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Collection « Les auteur(e)s classiques »

L'Opinion et la foule (1901).
Avant-propos


Une édition électronique réalisée à partir du livre de Gabriel Tarde, L'opinion et la foule. Paris: Les Presses universitaires de France, 1989, 1re édition, 184 pages. Collection Recherches politiques. Originalement publié en 1901.

Avant-propos

de Gabriel Tarde, 1901.

L'expression psychologie collective ou psychologie sociale est souvent comprise en un sens chimérique qu'il importe avant tout d'écarter. Il consiste à concevoir un esprit collectif, une conscience sociale, un nous, qui existerait en dehors ou au-dessus des esprits individuels. Nous n'avons nul besoin, à notre point de vue, de cette conception mystérieuse pour tracer entre la psychologie ordinaire et la psychologie sociale - que nous appellerions plus volontiers inter-spirituelle - une distinction très nette. Pendant que la première, en effet, s'attache aux rapports de l'esprit avec l'universalité des autres êtres extérieurs, la seconde étudie, ou doit étudier, les rapports mutuels des esprits, leurs influences unilatérales et réciproques - unilatérales d'abord, réciproques après. Il y a donc entre les deux la différence du genre à l'espèce ; mais l'espèce ici est d'une nature si singulière et si importante qu'elle veut être détachée du genre et traitée par des méthodes qui lui soient propres.

Les diverses études qu'on va lire sont des fragments de psychologie collective ainsi entendue. Un lien étroit les unit. Il a paru nécessaire de rééditer ici, pour la mettre à sa vraie place, l'étude sur les foules, qui figure en appendice à la fin du volume (note 1). Le public, en effet, objet spécial de l'étude principale, est une foule dispersée, où l'influence des esprits les uns sur les autres est devenue une action à distance, à des distances de plus en plus grandes. Enfin, l'Opinion, résultante de toutes ces actions à distance ou au contact, est aux foules et aux publics ce que la pensée est au corps, en quelque sorte. Et si, parmi ces actions d'où elle résulte, on cherche quelle est la plus générale et la plus constante, on s'aperçoit sans peine que c'est ce rapport social élémentaire, la conversation, tout à fait négligé par les sociologues.

Une histoire complète de la conversation chez tous les peuples et à tous les âges serait un document de science sociale du plus haut intérêt; et il n'est pas douteux que si, malgré les difficultés d'un tel sujet, la collaboration de nombreux chercheurs venait à bout de les surmonter, il se dégagerait du rapprochement des faits recueillis à cet égard dans les races les plus distinctes, un nombre considérable d'idées générales propres à faire de la conversation comparée une véritable science, à mettre non loin de la religion comparée ou de l'art comparé - ou même de l'industrie comparée, autrement dit de l'Économie politique.

Mais, bien entendu, je n'ai pu prétendre, en quelques pages, tracer le dessin d'une science pareille. À défaut d'informations suffisantes pour l'esquisser même, je n'ai pu qu'indiquer son futur emplacement, et je serais heureux si, étant parvenu à donner le regret de son absence, je suggérais à quelque jeune travailleur le désir de combler cette grande lacune.

Mai 1901.

G. TARDE.

Note 1 : Dans la Revue des Deux Mondes, en décembre 1893, puis dans Mélanges sociologiques (Storck et Masson, 1895). Les autres études sont parues en 1898 et 1899 dans la Revue de Paris.

Retour au livre de l'auteur: Gabriel Tarde Dernière mise à jour de cette page le Mercredi 13 juillet 2005 08:03
Par Jean-Marie Tremblay, sociologue.
 



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