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Collection « Histoire du Saguenay—Lac-Saint-Jean »

Une édition réalisée à partir du texte de Russel-Aurore Bouchard, historien(ne), Du racisme et de l’inégalité des chances — au Québec et dans le Canada —. Suivi de Lettres éparses adressées à mes accusateurs publics et à quelques témoins. Chicoutimi, Saguenay, La Société du 14 juillet, 2002, 178 pp. (Livre reproduit dans Les Classiques des sciences sociales avec l'autorisation formelle de l'auteure accordée le 1er septembre 2007.)

La citoyenneté est une convention qui assure à l’individu
une place au sein du groupe et qui autorise le groupe à définir avec lui
le champ des droits et devoirs de l’un par rapport à l’autre.
Celui qui réussit à prospérer
dans cette fraternité sans être astreint aux mêmes
devoirs, est en état de privilège et soumet
nécessairement tous les autres

R.B.

Russel (Aurore) Bouchard (1948 - )

Du racisme et de l’inégalité des chances
—au Québec et dans le Canada—

(20 novembre 2001)

 

Les formes du racisme
Les facteurs du racisme

  

Vous vous réclamez de la « première » nation. Cette règle vous reculera donc à la « seconde » lorsque les chercheurs auront terminé de démontrer que l’Amérique a été peuplée par des vagues parallèles et successives de migrants venus de temps, de lieux et de groupes humains différents.

R.B.

 

De tous les poisons qui contaminent la vie des peuples, le racisme est sans nul doute le plus pernicieux, le plus venimeux, le plus ravageur. Il est la tare sociale qui amène toutes les autres, une perversion de l’âme humaine qui tire sa force du préjugé, raison des sots. Le racisme a de nombreux visages, mais limitons-nous à reconnaître que son caractère d’hostilité nous renvoie à une valeur culturelle dont l’enjeu est la vie humaine, le respect qu’on lui attribue et la valeur qu’on accorde à l’humanité. Le racisme, c’est la haine et le rejet de l’autre, consciente ou non, une haine consentie, affirmée, viscérale : haine et rejet de l’autre à cause de son sang, de ses origines sociales, de son histoire, de sa religion, de sa langue, de la couleur de sa peau, de ses idées, de l’image qu’il représente et de tout ce qui n’est pas nous. Refus inconsidéré et fruit de préjugés qui appellent la haine, la violence et la souffrance. Lorsqu’on réfère à cette notion, lorsqu’on accuse quelqu’un d’être un raciste, on interpelle donc le plus profond de son être, on porte un jugement, sans appel et lourd de conséquences, sur sa conscience, sur sa moralité, sur l’état de son âme. 

Qualifier quelqu’un de raciste s’il ne s’est pas affiché comme tel —à la fois— dans son cheminement par ses déclarations, ses écrits, ses comportements et sa démarche, c’est donc lui faire un procès d’intention ; c’est lui coller une étiquette d’une extrême gravité, une étiquette qui nie ses engagements sociaux et ses opinions politiques, qui le marque au fer rouge pour toute sa vie durant, une marque indélébile qui le suivra jusqu’après son trépas, qui entachera sa mémoire et celle de sa descendance ; c’est placer un voile de doute, de suspicion et de préjugés qui lève un mur de mépris, de haine et de rejet ; c’est délibérément mettre quelqu’un à l’index, en rupture de ban avec l’humanité. 

Le racisme c’est une idéologie, une intention de la destruction d’un groupe par un autre, d’un individu par un autre, une vision déphasée de la vie et des rapports humains qui sous-tend que les personnes ne naissent pas égales, une notion que je rejette de toute mon âme et dont on peut trouver une multitude de traces dans mes écrits et déclarations publiques. Mettez-y un inconséquent qui accuse son voisin, son rival, son concurrent de ce crime qui en est un contre l’humanité, parce qu’il a besoin d’une arme contre lui, parce qu’il veut le terrasser, parce qu’il veut sa place, son emploi, sa bonne renommée, sa vie, parce qu’il lui veut bêtement du mal, parce qu’il n’a pas d’autres arguments de le combattre que par la médisance, et vous avez là la recette d’une opprobre assistée de génération en génération, d’une haine plus ou moins calculée qui ne peut que conduire à l’affrontement et au malheur des peuples, une haine inacceptable qui ne fera que des perdants en bout de piste. 

Le terme racisme est une épithète propre au XXe siècle et dont l’usage tend à se banaliser aujourd’hui pour faire avancer ou pour terrasser des options politiques. Il vient de race, un mot emprunté à l’italien et dans lequel on peut voir le latin ratio, qu’on employait au VIe siècle dans le sens de « espèce d’animaux ou de fruits » ; terme modifié dans sa terminaison (isme) à cause du genre ; d’où les dérivés racé (qui apparaît à la fin du XIXe siècle), racisme et raciste qui apparaissent au début des années 1930, alors que Mussolini et Hitler se préparaient à associer leurs démarches idéologiques (fascisme et nazisme) pour le plus grand malheur des Juifs et de l’humanité qui en restera à tout jamais entachée. Le dictionnaire Larousse définit le racisme comme « une théorie fondée sur l’idée de la supériorité de certaines « races » sur les autres ; doctrine qui en résulte, prônant notamment la ségrégation entre « races inférieures » et « races supérieures ». Bien que cette définition soit limitée à sa plus simple expression, elle a le double mérite d’échapper à la complexité et aux contradictions du jargon scientifique et d’être celle qui, juridiquement et socialement, s’en trouve à représenter l’idée généralement perçue par le grand public. 

Dans The Nature of Prejudice, Gordon W. Allport (1958, 14-15) distingue cinq critères, cinq formes d’action « négative » à l’égard d’un groupe donné : 1- les attaques verbales ; 2- l’évitement, la ségrégation, la ghettoïsation ; 3- la discrimination visant à priver le groupe racisé à certains droits ou privilèges sociaux ; 4- l’attaque physique directe ; 5- l’extermination, le génocide. Au-delà de ces formes, il faut également prendre le temps de discerner à la base de cette démarche six facteurs qui y conduisent : 1- la recherche de l’avantage personnel et collectif ; 2- l’ignorance des autres groupes humains ; 3- les tensions nationales et religieuses ; 4- le contexte économique ; 5- le besoin d’une diversion politique ; 6- la reconnaissance d’une « race inférieure » et d’une « race supérieure ». [7] 

Voyons voir maintenant si ces cinq formes d’applications et si ces six facteurs collent à l’ensemble de mes affirmations, à mes agissements et à ma démarche, prenons le temps de relativiser et comparer mes agissements avec ceux de l’Autre, et faisons l’effort de situer le tout dans mes engagements citoyens qui m’opposent, sous la forme actuelle, au projet politique de traité entre le Gouvernement du Québec et les Ilnutsh :

 

Les formes du racisme

 

Forme 1- les attaques verbales : Sur la foi de tout ce qui a été dit, enregistré, écrit et publié, il est clair qu’on ne pourra relever aucune citation où je m’adresse aux Ilnutsh avec des propos injurieux et avilissants, des propos visant à leur attribuer des défauts ou des tares raciales. Par contre, les discours tenus depuis plusieurs années par les représentants autochtones —j’ai bien dit représentants !— ont été bien souvent ceux de la colère, du mensonge, de la médisance et du préjugé racial négatif, préjugé incriminant qui a contribué à avilir l’image du « blanc » qui passe par mon engagement politique, et à attribuer une citoyenneté de deuxième classe à ceux et celles qui ne sont pas eux, à ceux et celles qui ne répondent pas à la définition culturelle, juridique et constitutionnelle de ce qu’est un « Indien ». 

Citer tous les cas —vérifiables— où mon nom a été associé de façon malveillante à celui d’un « raciste » (parce que je m’oppose à la démarche politique autochtone), n’est pas nécessaire. Pour la démonstration de cette allégation, il suffit, pour un, de mentionner le cas de la rencontre télévisée avec l’activiste de Maliotenam, Gilbert Pilot qui a comparé mon livre (Le dernier des Montagnais) sur la voie des ondes nationales, le 17 octobre 1995, au « Mein Kampf d’Hitler » (ce qui est en dehors de toute vérité et une comparaison préjudiciable), et il suffit pour deux, de souligner la contradiction fondamentale que pose la soutenance fortement médiatisée et généralisée chez les Autochtones statués faisant d’eux les seuls ayant droit à la paternité historique du territoire, signifiant par voie de conséquence que les 282,000 citoyens non statués du Saguenay–Lac-Saint-Jean ne sont pas un peuple, qu’ils s’assimilent à l’étranger, à l’arrivant de la dernière heure, bref qu’ils sont tout au plus tolérés pour faire tourner l’usine à dollars canadienne. Idem pour les propos incendiaires du chef cri, Ted Moses, qui, le 23 mars 2000, a déclaré officiellement en anglais sur les ondes, que le peuple québécois est « fictif, inventé », qu’il « n’existe pas véritablement en fait et en droit »[8] 

Forme 2- l’évitement, la ségrégation, la ghettoïsation : Sur ce point, mes doléances et revendications ont toujours privilégié la rencontre conviviale des deux cultures, l’harmonisation des rapports et l’élimination du fossé rempli de préjugés qui les sépare et qui ne cesse de s’élargir. Le principe que je défends et que j’ai plusieurs fois exprimé dans ma correspondance avec les représentants de la communauté ilnut [9], est pourtant fort simple : c’est celui qui est à la base de la loi humaine voulant que « tous les hommes naissent égaux ». Ici, point de nuances possible, je suis de ceux et celles qui pensent que la terre appartient aux vivants avant d’appartenir aux morts —bien qu’il incombe aux premiers de respecter la mémoire des seconds et de protéger ce patrimoine pour les suivants, peu importe leurs origines, leurs particularités culturelles et raciales. Et je réitère ma profession de foi aux trois principes déclarés solennellement dans ce qu’il est désormais convenu d’appeler la « Déclaration du 14 juillet 2000 » : 1- « le territoire du Saguenay–Lac-Saint-Jean et toutes ses ressources appartiennent aux citoyens et citoyennes qui vivent sur ce territoire » ; 2- « la maîtrise politique et la gestion du territoire du Saguenay–Lac-Saint-Jean relèvent des citoyens et des citoyennes qui y vivent » ; 3- « le territoire du Saguenay–Lac-Saint-Jean est constitué des territoires actuellement délimités par les frontières des MRC Domaine-du-Roy, Lac-Saint-Jean Est, Maria-Chapdelaine et Fjord du Saguenay ». 

Forme 3- la discrimination : La discrimination est le fait de séparer un groupe social des autres en le traitant plus mal. Pour répondre à cette troisième forme, qui pourrait me reprocher de rappeler qu’il est toujours possible à un Indien statué, vivant dans une réserve ou non, d’aller s’installer à demeure partout au Canada, de travailler dans la localité de son choix avec pleine jouissance de la répartition de la richesse collective du milieu qui s’ajoutera à celle qu’il touche par ses privilèges, de s’épanouir où bon lui semble avec pleine jouissance des droits du citoyen reconnu par la Constitution, et de participer à la vie sociale et politique avec droit de vote si tels sont ses désirs —ce qui est fort bien ? Mais qui donc pourrait me faire grief encore une fois de soutenir ceci et cela, alors que l’inverse n’est absolument pas possible, alors qu’un « blanc » ne pourra jamais intégrer une communauté amérindienne ou réserve, ne pourra jamais participer à la vie politique et citoyenne sur ledit territoire autochtone, n’aura jamais le droit de vote et n’aura aucun droit de participer à la répartition de la richesse collective ? 

Pour illustrer la contradiction du discours des représentants amérindiens qui témoignent justement d’une volonté pour eux et leurs communautés de s’enfermer dans une logique de ghettoïsation basée sur la discrimination, je rappellerai seulement le cas de la bataille juridique que les travailleurs blancs à l’emploi de la scierie Industries Piekouagame de Mashteuiatsh ont dû livrer au printemps 2000, pour obtenir la parité syndicale avec les « Ilnutsh » et réussir, au terme d’un combat juridique épique, à éliminer la création d’unités syndicales distinctes —avec droits et privilèges différents—en fonction de la race, une première en Amérique. [10] Dans cette livrée, il n’est pas déplacé de rappeler au reste le récent avis d’éviction de la réserve de Kahnawake et la subrogation du droit de cité lancés manu militari, contre les Blancs résidant à cette enseigne, par le grand conseil de la communauté mohawk. [11] 

Et quoi penser de ce coup de clairon particulièrement mal inspiré de l’« autochtone non inscrit » (c’est ainsi qu’il se présente), Raymond Cyr, publié le 6 juillet 2001 dans le journal Le Devoir, en réplique aux lettres ouvertes du sociologue Jean-Jacques Simard (Le Devoir, 16-17 juin 2001) et de l’historien Russel Bouchard (Le Devoir, 29 juin 2001) ?  

« Vous êtes-vous déjà arrêtés à savoir comment l’Amérindien vous perçoit ? [...] Avez-vous conscience d’être différents de l’Amé-rindien, vous à l’esprit irrémédiablement si cartésien ? Et, surtout, ressentez-vous la différence de nos êtres d’avec les vôtres ? Nous avons conscience de nos différences d’avec vous, de notre culture. Notre esprit passe d’une génération à l’autre, sans vous. Vous, en ce qui vous concerne, pouvez-vous parler d’une profondeur d’âme réelle ? [...] Mes fils sont de la culture des hommes, celle de mon père, de son père, et ainsi de suite, jusque bien avant que le Blanc ne se mêle à nous. Ceux qui ne sont pas de notre culture... [etc., etc., etc.] ». [12] 

 

En exprimant ses doutes aussi sévèrement sur la « profondeur d’âme réelle » des non-autochtones et en présentant ses fils comme étant ceux « de la culture des hommes » par exclusion des autres, M. Cyr établit justement les prémisses insoutenables de la ségrégation raciale et nourrit l’idée qu’il existe une « race inférieure » et une « race supérieure ». Difficile de ne pas le remarquer en effet, ces propos fielleux et particulièrement incendiaires proférés par un seul individu au nom du groupe ethnique dont il se réclame, expriment les émotions de quelqu’un qui s’est enfermé sur lui, de quelqu’un qui refuse l’Autre, de quelqu’un qui est en train de mourir de haine et qui n’a plus que le dépit à opposer ; qui plus est, des jugements de valeur de cette nature fixent des frontières ethno-culturelles inopportunes, entretiennent des préjugés raciaux qui creusent les écarts sociaux au lieu de les combler, bloquent le dialogue et pavent la voie à la violence. 

Bien qu’il ne soit pas de mon intention d’attribuer une telle pensée sectaire et rétrograde à l’ensemble de cette communauté, on me permettra à tout le moins de souligner le fait qu’aucun leader « autochtone » n’ait jugé bon, à ce jour, de prendre le temps de s’en dissocier personnellement sur la même tribune et de la condamner sans nuances, ne serait-ce que pour mettre la collectivité qu’il représente à l’abri d’accusations de racisme. D’ailleurs, il faut s’étonner du fait que le journal Le Devoir, d’ordinaire si tatillon sur la politesse de ses correspondants et si prompt à recaler les écrits xénophobes, ait accepté de publier des attaques si viscérales et qu’il se soit fait messager de telles insultes !... 

Forme 4- l’attaque physique directe : Pour ne pas prendre le risque de réchauffer les sangs attiédis de gens biens et susceptibles, on évitera de parler ici de la Crise d’Oka, du pays qui a été pris en otage pendant tout l’été 1990 pour des revendications politiques, par un groupe paramilitaire autochtone (les Warriors) armé jusqu’aux dents de fusils d’assaut (des armes prohibées par la loi), de coups de feu tirés au-delà d’une barricade de triste mémoire et de la mort violente du caporal Marcel Lemay, jeune policier de 31 ans tué par balle lors du raid de la SQ intenté contre les frondeurs, le 11 juillet 1990. [13] 

Mais même si je m’interdis de soulever cette désastreuse affaire, il n’est toutefois pas hors de propos de souligner qu’il devient difficile au lecteur de relativiser et d’établir correctement la part des choses lorsque : (1) l’ancien chef de la réserve de Mashteuiatsh, Harry Kurtness, « fait un parallèle avec les conflits internationaux où le terrorisme est devenu la monnaie courante pour obtenir ce que les peuples veulent, affirmant avoir entendu trop longtemps, en négociant, de bonne foi, sans être écouté » [14] ; (2) lorsque le grand chef de l’Assemblée des Premières nations, Matthew Coon Come, prévient Ottawa « qu’il ignore combien de temps encore il pourra contenir ses troupes [et que] leur colère pourrait se transformer en violence » [15] ; (3) lorsqu’il soulève publi-quement et intempestivement les spectres menaçants des révoltes d’« Oka », d’« Ipperwash » et de « Burnt Church » [16] ; et (4) lorsqu’il prévient belliqueusement son vis-à-vis d’Ottawa, le ministre des Affaires indiennes, l’honorable Robert Nault, que « n’importe quoi pourrait arriver », et qu’il affirme du même souffle que « quand on n’a plus rien à perdre, on peut faire n’importe quoi » [17]. 

Dans un cas comme dans l’autre, qu’on me pardonne de ne pas vouloir préjuger le fond de la pensée de ces deux leaders spirituels et politiques influents, mais comment savoir s’il s’agit là d’une menace de représailles à peine voilée, d’une déclaration d’impatience citée hors contexte par un journaliste malhabile ou de mauvaise foi, de l’affirmation d’un pouvoir politique qui pourrait s’exprimer par la force si nécessaire, d’un ultimatum ; ou s’il s’agit plus simplement d’une peur exprimée, d’une mise en garde comme j’ai essayé personnellement de l’établir dans Le Journal de Québec du 18 septembre 2000 [18], pour dire que la tension monte dangereusement, pour signifier le danger de violence qui nous guette si ce pays et si cette province continuent de privilégier une politique d’apartheid favorable aux Indiens statués, une politique qui leur reconnaît des droits que les Blancs n’ont pas (ce qui est des privilèges accordés en fonction de critères raciaux), et qui attribue à ces derniers des devoirs que les Indiens n’ont pas (ce qui établit encore une fois, des critères discriminatoires de justice et de droit en fonction de la loi du sang) ? 

Pour conclure sur ce quatrième point : quand les Micmacs de la réserve de Burnt Church, Nouveau-Brunswick, sous prétexte d’appartenir à la « première nation », s’octroient le droit de pêcher le homard dans la baie de Miramichi dans des temps défendus, qu’ils bafouent les lois de ce pays, qu’ils menacent d’user de violence, et qu’ils dérobent une part du butin de pêche des Blancs qui les observent de la rive en serrant les dents [19] ; et quand 300 chefs autochtones réunis en assemblée annuelle appuient, à l’unanimité, le chef d’une réserve de la Nouvelle-Écosse, Lawrence Paul, qui menace son vis-à-vis d’Ottawa de bloquer l’autoroute trans-canadienne, « de l’Île-du-Prince-Édouard jusqu’à Vancouver » si le ministre n’accepte pas de se plier à leurs revendications, nous avons là, je crois, des comportements excessifs et conséquents, et des déclarations incendiaires qui attisent les ressentiments raciaux et qui ne peuvent que conduire à l’affrontement brutal entre les deux groupes. [20] 

Forme 5- Et pour ce qui est de la cinquième et dernière forme, qui réfère à l’extermination et au génocide, elle n’est évidemment pas en cause ici puisqu’il est établi de part et d’autre et généralement admis que nul groupe culturel en présence —ou en opposition— dans ce pays, le Canada, ne souhaite la disparition de l’autre et que tous les groupes ethniques qui y ont pris racines reconnaissent qu’ils sont irrémédiablement liés pour la suite de l’histoire... Ce premier examen de conscience accompli, voyons maintenant si ces formes appliquées qui conduisent au « racisme » trouvent, d’une part et / ou de l’autre, un appui raisonnable quelconque sur l’un ou l’autre des six facteurs ci-devant établis et habituellement évoqués par mes détracteurs et accusateurs publics :

 

Les facteurs du racisme

 

Facteur 1- la recherche de l’avantage personnel et collectif : Ce premier facteur trouve ses fondements dans un contexte de colonisation, alors qu’une puissance métropolitaine ou impériale domine sur une ethnie asservie ; comme ce fut le cas chez les esclavagistes américains, d’avant 1865, ou comme c’est le cas aujourd’hui au Koweït, alors que les migrants sont confinés à des tâches laborieuses et serviles, et qu’ils n’ont pas la possibilité d’être reconnus comme citoyens. Vu qu’il n’a jamais été question d’attribuer de telles contraintes aux membres des « premières nations » (sic) et que la Constitution canadienne de 1982 leur reconnaît même des droits collectifs importants assortis de privilèges particuliers discriminatoires (l’article 35), je ne crois pas qu’il soit abusif d’affirmer que cette manière de faire, qui est un puissant irritant pour le reste de la population (98%) qui se sent, à tort ou à raison, spoliée et abusée, n’a d’avantages que pour les « Autochtones ». 

Facteur 2- l’ignorance des autres groupes humains : Celle-ci vient de l’isolement social, du manque d’instruction, de la volonté d’embrigader l’histoire pour des fins politiques ou mercantiles, de l’intérêt de maintenir les populations concernées dans l’erreur, c’est selon, mais qu’il soit dit que le racisme ne trouve jamais ses appuis dans la vérité, jamais dans l’effort honnête de s’ouvrir à la connaissance comme ce fut le cas avec la recherche historique et l’exercice d’écriture qui ont mené à la publication de mon livre, Le dernier des Montagnais. 

Quand un chef Ilnut (Rémy Kurtness) avoue « qu’il n’a pas lu » mon livre et qu’il reconnaît avoir répliqué publiquement sur la foi des « textes journalistiques parus sur ce sujet dans [une] édition du Progrès-Dimanche » [21] et qu’il recommande aux membres de sa communauté de ne pas lire le bouquin sous prétexte qu’il contient des propos racistes et mensongers à leur endroit (ce qui est contre toute vérité) ; quand un plénipotentiaire Ilnut (Bernard Cleary), actionnaire principal d’une firme-conseil chargée de négocier des traités pour plusieurs nations autochtones à Québec et à Ottawa, associe ce même livre à « la job de bras des historiens politiciens » dans une lettre ouverte publiée à la grandeur du Québec et qu’il affirme du reste comme une « évidence » éprouvée que j’ai voulu « détruire, par l’analyse du sang, toute velléité de revendications territoriales des leaders autochtones contemporains » [22] ; quand un chef de file Ilnut (Gilbert Pilot) compare mon livre au Mein Kampf et qu’il afflige son auteur des épithètes de « racistes » et de « baveux » pour sa commission littéraire, nous avons là, je crois, l’évidence de comportements immatures qui ne peuvent qu’entretenir les préjugés des uns par rapport aux autres, nous avons là la manifestation d’une volonté ferme de continuer de discourir sur la foi de clichés erronés qui déforment la réalité historique, et nous avons là enfin l’expression de propos haineux qui ne peuvent que discréditer la rigueur intellectuelle de leur auteur et qu’envenimer les tensions qui ouvrent le chemin à l’affrontement inter-ethnique. 

Facteur 3- les tensions nationales et religieuses : Il est clair que les affrontements armés d’Oka, en 1990, ont percé une première brèche dans le traité de paix de 1701, et ont stimulé une impatience latente de part et d’autre de la barricade. Depuis lors, les escarmouches ne se comptent plus au Québec et au Canada, et le bruit des tambours de guerre qui résonnent dans les quatre coins du pays se fait de plus en plus sourd et menaçant. Fondées ou non, raisonnables ou abusives, qui peut trancher pour l’heure sur l’acuité des prétentions et des récriminations des uns et des autres. Mais quoiqu’il en soit, cette crise a révélé et stimulé un laxisme politique au sein des Parlements québécois et canadien qui s’en sont trouvés affaiblis, et les leaders autochtones ont profité de cette anémie apparente pour hausser le ton et allonger la liste de leurs réclamations dites historiques. Conséquences perverses de cette surenchère, les sangs se sont échauffés (!), les voix se sont enflammées de part et d’autre, les coeurs se sont durcis et des tensions ethniques qui n’existaient pas avant ces jours funestes —du moins pas en apparence— empoisonnent désormais cette voie de tolérance qui caractérisait positivement la communauté canadienne dans son ensemble. Bref, en terme de racisme, car c’est bien de comportement raciste dont il est question ici, le pays a perdu sa virginité et risque de s’enfoncer dans cette sombre avenue s’il ne corrige pas rapidement la trajectoire. 

Facteur 4- le contexte économique : Bien qu’il soit regrettable de voir la pauvreté et les malaises sociaux s’envenimer dans la plupart des communautés autochtones du pays—un phénomène qui affecte d’ailleurs un nombre de plus en plus important de communautés blanches de l’arrière-pays du Québec et du Canada— alors que nous produisons de la richesse au-delà des besoins du nombre et que les surplus budgétaires s’accumulent à Québec et à Ottawa, il serait mensonger de prétendre que les « autochtones » canadiens reçoivent moins que leur juste part au chapitre de la répartition de la richesse collective. [23] Rappelons seulement ici que les quelque 700,000 Indiens statués du Canada ont obtenu l’an dernier une aide financière d’environ 6,5 milliards $ (ou 9,300 $ par autochtone), une partie de la richesse collective totalement hors d’atteinte du reste de la population ; et que sur l’ensemble des dépenses publiques fédérales et provinciales, chaque autochtone a touché environ 19,500 $ alors que la moyenne canadienne se situe à 10,200 $ par habitant. [24] 

Facteur 5- le besoin d’une diversion politique : qui fut l’une des causes de l’antisémitisme hitlérien, des génocides juifs, ukrainiens, rwandais, etc. Il est le facteur le plus sournois et le plus sujet à critique et appréciation, mais il est aussi celui qui trouve sa place le plus facilement dans la plupart des formes que prend le racisme. Au Canada, au Québec et au Saguenay–Lac-Saint-Jean, soulever la question c’est aussi y répondre. Pour le Canada, reconnaître aux « premières nations » des privilèges au détriment des droits de tous, c’est se donner un allié de poids sur les plans international et national dans la lutte contre les nationalismes provinciaux —et notamment celui du Québec ; c’est engager le processus de partition des territoires provinciaux en fendillant et infiltrant, de l’intérieur, l’hégémonie politique de l’occupation du territoire en l’attribuant à un tiers en vertu de la loi du sang ; c’est plus prosaïquement diviser pour régner ! 

Pour le Québec (et plus particulièrement pour le gouvernement nationaliste du Parti Québécois), c’est une manière de courtiser les autochtones (qui sont par nature pro-fédéralistes) pour les amener à adhérer au projet d’indépendance nationale et c’est présenter une image de tolérance raciale sur le plan international ; c’est une manière de combattre à la racine (!) l’émergence d’un sentiment régionaliste et c’est neutraliser toute possibilité autonomiste de la part des populations régionales canadiennes-françaises en les réduisant à la condition de locataires dans leur propre « pays » et en les assimilant corps et bien au melting-pot de la nation montréalisée ; c’est une façon particulièrement brutale, sournoise et efficace de s’emparer des ressources naturelles d’une région sans égard aux populations blanches qui y vivent et qui commencent à bomber le torse face à Québec ; et c’est se donner un interlocuteur d’affaires pour partager le butin. 

Ainsi, le cas de l’association Hydro-Québec et Hydro-Ilnu dans la construction et l’opération d’une centrale hydroélectrique sur la rivière Mistassibi au Lac-Saint-Jean l’année dernière, permet de bien sentir l’âcre odeur des enjeux concernant la conclusion prochaine d’un traité entre le Gouvernement du Québec et les Ilnutsh : une centrale de 10 Mw à construire en milieu urbain, une population canadienne-française (98% de la population régionale) à neutraliser, et des normes environnementales à transgresser, rien de plus facile lorsqu’on réussit à faire reconnaître le principe que le territoire appartient aux Ilnutsh (2% de la population régionale) en vertu de l’histoire, que ces gens sont les seuls ayant droit à l’usufruit de ce patrimoine et qu’il suffit à l’Hydro-Québec (l’une des mains noires qui agissent au-dessus du gouvernement !) de leur donner 51% des parts pour surmonter aisément toutes les contraintes environnementales, sociales et politiques. [25] 

Facteur 6- la ségrégation entre « races inférieures » et « races supérieures » : Ici, c’est le résultat final, la définition portée au dictionnaire. C’est l’horreur des différences qui plante ses racines dans les instincts les plus primitifs de l’homme, c’est croire et prétendre contre toute vérité que le sang de l’un est supérieur ou inférieur à celui de l’autre, et c’est soutenir contre nature que l’un des deux mérite des privilèges exclusifs et discriminatoires ; ce qui ramène inévitablement à la négation de l’autre à cause de ses attributs raciaux... ce qui est de la discrimination raciale, ce qui est le racisme. Ainsi donc, le simple fait de se réclamer membre de la « première nation » de ce pays et d’exiger un statut particulier en fonction de ses racines, établit, de facto, un ordre hiérarchique discriminatoire et exclusif basé sur la loi du sang. Cette réclamation soulève un problème d’ordre éthique et moral fondamental :

1- parce qu’elle contrevient au principe qui est à la base de la loi humaine voulant que tous les hommes naissent égaux en droits et que c’est la société qui les avilis ;
2- parce qu’elle désavoue les principes fondamentaux édictés dans les articles premier et deuxième de la Déclaration universelle des droits de l’Homme du 10 décembre 1948, considérant que « tous les êtres humains naissent libres et égaux en dignité et en droits [, qu’ils] sont doués de raison et de conscience et doivent agir les uns envers les autres dans un esprit de fraternité [, et que] chacun peut se prévaloir de tous les droits et de toutes les libertés proclamés dans la présente Déclaration sans distinction aucune, notamment de race, de couleur, de sexe, de langue, de religion, d’opinion politique ou de toute autre opinion, d’origine nationale ou sociale, de fortune, de naissance ou de toute autre situation » ;
 
3- parce qu’elle heurte de plein fouet les principes fondamentaux de la Déclaration des Nations Unies sur l’élimination de toutes les formes de discrimination raciale du 20 novembre 1963, considérant que « toute doctrine fondée sur la différenciation entre les races ou sur la supériorité raciale est scientifiquement fausse, moralement condamnable et socialement injuste et dangereuse et que rien ne saurait justifier la discrimination raciale, ni en théorie ni en pratique » ;
 
4- parce qu’elle contredit de but en blanc l’esprit et la lettre de l’article 15 de la Charte canadienne des Droits et Libertés de 1982 sensé protéger la personne,  « non seulement contre la tyrannie de l’État mais également contre celle qui pourrait découler de l’appartenance à une collectivité minoritaire et disant formellement que tous sont égaux devant la loi et ont droit à la même protection, sans “discriminations fondées sur la race, l’origine nationale ou ethnique, la couleur, la religion, le sexe, l’âge ou les déficiences mentales ou physiques” » [26]
 
5- et parce qu’elle compromet le droit prévu à l’article 10 de la Charte québécoise des Droits et Libertés de la Personne du Québec, considérant que « toute personne a droit à la reconnaissance et à l’exercice en pleine égalité des droits et libertés de la personne, sans distinction, exclusion ou préférence fondée sur la race, la couleur, le sexe, la grossesse, l’orientation sexuelle, l’état civil, l’âge sauf dans la mesure prévue par la loi, la religion, les convictions politiques, la langue, l’origine ethnique ou nationale, la condition sociale, le handicap ou l’utilisation d’un moyen pour pallier ce handicap [,et qu’il] y a discrimination lorsqu’une telle distinction, exclusion ou préférence a pour effet de détruire ou de compromettre ce droit. »

 

***

 

Cela étant, si mes compatriotes amérindiens reconnaissent, comme moi, que tous les hommes naissent égaux, et que nous avons la même Mère, la Terre du Saguenay–Lac-Saint-Jean, alors comment peuvent-ils revendiquer un statut d’être humain (ilnut) supérieur au mien ? comment peuvent-ils prétendre à des droits qu’ils ne me reconnaissent plus ? et comment peuvent-ils m’exclure d’une histoire que nous partageons ? d’un héritage qui revient à tous les fils de notre Mère ? De même qu’il ne peut être nié qu’avant l’arrivée de l’homme blanc en terre d’Amérique il y avait des hommes au teint cuivré, il relèverait du mensonge de nier que d’autres au teint plus blanc se sont ajoutés à la caravane de l’histoire pour prendre part à cette marche commune, et il relèverait du mensonge par omission de ne pas prendre le temps de souligner et reconnaître que les enfants des uns et des autres appartiennent tout autant à cette sueur d’Amérique. Oui, tous les hommes naissent égaux ! Et le fait d’établir des différences relève d’une décision engageante, d’un choix conséquent qui n’appartient qu’à celui (ceux) qui parle (nt) et agit (issent) en ce sens. 

En ce qui concerne mon livre plus précisément, Le dernier des Montagnais, je suis d’avis que mes détracteurs publics n’ont là aucune leçon d’humanité et d’histoire à donner à qui que ce soit, et que les tribunes mortellement soumises où ils ont exprimé leur désaveu à cet égard et craché leur fiel à mon endroit sans jamais subir l’épreuve d’une analyse contradictoire, portent en elles le témoignage tenace de leurs limites. À maintes reprises depuis le lancement du 3 octobre 1995, ces gens —Cleary, Pilot, Kurtness, Moar, Trudel (Pierre !), Charest et consorts— ont porté un jugement moral, plutôt que littéraire. Pour une raison ou pour une autre qui reste à évaluer, ils ont préféré attaquer le messager plutôt que le message, et n’ont jamais favorisé le débat d’histoire auquel j’avais pourtant droit. Ils ont donné un sens politique à une démarche qui n’avait qu’un seul et unique souci ; celui de comprendre. Ces politiques autochtones et ces anthropologues qui leur sont inféodés ont oublié qu’en histoire, comme en littérature, il n’y a pas de sujets nobles ou tabous ; il y a la question posée qui détermine la démarche, il y a les faits tels qu’ils se présentent à travers les documents, et il y a la manière de les faire parler, c’est-à-dire l’analyse, ce qui relève de l’intelligence et de l’art. Pour le reste, tout le grenouillage médiatique qui s’est fait à l’extérieur de cette trajectoire, —questions, faits, analyses— est totalement inapproprié et concerne bien peu le champ de l’histoire sur lequel ils n’auront jamais voulu se confronter. Un point c’est tout !


[1]    «Divertir» est, entre autres, synonyme du mot «détourner», lui-même synonyme de «voler» et «écarter». Ce qu’on ne ferait pas pour le divertissement du peuple ! Tant de bienveillance afflige...

[2]    L’unanimité est la condition gagnante par excellence. En vraie démocratie, elle reflète le triomphe de la raison, de la solidarité, de l’intérêt commun et de l’égalité des chances pour tous. Dans tout autre contexte, elle garantit à ceux qui ont su s’obtenir argent, avantages et privilèges exclusifs, la jouissance paisible et tranquille de leurs biens... avec la souriante complicité des spoliés, des extorqués, de toutes les bonnes gens bernés, mais émus par tant d’unanimité ! Ainsi, unanimité devient synonyme de duperie, escroquerie, tromperie, mensonge, vol, trahison et bien d’autres maux ou mots pertinents à notre situation actuelle. Maharashi Mahesh Yogi ne disait-il pas : « You see this hungry man ! I will make him a happy hungry man  » L’unanimité a ce pouvoir : elle assure aussi paix et tranquillité d’esprit aux pauvres gardés pauvres par leur riche mais «biens-veillant» rédempteur. Amen.

[3]    Moyennant raisonnable compensation ($) pour le troc d’un droit d’aînesse qui ne leur appartient pas ... et qu’ils administrent dans le meilleur intérêt administratif de leurs administrés. Pendant que les chefs indiens et d’autres font la politique –partageant territoire, souveraineté, redevances, pouvoirs (législatif, exécutif, fiscal)– nos administrateurs, eux, administrent. Et les citoyens, ne s’en doutant point, ne sont que des administrés, bénéficiaires insouciants (?) mais éphémères de ce qui nous reste encore du patrimoine à donner, à dilapider, pour d’autres qui, sagaces et éveillés, le réclament... politiquement. Sommes-nous, en politique, des cigales affables ? Comprend qui veut comprendre. Hé bien ! chantons maintenant !

[4]    Tout se passe en effet comme si la recherche individuelle du travail ou la détention d’une fortune privée héritée était la voie normale pour garantir sa survie et celle des siens lorsqu’on est non-amérindien. L’État s’occupera officiellement des personnes «mal prises», sans jamais reconnaître un pouvoir de négociation à la collectivité territoriale à laquelle appartiennent ces personnes.

     Lorsqu’on est amérindien, cela se passe autrement. L’État discute avec les représentants politiques territoriaux pour négocier un accès direct et communautaire aux revenus publics découlant de l’exploitation des ressources naturelles et des autres sources (taxes, impôts,...) alimentant le Trésor public. L’accès au seul pouvoir de discuter des besoins des populations et de la répartition de la richesse entre les collectivités territoriales n’est pas le même de part et d’autre. À titre d’exemple, où le député de votre comté a-t-il pris sa position relativement à l’adoption prochaine annoncée du traité dit d’Approche commune  ? A-t-il seulement la permission d’en avoir une ? De fait, c’est la majorité montréalaise à l’Assemblée Nationale qui décide de l’aliénation des terres du Saguenay–Lac-St-Jean et de la Côte-Nord. Il en est de même pour toutes les autres décisions engageant l’avenir de notre région.

[5]    Un professeur d’anthropologie (informé sur les arthropodes !) de l’Université Laval, faisant sans doute allusion à la voix discordante de Russel Bouchard et ne proférant de la sorte aucun souhait voilé, écrira, comme on aurait pu le faire aux temps héroïques :«Il y a des maringouins qui, à force de trop insister dans leurs agressions, ont dû faire face un jour à la main qui avait trop souvent été piquée...» (N. Clermont, La Presse, 19 avril 1996).

[6]    Les ouvrages Désintégration des régions... (JCL, 1990), Radiographie d’une mort fine... (JCL, 2000) et Le Pays trahi (Société du 14 juillet, 2001) cernent et expliquent l’ampleur et les causes décisionnelles de la problématique qui confrontent les populations des régions étiquetées «ressources» par le gouvernement du Québec.

[7]    Trois lectures intelligentes à ce sujet : P.-A. Taguieff, La force du préjugé / Essai sur le racisme et ses doubles, Gallimard, Éditions La Découverte, Paris, 1987 ; Léon Poliakov, Le racisme, Seghers, Paris, 1976, 156p. ; Pierre Paraf, Le racisme dans le monde, Études et documents Payot, Paris 1964.

[8]    Voir à ce sujet la chronique de Michel Hébert, « Selon les Cris le peuple québécois est “fictif” », in Le Quotidien, 24 mars 2000.

[9]    À titre d’exemple et entre autres, le lecteur pourra référer aux lettres et aux réflexions publiées dans Le Pays trahi , Société du 14 juillet 2000, 275p.

[10]   Voir à ce sujet la chronique de Louis Tremblay, « Syndicalisation à Mashteuiatsh Me Françoise Gauthier se pose des questions », in Le Quotidien, 29 mars 2000, p. 4.

[11]   Voir à ce sujet la chronique de Valérie Dufour, « Les femmes autochtones dénoncent l’éviction des Blancs de Kahnawake », in Le Devoir, 27 septembre 2000, p. A-4.

[12]   Voir à ce sujet la lettre ouverte de l’« autochtone non inscrit », Raymond Cyr, « Derrière un tas de pommes... », in Le Devoir, 6 juillet 2001.

[13]   Voir à ce sujet la chronique de la Presse Canadienne, « Faits saillants de la crise », in Le Quotidien, 27 septembre 1990, p. 6.

[14]   Voir à ce sujet la chronique de Andrée Rainville, « Kurtness ne veut pas penser au terrorisme, mais... », in Progrès-Dimanche, 19 août 1990, p. 6.

[15]   Voir à ce sujet la chronique de la Presse Canadienne, « Les autochtones pourraient recourir à la violence », in Le Journal de Québec, 3 octobre 2000, p. 12.

[16]   Voir à ce sujet la chronique de la Presse Canadienne, « Coon Come craint une autre crise d’Oka », in Le Quotidien, 9 juin 2001, p. 20.

[17]   Ibid.

[18]   Voir à ce sujet la chronique de Denis Bolduc, « Le projet de traité avec les Innus “C’est l’ouverture à la guerre civile” », in Le Journal de Québec, 18 septembre 2000, p. 5.

[19]   Voir à ce sujet la chronique de la Presse Canadienne, « Pour Coon Come, Burnt Church symbolise le malaise autochtone », in Le Devoir, 18 août 2000.

[20]   Voir à ce sujet la chronique de la Presse Canadienne, « Des chefs autochtones menacent d’ériger des barrages routiers », in Le Soleil, 19 juillet 2001.

[21]   Voir à ce sujet la chronique d’Yvon Bernier, « Nation montagnaise / Le chef Rémi Kurtness prône le partenariat et l’équité », in Le Quotidien, 13 octobre 1995, p. 3.

[22]   Voir à ce sujet la lettre ouverte de Bernard Cleary, « Autochtones : « La “job de bras” des “historiens politiciens” », in La Presse, 18 mai 1996, p. B-3.

[23]   Voir à ce sujet deux textes : André Duchesne, « Déficit de 239 millions $ pour 174 bandes autochtones », in La Presse, 3 juillet 2000, p. A-6 ; L’Acadie Nouvelle le 12 juillet 2000, « Financement fédéral des réserves autochtones / Deux aînés de Big Cove exigent des explications ».

[24]   Voir à ce sujet la chronique de Claude Piché, « L’aide financière aux Autochtones », in La Presse, 28 septembre 2000, p. D-3.

[25]   Voir à ce sujet, Russel Bouchard, « La filière montagnaise à la rescousse d’Hydro-Québec », Chicoutimi, 15 octobre 2000, in Le Pays trahi, 2001, pp. 161-174.

[26]   Charte canadienne des Droits et Libertés, texte tiré de la Loi Constitutionnelle de 1982 et présenté par Pierre Elliott Trudeau, in Les années Trudeau – La recherche d’une société juste, collectif préparé sous la direction de Thomas S. Axworthy, Éditions Le Jour, 1990.


Retour au texte de l'auteur: Jean-Marc Fontan, sociologue, UQAM Dernière mise à jour de cette page le mardi 2 octobre 2007 18:55
Par Jean-Marie Tremblay, sociologue
professeur au Cégep de Chicoutimi.
 



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