René Le Senne, OBSTACLE ET VALEUR. La description de conscience


 

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Collection « Les sciences sociales contemporaines »

OBSTACLE ET VALEUR. La description de conscience. (1934)
Analytique


Une édition électronique réalisée à partir du texte de René Le Senne [1882-1954], OBSTACLE ET VALEUR. La description de conscience. Paris: Fernand Aubier, Éditeur, 1934, 351 pp. Collection: Philosophie de l’esprit. Une réalisation de Réjeanne Toussaint, bénévole, Chomedey, Ville Laval, Québec.

Analytique

La philosophie est la description de l'expérience. - Pour commencer l'étude de celle‑ci par ses aspects universels, il faut reconnaître qu'elle comporte de la multiplicité, des unités et des absences ; et que cela ne se pourrait si, en face des unités dans l'expérience, il n'y avait l'unité de l'expérience. C'est le je, dont l'universalité et la sublimité expriment l'omniprésence.

À sa limite inférieure de pauvreté, le je ne serait qu'une unité vide d'aperception. En tant qu'il embrasse et entraîne le contenu de l'expérience, il constitue la spontanéité naïve, dont l'essence est l'indivision, presque parfaite. - L'expérience fait pressentir et permet ultérieurement de comprendre que la spontanéité naïve doive finir par s'amortir ; et il ne faut pas la confondre avec la gloire de l'Esprit.

L'émergence d'un obstacle fêle le je. Avec lui apparaissent la discontinuité dans l'expérience et le dédoublement essentiel à la conscience. - Objectivement, le contenu de l'expérience se subdivise en détermination et valeur ; subjectivement, en je de la détermination ou moi, et le je de la valeur, ou Dieu. Toute détermination est localisée, relativement opaque et claire, toujours insuffisante. Non seulement elle en appelle d'autres, mais elle influe sur l'existence, par laquelle, dans les limites définies par sa situation et sa structure, le moi participe de la valeur. Celle‑ci, atmosphérique, introduisant, doucement ou violemment, l'infini au cœur [6] des âmes, suffisante, déborde tout ce qu'il y a de négatif dans la détermination.

Puisque l'unité du je, qui permet la distinction, l'empêche de devenir radicale, déterminations et valeur doivent se contaminer. Leur solidarité s'exprime déjà à l'intérieur du moi, qui est toujours la relation idéo-existentielle d'un détail, meublant la conscience claire, permettant la communication entre les hommes, et d'une intimité, lui donnant le sentiment absolu d'existence.

Cette relation n'est que l'expression individualisée du double cogito, qui unit, indissolublement, sinon identiquement, le moi et Dieu. Le sérieux de la vie consiste dans le choix intime, transcendant à la nature et à la société, secret et complet, indépendant du temps et toujours à renouveler, par lequel le moi se livre à la détermination ou s'ouvre par l'amour de la valeur au bonheur et à la bienfaisance, se naturalise ou se spiritualise.

Dans le premier cas, le double cogito s'oriente vers l'extériorité. Le moi se fait de plus en plus énergie passionnelle et inertie matérielle ; et il devient un objet pour Dieu, qui déserte son intimité et se retire insensiblement dans la solitude de Dieu-sans-nous, pendant que l'ombre grandissante de son absence obscurcit l'expérience. Dans le second cas, la détermination n'intervient plus que pour médiatiser la communion de Dieu-avec-nous et du moi dans la valeur. La volonté nous rend dignes de cette union, en écartant les dialectiques de séparation, qui ne peuvent engendrer que le mépris de l'homme pour lui‑même et la compétition des ambitions égoïstes.

La description confirme ces analyses en reconnaissant cette dialectique dans les trois phases de l'expérience humaine : l'urgence, dans laquelle la détermination joue contre nous, la connaissance froide, qui ne peut avoir que la valeur d'une médiation abstraite, l'inspiration, où s'unissent la paix, qui est la convergence des [7] déterminations, et l'ardeur, qui est l'infusion ou l'irruption de la valeur en nous.

À partir de ces données, la description de conscience, à la lois idéelle et émotionnelle, devra faire une enquête de plus en plus minutieuse, dont le programme peut être esquissé. Et d'abord elle inaugurera une description transcendantale, dont l'objet sera de reconnaître les démarches, par lesquelles se spécifie la surrelation de la détermination et de l'intimité.



Retour au texte de l'auteur: Jean-Marc Fontan, sociologue, UQAM Dernière mise à jour de cette page le lundi 18 octobre 2010 16:33
Par Jean-Marie Tremblay, sociologue
professeur de sociologie au Cégep de Chicoutimi.
 



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