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Collection « Les auteur(e)s classiques »

Louis LAVELLE, LA DIALECTIQUE DU MONDE SENSIBLE. (1954)
Préface de la deuxième édition


Une édition électronique réalisée à partir du texte de Louis LAVELLE  (1883-1951), LA DIALECTIQUE DU MONDE SENSIBLE. Paris: Les Presses universitaires de France, 2e édition, avec notes complémentaires de l’auteur, 1953. Impression, 1954, 273 pp. Collection: Bibliothèque de philosophie contemporaine. Une édition numérique réalisée par un bénévole qui souhaite conserver l'anonymat sous le pseudonyme “Antisthène”, un ingénieur à la retraite de Villeneuve sur Cher, en France.

[39]

La dialectique du monde sensible.

Préface de la deuxième édition


Au moment où l’on nous demande de publier une nouvelle édition de cet ouvrage publié il y a trente ans, nous ne pouvons nous défendre d’une appréhension qui nous invite à faire un retour sur nous-même et un examen de conscience. Car nous mesurons l’étendue du chemin que nous avons parcouru et nous ne pouvons nous empêcher de nous demander dans quelle mesure ce premier travail contenait en germe les prémisses d’une pensée qui devait trouver tout son développement dans notre Dialectique de l’éternel présent et dans notre Traité des valeurs ; dans quelle mesure aussi nous avons pu ensuite l’infléchir, la rectifier ou même lui être infidèle. Cette seconde préface est destinée à définir la perspective dans laquelle nous embrassons aujourd’hui le spectacle que nous nous faisions alors du monde représenté, la place qu’il occupe encore dans notre système métaphysique, les prolongements qu’il a reçus, les corrélations ou les amendements qu’il a suscités dans notre esprit. Ainsi celui qui se retourne vers sa vie passée y découvre une image de lui-même qui peut le surprendre, mais dont il s’aperçoit bientôt avec émerveillement qu’à travers toutes les déformations qu’elle a pu subir, c’est en elle qu’il retrouve sa propre essence, dans une sorte de simplicité dépouillée et de puissance dynamique qu’elle a perdues à mesure qu’elle trouvait des formes de manifestation plus nombreuses et plus complexes.

Ce livre est un livre écrit pendant la captivité, c’est-à-dire dans une situation où la conscience, délivrée de toutes les attaches familiales, professionnelles ou sociales se trouvait réduite à un état de dépouillement et de solitude particulièrement propice, si elle ne se laissait pas submerger par le regret ou l’ennui, à la concentration de l’esprit sur lui-même, à cet affrontement du moi avec l’existence qu’il a reçue, à l’intérieur d’un monde qui se déploie devant lui, mais où il n’y a rien pourtant qu’il ne puisse [40] discerner et éprouver autrement que comme une résonance de ses puissances les plus secrètes. Au-delà de l’enseignement kantien que nous avions reçu et peut-être grâce à cet enseignement, notre pensée s’était fixée depuis longtemps sur l’être de notre propre moi, qui ne peut être à aucun degré l’être d’un objet puisque tout objet est extérieur au moi et n’étant rien que pour lui et par rapport à lui, est toujours l’être d’un phénomène — même quand il s’agit de ce propre moi considéré comme un objet dit intérieur mais dont la conscience se détache afin de s’y appliquer et doit être défini comme un être-acte dont la réalité cependant n’est pas purement formelle, puisqu’il ne s’épuise pas dans l’acte de la connaissance, mais qu’il est une liberté par laquelle j’assume ma propre existence et deviens le principe de mes propres déterminations. Avec la liberté qui n’est rien sans la conscience de la liberté et qui forme l’essence de la conscience elle-même, par opposition à la connaissance qui porte toujours sur un objet, je pénètre dans un monde différent du monde des phénomènes, et qui peut bien être nommé le monde de l’être s’il est vrai qu’il n’y ait rien qui ne soit identique à sa propre essence, adéquat à sa propre genèse et incapable par conséquent de postuler aucun terme plus secret et plus profond dont il serait l’apparence ou le phénomène.

Pourtant cette découverte du moi ne va-t-elle pas enfermer le moi dans une solitude dont il sera à jamais incapable de sortir ? Et l’être de soi, s’il est genèse de soi, n’est-il pas irrémédiablement séparé de tout autre être, qui doit être défini à son tour par la genèse de soi, mais dont il faut dire non seulement que toute connaissance nous est refusée mais encore que toute communication avec lui nous est impossible. Cependant...



Retour au livre de l'auteur: Louis Lavelle (1883-1951) Dernière mise à jour de cette page le mardi 18 février 2014 16:04
Par Jean-Marie Tremblay, sociologue
professeur de sociologie retraité du Cegep de Chicoutimi.
 



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