RECHERCHE SUR LE SITE

Références
bibliographiques
avec le catalogue


En plein texte
avec Google

Recherche avancée
 

Tous les ouvrages
numérisés de cette
bibliothèque sont
disponibles en trois
formats de fichiers :
Word (.doc),
PDF et RTF

Pour une liste
complète des auteurs
de la bibliothèque,
en fichier Excel,
cliquer ici.
 

Collection « Les auteur(e)s classiques »

Rudiments. 5 et 6. Narrations populaires (1903)
Extrait 2: Le faux argent


Une édition électronique réalisée à partir du texte de Léon WIEGER S.J. (1856-1933), Rudiments. 5 et 6. Narrations populaires. Imprimerie de la Mission catholique de l’orphelinat de T’ou-sé-wé, Chang-hai. Deuxième édition, 1903, 3e édition, 786 pages. Une édition numérique réalisée par Pierre Palpant, bénévole, Paris.

LE FAUX ARGENT

Dans le bourg de X il y a une banque Vertu Parfaite. Il y a quelques jours, un homme portant un bracelet en or, vint dans cette banque pour le vendre. Les employés de la boutique venaient tout juste de le mettre sur la balance et le pesaient, quand de nouveau il entra un individu, qui dit à celui qui vendait le bracelet : Tout juste je suis allé à ton domicile, pour t’apporter une lettre ; chez toi on m’a dit que tu étais sorti ; alors je suis allé te chercher par les rues ; par une heureuse chance voilà que je t’ai rencontré !.. Tout en parlant, il tira de son sein une lettre et un paquet d’argent, et dit : Voici des nouvelles venues du Tcheekiang.

Le vendeur de bracelet prit la lettre, donna au porteur cinq cents sapèques, et le congédia. Puis il dit : Voilà que mon frère cadet au Tcheekiang m’a envoyé de l’argent ; alors je ne vends pas le bracelet, mais je vous vends cet argent. Il y a encore une chose. Je ne connais pas les caractères ; je vous prie donc d’ouvrir cette lettre, et de me la lire. — Les commis lui rendirent le bracelet, ouvrirent la lettre, et la lui lurent. Dans la première partie le cadet disait seulement qu’au loin il était en paix, qu’il priait son aîné de n’être pas inquiet ; qu’il avait des moyens d’existence, étant scribe au prétoire de X. A la fin il disait : j’ai envoyé dix onces d’argent, dont je prie mon grand frère de se servir d’abord, en attendant que j’aie de nouveau une occasion, alors de nouveau j’en enverrai quelques onces, voilà. — Quand on eut fini de lire, cet homme dit : Alors prenez ces dix onces d’argent pour les peser, et changez-les moi comptant.

Le patron prit donc l’argent ; quand il le pesa, il n’y avait pas dix onces, mais bien douze onces. Le patron prenant cet homme pour un benêt, conçut le projet de le tromper, et dit en dissimulant deux onces d’argent : il y a juste dix onces.. Et aussitôt, d’après le cours du jour, il fit la balance en monnaie, et chercha la quantité voulue en billets, qu’il lui donna. Cet homme les prit et s’en alla.

Peu après, un autre individu apportant un billet pour toucher des sapèques, traita dans cette banque, et dit aux employés : L’homme qui vient de sortir, qu’a-t-il fait ici ? — Ils dirent : il a vendu de l’argent. — Cet homme dit : Le connaissez-vous ? — Ils dirent : Nous ne le connaissons pas. — Cet homme dit : Aih ! J’ai bien peur que vous ne soyez tombés dans un piège. C’est un escroc. Ce qu’il vous a vendu, ce n’est pas du bon argent. Comment avez-vous pu vous laisser attraper par lui ?

Le patron entendant ces paroles, en toute hâte prit les cisailles, et coupa l’argent de manière à l’ouvrir ; quand il l’examina, de fait il était faux. — Le patron poussa un hai, puis demanda à cet individu : Le connais-tu ? — Cet homme dit : Si vous me donnez des sapèques, je vous conduirai le chercher.

Alors le patron lui donna une ligature, pour qu’il y allât aussitôt, menant avec lui deux commis. Cet individu ayant pris les sapèques, ils partirent à trois. Quand ils furent allés jusqu’à l’entrée d’un thé, ayant regardé à l’intérieur, cet homme dit : Le voici ! Le reste n’est pas mon affaire. Entrez vous-mêmes pour le chercher ! — Les deux commis, portant le paquet de faux argent, entrèrent aussitôt.

Dès qu’ils furent en présence de l’escroc, ils lui dirent : Ce paquet d’argent que tu nous as vendu, est faux. — Cet individu dit : Cet argent est-il faux ou non, je n’en sais rien. C’est mon frère cadet qui me l’a envoyé de la province. S’il est faux, il n’y a pas grand mal. Je le reprends, et vais vous remettre les billets en échange.

Et aussitôt il dit au patron du thé de lui peser ce paquet d’argent, pour voir s’il y avait dix onces ou non. — Quand il l’eut pris, mis sur la balance et pesé, le patron dit : Ceci c’est douze onces d’argent. — Cet homme entendant ces paroles, dit aussitôt à ces deux individus : Ce que je viens de vous vendre, c’était dix onces d’argent ; or voici que ce paquet de faux argent, c’est douze onces ; comment serait-ce le mien ? Cela, pour sûr c’est vous qui avez pris d’autre faux argent, et êtes venus pour me faire du tort.

Les deux hommes de la banque entendant qu’il le prenait ainsi, se trouvèrent sans réplique. De plus les autres buveurs de thé, trouvant cette affaire pas claire, voulaient battre les deux commis. A bout d’expédients, ceux-ci durent prendre le faux argent, et s’en revenir en courant.

Que vous en semble ? Cet escroc, n’était-ce pas un habile homme ?... Mais le patron de la banque, n’a eu aussi que ce qu’il méritait.



Retour au livre de l'auteur: Léon Wieger (1856-1933) Dernière mise à jour de cette page le samedi 5 mai 2007 10:41
Par Jean-Marie Tremblay, sociologue
professeur au Cegep de Chicoutimi.
 



Saguenay - Lac-Saint-Jean, Québec
La vie des Classiques des sciences sociales
dans Facebook.
Membre Crossref