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Collection « Les auteur(e)s classiques »

Louis LAVELLE, CARNETS DE GUERRE 1915-1918. (1985)
Introduction


Une édition électronique réalisée à partir du texte de Louis LAVELLE  (1883-1951), CARNETS DE GUERRE 1915-1918. Introduction de M. et C. Lavelle. Québec: Les Éditions du Beffroi; Paris: Société d’Édition Les Belles-Lettres, 1985, 404 pp. Une édition numérique réalisée par un bénévole qui souhaite conserver l'anonymat sous le pseudonyme “Antisthène”, de Villeneuve sur Cher, en France.

[7]

Carnets de guerre 1915-1918

Introduction

[8]

[9]

Louis Lavelle naît en 1883 dans un petit village du sud-ouest de la France, où son père est instituteur, et passe son enfance, jusqu’à sept ans, dans cette campagne où la petite propriété de sa mère est encore exploitée. Puis, ses parents ayant gagné la ville, il fait ses études secondaires au lycée de Saint-Étienne, après quelques années passées à Amiens. Il est soutenu par une famille très unie, par son père, esprit libéral et très ouvert, et par sa mère, femme intelligente et énergique, et d’une grande rigueur morale. Il a une sœur, de deux ans plus jeune. Une profonde affection les unit.

Dès la classe de philosophie, Lavelle s’enthousiasme et sa vocation s’éveille. Comme il l’écrit plus tard à son ami philosophe François Santoni, si l’enseignement dans cette classe paraît aux uns « stérile et verbal », d’autres « y voient surgir une atmosphère qui donne au monde un immense arrière-plan ». Une bourse d’enseignement supérieur pour la Faculté de Lyon lui permet l’année suivante de quitter sa famille.

On voit alors s’affirmer sa personnalité. Il vit quelques années à Lyon dans une effervescence intellectuelle extraordinaire, repoussant toutes les contraintes, épris de la pensée excessive et poétique de Nietzsche ; il suit [10] très peu de cours, passe une grande partie de ses jours et de ses nuits au café en interminables discussions philosophiques et politiques, participant aux manifestations libertaires (un nerf de bœuf à la main, dit sa sœur), sans que cette vie de bohème semble porter atteinte à sa santé ou à son élan intellectuel. Son ami Santoni est frappé alors surtout par « l’inflexibilité de sa totale indépendance », mais il ajoute que pourtant « il aimait la salle des étudiants et les conversations entre camarades ». C’est à Lyon aussi qu’il lie amitié avec Jean Nabert.

Dans cet apparent désordre, Lavelle étudie à sa façon. Il reste fidèle à certains cours, en particulier à ceux d’Hannequin, philosophe kantien, alors malade, et qu’il admire pour son intelligence, sa sincérité et aussi pour son courage. Comme il semble ne rien faire, Hannequin lui demande une preuve de son travail et Lavelle rédige un petit texte sur la liberté, qui rassure son maître. Il fait ensuite diverses suppléances de professeur, dont une à Laon qui lui permet de connaître la vie parisienne et de suivre quelques cours, ceux de Hamelin et de Brunschvicg à la Sorbonne et celui de Bergson au Collège de France. Après deux ans à Neufchâteau où il songe un moment à se présenter aux élections législatives, il est agrégé en 1909. Nommé à Vendôme, puis à Limoges en 1911, il écrit là son premier texte de métaphysique : De l’existence (qui ne paraîtra qu’en 1984, à l’occasion du centenaire de sa naissance). En 1913 il se marie, et sa femme Julie Bernard, qui s’intéresse à la philosophie, ne cesse d’être pour lui une aide précieuse et attentive. En mai [11] 1914 il leur naît un fils, Jean-François. Quelques mois après, c’est la guerre.

Lavelle est réformé. Il se met à la disposition du préfet de Limoges et pendant l’été, c’est son premier contact avec la guerre : l’accueil des nombreux trains amenant les réfugiés et les blessés venus du front et pour lesquels il faut trouver des solutions. En octobre il est nommé à Poitiers, mais il veut rejoindre les combattants, refuse d’être versé dans l’auxiliaire et obtient d’être envoyé au front après quelques mois d’instruction. Un ami lui écrit : « Quand je vous verrai sous l’habit militaire, je ne croirai jamais que vous êtes soldat. Vous le voulûtes... » et il ajoute toutes sortes de plaisanteries sur son incapacité militaire. C’est au début de septembre 1915 que Lavelle part comme simple soldat sur le front de la Somme. La brutalité de la guerre l’atteint alors directement, il en a horreur ; en outre la vie de terrassier dépasse ses forces et il écrit à sa femme : « J’aurais vivement désiré rendre d’autres services que de jeter avec beaucoup d’efforts sur le parapet des tranchées des pelletées de terre ridiculement petites. » En février 1916 il est envoyé sur le front de Verdun et il est fait prisonnier le 11 mars suivant. Et c’est au camp de soldats de Giessen qu’il passe les dernières années de la guerre. À la fin de 1917 quelques cours sont organisés au camp et il parle dès lors une fois par semaine sur « Pascal et la pensée religieuse ». Ce cours le fait connaître et lui amène des amis. L’un d’eux dit que « la grande salle du camp était trop petite pour contenir la foule avide de l’entendre » (ou seulement d’avoir chaud, disent d’autres). C’est alors que le peintre belge Albert Venelle [12] fait au pastel son portrait que l’armistice laisse inachevé. Le peintre n’oublie pas les conversations avec son modèle qui l’aident plus tard à confirmer sa vocation. De Bruxelles où il a rapporté le portrait, il écrit à Lavelle en 1919 : « J’ai tant à vous dire... Pour le moment j’en suis réduit à converser avec votre portrait »... et cela « consiste à constater que vraiment vous avez une tête épatante ! »

À Giessen Lavelle rédige un ouvrage de métaphysique sur cinq petits carnets achetés à la cantine du camp : La dialectique de la matière sensible qui deviendra sa thèse de doctorat sous le titre La dialectique du monde sensible (soutenue à Paris en 1922).

Un an après l’armistice, il est nommé à Strasbourg où il enseigne au lycée jusqu’en 1924. Il s’y occupe activement de syndicalisme pour les professeurs d’Alsace et de Lorraine. Il a maintenant quatre enfants, trois filles étant nées après Jean-François. Et c’est à Strasbourg que ce fils tombe malade d’une grave maladie osseuse.

De 1924 où il arrive à Paris jusqu’en 1940, Lavelle enseigne dans différents lycées et dans divers cours privés. Ses anciens élèves gardent de ses cours un souvenir dont certains disent qu’il a marqué et transformé toute leur existence.

De 1930 à 1942 il se charge au journal « Le Temps » d’une chronique mensuelle de philosophie qui atteint un large public et le met en rapport avec de nombreux philosophes. En 1934 l’éditeur Fernand Aubier lui demande de créer une collection d’ouvrages philosophiques ; il accepte à condition d’en partager la direction avec son ami le philosophe René Le Senne ; [13] et, pendant près de vingt ans, leur amitié se resserre encore dans ce travail pour répandre la pensée spiritualiste par la collection « Philosophie de l’esprit ».

En 1938 Lavelle fonde aux Éditions des Presses Universitaires de France une collection de manuels de philosophie destinés aux étudiants de l’enseignement supérieur, la collection « Logos ».

Depuis son retour de captivité jusqu’à sa mort, il écrit de nombreux ouvrages de philosophie métaphysique ou morale. Ce sont principalement les quatre volumes de « La dialectique de l’éternel présent » et aussi La présence totale, l’Introduction à l’ontologie et des œuvres plus accessibles comme La conscience de soi et L’erreur de Narcisse.

En 1940 l’armistice le trouve à Bordeaux où sa classe a été repliée. Après un bref passage au Ministère de l’Instruction publique, il est nommé inspecteur général au début de 1941, puis il est élu à la chaire de philosophie du Collège de France en octobre de la même année.

Après la guerre, le succès grandissant de la philosophie de Sartre, si opposée à la sienne, atteint Lavelle profondément. Il affronte alors ce nouveau courant et, cherchant toujours sa propre vérité, l’affirme dans quelques conférences très denses qu’il donne à l’étranger. Sa santé s’altère et il voit aussi s’aggraver la maladie de son fils peintre (qui meurt à 37 ans, cinq mois après lui).

C’est à Parranquet, village voisin de son village natal, où il passait toutes ses vacances, que Lavelle meurt le 1er septembre 1951. Il a alors 68 ans. La mort le surprend dans une période de grande fécondité [14] intellectuelle. L’année 1951 voit paraître trois livres : deux volumes importants de philosophie, le Traité des valeurs, Tome I, le quatrième livre de « La dialectique de l’éternel présent », De l’âme humaine et un essai sur la spiritualité, Quatre saints. Lavelle laisse deux ouvrages à peu près terminés : Traité des valeurs, tome II, et le Manuel de méthodologie dialectique. Dans ses papiers on trouve enfin deux livres inachevés, La réalité de l’esprit et un Système de la participation. Un dernier livre sur la Sagesse devait compléter « La dialectique de l’éternel présent ». Et dans ses notes on peut lire de nombreux titres de livres en projet.

*
*   *

« Les seules choses qui m’aient jamais intéressé, ce sont, non pas les connaissances que nous pouvons apprendre et qui renouvellent sans cesse notre curiosité, mais les sentiments qui nous découvrent à nous-même et les relations vivantes qui nous unissent aux êtres qui nous entourent. Aujourd’hui encore je pense que c’est là la véritable réalité dont la vie est faite. Peut-être faut-il dire que la pensée philosophique n’est elle-même rien de plus que l’approfondissement d’une certaine émotion que la vie nous donne, dont l’intensité varie, mais qui ne nous quitte jamais. Or l’émotion la plus ancienne que je retrouve dans mes souvenirs est d’une extrême simplicité mais d’une extrême acuité : c’est celle de faire partie du monde, non pas seulement comme une chose parmi des choses, mais comme un être qui peut dire moi, qui dispose d’une initiative qui [15] lui est propre et qui, par l’usage qu’il en fait, est capable de changer le monde. La simple possibilité de remuer le petit doigt m’est apparue de très bonne heure comme un miracle perpétuel : c’est une expérience que je recommençais toujours avec le même émerveillement. Elle faisait naître en moi cette certitude qui n’a jamais cessé ensuite de se confirmer et de s’éprouver pendant ma vie tout entière, c’est que la réalité, au lieu de s’écouler et de se dissiper dans le temps, est toujours actuelle et présente, qu’il ne faut la chercher ni en arrière ni en avant de nous, mais là où nous sommes et dans l’instant où nous agissons. Alors elle s’offre à nous avec une extraordinaire plénitude pourvu que nous ayons assez de simplicité et de courage pour oser la regarder en face et en prendre possession [1]. »

Pour Lavelle, cette sensibilité permanente à la « présence totale » de l’être qui nous comprend dans l’existence s’éclaire et s’approfondit dès que l’attention s’y applique. L’être se révèle, à la naissance de notre être, comme don de soi, — puissance créatrice se proposant à nous, en même temps que lumière, raison, intelligibilité, esprit pur. La pensée y puise sa force de certitude, sa foi dans la positivité absolue de l’être. Dans l’exercice de notre liberté, notre consentement à être, nous ressentons la joie d’une « participation » à la source intime de notre être, mais aussi l’angoisse d’une suprême exigence, celle d’une responsabilité à [16] assumer à l’égard de notre propre vie et de celle d’autrui. Le monde sensible où nous vivons, c’est encore la même plénitude de l’être, la même présence, là où nos actes libres trouvent leur limite et aussi la matière de leur exercice : il est source inépuisable de données, qui suscitent ces actes et y répondent, et dans lesquelles ils s’incarnent afin de les spiritualiser et d’en faire les moyens de communication avec les autres êtres, nos semblables.

Face à la science qui est science des choses, Lavelle fonde une science de l’être, de l’esprit en acte, une métaphysique. Cette science a son expérience, l’expérience intérieure, concrète, personnelle, celle de la conscience de soi, contact immédiat du moi avec l’être, intuition irrécusable de l’être. Elle a ses lois, les lois du monde spirituel, que la méthode de l’analyse dégage en suivant les articulations du réel et qui décrivent la correspondance réglée existant entre les différents modes de l’être. C’est par cette « dialectique vivante » que nous créons notre essence et coopérons à l’existence d’une société spirituelle. « Science de l’intimité spirituelle », cette science de la conscience est, contrairement à la science des choses, indivisiblement théorique et pratique, métaphysique et sagesse : « l’intellectualisme est stérile s’il n’est pas pénétré de spiritualité ».

Philosophe de « l’éternel présent », dont la pensée s’est nourrie de tous les grands problèmes de son temps, Lavelle apparaît comme l’un des représentants les plus puissants du spiritualisme d’entre les deux guerres. Son originalité tient à l’indépendance absolue de sa pensée, qui ne s’appuie que sur le vécu. Il n’a qu’un maître, la vérité. « Chacun doit fixer le regard [17] le plus ferme sur la vérité qui lui est donnée, mais il sait que ce n’est jamais qu’un aspect de la vérité totale ». Il ne prétend pas innover mais poursuivre l’œuvre d’une « philosophia perennis », œuvre commune de l’humanité, « toujours identique et toujours nouvelle ». Ainsi la puissance et la générosité de sa pensée l’ouvrent largement sur toutes les autres formes de pensée, remontant, pour y puiser, jusqu’à leur source. Il a conscience d’avoir, à l’époque où triomphaient le phénoménisme et le positivisme, réintroduit, en la renouvelant, une philosophie de l’être apparentée à celle de Platon. Il reconnaît sa fidélité à la tradition de la pensée française, à son universalité, à l’exigence rationnelle des idées claires et distinctes de Descartes, mais aussi à la lignée des « moralistes » comme Montaigne qui ne cessent d’approfondir sans indulgence la conscience de leur moi afin d’y trouver une vérité qui les fasse vivre. Car il ne sépare pas non plus la métaphysique de la psychologie, l’analyse du moi étant le seul chemin qui mène à la connaissance de l’être : la recherche de la vérité se fait chez lui — comme chez Descartes et, à sa suite, Malebranche, Maine de Biran, Bergson — à partir de l’expérience intérieure, d’une intuition de notre propre existence. Existence dont on peut douter qu’elle ait un sens jusqu’au moment où l’on découvre, en même temps que notre liberté, les valeurs qu’elle doit défendre. Ces valeurs naissent et s’ordonnent dans la lumière d’une pensée contemplative d’inspiration profondément chrétienne, apparentée à celle de Malebranche, en qui il voit le plus grand métaphysicien français.

[18]

Lorsque, à l’issue de la dernière guerre, explose l’existentialisme, Lavelle en reconnaît la valeur, « expression cruelle de l’époque où nous vivons ». Il en juge aussi les limites : « On ne peut s’empêcher de juger qu’il y a beaucoup de complaisance dans cette considération de la pure misère de l’homme que l’on pense relever seulement par la conscience même qu’on en a. Mais cette conscience ne suffit pas. Ou du moins elle n’a de valeur que si elle devient un moyen qui nous en délivre. Cela n’est possible que par cette transfiguration de l’émotion qui, au lieu de la réduire à un ébranlement subjectif, la porte elle-même jusqu’à cette extrême pointe où l’amour et la raison ne font qu’un, que par cette transfiguration de la liberté qui, au lieu d’un pouvoir arbitraire de l’individu, en fait la volonté éclairée de la valeur. »

« Le lavellisme, dit M. Padilha, est comme un estuaire où se rencontrent les grands thèmes de la philosophie classique avec les défis de la modernité. L’être, la valeur, la participation, l’existence, le temps et l’éternité, la sagesse, tous ces thèmes reçoivent un traitement conforme à la tradition métaphysique de l’Occident et affrontent les situations limites nées dans les laboratoires mondiaux des deux grandes guerres mondiales. Lavelle est un philosophe qui a vécu les horreurs de ces deux hécatombes et en a absorbé la leçon. De là vient l’immense valeur de ses méditations sur le mal et la souffrance, le narcissisme, la conscience de soi et la sainteté [2]. »

[19]

*
*   *

Pendant la guerre, Lavelle écrit ses réflexions sur huit petits carnets, le premier pendant qu’il est au front (1915-1916) et les autres dans le camp de soldats de Giessen (1916-1918). Sur les sept datant de Giessen, six sont intitulés « Varia » et sont numérotés. Ces numéros indiquant sans doute un ordre chronologique, nous laissons les carnets dans cet ordre, en ajoutant en premier celui écrit dans les tranchées et en dernier celui de Giessen non numéroté (mais daté de 1918 de la main de Lavelle).

Les pensées sont données comme elles se présentent, mais nous avons supprimé certaines d’entre elles, principalement lorsque la lecture en était douteuse ou quand elles répétaient des pensées déjà exprimées.

En général seules les pages de droite étaient utilisées, celles de gauche étant réservées pour des réflexions corrigeant ou précisant le premier jet de la pensée. Les phrases ainsi ajoutées ont été mises à leur place quand celle-ci était clairement indiquée, sinon elles ont été reportées à la suite du texte correspondant (et alors toujours mises entre crochets).

« Ces réflexions forment la meilleure part de ma vie intérieure pendant la solitude. Elles peuvent s’accroître au cours de la captivité. Peut-être la liberté qui m’est laissée de les écrire ne doit-elle pas me préserver d’une confiscation qui d’un seul coup m’en privera. Et ce sera sans doute une souffrance pour ma vanité. Mais [20] mon âme s’affranchira par là du poids du passé ; il suffira qu’elle ait acquis des moyens pour de nouveaux progrès. »

Ainsi ces « Carnets » ne sont pas écrits pour être publiés, comme en témoignent également tant de phrases présentées comme des préceptes ou commençant par « Il faut » et qui ne sont évidemment destinées qu’à Lavelle lui-même, et aussi les paradoxes, les boutades et les outrances que l’on trouve parfois. Ces réflexions sont personnelles, elles ne sont qu’un « moyen » pour un progrès spirituel ; ce sont celles d’un jeune philosophe qui pense pour vivre et peut-être pour ne pas être écrasé. Un prisonnier de son camp disait après la mort de Lavelle : « Il incarnait pour nous ce qu’il y a de plus beau sur la terre : un homme libre... Il fallait le voir en captivité, prisonnier, il ne l’était pas... »

Cependant ces années de guerre ont marqué profondément sa pensée et sa vie, et un prisonnier de la seconde guerre pouvait lui écrire de son stalag en 1943, après avoir lu La présence totale : « Vos livres ne peuvent avoir été vécus que par quelqu’un qui a connu l’exil. »

Et Lavelle nous dit aussi :

« La guerre a sans doute développé la manie d’écrire comme une prétention à ne pas mourir tout à fait (si l’on ne songe plus au public, on songe du moins à ses amis et à ses proches). »

Et encore :

« Toutes ces réflexions sont une matière vivante mais informe que je devrai organiser et modeler si je me mêle d’écrire. »

[21]

Aussi, quand les Éditions du Beffroi nous ont proposé d’éditer ces « Carnets », nous avons pensé que ceux qui apprécient la pensée de Lavelle pourraient aimer retrouver parmi ces réflexions éparses et peut-être inégales de l’homme jeune cette « matière vivante » qui a nourri l’œuvre de la maturité.

M. et C. Lavelle

[22]


[1] Lavelle, Radio-dialogue avec Frédéric Lefèvre, Radio-Paris, 1938.

[2] Communication faite au XVIIe Congrès mondial de philosophie, Montréal, 1983.



Retour au livre de l'auteur: Louis Lavelle (1883-1951) Dernière mise à jour de cette page le samedi 31 mai 2014 7:40
Par Jean-Marie Tremblay, sociologue
professeur associé, Université du Québec à Chicoutimi.
 



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