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Collection « Les auteur(e)s classiques »

Jules Lagneau, Célèbres leçons et fragments. (1964)
Avertissement de la 1re édition, 1950


Une édition électronique réalisée à partir du texte de Jules Lagneau, Célèbres leçons et fragments. 2e édition revue et augmentée. Paris: Les Presses universitaires de France, 1964, 375 pp. Collection: “Bibliothèque de philosophie contemporaine”. 1re édition, 1950. Une édition numérique réalisée par un bénévole qui souhaite conserver l'anonymat sous le pseudonyme “Antisthène”, un ingénieur à la retraite de Villeneuve sur Cher, en France.

[iv]

Célèbres leçons et fragments

Avertissement de la 1re édition, 1950


Puissance de Jules Lagneau... Une immense recherche, toute refermée sur soi ; un enseignement créateur, mais dans un coin de lycée ; pour quelques adolescents, des leçons inoubliables, c’est-à-dire à peine moins vite oubliées. Rien pour aucun public, pas un geste, pas un livre ; mais l’effort d’une réflexion toujours en acte. Mort à quarante-deux ans, sans mot dire, de trop de labeur et de sacrifice. Un philosophe en somme — selon Socrate strictement — mais sans même de banquet, ni de procès, ni de ciguë. Et pourtant cet inconnu, le voici, au cours du demi-siècle, peu à peu deviné, révéré et comme silencieusement reconnu. Faible renommée, et bien timide encore, auprès de celle qu’il convient d’annoncer enfin hautement.

Certes, à part quelques écrits d’occasion ou de cérémonie, l’accès à la pensée de Lagneau sera toujours abrupt. Le lecteur devra tâtonner patiemment et s’orienter entre certains textes d’apparence presque informe, d’autres simplement inégaux (comme toute version de cours recueilli par des élèves), et d’autres, au contraire, si parfaitement façonnés par une lente méditation, que, même pris pour guides, ils culminent bien au-delà de nos meilleures interprétations. Osons dire ici cette énormité : sous la seule condition d’assez bien lire et relire, le peu que nous tenons de Jules Lagneau non seulement précède, encadre et domine finalement tout ce qui nous a été offert depuis cinquante ans comme philosophie nouvelle, mais, ce qui est mieux, égale et presque toujours illumine les quelques œuvres maîtresses dont Lagneau n’a cessé de se nourrir (Platon, Descartes, Spinoza). Je pense d’abord au trésor des Fragments qui, sur tous les thèmes essentiels, nous comble dès que nous le saisissons, mais, pour le principal, se dérobe inépuisablement. Je pense aussi, malgré les insuffisances de rédaction, aux Leçons et surtout aux pages souveraines de ce « Cours sur Dieu » qui, toujours solidement appuyé sur l’analyse kantienne, va prendre place enfin aux côtés et à l’altitude des Méditations.

Cela dit, que trouvera-t-on dans ce recueil ? Jules Lagneau n’a jamais composé d’ouvrage philosophique. De son vivant n’ont paru [VI] de lui que trois articles de revue, dont l’un anonyme (celui de la Revue Bleue du 13 août 1892) et les deux autres de circonstance (Revue Philosophique de janvier 1879 et de février 1880) [1]. Les papiers qu’il laissa permirent, après sa mort, deux publications dans la Revue de Métaphysique et de Morale : des « Notes sur Spinoza » (numéro de juillet 1895), et surtout ce qu’on nomme et nommera désormais les Fragments (numéro de mars 1898), texte capital, auquel s’ajoutèrent dans la même revue, au cours de l’année 1898, des « Commentaires » d’E. Chartier (Alain) à qui la révélation des Fragments était due. Et, pendant près de trente ans, ce fut tout.

C’est en 1924 seulement que, sous le nom de l’Union pour la vérité et avec le concours de Paul Desjardins, mais plus directement par les soins des éditeurs des Libres Propos et de leur imprimeur Claude Gignoux, Alain fit rassembler et publier à Nîmes les Écrits de Jules Lagneau. Ce petit volume de 375 pages contenait tout ce qui jusqu’à présent a pu être retrouvé et déchiffré des textes authentiquement rédigés par Lagneau, à savoir : Discours de distribution des prix (quatre discours prononcés à Sens en 1877, à Saint-Quentin en 1879, à Nancy en 1880, à Vanves en 1886) ; les deux articles de la Revue Philosophique (Sur le Court Traité de Spinoza, 1879 ; De la Métaphysique, 1880), l’article anonyme de la Revue Bleue (Simples Notes pour un programme d’union et d’action, 1892) ; une vingtaine de « Lettres » remises par Paul Desjardins ; les « Notes sur Spinoza », parues en 1895 ; enfin, dominant tout le reste, les « Fragments », extraits des manuscrits de Lagneau et parus en 1898.

Un an environ après la publication de ce recueil, en même temps que la N.R.F. éditait les Souvenirs concernant Jules Lagneau d’Alain, Léon Letellier publiait chez Alcan, sous le titre De l’existence de Dieu, les notes d’un des derniers cours de Lagneau. L’année suivante, en 1926, parut à Nîmes (Imprimerie coopérative La Laborieuse) un nouveau petit livre de 235 pages sous le titre Célèbres Leçons de Jules Lagneau. Ce volume contenait trois autres leçons de Lagneau : « Évidence et certitude », « La Perception », « Le Jugement », version établie ou revue par Alain d’après diverses rédactions, notamment celles de Léon Letellier (mort peu après la publication du cours sur Dieu).

Tout cela est devenu à peu près introuvable ; les trois volumes parus en 1924, 1925, 1926 sont aujourd’hui pratiquement épuisés. Une édition complète des Œuvres de Jules Lagneau a été annoncée et semble en bonne voie de préparation. Mais il a paru nécessaire et [VII] même urgent de rendre de nouveau accessibles à la jeunesse, et même à ses maîtres, les principaux textes de Lagneau. Les Presses Universitaires de France ont bien voulu se charger de réaliser cette édition en un seul volume. On a tenté d’y inclure l’essentiel, c’est-à-dire avant tout les « Fragments » et les quatre « Leçons ». Il a fallu malheureusement, à cause de leur longueur, laisser de côté les « Notes sur Spinoza ». En revanche, on a tenu à reproduire le « Discours de Sens », les « Simples Notes », et la partie substantielle de l’article sur la « Métaphysique », non seulement à cause de l’importance de ces textes, mais afin qu’à côté de la méditation solitaire telle qu’elle se devine dans les obscurs et sublimes Fragments, le lecteur ait sous les yeux certaines pages des rares écrits où Lagneau s’est imposé de communiquer à un public quelques-unes de ses réflexions.

Michel ALEXANDRE.

__________

[viii]


[1] Il faut y ajouter un long compte rendu du livre de Fr. POLLOCK, Spinoza, his life and philosophy, Londres, 1882, publié par la Revue philosophique en 1882, t. I, pp. 305-315, et qu’à notre connaissance personne n’a jamais signalé (A. C.).


Retour au texte de l'auteur: Jean-Marc Fontan, sociologue, UQAM Dernière mise à jour de cette page le mardi 5 juin 2018 13:02
Par Jean-Marie Tremblay, sociologue
professeur associé, Université du Québec à Chicoutimi.
 



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