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Collection « Les auteur(e)s classiques »

André SIEGFRIED, LE CANADA. PUISSANCE INTERNATIONALE. (1939)
Préface


Une édition électronique réalisée à partir du livre d'André SIEGFRIED, LE CANADA. PUISSANCE INTERNATIONALE. Paris: Librairie Armand Colin, 1939, 3e édition, 234 pp. Une édition numérique réalisée par Mme Réjeanne Toussaint, bénévole, Chomedy, Ville Laval, Québec.

[1]

LE CANADA.
PUISSANCE INTERNATIONALE.

Préface

Il y a exactement trente ans, à la suite de trois voyages dont le premier remontait à 1898, je publiais un livre intitulé : Le Canada, les deux races (problèmes politiques contemporains) [1]. Je ne viens pas aujourd'hui le remettre au point : ce serait impossible, car il a coulé trop d'eau sous le pont. Je n'ai pas non plus l'intention de le refaire, selon le plan où il avait été primitivement conçu, parce que l'analyse psychologique que je donnais des deux groupes, anglais et français, ne me paraît pas avoir cessé d'être vraie : si l'on regarde assez profond, les peuples, après tout, ne changent que très peu. Je devrais me répéter ou me recopier, ce qui est la négation du travail de l'esprit.

Je crois par contre qu'il y a un autre livre à faire, sur un nouveau Canada, qui n'existait qu'à peine au début de ce siècle. L'Empire Britannique, qui comportait naguère encore une métropole suzeraine de ses colonies, est devenu une fédération de nations autonomes, égales entre elles et à vrai dire indépendantes. Sur les champs de bataille de la Grande Guerre — l'importance de Vimy est à cet égard symbolique — le Canada a acquis, conquis pourrait-on dire, un statut international que confirme son entrée, à titre d'unité politique distincte, dans la Société des Nations. C'est cette position nouvelle, non plus seulement américaine ou britannique comme dans le passé, mais internationale, que je voudrais étudier dans ce livre, dont l'objet est strictement limité. Je n'entreprends [2] de faire ni une géographie, ni une histoire, ni un inventaire économique, ni une description politique. Le sujet que j'envisage est à la fois plus restreint et plus large, puisqu'il s'agit de préciser la position internationale du Canada dans l'équilibre économique et politique du XXe siècle, c'est-à-dire ses contacts géographiques, son équilibre ethnique, sa place comme producteur et comme consommateur dans les échanges internationaux, ses possibilités dans le domaine de la culture, son rôle singulier d'interprète entre les États-Unis et l'Angleterre, et finalement ses chances, non encore pleinement assurées, de survie comme entité nationale indépendante.

Depuis la publication de mon premier livre, une nouvelle série de voyages et d'observations m'a permis de suivre la transformation du Canada, avec le même intérêt passionné que j'avais apporté autrefois au régime, déjà si lointain, de sir Wilfrid Laurier : pendant un an, en 1915, à titre d'interprète de l'armée canadienne en France, j'ai appartenu à la First Canadian Heavy Battery ; peu après l'armistice j'ai fait partie d'une mission française auprès du gouvernement canadien ; par trois fois, en 1914, en 1919, en 1935, j'ai traversé le Canada, de Québec à Victoria (Colombie Britannique) ; j'ai vu le peuple canadien dans la prospérité et dans la crise, dans la guerre et dans la paix, chez lui et hors de chez lui. La singulière complexité d'un pays géographiquement américain, politiquement britannique et largement français par son origine, international d'autre part du fait de ses préoccupations économiques, m'a semblé constituer le sujet d'une passionnante étude, entièrement différente, encore qu'elle en soit la suite, de celle que j'avais entreprise autrefois.


[1] Librairie Armand Colin, 1906 (épuisé).


Retour au texte de l'auteur: Jean-Marc Fontan, sociologue, UQAM Dernière mise à jour de cette page le dimanche 8 février 2015 13:46
Par Jean-Marie Tremblay, sociologue
professeur associé, Université du Québec à Chicoutimi.
 



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