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Collection « Les auteur(e)s classiques »

Cesare Lombroso (1835-1909), L’homme criminel. Étude anthropologique et psychiatrique. (1887)
Préface
Ch. Létourneau


Une édition électronique réalisée à partir du texte de Cesare Lombroso (1835-1909), L’homme criminel. Étude anthropologique et psychiatrique. Traduit sur la quatrième édition italienne par MM. Régnier et Bournet et précédé d'une préface du Dr Ch. Létourneau. Paris: Ancienne Librairie Germer Baillière  et  Cie, Félix  Alcan, Éditeur, 1887, 682 pp. [Merci à Mme Maristela Bleggi Tomasini, avocate, Porto Alegre - Rio Grande do Sul - Brasil de nous avoir prêté cet ouvrage précieux.] Une édition numérique réalisée par Marcelle Bergeron, bénévole, professeure retraitée de l'École polyvalente Dominique-Racine de Chicoutimi, Ville de Saguenay.

Préface
Ch. Létourneau.

Les éditeurs de cet ouvrage ont bien voulu me charger de le présenter au public français, mais c'était prendre un soin presque inutile. L’Uomo délinquante a eu trois éditions en Italie et il est connu en Europe de tous ceux qu'intéresse la philosophie du droit pénal. Néanmoins j'essayerai de reconnaître l'honneur qui m'a été fait, en résumant l'idée générale du livre de M. Lombroso.

Mais, pour bien comprendre cette idée, il est nécessaire de connaître l'origine et l'évolution du sentiment de justice, inné aujourd'hui chez la plupart des civilisés. Comme toutes les origines, celle-ci est fort simple ; le premier mobile, qui a suscité, dans la conscience de nos sauvages ancêtres, un vague sentiment de justice, a été simplement la nécessité de se défendre, la détente réflexe, qui, chez l'homme et l'animal, fait instinctivement rendre coup pour coup. Chez l'animal, il en résulte des actes machinalement exécutés et ne laissant dans la conscience que des traces fugitives. Chez l'homme, si grossier qu'il soit, mais vivant en société, la répétition des agressions et des résistances finit par donner l'idée de contrebalancer plus ou moins exactement les torts subis et les vengeances assouvies.

Alors se formula la grande loi de la justice primitive, la loi du talion, si bien résumée dans l'adage sémitique : œil pour œil, dent pour dent. Cette loi du talion, nous la retrouvons dans le temps et dans l'espace, chez toutes les races peu développées. En Australie, on rachète un crime, un tort plutôt en permettant à la personne offensée ou à ses ayants-droit de donner à l'offenseur des coups de lance dans telle ou telle partie du corps, suivant la nature et l'importance du dommage causé. Avec plus ou moins de simplicité cette forme primitive de la justice existe dans toutes les sociétés sauvages ou barbares. Le talion n'est pas seulement un droit, il est un devoir. Honte et déshonneur à qui ne tire pas vengeance des torts, dommages ou offenses infligées à lui ou aux siens. Quand la communauté ou plutôt les chefs, qui la représentent revendiquent ou s'arrogent le droit de punir et surtout de recevoir les compensations considérées comme les équivalents des délits et des crimes, la conscience publique proteste longtemps et les mœurs font échec à la justice légale. Le droit de vengeance personnelle a du reste laissé des traces dans la plupart des codes écrits. L'article 324 du Code Napoléon déclare, encore, que le plaignant peut attaquer et tuer, sans autres formes de procès, l'homme qui se tient enfermé chez lui avec la femme, la fille ou la sœur du dit plaignant.

Mais, même alors que le droit de vengeance est ôté aux particuliers, le pouvoir légal qui se substitue à leurs revendications se comporte, à peu près, comme le feraient les plaignants eux-mêmes ; la Loi n'est guère alors que l'expression de la vindicte sociale ; ce qui importe, c'est de châtier le délinquant, de le faire souffrir. Les peines légales commencent par être atroces ; la mort est prodiguée ; mais la mort ne suffit pas ; il faut que l'homme réputé coupable souffre. Dans notre moyen-âge européen, on a prodigué sans mesure les mutilations et les tortures : l'amputation du nez, des oreilles, des lèvres, de la langue, la roue, le bûcher, l'écartèlement. Les faux-monnayeurs étaient bouillis dans l’huile ; aux coupables de haute-trahison on ouvrait le ventre et on en arrachait les entrailles pour les brûler. Les prisons étaient horribles. Les détenus, parfois enfermés dans des cages de fer à dessein trop petites, étaient chargés de chaînes d'un poids énorme, de colliers de fer, etc. ; on ne leur devait et on ne leur donnait que du pain et de l'eau. Enfin on se faisait un jeu de la question, de la torture, appliquée souvent sur de simples indices. On châtiait pour châtier. Mais tout cet affreux passé est d'hier et l'esprit en est encore vivant dans nos codes modernes et dans la conscience des juges qui les appliquent.

Ce sont des doctrines métaphysiques, virtuellement ruinées par les progrès de la science, qui mettent à l'aise la conscience des juges et des législateurs. En dépit des faits, qui protestent avec éclat, on enseigne et l'on affirme que l'homme est libre, toujours libre, d'accomplir ou non tel ou tel acte. Commet-il des actes réputés immoraux ou illégaux, c'est méchanceté pure, et la transgression commise exige une punition, une vengeance plutôt. Cette vengeance est-elle utile, inutile ou même nuisible au corps social ; ce sont là des questions dont on n'a guère souci, surtout dont jusqu'ici on ne s'est guère préoccupé. Sans doute la pénalité est devenue moins sauvage, grâce au général adoucissement des mœurs, mais elle n'en est pas plus clairvoyante ; toujours elle s'inspire d'un vague sentiment de justice, d'une colère légale, écho affaibli l'antique talion des ancêtres.

J'entends parler, bien entendu, de la justice officielle, car la grande évolution intellectuelle, qui rapidement nous entraîne, s'est fait sentir dans ce domaine ; comme dans tous les autres. L'investigation scientifique a scruté et mis à nu les origines de nos idées, de nos sentiments de justice et des lois répressives, qui en sont résultées. L'antique philosophie du droit pénal nous fait aujourd'hui pitié. Le libre arbitre et la vengeance ; cela constitue une base bien fragile et un but bien misérable. Nous savons que, quoiqu'il arrive et quel qu'il soit, l'homme obéit toujours et fatalement au mobile le plus fort ; nous pensons, d'autre part : que, si la société a incontestablement le droit de se défendre, il est dans tous les cas indigne d'elle de se venger : que la répression pénale ne peut et ne doit être dictée que par des raisons d'utilité sociale scientifiquement démontrée.

L'antique science juridique se bornait à compulser et à commenter les textes. Une nouvelle école est née, l'école anthropologique, qui, laissant de côté les codes et les formules, s'est mise à étudier l'homme au point de vue de la criminalité. C'est l'école d'anthropologie juridique ou criminelle ; elle a de distingués représentants dans tous les pays d'Europe ; elle en a surtout en Italie où MM. Lombroso, Garofalo, Ferri, etc., ont créé toute une littérature spéciale et a jamais ruiné les théories vénérables et vermoulues de l'ancienne criminalité.

Cette enquête scientifique, minutieusement faite et longtemps continuée a mis en lumière un fait de la plus haute importance : l'existence d'un type humain voué au crime par son organisation même, d'un criminel-né, formant les gros bataillons de ce que l'on a métaphoriquement appelé « l'armée du crime ». C'est à la description, à l'étude de ce criminel-né, au triple point de vue physique, moral et intellectuel, qu'est consacré le présent ouvrage.

Le criminel complet, réunissant la plupart des caractères de son type, a généralement une faible capacité crânienne, une mandibule pesante et développée, une grande capacité orbitaire et un indice orbitaire analogue à celui des crétins, des arcades sourcilières saillantes. Son crâne est souvent anormal, asymétrique. La barbe est rare ou absente, mais la chevelure est abondante. L'insertion des oreilles est communément en anse. Assez souvent le nez est tordu ou camus. La physionomie est d'ordinaire féminine chez l'homme, virile chez la femme. La saillie mongoloïde des arcades zygomatiques n'est pas rare.

Les criminels sont sujets au daltonisme ; la proportion des gauchers est, chez eux, triple. Leur force musculaire est faible, à la main et à la traction, mais ils sont fréquemment d'une extraordinaire agilité.

Les dégénérescences alcooliques ou épileptiques les frappent dans une large proportion.

Les éléments histologiques de leurs centres nerveux sont dans une grande mesure atteints de pigmentation, de dégénération calcaire, de sclérose, etc.

Ils rougissent difficilement et toutes les variétés de la sensibilité sont, chez eux, plus obtuses.

Leur déchéance morale correspond à leur déchéance organique : ce sont des fous moraux.

Leurs tendances criminelles se manifestent dès l'enfance par l'onanisme, la cruauté, le penchant au vol, une excessive vanité, la ruse, le mensonge, leur aversion pour les habitudes de famille, leur rétivité à l'éducation, leur caractère impulsif. Ces traits moraux persistent et donnent au criminel adulte une physionomie mentale toute particulière. Le criminel-né est envieux, vindicatif ; il hait pour haïr ; il est indifférent aux punitions et sujet à des explosions de fureur sans cause, qui parfois sont périodiques.

Le criminel-né est paresseux, débauché, imprévoyant, mobile et poltron, joueur.

Il n'est pas susceptible de remords et souvent s'abandonne avec joie à ses instincts coupables.

Les criminels ont un vif et précoce amour pour le tatouage, qui est souvent cynique et pratiqué même sur les organes sexuels.

Leur écriture, quand ils savent écrire, est souvent toute particulière ; leur signature compliquée, ornée d'arabesques.

Les argots des criminels, très-répandus et très-analogues dans les divers pays, ont pour principaux caractères les abréviations et la tendance à désigner les objets par un de leurs attributs ; malgré leur apparente mobilité, ces argots sont pleins d'archaïsmes.

Dans leurs associations, les criminels reviennent aux formes sociales primitives, à la dictature et à des codes draconiens.

J'ai résumé, aussi brièvement que possible, les grands résultats des belles études contenues dans le livre de Mr C. Lombroso. Que, par bien des traits, le portrait du criminel-né rappelle celui des races inférieures, on ne le saurait nier. À quelles causes générales faut-il attribuer la persistance, au sein des sociétés dites civilisées, de ce type inférieur, criminel ? À l'atavisme ? Sûrement. Il n'est plus douteux que nous descendions d'ancêtres aussi grossiers, aussi sauvages que les plus arriérées des races contemporaines ; et nous savons que, dans les sociétés primitives, la plupart des actes, aujourd'hui réputés criminels, sont parfaitement licites et même parfois admirés. En Sanscrit, nous dit Pictet, il existe une centaine de racines rien que pour exprimer l'idée de tuer et de voler. Mais l'atavisme n'explique pas tout. Beaucoup de traits caractéristiques du criminel-né sont pathologiques. Ce sont des arrêts de développement ou des dégénérescences.

Contre les retours ataviques nous sommes désarmés, mais en est-il de même contre la dégénération alcoolique ou épileptique ? Nullement. Ici les facteurs nuisibles sont d'ordre social et par conséquent nous avons prise sur eux.

Mais voyons d'abord quelles conséquences pratiques M. Lombroso et son école tirent de leurs intéressantes enquêtes.

Tout d'abord ils constatent l'impuissance des mesures répressives et du régime pénitencier en vigueur dans la plupart des états civilisés. Rien, en effet, ne proclame plus haut cette impuissance que le chiffre des récidives, toujours croissant à mesure qu'on est plus habile et plus soigneux à les enregistrer et qui atteint 40°% en France (1877-78) et 70 % en Belgique.

Considérant le criminel-né, comme absolument incorrigible, la nouvelle école d'anthropologie juridique réclame hardiment pour lui la détention perpétuelle, et en même temps l'abolition des mises en liberté provisoire et du droit de grâce. L'on me semble aller ici un peu loin. Il importe, je crois, de ne pas remplacer la sauvage et inintelligente cruauté des vieux codes par une sorte de dureté impitoyable, décrétée au nom de la science. L'incurabilité d'un bon nombre de criminels n'est pas encore suffisamment démontrée et elle ne le sera pas avant que, suivant le vœu très-sensé de M. Lombroso, on n'ait soigné et traité les criminels-nés dans des asiles spéciaux, analogues à nos asiles d'aliénés.

Actuellement, dit M. Lombroso, l'instruction donnée dans nos établissements pénitentiaires n'a d'autre effet que de mieux armer le criminel et d'augmenter le nombre des récidives, car c’est une instruction purement alphabétique et tout-à-fait insuffisante. Sur ce point M. Lombroso me semble avoir entièrement raison et sa critique porte plus loin que les écoles pénitentiaires. La proportion plus grande des délits frauduleux, des empoisonnements, etc., au sein des classes dites éclairées prouve assez que l'alphabet ne fait pas de miracles et que l'éducation intellectuelle a besoin d'être doublée par l'éducation morale.

La nouvelle école propose, encore, et ici on ne saurait que l'approuver, de corriger l'insuffisance des mesures répressives actuelles par ce que M. Ferri appelle les sostitutivi penali, savoir : par de bonnes lois sur la production et le débit de l'alcool, sur le divorce, par la diffusion des écoles laïques avec maîtres mariés ; par des récompenses accordées aux actions vertueuses, des taxes mises sur les comptes-rendus des procès criminels ; par l'établissement d'asiles pour l'enfance, etc., etc.

À coup sûr tout cela est aussi louable que désirable, mais il y faut joindre une réforme profonde et intelligente du régime pénitentiaire et des réformes sociales non moins radicales, si l'on veut combattre le mal à la fois dans ses effets et dans ses causes.

La nouvelle école me semble trop portée à considérer le récidivisme, comme une incurable plaie. Pourtant M. Lombroso constate lui-même, mais sans s'y arrêter, que le système de la pénalité graduée et individualisante (Zwickau-Irlande) réduit la proportion des récidives à 10 % et même moins, à 2,68 %. Mais ramener la proportion des récidives à 2,68, cela équivaut presque à les faire disparaître ; cela démontre en outre que les criminels-nés, absolument incorrigibles, sont en assez petit nombre.

À ce sujet, je ne puis que reproduire quelques réflexions, qui me furent inspirées jadis par une visite au pénitencier de Neuchâtel (Suisse) : « Nos criminalistes enragés, nos législateurs inexpérimentés, pour qui la punition du criminel est une représaille, une vengeance sociale, tous ces esprits légers ou étroits, à qui il ne faut pas se lasser de répéter que, suivant l'expression de Quételet, c'est la société qui prépare les crimes ; tous ces aveugles pilotes des états modernes, pour qui l'homme n'est ni modifiable, ni éducable, qui mettent partout la sentimentalité et la routine à la place de l'utilité sociale, pourraient voir, tout près de nous, au pénitencier de Neuchâtel, ce que l'on peut obtenir avec le système si humain et si scientifique de W. Crofton. Là, bien loin de considérer le condamné comme un réprouvé, on s'applique à éveiller dans son cœur l'espérance, à lui montrer que l'on ne ressent contre lui ni haine, ni colère, à lui bien persuader qu'il est, dans une large mesure, l'arbitre de son sort. On le traite, non pas comme un monstre qui doit souffrir et expier, mais comme un malade, comme un ami égaré, que l'on veut remettre dans le bon chemin. On l'instruit ; on l'élève moralement ; on lui donne une profession ; on le fait passer graduellement de la prison cellulaire à la libération conditionnelle avec surveillance bienveillante. En un mot, on en fait un homme. Seulement à cette besogne, il faut des philanthropes éclairés ; il est plus commode de n'avoir que des geôliers ».

Cela, c'est le régime curatif. Le vrai régime préventif ne saurait consister que dans de profondes réformes sociales. Le criminel-né serait sûrement très-rare, s'il n'était créé par la société elle-même. Ses grands facteurs sont la misère et l'alcoolisme. Or, ces deux fléaux sont en corrélation étroite avec l'inégale répartition des richesses, considérablement aggravée par le triomphe et l'extension de la grande industrie.

Dans un rapport quasi-officiel, MM. Cardani et Massara nous ont appris que le paysan lombard, le famiglio, n'a qu'un salaire journalier de fr. 0,80, avec lequel il lui faut vivre, lui et sa famille. Nous savons, d'autre part, qu'il y a, en Lombardie, des centaines de milliers de femmes, filant huit heures par jour et gagnant 1 franc par semaine. M. Romuzzi, de Milan, affirme que, dans la province de Côme, 1 900 enfants au-dessous de neuf ans travaillent jusqu'à quinze heures par jour, moyennant un salaire de 10 à 15 centimes.

Ces faits ne sont pas spéciaux à l'Italie. Rien ne serait plus facile que d'en trouver d'équivalents et en plus grand nombre dans les autres pays civilisés où le régime industriel triomphe plus cruellement encore.

La statistique nous apprend que des millions de prolétaires européens ne consomment pas, chaque année, 25 kilogr. de viande par personne, que le nombre des indigents va croissant toujours et en même temps le chiffre de la consommation alcoolique.

En résumé, nous savons tous que notre salarié moderne est souvent plus abandonné, plus misérable, plus sacrifié que l'esclave antique. À défaut de sentiments humanitaires, le propriétaire de ce dernier lui portait au moins le genre d'intérêt que l'on a pour un animal domestique, représentant une certaine valeur.

Je m'arrête, n'ayant point ici à insister sur ces graves questions.

Que le nombre des criminels-nés puisse être plus ou moins diminué par des mesures préventives ou curatives, ce type n'en existe pas moins et tout le monde en sera convaincu, après avoir lu les belles, minutieuses, ingénieuses et consciencieuses études de M. Lombroso.

J'ai cru devoir indiquer, en passant, quelques-unes des réflexions, qui ne peuvent manquer de susciter cette intéressante lecture, mais elle en peut susciter bien d'autres. L'espace me manque pour m'y arrêter. Elles naîtront, d'ailleurs, spontanément dans l'esprit des lecteurs de ce livre.

CH. LÉTOURNEAU


Retour au livre de l'auteur: Enrico Ferri Dernière mise à jour de cette page le mercredi 15 février 2006 20:12
Par Jean-Marie Tremblay, sociologue.
 



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