[13]
LEÇONS DE PHILOSOPHIE
(Roanne 1933-1934)
Avertissement au lecteur
Anne REYNAUD
Août 1959.
Les « notes » établissant - ou, tout au moins, suggérant - des comparaisons se trouvaient primitivement dans le corps même du texte des « Leçons » et renvoyaient, au fur et à mesure, à telle ou telle Pensée de l’« appendice ». Les éditeurs ont jugé préférable de ne pas morceler ainsi le « Cours » et m'ont priée d'indiquer les comparaisons en sens inverse, c'est-à-dire en renvoyant de l'« appendice » aux leçons.
On trouvera donc, dans le courant de l'ouvrage, de simples astérisques destinées à attirer l'attention du lecteur sur telle ou telle page, telle ou telle phrase (L’astérisque se trouve, en général, placé après le Passage particulièrement intéressant). C'est au moment où on relira, à la fin du volume, les pensées qui y ont été groupées qu'on trouvera des indications de renvois aux passages du « Cours » qui auront été ainsi mis en lumière Par un simple signe.
J'espère que, tel qu'il se présente, ce travail intéressera tous ceux qui aiment Simone Weil, qui [14] approfondissent sa pensée et sont désireux d'y établir des « ponts », d'y retrouver cette harmonie vivante, « sans cesse en péril et sauvée à chaque instant » (cf. page 243) dont elle nous parlait à la lois avec tant de calme et tant de passion.
Par une curieuse coïncidence, c'est en Normandie que j'achève la correction des « épreuves » de ce recueil, tout près du petit village de Réville où j'ai rencontré le pêcheur dont Simone Weil partageait le dur travail marin pendant une partie des vacances qu'elle passait là, à peu près à l'époque où je l'avais connue. Nous avons parlé d'elle ensemble. Comment mieux évoquer cette « harmonie sans cesse en péril » qu'en reproduisant ici quelques phrases de ce marin ou de sa femme :
« Elle voulait vivre comme nous pendant plusieurs journées à la suite, pêchant les lançons durant des heures (et c'est dur !), partageant notre repas pour repartir aussitôt en mer... »
« Elle me donnait des cours d'arithmétique ! »
« Bien des estivants ne l'aimaient pas, ils disaient que c’était une communiste... Eh bien, moi je crois pas : notre fille arrivait avec son catéchisme à apprendre, et elle lui disait : « Donne, je vais te l'expliquer, et te le faire réciter... »
Harmonie menacée, certes ! Ce simple homme de la mer avait d'ailleurs commencé notre conversation en me disant : « C'était une originale ! »
Harmonie sauvée, sûrement, car il me dit bien vite, et avec beaucoup de spontanéité : « C'était une sainte !... »
Août 1959
A. R.
|