Auguste Bebel (1891), La femme et le socialisme. Traduit de l'Allemand par Henri Bavé


 

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Collection « Les auteur(e)s classiques »

Ferdinand Lot, Les invasions barbares et le peuplement de l'Europe.
Introduction à l'intelligence des derniers traités de paix.
[Arabes et Maures. — Scandinaves. — Slaves du Sud. — Slaves du Centre.]

Avertissement de l'auteur


Une édition électronique réalisée à partir du texte de Ferdinand Lot, Les invasions barbares et le peuplement de l'Europe. Introduction à l'intelligence des derniers traités de paix. [Arabes et Maures. — Scandinaves. — Slaves du Sud. — Slaves du Centre.] Paris : Les Éditions Payot, 1942, 349 pp. Collection: Bibliothèque historique. 16 cartes établies par J.-J. Gruber. Une édition numérique réalisée par Michel Letourneaux, bénévole, France.

[7]

Les invasions barbares et le peuplement de l’Europe.
Introduction à l’intelligence des derniers traités de paix.
[Arabes et Maures. — Scandinaves. — Slaves du Sud. — Slaves du Centre
.]

Avertissement de l'auteur

Par sa nature et son aspect même ce deuxième ouvrage (en deux volumes) est très différent du premier. Il n'en saurait être autrement.

Le premier ouvrage est consacré uniquement aux invasions des Germains continentaux et à leur installation sur le sol romain. Il présente donc une évidente unité. Son intérêt principal c'est de montrer comment deux mondes, originairement différents et hostiles, le monde romain et le monde germanique, se sont rapprochés, puis ont fini par fusionner, si bien que de cette fusion sont nés de grands États, tels que la France, l'Italie, l'Espagne. Quand il n'y a pas eu fusion ethnique — tel est le cas de l'Allemagne et de l'Angleterre — il y a eu tout de même une influence profonde du monde romain sur ces pays germaniques dont la naissance est contemporaine des autres Etats.

Enfin le bouleversement opéré par les invasions germaniques s'avère finalement moins grand qu'on ne pourrait croire. En Italie, en Espagne, en Afrique, la race et la langue germanique n'ont laissé que de faibles traces. Il en va de même dans la grande majorité de la Gaule. Et les gains du germanisme à l'Ouest du Rhin (environ 90.000 kilomètres carrés sur 639.000 de la Gaule) et en Grande-Bretagne, sont plus que compensés par ses pertes à l'Est. De ce côté la race et la langue germaniques reculent, dès le Ve siècle, de la Vistule à l'Elbe et même en deçà de ce dernier fleuve. Il leur faudra de longs siècles pour récupérer le terrain perdu, et pas entièrement.

Le sujet qu'il nous faut traiter maintenant est d'une complexité infiniment plus grande. D'abord il est disparate et s'étend sur une aire immense : nous devons entraîner le lecteur éperdu, des extrémités occidentales de l'Europe, de l'Espagne, jusqu'aux abords de la Sibérie ; il devra, à la suite des pirates Scandinaves entrer dans les fleuves et les villes riveraines des Pays-Bas, de la Grande Bretagne, de l'Irlande, de la France, de l'Espagne, visitées par les terribles pirates. Il aura le spectacle de la marée slave inondant l'Europe centrale et la péninsule des Balkans au VIIe siècle. Il se fatiguera à compter les morceaux cassés du mystérieux [8] monde finnois. Du centre de l'Asie, des confins de la grande muraille de Chine, il verra accourir, de siècle en siècle, vague après vague, les hordes invincibles des populations turques et mongoles [1].

En outre, l'étude, passionnante pour l'historien et le psychologue, du rapprochement et de l'union de types humains différents, n'est pas possible dans toutes les parties de cet ouvrage. Sans doute il y a eu fusion entre Romains et Goths d'Espagne, d'une part, Arabes et Maures, de l'autre, mais très partielle, et c'est moins cette fusion que l'antagonisme, portant surtout sur deux concepts religieux, qui constitue l'intérêt du sujet. Pour les Scandinaves, au contraire, Danois et Norvégiens, leur absorption par les indigènes est rapide et complète, tant en France qu'en Angleterre, en Ecosse, en Irlande. Par contre le monde slave, le monde finnois (les Hongrois), le monde turco-mongol ne se rapprochent nullement des populations antérieures : les nouveaux-venus les détruisent et, autant qu'il est en leur pouvoir, se substituent à elles.

C'est ce qui explique que l'Europe orientale, centrale même, a son visage entièrement renouvelé. Des vieilles populations, civilisées ou barbares, illyriennes et pannoniennes, daces, thraces, sarmatiques, etc., que subsiste-t-il ? L'historien a peine à en recueillir quelques survivances. Par contre, du chaos surgissent des nations nouvelles : Bulgarie, Serbie, Croatie, Hongrie, Bohême et Moravie, Pologne, Lithuanie, Russie, etc. Mais il n'en est pas qui conserve à travers les siècles son individualité. Du XIIIe au XVIe siècle ces nations sont absorbées par des dominations puissantes : empire des Habsbourg, empire des Tsars, empire des Turcs ottomans.

Ont-elles conservé sous un joug qui a duré plusieurs siècles un véritable sentiment national ? Le problème devait être posé, car la nationalité virtuelle est à la base de la nouvelle constitution de l'Europe, telle qu'elle résulte des traités de paix qui s'échelonnent de 1919 à 1923. Pour le résoudre point n'était nécessaire de faire l'histoire détaillée de chacun de ces pays, entreprise excédant et les forces d'un seul homme et la patience du lecteur. Il était suffisant d'indiquer, et rapidement, les étapes de la perte de [9] l'indépendance et de marquer le progrès des efforts tentés, au cours du XIXe siècle et au début du XXe, dans la voie de la rénovation d'un sentiment national, même s'il était impuissant à se traduire sous la forme d'État autonome.

L'année 1913 marquait donc le terme naturel d'un essai qui vise surtout à former une introduction à l'étude des derniers traités de paix. Mais l'intelligence de ces traités est-elle vraiment possible, si on ne les voit pas reliés au passé dans l'ouvrage même qui tente d'exposer ce passé ? Où trouver, en langue française du moins, un mémento traitant, sinon de la totalité, du moins des plus importants d'entre eux ? Sans doute, chacun de nous, est à même de posséder la connaissance d'un, de deux, de trois traités. Mais, s'il ne peut avoir un coup d'œil d'ensemble, la tendance générale, l'esprit des traités, ne seront pas véritablement saisis. De ces traités nous n'avons retenu naturellement que ce qui intéresse notre dessein : la nationalité.

Ces traités, à leur tour, sont en rapport intime avec les résultats de la Grande Guerre et des luttes qui l'ont suivie jusqu'en 1921 et 1922. Il était donc utile de rappeler, au moins succinctement, les vicissitudes de la Guerre.

Nous nous sommes donc laissé entraîner à ajouter à ce deuxième ouvrage une rallonge qui n'entrait pas tout d'abord dans notre plan. Son insuffisance même peut donner au lecteur le désir de trouver mieux et nous lui en offrons, dans la mesure, la possibilité, en le renvoyant à quelques bons ouvrages.

La bibliographie a été le tourment de l'auteur.

Il ne pouvait songer à lire l'ensemble des travaux consacrés aux sujets qu'il embrassait. Il lui eût fallu, même en négligeant les recherches de détail, qui sont en nombre incommensurable, étudier plusieurs milliers d'ouvrages rédigés dans toutes les langues de l'Europe et une partie de celles de l'Asie. Une existence de plusieurs siècles n'eût pas suffi. Force était de se contenter des travaux fondamentaux écrits dans les langues les plus accessibles à un Occidental.

Toutefois l'auteur ne se dissimule pas que sa bibliographie est de valeur fort inégale. Il s'est efforcé, en tête de chaque subdivision, de renvoyer aux travaux essentiels en toute langue, mais, en bien des occasions, il a été impossible que des œuvres de valeur ne lui aient pas échappé. Le lecteur s'en apercevra très vite. Cependant que ce lecteur ne soit pas trop sévère. Ces méprises ou ces lacunes n'entament pas le fond et c'est souvent à dessein [10] que nous avons laissé en blanc le bas des pages. Sauf pour les problèmes d'origine, il était inutile au dessein de cet ouvrage qu'il s'encombrât d'un trop long bagage de citations. Est-il besoin d'accumuler de la bibliographie pour rappeler au lecteur que Constantinople a été prise par les Turcs en 1453 ?

Ce qu'on pourrait craindre c'est que le choix des ouvrages cités — puisque le choix s'impose — soit partial. On s'est efforcé d'éviter cet écueil en renvoyant souvent à des livres en langue étrangère, aussi bien qu'en français, sans oublier cependant que ces derniers doivent être signalés particulièrement comme plus accessibles au lecteur de langue française auquel nous nous adressons plus spécialement. Autant que possible nous avons écarté les brochures et ouvrages de circonstance, nés au cours de la guerre ou pendant les pourparlers ayant précédé les traités, ne retenant que ceux qui fournissent un renseignement utile.

Enfin l'auteur n'a pas cru devoir s'abstenir de porter, chemin faisant, des jugements, parfois sévères, sur les hommes et les choses. Distinguer le bien du mal, séparer le faux du vrai, est le premier devoir de l'historien.

Paris, Ier mars 1937.

Ferdinand Lot.



[1] Nous avons renoncé à parler de l'établissement des Scots en Grande-Bretagne et des Bretons sur le continent. Ces établissements sont intimement unis à l'histoire de l'Ecosse, de l'Angleterre, de la France, Pour le lecteur curieux de quelque détail on se permettra de renvoyer aux pages consacrées par nous à ce sujet au tome premier de l’Histoire générale de l'Europe, publiée sous la direction de Gustave Glotz (1935).


Retour au texte de l'auteur: Jean-Marc Fontan, sociologue, UQAM Dernière mise à jour de cette page le mardi 17 mai 2016 15:50
Par Jean-Marie Tremblay, sociologue
professeur associé, Université du Québec à Chicoutimi.
 



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