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Collection « Histoire du Saguenay—Lac-Saint-Jean »

Russel Aurore Bouchard, Histoire de Chicoutimi-Nord.
Tome 1er. Le Canton Tremblay et le Village de Sainte-Anne 1848-1954
. (1985)
Avant-propos


Une édition réalisée à partir du texte de Russel Aurore Bouchard, Histoire de Chicoutimi-Nord. Tome 1er. Le Canton Tremblay et le Village de Sainte-Anne 1848-1954. Chicoutimi-Nord: Russel Bouchard, à compte d’auteur, 1985, 230 pp. Une édition numérique réalisé par Diane Brunet, bénévole, guide de musée retraitée du Musée La Pulperie, Chicoutimi. [L'auteure nous a accordé le 22 septembre 2005 sa permission de diffuser ce livre dans Les Classiques des sciences sociales.]

[IV]

Histoire de Chicoutimi-Nord. Tome 1er.

Avant-propos


Au cours de ma recherche destinée à constituer le fonds de renseignements sur l'histoire de Chicoutimi-Nord, j'ai eu l'occasion de découvrir un texte perdu à travers les milliers de pages effritées de notre journal local, le Progrès du Saguenay. Ce texte dis-je, publié le 3 avril 1924 et signé Eugène L'Heureux, m'est apparu comme une réflexion éminemment pertinente sur « La Petite Histoire et sa valeur pour les peuples ». Selon L'Heureux, déjà au début du siècle, la population et les intellectuels snobent l'histoire du terroir.

Cela est malheureux, dit-il, « car c'est dans la petite histoire des familles et des paroisses que se trouvent les meilleures sources de vie et de conservation pour les générations présentes et à venir ; c'est dans la petite histoire des familles et des paroisses que se puise la connaissance de tous les éléments qui font la personnalité des individus et, par celle-là, la personnalité des peuples ».

Pour ma part, j'épouse entièrement cette vision du rôle que doit jouer l'historien dans la connaissance de son milieu. D'ailleurs, c'est avec cette perception de cette science de l'homme que j'ai élaboré la stratégie de ma recherche et l'articulation de mon plan de travail.

Notre histoire est relativement récente et la région du Saguenay, dont le développement actuel est le fruit d'un peu plus d'un siècle, a l'avantage d'être plus maîtrisable dans le processus du traitement historique. Les multiples journaux locaux, la consultation des « Anciens » qui ont côtoyé les fondateurs, la précoce formation d'une banque de données par la Société Historique du Saguenay, font qu'il nous est possible aujourd'hui de s'adonner, plus facilement qu'ailleurs, à l'étude de l'homme comme individu et de son produit.

Si nous jetons un bref coup d'œil sur toutes les petites monographies paroissiales publiées ici et là au Saguenay et au Lac Saint-Jean depuis un demi-siècle, habituellement nous pouvons y retrouver une conclusion commune : le particularisme de sa population et de [V] son milieu. Malgré la modestie de plusieurs de ces travaux, je pense que tous ont saisi cette seule vraie conclusion historique à leurs recherches.

En fait, si nous regardons le profil du développement historique de l'Amérique du Nord, nous pouvons y déceler un dénominateur commun. La marche vers la « frontière » vise à conquérir pas à pas tout le territoire du Continent. Cette avance de la soi-disant civilisation est constante, irréversible et s'attaque à des fronts différents. C'est surtout au XIXe siècle qu'elle s'amplifie et le courant se situe d'est en ouest.

Psychologiquement, le nord, ce vaste territoire, froid et hostile ne semble pas offrir d'avantages à sa conquête. Mais de plus en plus, les arrivants voient se défiler à l'horizon les montagnes Rocheuses et, au-delà, l'océan Pacifique. Il faut de nouvelles terres pour assouvir le besoin de récupérer le trop plein de l'explosion démographique et rurale de l'époque.

Nécessité faisant loi, les gouvernements conviennent d'ouvrir plusieurs régions, dont le Saguenay légendaire, à la colonisation. Pour leur part, les émigrants potentiels doivent d'abord compter presque uniquement sur leurs propres efforts. Ils arrivent ici par dizaines, avec comme unique bagage, le meilleur de leurs traditions qu'ils adapteront à la réalité physique pour pouvoir survivre.

Partant de ce noyau qui favorise l'éclosion d'une culture, ils défrichent la terre, la cultivent en dépit des plus grandes contraintes climatiques et en reçoivent péniblement son produit. La race saguenéenne était née.

À l'intérieur de cette vaste région fermée et isolée, chacune des petites communautés qui est fondée se moule aux particularités des lieux. Sans exception, il faut à tout prix survivre et vaincre les embûches, et pour y arriver les moyens diffèrent d'un endroit à l'autre. Il en découle un produit historique extraordinaire : la spécificité de chacun des cantons, de chacun des villages, de chacune des paroisses.

Le village de Sainte-Anne qui deviendra Chicoutimi-Nord, plus d'un siècle après son ouverture à la colonisation, développe lui aussi son caractère particulier. Bien agrippée sur le flanc des deux caps Saint-Joseph et Saint-François, la petite communauté assiste, comme spectateur et comme acteur, au développement de la ville d'en face, Chicoutimi. Le Saguenay, ce véritable fleuve qui termine sa profonde [VI] course, à quelques milles du village, se trace en maître comme une enclave entre les deux sociétés.

Conditionnés par cette caractéristique géographique inattaquable, les résidents comprennent qu'ils sont isolés du reste de la région, du moins le temps que prendra la technologie et la capacité financière à souder les deux municipalités. Pendant un siècle que perdure ce divorce, les villageois de Sainte-Anne sont obligés de vivre en véritable autarcie ; cette raison d'être forge solidement le caractère de sa population.

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La préparation de cet ouvrage a été faite avec l'unique souci d'offrir à la population un certain rappel de son histoire. À travers les différentes facettes de la vie communautaire, le lecteur saura y retrouver l'originalité historique et sociale de son patelin. Humblement, nous avons tenté ici d'écrire la « petite histoire » pour la population en général. C'est pourquoi les sujets sont variés, les chapitres courts et la phraséologie simplifiée. Certes, la profusion de l'information nous aurait permis d'écrire une véritable encyclopédie. Nous nous sommes limités à élaborer par des faits divers, le développement historique du village.

Du début du canton Tremblay à la fusion de la municipalité de Chicoutimi-Nord, nous avons isolé quatre grandes étapes dans le processus historique : la proclamation officielle du canton Tremblay en 1848, la proclamation du village de Sainte-Anne en 1893, la proclamation de la municipalité de Chicoutimi-Nord en 1954, et la fusion municipale avec Chicoutimi en 1975.

En réalité, ces quatre étapes correspondent à autant d'époques et établissent une démarcation logique entre les différents paliers de son évolution. Pour résumer chacune d'entre elles, disons que l'époque de 1848 à 1893 correspond à l'ère des fondateurs et des pionniers qui entreprennent la création d'une nouvelle entité sociale. Selon la tradition, les habitants se répartissent la terre et organisent les bases sociales, politiques, économiques et religieuses. En second lieu, c'est le regroupement de la plus forte densité autour de l'église. Cette étape se caractérise par l'entrée dans le modernisme. À la faveur d'une croissance démographique importante, la paroisse se scinde en deux, ce qui provoque la création de la municipalité de Chicoutimi-Nord. En 1954, nous sommes à la croisée des chemins, C'est-à-dire que le secteur rural cède la place au développement [VII] urbain. Quant à la fusion municipale, disons seulement qu'elle nous apparaît comme inéluctable et tragique. C'est le plus faible dévoré par le plus fort.

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Pour écrire notre « Histoire de Chicoutimi-Nord », il a fallu passer six bonnes années dans la recherche des dépôts d'archives.

Plusieurs fonds de documents ont été dépouillés. Certes, la Société Historique du Saguenay a déposé de nombreuses collections, dont celle portant le titre de « Mgr Victor Tremblay », aux Archives nationales du Québec à Chicoutimi. Mais le fonds qui nous a été le plus utile reste celui du Progrès du Saguenay. Page par page, du début à la fin, de 1886 à 1964, nous l'avons parcouru intimement pour y extirper tout ce qui intéresse notre sujet. C'est de cette façon qu'il nous a été possible de reconstituer sans interruption la trame des principaux événements qui ont marqué la vie des gens de Chicoutimi-Nord.

Nous n'avons pas cru pertinent de fournir une bibliographie exhaustive de toutes nos sources. Nous nous sommes limités à indiquer la liste des principaux fonds consultés.

Ce qui a le plus fait défaut pour situer l'œuvre dans son contexte, c'est l'absence d'une véritable histoire régionale. Nous ne parlons pas ici de l'Histoire du Saguenay telle qu'écrite par les pionniers de cette science. Nous voulons particulièrement parler d'une histoire sociale et d'une histoire rurale du Saguenay et du Lac Saint-Jean. Avec un peu de patience pouvons-nous espérer la réalisation de ce travail ?

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Un dernier mot. On trouvera régulièrement dans la composition, des extraits de documents. Ces citations ont été reproduites avec le souci du détail et le lecteur voudra bien prendre note que la retranscription est littérale des textes.


Retour au texte de l'auteur: Jean-Marc Fontan, sociologue, UQAM Dernière mise à jour de cette page le mardi 11 février 2014 14:45
Par Jean-Marie Tremblay, sociologue
professeur de sociologie retraité du Cégep de Chicoutimi.
 



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