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Collection « Les auteur(e)s classiques »

La criminalité comparée (mars 1890)
Avant propos


Une édition électronique réalisée à partir du livre de Gabriel Tarde, La criminalité comparée (mars 1890). Paris: Librairie Félix Alcan, 1924, 8e édition, 215 pages. Une édition bientôt disponible grâce au prêt de ce livre par Mme Maristela Bleggi Tomasini, de Porto Alegre - Rio Grande do Sul - Brasil, le 2 octobre 2003. Avec toute notre reconnaissance pour ce soutien de Maristela à l'édification de cette bibliothèque [JMT].

Avant-propos
Gabriel Tarde, mars 1890


Les études qu'on va lire ont déjà paru en majeure partie dans la Revue philosophique, et l'actualité. malheureusement trop évidente, de leur sujet, m'a engagé à les reproduire en les complétant. Partout, en France comme à l'étranger, en Italie notamment, les questions de criminalité et de pénalité sont à l'ordre du jour. Un besoin de réformes, qui n'a rien de factice, se fait sentir ici. Il n'est pas provoqué seulement par le débordement du délit mais par la conscience chaque jour plus nette de ce mal croissant, de ses caractères et de ses causes, grâce aux progrès de la statistique. Cette source toute nouvelle d'informations, qui habitue le public contemporain à voir les faits sociaux en grandes masses, non pas confuses et douteuses comme les générations d'autrefois, mais aussi précises et aussi certaines que chacun de leurs détails conduit à traiter toutes les questions sociales en homme d'État ; elle n'est pas pour rien, par exemple, dans la rénovation de l'économie politique dont l'individualisme ancien, quoi qu'il advienne de son socialisme d'école actuellement à la mode, a désormais fait son temps. La même méthode introduit dans l'étude de faits précisément opposés aux faits économiques, je veux dire des faits délictueux, un esprit novateur de même sens. Il n'est plus permis au criminaliste d'à présent d'être un simple juriste, exclusivement soucieux des droits sacrés de l'individu et en appliquant les conséquences, avec la logique scolastique d'un commentateur civil, à chaque prise à part ; il doit être un statisticien philosophe, préoccupé avant tout de l'intérêt général. Il n'est pas mal non plus qu'il soit quelque peu aliéniste et anthropologiste ; car, en même temps que la statistique criminelle nous montre les délits en faisceaux et les délinquants en groupes, l'anthropologie criminelle croit découvrir la liaison du penchant aux divers crimes avec certains caractères corporels héréditaires, nullement individuels ; et la pathologie de l'esprit par la connaissance plus avancée du système nerveux, sans parler même des expériences sur la suggestion anormale chez les hypnotiques, nous force à réédifier sur des bases plus profondes la théorie de la responsabilité pénale, à chercher bien au delà de l'individu le vrai principe et la vraie portée de ses actes. Statistique, anthropologie, psychologie physiologique ; autant de voies scientifiques nouvelles dont l'étude renouvelée du crime, la criminalité comparée si l'on me permet ce nom, est en quelque sorte le carrefour. On ne prétend certes pas, dans le cadre restreint de ce volume, résoudre les problèmes qu'elle soulève.

Il suffira à l'auteur d'apporter sa part de données et d'aperçus à ceux qui en élaborent les solutions. Mais il doit convenir aussi qu'une préoccupation systématique a été l'âme cachée de ce travail, et le lien étroit de ces fragments épars. Il y a cherché l'application et le contrôle d'un point de vue particulier, auquel il s'est placé depuis longtemps en science sociale, et qu'il croit très propre à éclairer un champ d'explorations bien supérieur à celui de ce livre. Dans le recueil cité plus haut, au cours des divers articles non reproduits ici, il en a plusieurs fois fait usage. Est-il cependant nécessaire d'ajouter qu'il s'est toujours efforcé de subordonner l'esprit de système à l'esprit de critique, et non d'asservir le second au premier ? Il espère qu'en lisant ces pages on n'en doutera pas.
POST-SCRIPTUM POUR LA SECONDE ÉDITION

Depuis que ce petit livre a paru, le courant réformateur dont il était le souhait et l'annonce s'est étendu et fortifié au-delà de nos espérances. On a pu voir, au second Congrès international d'anthropologie criminelle qui a eu lieu à Paris en août 1889, les pouvoirs publics eux-mêmes favoriser ce mouvement. En même temps que se propageaient les idées réformistes, leurs auteurs travaillaient à les réformer, à les rectifier elles-mêmes ; et de ce double progrès, dont l'un stimule l'autre, on ne saurait dire encore avec certitude ce qui résultera d'un peu net et décisif. Ce que je crois pouvoir affirmer sans crainte d'être démenti, c'est que la thèse générale développée dans le présent ouvrage à savoir l'explication du délit par des causes sociales et psychologiques plutôt, que biologiques, et la répression du délit demandée à des moyens d'ordre moral plutôt que naturel, tend à se répandre et à refouler de plus en plus la thèse contraire. Si, au lieu de me borner à reproduire le texte de ma première édition, sauf de légères retouches, j'avais cru nécessaire de la refondre, j'aurais accentué plus fortement encore le point de vue auquel je me suis placé, et restreint encore le rôle laissé au « type criminel » de Lombroso. Mais, réflexion faite, et sous la réserve de cette observation, je ne change rien d'essentiel à l'expression d'une pensée qui m'a parue vraie à son heure, et dont les variations survenues depuis ne m'ont pas beaucoup écarté. Certains passages de ce volume, il est vrai, en petit nombre d'ailleurs ce me semble, ont vieilli ; mais les personnes qui sont au courant de ces questions sauront facilement les discerner ; et, quant à celles qui ne les discerneront pas, ils n'auront rien perdu de leur intérêt pour elles.

G. T.
Mars 1890.

Retour à l'auteur: Gabriel Tarde Dernière mise à jour de cette page le Mercredi 13 juillet 2005 08:14
Par Jean-Marie Tremblay, sociologue.
 



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