RECHERCHE SUR LE SITE

Références
bibliographiques
avec le catalogue


En plein texte
avec Google

Recherche avancée
 

Tous les ouvrages
numérisés de cette
bibliothèque sont
disponibles en trois
formats de fichiers :
Word (.doc),
PDF et RTF

Pour une liste
complète des auteurs
de la bibliothèque,
en fichier Excel,
cliquer ici.
 

Collection « Les auteur(e)s classiques »

Friedrich Nietzsche (1844-1900)


Introduction

La philosophie de Nietzsche est une entreprise de démolition des valeurs philosophiques reçues depuis Platon. Nietzsche a « renversé » la métaphysique, la religion et la morale en appelant de ses vœux le « surhomme », l'homme qui aura su vaincre le ressentiment contre le Temps et poser comme principe que toute action digne de lui puisse s'inscrire dans un « éternel retour ».

© Larousse-Bordas 1998

Solitude et prophétisme

Fils et petit-fils de pasteurs, né en 1844 à Röcken (Saxe), Nietzsche fait ses études classiques à l'école de Pforta. En 1869, il est nommé professeur de philologie classique à l'université de Bâle. Nietzsche se distingue des autres philologues par son ouverture aux problèmes philosophiques que pose la lecture des textes anciens. Sa première œuvre, la Naissance de la tragédie, choque par l'engagement personnel de l'auteur dans des questions relevant de la culture contemporaine : le philologue devient esthéticien et même prophète des temps proches. Entre l'art musical, d'une part, et la science et la religion, d'autre part, notre civilisation va-t-elle hésiter ? Nietzsche manifeste le désir d'un renouveau de la tragédie et du mythe. Un nom, celui de Wagner, résonne dans cette œuvre comme la chance d'une incarnation nouvelle de l'esprit du dieu Dionysos.

À partir de 1874, Nietzsche souffre de maux permanents (accès de migraine et troubles oculaires) qui motivent en 1879 sa démission de l'enseignement. Mais celle-ci s'explique aussi par les exigences d'une philosophie qui ne partage plus avec son temps. Nietzsche vient de terminer les deux premiers volumes de Humain, trop humain. Il a publié les quatre Considérations inactuelles. Dès lors, une maigre pension pour tout viatique, il mène une vie errante : Marienbad, Rapallo, Rome, Nice, Gênes, Venise, Turin, Sils-Maria, autant de lieux où s'accomplit sa quête solitaire. En 1878, c'est la rupture avec Wagner, qui rejette le premier volume de Humain, trop humain, comme Nietzsche rejette le Parsifal. Nietzsche publie de 1881 à 1883 Aurore et le Gai Savoir, et rédige Ainsi parlait Zarathoustra jusqu'en 1885. De 1886 à 1889, il écrit sans arrêt : Par-delà bien et mal, la Généalogie de la morale, le Crépuscule des idoles, le Cas Wagner, l'Antéchrist. En 1889, il sombre, à Turin, dans l'aliénation mentale et est ensuite hospitalisé à Iéna ; sa mère le prend chez elle ; puis sa sœur, Elisabeth Förster-Nietzsche, le recueille à Weimar, où il meurt en 1900. Paraîtront Nietzsche contre Wagner (1896) et Ecce Homo (1908).

La philosophie nietzschéenne

L'originalité de Nietzsche est d'avoir soumis à un doute radical tout l'acquis de notre civilisation.

a)
La démystification de la science et de la morale

Nietzsche rend possible une remise en question de la connaissance (la science), de l'être (les évidences occidentales), enfin de l'action (la morale et la politique). Contre Kant, Nietzsche dénonce les prétendues catégories a priori de la raison, réduisant ces dernières à de pures nécessités « vitales », d'origine corporelle et socio-économique. Nietzsche démystifie toute vérité, y compris la vérité scientifique, pour montrer le pouvoir d'invention qui caractérise l'homme, en même temps que son opposition à la nouveauté : ne qualifions-nous pas de « barbare » ce qui nous est étranger et d'« irrationnel » ce que nous ne pouvons ajuster à notre raison ? Aussi, la « vérité » est un leurre : seules règnent les passions actives, comme la domination, et passives, comme la paresse. Nos habitudes instituées, nos institutions, nos langages, la leçon du passé de la communauté découpent pour nous le monde « rationnel », le nôtre, qui exclut les autres ; d'où l'état de guerre. La double critique de la connaissance et des institutions s'étaie sur une analyse des origines, où se joignent l'examen épistémologique et la polémique.

b)
Mesure et démesure

C'est ce double caractère de connaissance et de combat qui fait de la généalogie nietzschéenne, recherche des origines oubliées, une science humaine nouvelle qui commence avec la Naissance de la tragédie. Celle-ci, avant l'œuvre de Freud, a éclairé, avec la découverte de Dionysos, une origine permanente de l'homme, indifférenciée et possédant deux formes, la vie et la mort. À cette démesure s'impose la forme de la mesure, avec Apollon comme principe d'individuation. Sur cette base anthropologique incontournable, notre histoire occidentale a vu se produire le « phénomène Socrate », c'est-à-dire les fondements de l'abstraction rationaliste, sur laquelle reposent la science et la morale modernes. Nietzsche vise ici le cœur de la métaphysique, son besoin de référence, son exigence d'un point fixe. Sa propre critique, au contraire, insiste sur la nécessité de multiplier les perspectives sur l'objet à connaître. L'assimilation de la pensée à l'être, imputable à Parménide, est pour Nietzsche à la source d'une malédiction : la séparation de l'âme et du corps. Contre elle, il adhère à l'acte de foi, commun à Héraclite, Anaxagore et Empédocle, dans la « réalité » du monde présent et de l'« apparence ». Entre 1872 et 1888, les réflexions concernant la théorie de la connaissance ne feront que se confirmer. En 1881-82, il commence la critique du « je pense donc je suis » de Descartes : il n'est pas certain, dit Nietzsche, que je sois l'être qui représente ce que je me représente. Entre 1882 et 1886, époque du Zarathoustra, pour l'homme « labyrinthique » qu'il est, la vérité est « Ariane ». Après 1883 et jusqu'en 1888, il passe en revue toute l'histoire de la philosophie pour conclure qu'il ne suffit pas de tout réduire en formules, mais qu'il faut encore pouvoir « vivre » sur ces bases ; mais est-ce seulement possible ?

c)
La volonté de puissance

Le « monde vrai » est une fiction comme une autre, et il est même « notre attentat le plus dangereux contre la vie ». Dans l'interrogation ouverte sur l'homme intervient la pensée de l'éternel retour, comme pensée absolue du devenir éternel de la force. Le monde des forces, c'est-à-dire le monde de la vie même, tend invinciblement à l'accroissement, ce qui justifie le recours à la notion de « volonté de puissance ». Il ne parvient jamais à un point d'équilibre et développe à l'infini la série de ses variations possibles ; aussi, « quel que soit l'état que ce monde puisse atteindre, il doit l'avoir atteint, et cela, non pas une fois, mais d'innombrables fois ».

Le radicalisme des positions nietzschéennes s'appuie sur le relativisme supposé de toute interprétation et renvoie à la capacité d'invention de l'homme soumis à la volonté de puissance. Ce radicalisme est au sens propre retour aux racines et consiste à retrouver le texte original raturé et surchargé des interprétations successives.

Les principales œuvres

1872 : la Naissance de la tragédie ;
1873-1876 :
Considérations inactuelles ;
1878 :
Humain, trop humain ;
1881 :
Aurore ;
1882 : le
Gai Savoir ;
1883-1885 :
Ainsi parlait Zarathoustra ;
1886 :
Par-delà bien et mal ;
1887 : la Généalogie de la morale ;
1889 : le Crépuscule des idoles ;
1896 : l'Antéchrist (écrit en 1888) ;
1908 : Ecce Homo (écrit en 1888) ;
1968 : publication des fragments posthumes, dont une partie, mutilée, était parue sous le titre la Volonté de puissance.

© Larousse-Bordas 1998

Retour à l'auteur: Friedrich Nietzsche Dernière mise à jour de cette page le jeudi 18 novembre 2010 8:03
Par Jean-Marie Tremblay, sociologue
professeur de sociologie au Cégep de Chicoutimi.
 



Saguenay - Lac-Saint-Jean, Québec
La vie des Classiques des sciences sociales
dans Facebook.
Membre Crossref