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Collection « Les auteur(e)s classiques »

Paul VIAL, Les Lolos. Histoire, religion, moeurs, langue, écriture (1898)
Extrait 2: Époque de la création du ciel et de la formation de la terre


Une édition électronique réalisée à partir du texte de Paul VIAL (1855-1917), Les Lolos. Histoire, religion, moeurs, langue, écriture. Chang-Hai, Imprimerie de la Mission catholique de l’orphelinat de T’ou-sé-wé, 1898, 72 pages. Une édition réalisée par Pierre Palpant, bénévole, Paris.

EXTRAIT

Époque de la création du ciel
et de la formation de la terre

Au temps où le ciel et la terre n’étaient pas divisés, il n’y avait ni jour ni nuit, soleil et lune ne brillaient pas ; en ce temps, sur toute la terre, il n’y avait pas un seul homme. C’est Kedze et Gagè qui ont fait la division du ciel et de la terre. Avant la division du ciel et de la terre, sur la terre il n’y avait pas un seul homme. Eux donc sur une grande montagne du côté où le soleil se couche, allèrent s’asseoir. C’est sur la montagne Moutou (ou Mouto). Eux donc prirent de la terre pour en faire un homme, passèrent le fleuve et s’avancèrent du côté où le soleil se lève, et s’arrêtèrent là, pour transformer la boue et en faire un homme, « afin que, sur toute la terre, il y ait des hommes sachant brûler de l’encens, offrir des céréales, et que nous (Dieu) obtenions la fumée de l’encens, que nous obtenions l’offrande des céréales et du vin ». Pour cela ils prennent de la terre pour en faire un homme. Ils le font aujourd’hui et le lendemain matin ils le trouvent brisé en morceaux. Ils le refont et le mettent en place, le lendemain matin de nouveau, brisé en morceaux. Enfin une troisième fois le refont et le remettent en place et veillent sur lui. C’était (le fait) de l’esprit de la terre :

— Vous, dit-il, pourquoi prenez-vous ma terre ainsi ? La terre m’appartient, car je suis son maître. Pourquoi ne me demandez-vous pas pour agir ainsi ? dit-il.

— (Parce que) maintenant sur toute la terre il n’y a pas un seul homme ; c’est pour la transformer et en faire un homme sachant brûler de l’encens, offrir de la nourriture, offrir de l’eau ; l’offrant à nous nous en obtiendrons la fumée. Plus tard nous vous rendrons la terre, dirent-ils.

— Dans combien d’années me la rendrez-vous ? dit (l’esprit de la terre).

— Nous voulons vous la rendre dans 60 ans, dirent-ils.

C’est pourquoi maintenant l’homme est terminé à 60 ans ; le temps de notre corps est fini, telle est la loi de notre nature. Maintenant l’homme qui a accompli ses soixante, le surplus il le tient par sa vertu. — Le corps de l’homme est composé de 361 os, l’os de sa tête est divisé en deux parties. — Le corps de la femme est composé de 360 os — l’os de sa tête est divisé en 4 parties.

L’homme est donc fait de terre. Pour faire cet homme, ils traversent un fleuve et vont se reposer sur l’autre bord pour la transformer et en faire l’homme. Téchi (son nom), deux personnes, frère et sœur, n’ont ni père ni mère, puisqu’on a transformé la terre pour en faire un homme. Avant eux, il n’y avait pas d’homme sur toute la terre. Ces deux personnes, frère et sœur, peuvent-ils devenir époux ? Placés sur deux montagnes, ils prennent chacun une pierre ronde et la jettent. Celle de la sœur ne s’arrête qu’en bas ; celle du frère (aîné) s’arrête au-dessus. Ils prennent chacun un crible (chai-tse) et le font rouler. Celui de la sœur s’arrête au-delà et celui du frère en deçà. Ils prennent chacun un soulier et le jettent ; celui de la sœur s’arrête au-delà et celui du frère en deçà au pied de la montagne. Ils font deux feux sur chaque montagne et la fumée monte au ciel se réunissant en une montagne. (C’est pourquoi) le frère et la sœur deviennent époux. Ensuite la femme enfanta une calebasse pleine de nos ancêtres [c.-à-d. que cette calebasse renfermait la semence de tous les hommes] ; après avoir enfanté, nos ancêtres n’avaient qu’un cœur et tous les hommes n’avaient qu’un nom. Voilà comment de deux, frère et sœur, tous les hommes sortent. Ces deux personnes, frère et sœur, n’étaient qu’une ombre (être informe). Kedze donna à chacun une paire de mains (le vouloir) et à chacun un visage (une âme). Le frère aîné devint le soleil et la sœur cadette devint la lune.

Le soleil en sortant produisit le jour. La lune en sortant produisit la nuit. Les étoiles en sortant sont leur cœur (leur pensée). Le ciel et la terre étant divisés, le jour et la nuit étant divisés, ils ne savaient pas labourer la terre, il n’y avait point de céréales ; il ne savaient se vêtir d’habits. Sous le roi Tachou on apprit à labourer la terre ; sous le roi Chelou on apprit à se procurer des céréales ; sous le roi Hiyé on apprit à se vêtir d’habits. En ce temps une année comptait 400 jours, les céréales ne pouvaient pas mûrir ; (puis) une année compta 600 jours, encore mieux les céréales ne pouvaient mûrir ; ensuite elle compta 360 jours ; 30 jours firent un mois, 13 jours firent un cycle ; une année fut composée de 12 mois, un mois de 30 jours ; un cycle de 13 jours. Le mois du tigre commença l’année ; le mois du bœuf finit l’année. L’année commence (par) le printemps, après le printemps, l’été ; après l’été, l’automne ; après l’automne, l’hiver. Le printemps, l’été, l’automne, l’hiver étant divisés, les céréales vinrent à maturité ; en plantant chaque chose en son temps, les céréales peuvent mûrir.

C’est ainsi que Kedze divisa le ciel et la terre, et que Téchi, frère et sœur, ont été créés hommes et que nous arrivons au temps présent.



Retour au texte de l'auteur: Jean-Marc Fontan, sociologue, UQAM Dernière mise à jour de cette page le samedi 28 juillet 2007 8:27
Par Jean-Marie Tremblay, sociologue
professeur au Cegep de Chicoutimi.
 



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