des administrateurs, commis ou membres du personnel des bureaux. La proportion n'est aussi élevée dans aucune autre branche de l'industrie.

Il y aurait beaucoup à dire sur l'utilisation et les applications du courant électrique dans la province de Québec. C'est la force motrice industrielle qui en emploie la majeure partie. Si l'on calcule le nombre de chevaux-vapeur mis à la disposition de chaque ouvrier, on voit qu'il y a de grands progrès depuis 15 ans [20]. Les progrès sont incessants dans l'éclairage. Il y a recul cependant dans les transports : moins de tramways circulent dans nos villes. On les a remplacé, à Trois-Rivières par exemple, par des lignes d'autobus. Le port de Montréal a renoncé à la traction électrique, selon la recommandation du rapport Gibb (1931). Les usages dans l'industrie chimique et métallurgique sont presque illimités. L'électrochimie utilise les phénomènes de l'électrolyse (fabrication de l'acétylène à Shawinigan). L'électro-métallurgie a pour objet la fabrication des métaux purs et de leurs alliages (aluminium à Shawinigan et à Arvida). Pourrions-nous développer davantage d'autres usages, tels que le chauffage domestique et la cuisson, pourrait-on économiquement électrifier nos chemins de fer, distribuer davantage l'électricité dans nos campagnes ?  Autant de [261] questions qui devraient faire l'objet d'études plus approfondies que celles dont nous disposons. Une autre question, brûlante d'actualité, est celle de la canalisation du haut Saint-Laurent, qui se rattache au problème de l'électricité. Si le projet se réalise, la Province disposera de plusieurs millions de chevaux supplémentaires. On les aménagera à bien meilleur marché que les forces éloignées des centres de consommation. Le moins que nous puissions dire ici, c'est que dans certains milieux on redoute fort cette concurrence et qu'on s'emploie de diverses manières à faire échouer le projet. Gardons-nous bien de nous former une opinion à la légère sur la grave question de la canalisation du Saint-Laurent. Nous pourrions, sans le savoir, faire le jeu d'intérêts qui ne sont pas les nôtres.

*
*     *

Reste à étudier le régime légal. L'exploitation des ressources hydro-électriques dans la province de Québec relève en presque totalité de l'initiative privée. Sur 97 établissements (1938), 15 seulement sont des entreprises « municipalisées », administrées par les conseils municipaux. Ce ne sont que de toutes petites entreprises, car leur outillage n'est que d'une capacité de 28,200 H.P. contre 3,538,105 H.P. (chevaux permanents) dans les entreprises privées. Leur production ne fut en 1938 que de 67.2 millions de kilowatt-heures, contre 13.6 milliards dans les autres. Bref, les usines privées produisent 99 p.c. de l'électricité de la Province.

Ce sont des entreprises puissantes et agglomérées. Nous en donnons la liste dans le tableau ci-joint.

Liste des principales entreprises

1. The Shawinigan Water and Power Company (1898)  (Montréal)

actif de Tordre de 182,000,000 dollars ;

possède des usines d'environ 1,000,000 H.P. sur le St-Maurice ;

contrôle : Quebec Power Company ;

est affiliée à :

(Montreal Light Heat & Power Cons.

St. Maurice Power Corp.

Saguenay Power Co. Ltd.

2. Montreal Light, Heat & Power Cons. (1916)  (Montréal)

actif de l’ordre de 210,000,000 dollars ;

possède des usines d'environ 900,000 H.P. aux environs de Montréal ;

centrales :

Beauharnois Power Corporation (actif : 79.6 millions de dollars

(Montreal Island Power (actif : 10.8 millions de dollars).

[262]

3. The Canadian Light & Power Company (1904)  (Montréal)

contrôlée par United Securities (actif : 9.5 millions de dollars), qui est la propriété conjointe de Montréal Light et Shawinigan W. & P. ;

usine St-Timothée : 30,400 H.P.

4. Quebec Power Company (1915)  (Québec)

actif : 29.3 millions de dollars, 1939 ;

usines d'une capacité de 43,350 H.P. aux environs de Québec.

5. Saguenay Power Company (1924)

actif : 71.5 millions de dollars, 1939 ;

usine : 540,000 H.P. (Ile Maligne).

6. St. Maurice Power Corporation (1938)

actif : 13.1 millions de dollars (fév. 1940) ;

usine de La Tuque, 162,000 H.P.

7. Gatineau Power Company (1926)  (Ottawa)

actif : 149.4 millions de dollars, 1939 ;

usines : 800,000 H.P. sur la Gatineau ;

affiliée au International Hydro-Electric System.

8. Southern Canada Power (1913)  (Montréal)

actif : 24.8 millions, 1939 ;

usines : 58,800 H.P. dans les Cantons de l'Est ;

affiliée au Power Corporation of Canada.

9. Northern Quebec Power Co. (1923)  (Montréal)

subsidiaire du Canada Northern Power Corp., elle-même contrôlée par Power Corp. of Canada ;

usine au rapide des Quinze, 40,000 H.P.

10. La Cie de Pouvoir du Bas Saint-Laurent (1922)  (Rimouski)

actif : 2.4 millions de dollars, 1939 ;

usine : 9,600 H.P.

11. The Ottawa Electric Co. (1894) (Ottawa)

usine à Hull : 16,000 H.P. ;

subsidiaire de Ottawa Light, Heat & Power Co. ;

actif : 10 millions de dollars (1939).

12. MacLaren Québec Power Co. (1930)

Buckingham — propriété de MacLaren Power & Paper Co.

actif : 38.4 millions de dollars ;

usines : 245,000 H.P.

13. Aluminum Power Co. (1937)  (Montréal)

subsidiaire de Aluminum Ltd. ;

actif : 98.2 millions de dollars, 1939 ;

usine : chute à Caron : 260,000 H.P. au Saguenay.

14. Price Brothers & Company (1920)  (Québec)

six usines dans la région du Saguenay, 73,200 H.P.

15. Donnacona Paper Company (1928)  (Québec)

usine rivière Jacques-Cartier : 12,650 H.P.

16. Quebec Pulp & Paper Corp. (1927)  (Chicoutimi)

usine : 36,000 H.P.


[263]

Carte de la province de Québec montrant le partage des réseaux de distribution de l’électricité.
Les colonnes verticales indiquent la valeur de la production industrielle
des lieux principaux en millions de dollars pour 1937. (Huet Massue).

[264]

Le groupe Shawinigan Water and Power, dont les premières usines étaient déjà installées sur le Saint-Maurice à la fin du siècle dernier, s'étend désormais par ses sociétés parentes ou affiliées hors de la Mauricie, jusqu'à Montréal, à Québec, au lac St.-Jean-Saguenay sur la rive sud de l'Estuaire et dans les Cantons de l'Est. Par l'intermédiaire de la Beauharnois, ce groupe vend même de l'électricité en Ontario et aux États-Unis. Le groupe de la Gatineau Power est intégré dans une entreprise américaine, International Hydro-Electric System, dont le siège est à Boston. Il dessert la vallée de l'Outaouais et les Laurentides de l'Ouest, vend de la force en Ontario et possède une usine et un réseau de distribution au Nouveau-Brunswick (Dalhousie). Le groupe Southern Canada Power fait partie avec Northern Quebec Power du holding Power Corporation of Canada. La première dessert le sud des Cantons de l'Est, l'autre le nord-ouest du Québec. Les intérêts du holding s'étendent en Ontario, au Manitoba et surtout en Colombie-Britannique. D'autres sociétés privées ont des centrales pour leur fournir la force et l'éclairage dont a besoin leurs industries. Telles sont l'Aluminum Power à Arvida et Shawinigan ; Price Brothers (papeteries, scieries) au Saguenay et sur la rive Sud ; MacLaren (papeterie) à Buckingham. La carte ci-jointe illustre bien le partage des réseaux de distribution dans la Province.

Il n'y a plus que dix municipalités qui possèdent des services étatisés, produisant et distribuant l'électricité. Nous ne tenons pas compte de celles qui ont uniquement étatisé leurs services de distribution.  En voici la liste par classement alphabétique :

Listes des municipalités qui ont étatisé leurs services
de production et de distribution  d'électricité

Lieux

Usines thermique (T)
ou hydraulique (H)

Capacité
H.P.

Date d'aménagements

Bagotville

H

1,350

1924

Buckingham

H

550

1904-14 acquise 1933

Coaticook

H

2,000

1910-13-27

Jonquière

H

2,500

1906-13-24

Magog

H

1,600

1911

Mégantic

H

1,050

1919-32

Rivière du Loup

H

1,300

Sainte-Agathe des Monts

H

400

1910-16

Saint-Hyacinthe

T (diesel)

800

1935

Sherbrooke

H

17,050

1908-11-17-27

28,600


[265]

On voit que très peu de municipalités se sont prévalues de la loi dite de municipalisation (2,5-2,6 Geo. V, chapitre 49) sanctionnée le 18 mai 1935 et amendée plusieurs fois depuis. Les deux principales sont Sherbrooke et Saint-Hyacinthe. Nous renvoyons le lecteur au rapport annuel que publie le secrétaire-trésorier de ces municipalités pour de plus amples renseignements.

Il y a cependant une exception intéressante à signaler. La Province possède maintenant une centrale vraiment étatisée, celle dont la construction fut entreprise par le ci-devant Syndicat National d'Électricité. Elle devait fournir en août 1941 32,000 H.P. Sa situation n'est pas particulièrement bien choisie pour faire une expérience d'étatisation. Elle est au sud de l'Abitibi, à quelque 32 milles à vol d'oiseau de Cadillac. Là, l'Outaouais supérieur traverse le canton Landanet à sa sortie du lac Decelles. On y accède par une route de 38 milles depuis la gare de Cadillac, route construite expressément pour l'aménagement de l'usine. La ligne de transport de force se raccorde, à Cadillac, à celle de la Northern Quebec Power, pour alimenter les centres principaux que sont Rouyn et Noranda. Les aménagements ont coûté très cher, plus que la somme prévue. Il se pose en plus un problème technique de tension différente entre les deux réseaux. La Commission des Eaux courantes, revivifiée depuis un an, a hérité de cette entreprise. Elle vient en concurrence avec la Northern Quebec Power, installée depuis assez ; longtemps à Rouyn. De sorte qu'il faudra attendre plusieurs années avant de juger du succès de l'initiative. Tout ce qu'on peut dire pour le moment, c'est que notre province possède sa petite « hydro ». Ajoutons que depuis le printemps de 1941 la Province s'est délibérément engagée sur la voie de l'étatisation. Nous aurons bientôt une grosse « hydro ». On a discuté à la dernière session provinciale d'un projet visant à étatiser l'usine de Beauharnois.  Un texte de loi fut voté qui autorise la Province à acquérir l'usine.

*
*     *

Cela nous offre une transition facile pour exposer en guise de conclusion l'état de la législation provinciale sur l'électricité. Il serait trop long, là encore, de refaire l'histoire entière des lois qui s'appliquent en cette matière. Ne considérons que les changements survenus durant les cinq dernières années.

[266]

Il existe cependant quelques dispositions légales qu'il est essentiel de connaître. La régie des eaux relève de deux organismes du ministère des Terres et Forêts : le Service hydraulique et la Commission des Eaux courantes. C'est le premier qui applique les lois prévues au chapitre 46 des S.R.Q. 1925. Les lois et la jurisprudence relatives à la propriété des rivières sont basées sur l'article 400 du Code civil. Avant d'aménager une chute d'eau, l'industriel doit obtenir une concession soit de l'État (Couronne), soit du riverain. Les seules chutes non aliénées qui ne sont pas la propriété de l'État sont situées sur les rivières non navigables et non flottables, vendues ou concédées avant le 1er juin 1884. La concession prend la forme d'un bail emphytéotique, passé entre l'État et l'industriel, dont la durée varie de 25 à 75 ans. L'État demeure propriétaire. Depuis 1926, tout bail doit contenir, entre autres, une clause prohibant l'exportation de l'électricité produite dans la Province hors du Canada. Cela toutefois sans préjudice aux contrats d'exportation en vigueur au moment où la loi fut promulguée.

En 1934, le gouvernement nomma la Commission Lapointe pour enquêter sur la question de l'électricité dans la province de Québec. Elle s'occupa surtout de l'étatisation, de la municipalisation, de l'électrification rurale et des tarifs. Les commissaires firent rapport au 21 janvier 1935 [21], en insistant sur la nécessité du monopole. L'alternative est la suivante, disent-ils, « le choix entre le contrôle complet et efficace et l'étatisation ». Opposés qu'ils étaient à la seconde solution, ils recommandèrent la création d'une nouvelle commission pour remplacer celle des Services publiques (1907, Statuts refondus, Québec, 1925, chap. 17) [22]. Elle devait être revêtue de pouvoirs suffisants, exercer un « contrôle complet et adéquat de la production, du transport, de la distribution et de la vente de l'électricité soit par l'entreprise privée, soit par les municipalités [23] ».

[267]

La législation qui suivit ce rapport se partage en trois phases : les lois Taschereau de 1935, les lois Duplessis de 1937, les lois Godbout de 1940 et 1941. Les deux premières séries de lois sont connues et furent suffisamment discutées dans le public pour que nous nous contentions ici de les signaler seulement. Nous insistons davantage sur les dernières.

Trois mesures furent édictées à la Législature de 1935 :

1° une loi relative à l'exploitation des chutes et des rapides situés sur les cours d'eau du domaine public et à leur concession à l'avenir (25-26 Geo. V, chap. 23) ;
2° une loi créant la Commission d'Électricité de Québec (25-26 Geo. V, chap. 24) ;
3° une loi concernant la municipalisation de l'électricité (25-26 Geo. V, chap. 49).

Un des objets principaux de la première loi fut d'accorder de nouveaux pouvoirs à la Commission des Eaux courantes, déjà instituée depuis 1910 (1 Geo. V, chap. 5), à savoir : faire l'inventaire des ressources hydrauliques, faire des recommandations sur leur contrôle, construire et exploiter des bassins d'emmagasinage pour régulariser les débits. Ces pouvoirs permettaient à la Commission de construire des usines, de distribuer et de vendre l'énergie électrique ; et cela non seulement sur les sites non concédés, mais aussi sur des lieux déjà occupés et même par voie d'expropriation.

La deuxième loi a pour objet de créer une commission avec des pouvoirs juridiques très étendus. La Commission fut constituée en décembre 1935 et s'est mise à l'œuvre le 16 janvier 1936. Son président, M. Augustin Frigon, déclarait, lors de la séance inaugurale, tenue à Montréal, le 17 janvier, que la Commission n'exercerait ses prérogatives qu'après de sérieuses études. Elle « ne peut pas fonctionner avec efficacité sans une documentation très complète et des renseignements précis sur tous les aspects des problèmes qu'elle est appelée à résoudre. Nous poursuivrons donc de nombreuses études d'ordre technique et économique, qui lui permettront de remplir ses fonctions avec connaissance de cause [24]. » L'existence de la Commission s'est limitée exactement à dix-neuf mois. Nos lecteurs se rendront compte des travaux documentaires qu'elle a accomplis en lisant ses deux rapports.

[268]

La troisième loi est destinée à encourager la municipalisation de l'électricité, en accordant un subside aux municipalités de 50 p.c. des dépenses de capital. Il n'y eut cependant guère de progrès sous ce rapport.

Lorsqu'en 1936 un nouveau parti vint au pouvoir, trois lois nouvelles furent votées, qui rendirent caduques les lois de 1935.

1° une loi pour établir et assurer la concurrence de l'État concernant les ressources hydroélectriques (1 Geo. VI, chap. 24) ;

2° une loi pour établir un contrôle provincial de l'électricité (1 Geo. VI, chap. 25) ;

3° une loi pour autoriser toutes les corporations municipales à municipaliser l'électricité (1 Geo. VI, chap. 26).

La première prévoyait une dépense de dix millions de dollars pour établir des services dans les régions éloignées d'Abitibi, Témiscamingue, Roberval et lac Saint-Jean. Ces services seraient fournies par le Syndicat national d'Électricité, qui devait s'approprier les pouvoirs supplémentaires qu'avait reçus la Commission des Eaux courantes en 1935. Le Syndicat entreprit les travaux du canton Landanet.

Par la deuxième loi, la Commission d'électricité devint la Régie provinciale d'électricité. Le nombre de ses membres passa de trois à cinq. Les attributions restèrent sensiblement les mêmes sauf en ce qui concerne les règlements de municipalisation. La Régie exerça ses fonctions du 1er septembre 1937 jusqu'au 31 octobre 1939. Elle publia deux rapports [25]. La loi fut modifiée l'année suivante (3 Geo. VI, chap. 23).

La troisième loi réaffirmait les droits existants des municipalités d'instituer des services électriques, d'exproprier certaines propriétés à cette fin, mais libérait les municipalités de l'obligation de consulter la Régie pour entreprendre leurs travaux. Une autre disposition augmentait de 50 à 55 p.c. l'aide qui serait éventuellement fournie aux travaux de municipalisation. Donc aucun changement fondamental.

Il y eut un changement plus important en 1939. On s'était aperçu que la Régie provinciale entrait en conflit légal avec la Commission des Services publics (1 Geo. V, chap. 25). C'est pourquoi on vota une loi « assurant un contrôle efficace des compagnies  [269]de transport et communications » (3 Geo. VI, chap. 16). La Commission des Services publics devenait la Régie des Transports et Communications. Le législateur prit soin de clarifier la situation en assignant des attributions précises à chacune des deux régies.

Enfin survint un changement de ministère en 1940 et une nouvelle législation. Nouvelle ? Par la lettre, oui ; par l'esprit, non, car le législateur revient simplement aux lois de 1935. Voici ces lois :

1° loi relative à l'exploitation des pouvoirs d'eau des domaines publics (4 Geo. VI, chap. 22), sanctionnée le 19 juin 1940 ;

2° loi instituant la Régie des services publics (4 Geo. VI, chap. 11), même date ;

3° loi du contrôle de la force motrice en temps de guerre (4 Geo. VI, chap. 12), même date.

Par la première, relative à l'exploitation des forces hydrauliques (pourquoi le législateur s'obstine-t-il malgré l'avis contraire des techniciens à utiliser l'anglicisme « pouvoir d'eau » ?), on abroge la première des lois Duplessis (I Geo. VI, chap. 24) et ses amendements pour remettre en vigueur la loi Taschereau (25-26 Geo. V, chap. 23) sur la même matière. Elle abolit en outre (para. 2) le Syndicat national, dont elle transfère les biens et fonctions à la Commission des Eaux courantes. Cette dernière se trouve désormais revivifiée, d'autant qu'elle avait acquis, en 1935, des droits lui permettant de nouvelles initiatives.

La deuxième loi rétablit, en somme, l'ancienne commission des services publics, en lui donnant le nom de régie. Elle abolit en plus la Régie de l'Électricité et fait disparaître la Régie des Transports et Communications. De cette manière, il n'y aura plus conflit de juridiction entre les deux organismes, puisque l'un des deux disparaît. Ce sont les rapports annuels de la nouvelle Régie des Services publics qui feront suite aux quatre rapports précédents des deux organismes éphémères. La loi remet en vigueur la deuxième loi Taschereau (25-26 Geo. V, chap. 24), créant la Commission d'électricité ; cependant c'est la Régie et la Commission qui exerceront tous les pouvoirs et assumeront toutes les obligations de cette loi [26].

[270]

La même loi modifie en lui redonnant force la loi concernant la municipalisation de l'électricité (25-26 Geo. V, chap. 49). D'abord en y revenant, le gouvernement s'engage à ne contribuer que de 50 au lieu de 55 p.c. dans toute entreprise de municipalisation de l'électricité. Cependant, et c'est là une nouveauté d'une portée considérable, « le trésorier provincial peut prêter à telle municipalité une autre somme n'excédant pas vingt-cinq pour cent du capital pour un terme de trente ans, avec intérêt à quatre pour cent ». Désormais, une corporation municipale qui entreprend des travaux d'électrification jouira d'une contribution d'État égale aux trois-quarts du coût du capital engagé, dont la moitié lui sera donnée et le quart avancé sous forme d'emprunt. Elle pourra donc commencer ses travaux avec le quart du capital requis. Si avec ce nouvel avantage, on ne municipalise pas plus qu'auparavant, c'est à désespérer de ne jamais le faire.

La dernière loi, enfin, concerne le contrôle de la force motrice en temps de guerre. Elle confère à la Régie des Services publics des pouvoirs extraordinaires que justifie l'état de guerre ; tels sont les suivants : restreindre ou prohiber l'usage de la force motrice par certaines personnes et pour certaines fins, la répartir entre les usagers, accorder la priorité à certains d'entre eux, imposer des tarifs, obliger les usagers à fournir les renseignements qu'elle demande, etc.

Loin de nous l'idée de porter un jugement sur l'ensemble de la législation. Tout ce qu'on peut dire, c'est que depuis six ans on a imprimé plusieurs textes, fait plusieurs changements, mais qu'au fond on n'a guère modifié l'état de choses. Cependant on a renforcé sans aucun doute le contrôle de l'État sur l'entreprise privée. La petite entreprise étatisée n'a pas de brillantes perspectives, et la municipalisation a encore beaucoup de progrès à faire. Quant au projet d'étatisation de la Beauharnois, il est encore trop tôt pour en prévoir les conséquences.



[1] « Bois et charbon de bois », par Paul Riou, L'Actualité Économique,  14e année, vol. 2, no 4, février 1939, pp. 30I-319.

[2] Ces renseignements sont compilés d'après le rapport du ministère des Terres et Forêts, de Chasse et de la Pêche, Fabricants de charbon de bois en 1940, Québec, 1941.

[3] La plupart de nos renseignements nous furent communiqués, par M. Henri Roy, i.f., chef du Service Forestier de la province de Québec.

[4] B. F. Haanel, Final Report of the Peat Committee.  Peat, its manufacture and uses, ministère des Mines, Ottawa, publication no 641, 1926.

[5] Raoul Blanchard, « La région du fleuve St-Laurent », Revue de Géographie Alpine, Tome XXIV, 1936, pp. 1-189.

[6] Voici les principaux ouvrages à consulter : Léo-G. Denis et Arthur-V. White. Les forces hydrauliques du Canada. Commission de la Conservation, Canada, Ottawa, 1911, pp. 156-102. Commission des Eaux courantes de Québec, Rapport annuel, de 191a à 1935, imprimés par ordre de la Législature, Québec. Les rapports de 1936 à 40 paraîtront en 1941. Eaux de surface du Canada, bassins du Saint-Laurent et de la Baie d'Hudson pour les années 1933-34 et I934-35,  bulletin no 76, Ressources Hydrauliques, ministère des Mines et Ressources, Ottawa, 1940.

[7] 1 mille carré-pieds égale 27,878,400 pieds cubes

[8] Propriété privée.

[9] Propriété du gouvernement fédéral

[10] Voir carte topographique : Réservoir Gouin, 4 milles au pouce, Service topographique, Ministère de l'Intérieur, Ottawa, 1932

[11] Feuille de Mont-Laurier, 2 milles au pouce, Service topographique, Ottawa, 1934.

[12] Nous l'avons dressé à l'aide des publications suivantes : Tableau des forces hydrauliques de la province de Québec, 1928, Québec. Alexander Roger, Central Electric Stations in Canada, part II, Directory (May 1, 1928). Water Resources Paper, no 5 ; Ottawa, 1929. Supplement to Water Resources Paper, no 55, July 1, 1936, Ottawa. Electric transmission Systems of part of Ontario and Quebec, carte de 16 milles au pouce, ministère des Mines et Ressources, janv. 1937, Ottawa. Quebec Ready Reference, Toronto, 1932. Armand Viau, « La houille blanche au Canada », Revue mensuelle H.E.C., juillet 193 ; Paris. Canada, 1932 à I940. Manuels officiels, etc. Bureau fédéral de la statistique, Ottawa.  The Monetary Times, Annual Review, janv. 1941, p. 28 et suivantes, Toronto.

[13] Ce chiffre est légèrement supérieur à celui que nous avons indiqué précédemment parce que nous avons compté les petites usines de 500 H.P. et moins, et surtout parce que nous incluons dans notre tableau deux centrales projetées.

[14] Sources de documentation : Annuaire du Canada, 1940, p. 367 et suivantes. Developed and Potential Water Power of the World, Bull. 63,107, Geological Survey, Dept. of the Interior, Washington, D.C., 23 juin 1939.

[15] « Nos forces hydrauliques, leur valeur économique », par O. Lefebvre, Revue Trimestrielle Canadienne, 24ième année, no 90, décembre 1938, p. 347.

[16] Notons à ce sujet que la fréquence d'Ontario n'est pas la même que celle du Québec : elle est de 25 cycles au lieu de 60. D'où un grave problème technique pour le raccordement des lignes de distribution en Abitibi.

[17] Estimé

[18] De la Régie des Services publics

[19] Henri Cavaillès, La houille blanche.  Collection A. Colin, Paris, 1922.  Ouvrage classique, dont nous nous inspirons largement.

[20] Olivier Lefebvre, « Nos forces hydrauliques, leur valeur économique », Revue trimestrielle canadienne, décembre 1938, pp. 364 et 365.

[21] Rapport de la Commission de l’électricité de la province de Québec au premier ministre de la Province, 21 janvier 1935, 65 p., Québec, 1935

[22] Ouvrages à consulter : I. M. Biss, « Recent Power legislation in Quebec », The Canadian Journal of Economics and Political Science, Vol. III, no 4, novembre 1937, pp. 550-558. W. R. Scott, « Ownership and use of rivers and streams in Québec », Canadian Bar Review, avril 1939, pp. 221-232. Lorenzo Dutil, Le régime de l’électricité dans la province de Québec, Les Éditions nouvelles, Montréal, 1935.

[23] La Commission d'Électricité de Québec, Premier rapport 1935-36, p. 8, Québec, 1940. La même commission a publié un second et dernier rapport, celui de 1936-37, Québec, 1940.

[24] Premier rapport, 1935-36, pp. 10 et 11.

[25] La Régie provinciale de l'Électricité.  Premier rapport 1937-38, Québec, 1940.  Deuxième rapport 1939, Québec, 1940.

[26] Les cinq membres de la Commission furent nommés en juillet et entrèrent en fonction en août.  Le président est Me Lucien Dugas et le vice-président, M. A.-B. Normandin, i.c.



Retour au texte des auteurs. Dernière mise à jour de cette page le jeudi 17 septembre 2015 10:17
Par Jean-Marie Tremblay, sociologue
professeur associé, Université du Québec à Chicoutimi.
 



Saguenay - Lac-Saint-Jean, Québec
La vie des Classiques des sciences sociales
dans Facebook.
Membre Crossref