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Collection « Les auteur(e)s classiques »

Mélanges posthumes. Le régime foncier en Chine. Trois études historiques (1950)
Introduction


Une édition électronique réalisée à partir du texte de Henri MASPERO (1883-1945), Mélanges posthumes. Le régime foncier en Chine. Trois études historiques. Source: Mélanges posthumes sur les religions et la Chine. III. Études historiques, pp. 109-208. Paris: Les Presses universitaires de France, 1950. Collection: Bibliothèque de diffusion, vol. LIX. Une édition numérique réalisée par Pierre Palpant, bénévole, Paris.

Introduction

C33. — Henri MASPERO: Mélanges posthumes. Le régime foncier en Chine. Trois études historiques (1950).

La société chinoise ancienne apparaît à l’histoire entre le XIe et le VIIIe siècle avant notre ère, comme une société d’agriculteurs sédentaires. Son domaine n’était pas très étendu ; il ne dépassait pas le bassin du Fleuve jaune qui n’était même pas encore entièrement chinois : les montagnes, à l’Est comme à l’Ouest, étaient aux mains des Barbares ; le centre de la civilisation en ce temps était dans le Sud de cette grande plaine basse où les Chang avaient eu leurs capi-tales et qui forme actuellement le point de rencontre des provinces de Ho-pei, Ho-nan, Chan-tong et Kiang-sou. Vers les IXe et VIIIe siècles, à l’époque où les odes de la dernière partie (Song) du Che-king nous les font connaître, et à laquelle remontent les inscriptions dont je me servirai ci-dessous, c’était une région peu peuplée, et cultivée encore de façon assez rudimentaire. Entre les montagnes couvertes de forêts de l’Ouest et de l’Est, s’étendait une plaine souvent marécageuse, entrecoupée de boqueteaux et de taillis de hêtres, d’ormes, de bouleaux, où abondait le gros et le petit gibier que rois et seigneurs chassaient en de grandes battues saisonnières. Aux endroits que les inondations annuelles n’atteignaient pas, s’élevaient de petits villages que les paysans n’habitaient que l’hiver et qu’ils quittaient au printemps et en été pour aller par groupes défricher des coins de brousse, et s’installer dans de grandes huttes communes sur le défrichement même. Peu de champs permanents : les paysans brûlaient et dessouchaient un terrain, puis le cultivaient quelques années, pour l’abandonner et aller recommencer un défrichement ailleurs, quand le sol épuisé se refusait à produire. C’est le mode de culture que le Yi-king considère comme normal, et que décrit longuement le Che‑king ; la création de champs permanents le fit peu à peu disparaître au cours du millénaire qui précède notre ère. Quelque deux cents seigneuries, au plus, se partageaient ce territoire ; chacune était soigneusement délimitée, non par besoin d’exactitude, mais parce qu’il fallait bien fixer la ligne au delà de laquelle chaque seigneur n’avait plus le droit d’envoyer ses paysans brûler la brousse dans leurs défrichements.

Le pays, peu peuplé, était pauvre. L’agriculture rudimentaire était de peu de rendement et la population était toujours à la merci d’une mauvaise année, d’une inondation ou d’une sécheresse. L’industrie était nulle. Le commerce existait à peine, en dehors des transactions simples du marché : il n’est pas fait dix fois mention de marchands dans le Tso‑tchouan pour une période de deux cent cinquante ans. Les métaux précieux, or et argent, étaient extrêmement rares ; il n’y avait de courant que le bronze (le travail du fer était encore inconnu). La monnaie métallique n’existait pas ; il n’y avait que des cauries ; encore l’usage paraît‑il en avoir été restreint. Le seul objet précieux était le jade. La possession de la terre était l’unique moyen d’assurer l’existence d’une famille. Aussi, le roi et les seigneurs rétribuaient‑ils les services de leurs officiers en leur faisant don d’une terre en même temps qu’ils leur conféraient une charge ; les récompenses de toute sorte, ou simplement les dons accordés par la faveur du souverain étaient des terres ; les amendes se payaient en terres, etc.

Or, il y avait deux manières de posséder la terre. Ou bien la tenir comme seigneur féodal : c’était alors une principauté kouo dont on était le prince heou. Ou bien en être simplement propriétaire : c’était un domaine yi ou t’ien (je ne connais pas de terme propre désignant le propriétaire). C’étaient deux modes de possession distincts, bien qu’ils eussent ceci de commun que les habitants allaient avec la terre : qui avait le fonds, avait les hommes.

Malgré leurs dissemblances fondamentales, ces deux régimes me paraissent ne pouvoir être bien compris que l’un par l’autre ; et comme ils sont tous deux fort mal connus, je commencerai par décrire le domaine non féodal, avec son propriétaire et ses habitants ; je passerai ensuite à la principauté féodale ; je finirai en indiquant les origines du régime féodal chinois ancien.



Retour au livre de l'auteur: Henri Maspero (1883-1945) Dernière mise à jour de cette page le Mardi 01 novembre 2005 08:21
Par Jean-Marie Tremblay, sociologue.
 



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