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Collection « Les auteur(e)s classiques »

L'interprétation économique de l'histoire. (1902)
Introduction


Une édition électronique réalisée à partir du livre d'Edwin R.-A. Seligman (1902), L'interprétation économique de l'histoire. Traduit de la 2e édition anglaise par Henry-Émile Barrault, 1911. Préface de Georges Sorel. Paris: Librairie Marcel Rivières et Cie., 1911, 176 pages. Collection: Études sur le devenir social, no VI.

Introduction

Il est intéressant pour celui qui étudie les sciences sociales, d'observer le processus par lequel, à un point de vue au moins, nous revenons à occuper les positions des âges passés. Quoique Aristote ait fait ressortir « l'interrelation » essentielle existant entre la politique, l'éthique et l'économique, la pensée moderne a revendiqué avec succès le droit de ces diverses disciplines aussi bien que des autres, telles que la jurisprudence et les diverses branches du droit publie, d'être considérées comme des sciences séparées. Pendant longtemps, cependant, au détriment commun de toutes, l'indépendance de chacune fut assez accrue et exagérée pour créer le sérieux danger d'oublier qu'elles sont seulement les parties constituantes d'un tout plus large. La tendance de la pensée récente a été de mettre en relief les rapports plutôt que les différences et d'expliquer les institutions sociales qui forment les bases des sciences séparées plutôt à la lumière d'une synthèse que d'une analyse. Cette méthode a été appliquée à l'histoire du passé aussi bien qu'aux faits du présent ; la conception de l'histoire a été élargie de telle sorte qu'il est maintenant bien reconnu que l'histoire politique est seulement une phase de l'activité plus vaste qui comprend tous les phénomènes de la vie sociale. Si le terme « politique » est employé dans le sens habituel mais étroit, de rapports constitutionnels et diplomatiques, alors, quand on a répété le dicton familier « l'Histoire est la politique du passé », on énonce une demi-vérité en contradiction lamentable avec ces idées plus nouvelles.

Tandis que cependant il est maintenant admis que l'histoire de l'humanité est l'histoire, de l'homme dans la société, et par suite l'histoire sociale dans son sens le plus large, on s'est posé le problème de la détermination des questions, de savoir quelles sont les causes fondamentales de ce développement social, de la raison de ces grands changements dans la pensée et la vie humaine, qui forment les conditions du progrès. Aucune question plus profonde et de plus de portée ne peut occuper notre attention, car d'une réponse satisfaisante dépend toute notre attitude envers la vie elle-même. Là réside le problème suprême non seulement pour le savant mais aussi bien pour l'homme pratique. De ce problème, une solution a été proposée qui pendant les quelques dernières décades a retenu vivement l'attention des penseurs non seulement en Allemagne, où leurs théories avaient pris naissance, mais en Italie, en Russie, et dans une certaine mesure en Angleterre et en France. Les échos de la controverse ont à peine atteint nos rives ; mais un mouvement de pensée à la fois si hardi et si profond ne peut manquer de s'étendre jusqu'aux dernières limites de la pensée scientifique et de soulever une discussion adéquate à la nature du problème et au caractère de la solution.

Nous pouvons exposer la thèse succinctement de la façon suivante : l'existence de l'homme dépend de son aptitude à subvenir à ses besoins La vie économique est par suite la condition fondamentale de toute vie. Toutefois, puisque la vie humaine est la vie de l'homme en société, l'existence individuelle se meut dans les cadres de la structure sociale et est modifiée par lui. Ce que les conditions d'entretien sont pour l'individu, les rapports semblables de production et de consommation le sont pour la communauté. C'est à des causes économiques qu'il faut donc en dernière analyse rapporter ces transformations dans la structure de la société qui conditionnent elles-mêmes les relations des classes sociales et les manifestations variées de la vie sociale.

Cette doctrine est souvent appelée « matérialisme historique » ou « interprétation matérialiste de l'histoire ». Mais de semblables termes manquent de précision. Si par matérialisme on entend le fait de rapporter tous les changements à (les causes matérielles, la conception biologique de l'histoire est aussi matérialiste. De même la théorie qui attribue tous les changements dans la société à l'influence du climat ou au caractère de la faune et de la flore est matérialiste, et cependant n'a presque rien de commun avec la doctrine discutée ici. La doctrine dont nous avons à nous occuper, est non seulement matérialiste, mais aussi économique dans son essence ; et la meilleure expression n'est pas « l'interprétation matérialiste », mais l'interprétation économique de l'histoire. En France, il est devenu à la mode d'appeler cette théorie « le déterminisme économique », mais cela prête encore davantage à objections, pour cette raison que cela entraîne la question de, savoir s'il y a quelque chose de réellement « déterministe » ou « fataliste » dans cette doctrine. Ce point sera plus complètement discuté plus loin (Note 1).

Dans les pages suivantes, on essaiera d'expliquer la genèse et le développement de la doctrine, d'étudier quelques-unes de ses applications par les penseurs récents, d'examiner les objections qui peuvent être opposées, et enfin d'apprécier la valeur et l'importance véritable de cette théorie par la science moderne.


Notes

Note 1. - Voyez IIe partie, ch. 1er.

Retour au texte de l'auteur: Edwin R.-A. Seligman Dernière mise à jour de cette page le Jeudi 24 mars 2005 09:12
Par Jean-Marie Tremblay, sociologue.
 



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