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Collection « Les auteur(e)s classiques »
L'expérience mystique et les symboles chez les primitifs. (1938)
Avant-propos par Lucien Lévy-Bruhl

Une édition électronique réalisée à partir du livre de Lucien Lévy-Bruhl (1938), L’expérience mystique et les symboles chez les Primitifs. Paris : Librairie Félix Alcan, 1938, 314 pages. Collection Travaux de l’année sociologique.

Avant-propos

par Lucien Lévy-Bruhl

Au seuil de ce livre, afin que l'on ne s'étonne pas de ne pas y trouver ce que je n'ai pas voulu y. mettre, il peut être utile d'en délimiter le sujet avec plus de précision que n'en comporte le litre. Je n'ai prétendu traiter de l'expérience mystique et des symboles chez les primitifs qu'en fonction de leur mentalité. Le problème posé est le suivant : Quels sont les caractères propres à celle expérience et à ces symboles, et l'explication ne doit-elle pas en être cherchée dans l'orientation mentale et le tour d'esprit des primitifs ?

Dans ce travail, suite naturelle des ouvrages précédents, je ne pouvais nie départir de la façon de formuler les questions ni de la méthode générale que j'ai observées jusqu'à présent. J'ai donc eu soin de ne pas prendre d'avance pour accordé que l'expérience mystique et les symboles soient, chez les primitifs, à peu de chose près, du type auquel nous sommes accoutumés dans nos civilisations occidentales. Je me suis efforcé, au contraire, de me garder de toute interprétation préalable, et en particulier de celle qui se trouve impliquée dans une altitude si spontanée qu'elle est prise sans réflexion et gardée sans critique. Seule celle constante défiance de soi-même peul laisser espérer que l'on n'admettra rien qui ne soit fondé sur la description des faits et sur leur analyse comparative.

Par suite, bien que la présente étude n'ail d'autres matériaux que des observations recueillies sur le terrain par des ethnologues formés à bonne école et par d'autres témoins dignes de foi, elle ne relève pas moins de la sociologie et de la psychologie que de l'ethnologie. Je ne me propose pas d'exposer dans une élude historique et technique les multiples symboles de telle ou telle société primitive, de quoi ils sont faits, quelles formes ils ont successivement revêtues, etc., ni, non plus, comment l'expérience mystique s'y est développée et diversifiée, et quelle part lui revient dans les croyances et les cultes. Cet immense domaine appartient aux spécialistes de l’ethnologie et de l'histoire des religions. On ne trouvera ici qu'un simple essai d'introduction générale à ces recherches. Si elles tiennent compte de l'orientation propre à la mentalité primitive, ce travail ne leur sera peut-être pas inutile.

J'ai dû continuer à faire usage des deux termes « primitifs » et « mystique » qui ont prêté à tant de confusions. Une fois de plus, j'essaierai de prévenir toute équivoque à leur sujet. « Primitifs », au sens littéral, impliquerait que les hommes ainsi désignés sont beaucoup plus près que nous de la condition humaine originelle, et qu'ils représentent, dans le monde actuel, ce que furent nos ancêtres les plus éloignés. C'est là une vue de l'esprit, liée à l'hypothèse évolutionniste, mais que l'on serait bien embarrassé de confirmer par des faits. Si je persiste à employer « primitifs », pour me conformer à l'usage courant, c'est en spécifiant que je me sers là d'un terme conventionnel. Il désigne commodément, en gros, ce que l'oit appelait jadis les « sauvages », qui ne sont ni plus ni moins primitifs que nous, et dont les mœurs et les institutions, différentes des nôtres, sont considérées comme inférieures ou attardées.

Quant à « mystique », le sens où je prends ce mol apparaîtra sans peine, dès l'Introduction. Dans les Fonctions Mentales, il m'a déjà servi à désigner le caractère peut-être le plus essentiel de la mentalité primitive. Je ne m'étais pas résolu sans appréhension à l'adopter, et j'essayais de parer d'avance aux malentendus dont il pouvait devenir l'occasion. « J'emploierai ce terme, disais-je, faute d'en trouver un meilleur, non pas par allusion au mysticisme religieux de nos sociétés qui est quelque chose d'assez différent, niais dans le sens étroitement défini où « mystique » se dit de la croyance à des forces, à des influences, à des actions imperceptibles aux sens et cependant réelles. » Les ouvrages publiés depuis 1910 se sont tenus à celle définition du mot, nécessairement imparfaite et préliminaire.

Aujourd'hui encore elle nie servira de point de départ, ou, si l'on veut, d'entrée en matière, pour ce travail où je tente d'approfondir ce qu'est l'expérience mystique chez les primitifs, et d'en montrer l'importance dans leur vie individuelle et sociale.

Retour à l'auteur: Lucien Lévy-Bruhl Dernière mise à jour de cette page le dimanche 23 avril 2006 12:46
Par Jean-Marie Tremblay, sociologue.
 



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