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Collection « Les auteur(e)s classiques »
De la nature de la richesse et de l'origine de la valeur (1831) INTRODUCTION
Une édition électronique réalisée à partir du livre d'Auguste Walras, De la nature de la richesse et de l'origine de la valeur (1831), augmenté de notes inédites de Jean-Baptiste Say. Paris: Librairie Félix Alcan, 1938.
par Gaston Leduc, professeur à la Faculté de Droit de Caen, 1938.
IV
L'ouvrage : De la nature de la richesse et de l'origine de la valeur n'a fait l'objet que d'une seule édition, in-8°, chez Alexandre Johanneau, libraire à Paris, au millésime de 1831: L'impression avait été faite à Évreux, aux frais de la Société libre d'agriculture, sciences, arts et belles-lettres du département de l'Eure. C'est donc le texte intégral de cette édition que l'on trouvera reproduit ci-après ; les quelques notes et références de l'auteur lui-même y sont indiquées par des astérisques, qui renvoient aux bas de page.
De longs passages de cette uvre sont consacrés à une réfutation des théories de Jean-Baptiste Say, pour lequel A. Walras professait d'ailleurs une très grande estime. Peut-être ce dernier eût-il même l'idée de faire l'hommage de son livre à celui dont il ambitionnait tant le sort : toujours est-il que, par l'intermédiaire de son fils Léon et de sa petite-fille, Mlle Aline Walras, qui a voué toute son existence à l'entretien du culte de la mémoire de son illustre père et à la pieuse conservation des souvenirs familiaux, un exemplaire annoté de la propre main du maître du libéralisme français a pu parvenir jusqu'à nous. Ces quelques notes, rédigées tout à fait sur le déclin de la vie, nous ont paru offrir cependant un très réel intérêt, en ce qu'elles témoignent de l'étonnement d'un homme qui n'avait sans doute pas l'habitude d'être ainsi pris. à partie avec une telle ardeur et d'un refus obstiné d'abandonner quoi que ce soit des idées auxquelles il s'était attaché, fussent-elles contestables : aussi les avons-nous reproduites en cours d'ouvrage, chaque note, inscrite en bas de page, se trouvant appelée dans le texte principal par une italique minuscule en exposant a, b, c. Quant aux chiffres arabes dans le texte, ils renvoient à nos notes personnelles, que nous avons, pour plus de simplicité, rejetées à la fin de l'ouvrage ; ces notes sont à peu près toutes d'explication et non de critique théorique, d'éclaircissements, en particulier d'ordre bibliographique, mais nullement de commentaire de fond.
Nous avons enfin considéré qu'il serait opportun de faire figurer dans la présente publication, à la suite de l'ouvrage lui-même, deux textes qui en complètent remarquablement le contenu : le premier (Annexe no I) représente à peu près la première moitié du rapport fait par A. Walras lui-même à la Société libre... du département de l'Eure, dans sa séance du 2 juin 1831, sur l'ouvrage que celle-ci avait décidé de patronner, tant sur le plan moral que financier. L'auteur indique la conception générale qui a présidé à l'élaboration de son oeuvre, représentée comme une tentative de conciliation entre l'école de Smith et celle de Quesnay, et comme un travail de « théorie pure et abstraite ». La seconde partie de ce rapport ne constituant qu'une pure et simple analyse du contenu du livre, nous n'avons pas jugé utile de la reproduire ici. (Le texte complet du rapport figure au Recueil de la Société d'agriculture... du département de l'Eure, numéro de juillet 1931, pp. 297-307.)
L'annexe no II est une réédition intégrale du Mémoire sur l'origine de la valeur d'échange ou Exposition critique et réfutation des opinions les plus accréditées, chez les économistes, sur celle question, lu par l'auteur devant l'Académie des sciences morales et politiques, au cours de sa séance du 15 septembre 1849 et inséré dans le Recueil des séances et travaux de l'Académie (2e série, t. VI, pp. 201-233). Cette lecture fut suivie d'une discussion, à laquelle participa notamment le célèbre économiste anglais Babbage (note 1).
L'intérêt de ce mémoire réside en ce qu'il constitue un complément essentiel de l'ouvrage sur La nature de la richesse. Sa valeur scientifique est même de beaucoup supérieure à celle de ce dernier. L'exposé critique des deux théories de la valeur-coût et de la valeur-utilité s'y trouve conduit avec une rare maîtrise. Logiquement, cette oeuvre, toute de critique, eût même dû précéder, et non point suivre, l'essai de construction tenté par A. Walras sur le fondement unique de la rareté. Quoi qu'il en soit, les deux études ne pourraient plus être dissociées sans grand inconvénient. Elles ne permettent certes pas de fournir un tableau d'ensemble de toute l'uvre de notre auteur en fait de statique économique : car il conviendrait d'y adjoindre, non seulement le petit volume sur la Théorie de la richesse sociale, paru en 1849, mais encore les différents articles sur l'objet de l'économie politique, la théorie de la richesse et la fonction économique des métaux précieux que l'on trouvera mentionnés dans la bibliographie qui suit. Quant aux manuscrits relatifs à la théorie de la propriété et à la solution du problème social par la nationalisation du sol, ils pourraient fort bien faire l'objet, le moment venu, d'une publication qui constituerait, sur le plan de la politique et non plus de la théorie économique, l'heureuse réplique de celle-ci.
Le spécimen d'écriture dont on trouvera la reproduction photographique, faisant pendant au seul portrait qui nous ait été conservé de l'auteur, est extrait d'une lettre adressée le 14 décembre 1844 au rédacteur d'un hebdomadaire caennais, en réponse à l'allusion faite dans le dit périodique « à un certain travail de M. Walras sur l'économie politique », travail auquel il était reproché de n'être point assez mûri ou, du moins, de ne pas être « le résultat d'études approfondies sur cette science ».
L'universitaire en avait conçu une peine d'autant plus vive qu'il se proposait alors, écrit-il, « d'ouvrir à Caen un cours public d'économie politique, dans l'intérêt de la jeunesse studieuse qui abonde dans cette ville » et que, comme nous le savons, il n'était pas homme à se rétracter, bien qu'il fût, semble-t-il, d'un naturel assez indécis.
Dernière mise à jour de cette page le Jeudi 27 mars 2003 15:52 Par Jean-Marie Tremblay, sociologue.
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