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Collection « Les auteur(e)s classiques »

Paul Pelliot, Les débuts de l'imprimerie en Chine (1953).
Extraits


Une édition électronique réalisée à partir du texte de Paul Pelliot, Les débuts de l'imprimerie en Chine. Paris: Imprimerie nationale. Librairie d’Amérique et d’Orient Adrien-Maisonneuve, 1953, VIII+120 pp. Oeuvres posthumes de Paul Pelliot, publiées sous les auspices de l’Académie des Inscriptions et Belles-lettres et avec le concours du Centre national de la Recherche Scientifique. Ouvrage numérisé grâce à l’obligeance de la Bibliothèque asiatique des Missions Étrangères de Paris. Une édition réalisée par Pierre Palpant, bénévole, Paris.

EXTRAITS

 

835. Interdiction d’imprimer les calendriers

Fong Sieou a vécu de 767 à 836 ; ni les notices biogra­phiques, ni l’inscription funéraire (sauf peut-être dans un passage mutilé où il est encore question d’« interdiction ») ne disent rien de son intervention au sujet des Calendriers. Toutefois, dans les « annales principales » du Kieou t’ang chou (17 B, 13 r°), sous la 9e année t’ai-houo, il est dit que, le 12e mois, « un jour ting-tch’eou (29 décembre 835), un ordre impérial prescrivit aux provinces et aux préfectures de ne pas établir de leur propre autorité des planches de calendriers ». Ce texte est confirmé par celui beaucoup plus explicite qu’on trouve dans le Ts’ö fou yuan kouei de 1005-1013 (160, 9 r° et v°), et qui est ainsi conçu :

« La neuvième année [t’ai-houo], le 12e mois, un jour ting-tch’eou (29 décembre 835), le tsie-tou-che du Tong-tch’ouan (Sseu-tch’ouan oriental) Fong Sieou demanda pour son rapport qu’un ordre impérial interdit d’imprimer des planches de calendriers. Les provinces des Deux Tch’ouan du Kien-nan et celle du Houai-nan impriment toutes des calendriers au moyen de planches et les vendent sur les marchés. Chaque année, avant que le bureau de l’astronomie n’ait fait un rapport au trône pour promulguer le nouveau calendrier, ces calendriers imprimés remplissent déjà l’Empire. Il y a [là quelque chose] de contraire à la règle de remettre respectueusement [le nouveau calen­drier approuvé par l’Empereur]. C’est pourquoi ordre fut donné d’interdire [ces impressions privées].

Le texte est parfaitement net. Au temps où Fong Sieou écrivait son rapport, c’est-à-dire à la fin de 835, l’habitude d’imprimer le calendrier était très répandue dans toute la vallée de Yang-tseu-kiang, depuis et y compris le Sseu-tch’ouan à l’ouest jusqu’à une partie du Ngan-houei et du Kiang-sou à l’est. Il vaut cependant de noter, dès maintenant, que c’est à un fonctionnaire du Sseu-tch’ouan que nous devons cette première attestation formelle de l’usage de l’imprimerie en Chine. 

 

Préface des Instructions familiales de Lieou P’ien

« Il est dit dans la préface des Instructions familiales de M. Lieou [P’ien] : La 3e année tchong-houo, [qui était une année] kouei-mao (883), en été, c’était la 3e année où le char impérial se trouvait au Chou (= Sseu-tch’ouan). J’étais alors tchong-chou chö-jen. Dans un [jour de] congé décadaire, j’examinai les livres au sud-est de la seconde enceinte. Ces livres étaient en majorité de la classe de l’oniromancie, de la géomancie, des neuf palais [célestes], des cinq planètes, et autres thèmes divers [de l’école] du yin et du yang ; il y avait en outre des dictionnaires et [autres livres] de lexicographie. En règle générale, ils avaient été gravés sur des planches et imprimés sur du papier. [Mais l’encre] avait bu, et on ne pouvait pas [toujours] tout distinguer.

 

Préface du Yi kio leao tsa ki, écrite par Hong Mai en 1197

« Les textes imprimés n’existaient pas avant les T’ang. A la fin des T’ang, il y eut pour la première fois des planches d’impression [de livres] à Yi-Tcheou. Ce n’est que sous les T’ang postérieurs qu’on grava [pour l’impres­sion] les neuf classiques. On rassembla [pour les supprimer] tous les [exemplaires manuscrits des] classiques et des historiens qui étaient conservés chez les par­ticuliers, et on considéra que les exemplaires imprimés étaient [seuls] corrects. »

 

Fong Tao

Lors de la chute des T’ang, en 907, l’imprimerie était plus répandue que Carter ne le supposait. Les textes reproduits plus haut montrent qu’on la pratiquait surtout au Sseu-tch’ouan, et qu’on la connaissait aussi sur le bas Yang-tseu. Mais on l’employait presque exclusivement pour les besoins populaires ou pour les textes courants du bouddhisme et du taoïsme ; le confucianisme ne l’avait pas encore adoptée. L’impression officielle des classiques est la grande nouveauté du Xe siècle, au temps des Cinq Dynasties, et cette impression est surtout due à l’initiative de Fong Tao, considéré souvent depuis lors par les Chinois comme l’inventeur de l’imprimerie. Ce sont là les premières éditions xylographiques du Kouo-tseu-kien ou Collège Impérial.

Fong Tao, originaire de ce qui est aujourd’hui la sous-préfecture de Hien dans le Tche-li, était né en 882. Il servit d’abord au Tche-li sous Lieou Cheou-kouang († 914), puis au Chan-si sous l’eunuque Tchang Tch’eng-ye, lequel le recommanda au prince de Tsin, c’est-à-dire au prince qui régnait de façon indépendante au Chan-si. Lorsque le prince de Tsin, celui-là même que nous désignons par son nom de temple de Tchouang-­tsong, mit fin à la dynastie des Leang postérieurs et créa sa propre dynastie des T’ang postérieurs en 923, Fong Tao fut nommé che-lang du ministère de l’intérieur et han-lin-hio-che, mais dut bientôt se démettre de ses fonctions pour aller observer dans son pays natal le deuil de son père ; il en revint juste au moment où Tchouang-tsong allait être assassiné (926) et remplacé sur le trône par son frère adoptif Ming-tsong. Ming-tsong, né en 867 d’une famille turque ou mongole, était un soldat sans culture, mais qui sut apprécier Fong Tao et l’eut toujours près de lui comme conseiller tout en lui conférant des fonctions de plus en plus hautes. A la mort de Ming-tsong, en 933, Fong Tao sut se maintenir auprès de son successeur, et ainsi de suite, à travers quatre dynasties et sous le règne de dix empereurs, jusqu’au moment où il mourut lui-même, en 954. Pendant un temps, en 947, Fong Tao trouva même le moyen de passer au service du chef K’i-tan qui s’était proclamé empereur dans la région de Pékin. Il ne faudrait pas croire toutefois que Fong Tao ait jamais été un véritable premier ministre.

Tel est le lettré, de vie sans faste, bon au peuple autant qu’accommodant envers le régime, à qui revient l’honneur d’avoir conçu ou d’avoir accueilli l’idée de faire une édition imprimée des classiques.

Le texte fondamental à ce sujet se trouve dans le Ts’ö fou yuan kouei de 1005-1013 (608, 30-31) où, à propos de la présentation au souve­rain des Tcheou postérieurs, en 953, de cette édition enfin achevée, on lit ce qui suit :

« Auparavant, les ministres des T’ang postérieurs Fong Tao et Li Yu, vu qu’ils estimaient l’étude des classiques, avaient dit qu’au temps des Han on faisait cas des lettrés [confucéens] et qu’on avait gravé les classiques sur pierre en trois écritures ; que la dynastie des T’ang avait également gravé [sur pierre les classiques] au Collège impérial ; qu’à présent la dynastie n’avait pas de loisirs et ne pouvait à son tour graver et ériger [des classiques sur pierre] : mais qu’eux [,Fong Tao et Li Yu,] avaient vu des gens de Wou et de Chou qui vendaient des textes imprimés au moyen de planches [de bois], appartenant aux catégories les plus diverses, mais sans aller jusqu’aux classiques (king-tien) ; et que si on révisait, gravait [sur bois] et répandait les clas­siques, ce serait d’un profond avantage pour l’enseignement lettré. Aussi firent-ils à ce sujet un rapport au trône. Un ordre impérial prescrivit au fonction­naire des lettrés (jou-kouan) T’ien Min et à d’autres de réviser les classiques et leurs commentaires…

 

Le Houei tchou lou de Wang Ming-ts’ing (1127-1200)

« Quand Mou-k’ieou Kien était pauvre, il empruntait le Wen siuan à des amis ; ces gens avaient l’air [d’en être] ennuyés. [Wou Tchao-yi] prit alors la résolution que, si quelque jour il arrivait à une haute situation, il [ferait] graver le [Wen siuan] sur des planches [de bois] pour le faire parvenir aux lettrés. Par la suite, il devint ministre au service [du prince] de Chou de [la famille] Wang ; il accomplit finalement sa promesse et grava le [Wen siuan]. Ce fut là le commencemeat de l’impression de livres. Le fait est raconté dans le Wou tai che pou de T’ao Yo. Lorsque les T’ang postérieurs soumirent le [royaume de] Chou, [l’empereur] Ming-tsong ordonna au « lettré au vaste savoir » du Collège impérial Li Ngo de calligraphier les cinq classiques, et, en imitation du procédé de [Wou Tchao-yi], d’en graver les planches au Collège impérial. C’est là le commen­cement de l’impression de livres au Collège impérial. A présent, [l’imprimerie] est abondamment répandue par tout l’Empire, mais nulle part plus qu’au Chou (= Sseu-tch’ouan). Dans la famille de [moi, Wang] Ming-ts’ing, on conserve un exemplaire imprimé des cinq classiques calligraphiés par [Li] Ngo ; à la fin, cet exemplaire porte l’indication de la 2e année tch’ang-hing (931).

 

Le Tsiao che pi cheng siu tsi de Tsiao Hong

I

« A la fin des T’ang, il y eut pour la première fois des planches d’impression [de livres] à Yi-tcheou (=Tch’eng-tou) ; ce n’était en majorité que de la divination et de petits livres d’étude des caractères. Mou Tchao-yi (=Wou Tchao-yi) du [pays de] Chou demanda à graver des planches [de bois] pour imprimer les neuf classiques. Le souverain de Chou donna son approbation. A partir de ce moment il y eut pour la première fois des planches de bois où on reproduisit les six classiques par la gravure.

II. Sur la gravure de planches [de bois] pour imprimer des livres

« Le ministre de [l’État de] Chou, le seigneur Wou, était originaire de P’ou-tsin. C’était d’abord un homme du peuple, et il empruntait à autrui le Wen-siuan et le Tch’ou hio ki) : beaucoup [de ceux à qui il s’adressait] avaient l’air ennuyé [de ses demandes]. Le seigneur [Wou] dit en soupirant : « Je hais ma pauvreté qui ne me laisse pas le moyen de [rien] acquérir. Si quelque jour je perce un peu, je m’engage à graver les planches [de ces livres] et à les impri­mer de manière à les faire parvenir en quelque mesure aux lettrés de l’Empire. » Par la suite, le seigneur [Wou] brilla en effet dans [l’État de] Chou. Il dit alors : « Maintenant je puis faire honneur à mon ancien engagement. » Aussi ordonna-t-il à des artisans de graver des planches nuit et jour, et il mena à bien l’impres­sion des deux ouvrages. De plus, il fit graver [pour les imprimer sur bois] les neuf classiques et les historiens [dynastiques] ; les lettres des deux Chou furent dès lors très prospères. Lorsque Chou se soumit aux Song, huit ou neuf sur dix des grandes familles [de Chou] tombèrent dans le malheur à raison de leurs richesses. A ce moment, l’« ancêtre capable » aimait les livres ; il ordonna à ses envoyés de rapporter au palais tous les ouvrages imprimés de [l’État de] Chou. Tout à coup, il vit à la fin d’un volume le nom de famille et le nom personnel du sieur Wou et interrogea à ce sujet Ngeou­ yang K’iong. [Ngeou-yang] K’iong dit : « Ce sieur Wou a fait [graver] ces [livres] lui-même avec son propre argent. L’« ancêtre capable » fut très satisfait et ordonna immédiatement de renvoyer les planches au sieur Wou. En ce temps-là, les livres [imprimés par] lui (=par Wou Tchao-yi) se répandirent dans l’Empire. Au début, quand [Wou Tchao-yi] s’était mis à [faire] graver et imprimer [des livres] dans [l’État de] Chou, beaucoup de gens l’avaient raillé. Par la suite, l’or s’amassa dans sa maison par milliers, ses fils et petits-fils jouirent d’émoluments [officiels], et ceux qui l’avaient raillé venaient constam­ment chez lui emprunter [de l’argent]. Telle est la manière dont le tso-che-yi Souen Fong-ki a raconté cette histoire.



Retour au texte de l'auteur: Jean-Marc Fontan, sociologue, UQAM Dernière mise à jour de cette page le samedi 14 juillet 2007 9:35
Par Jean-Marie Tremblay, sociologue
professeur au Cegep de Chicoutimi.
 



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