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Collection « Les auteur(e)s classiques »

Essais sur la conception matérialiste de l'histoire. (1896)
Préface


Une édition électronique réalisée à partir du livre d'Antonio Labriola, Essais sur la conception matérialiste de l'histoire. Préface de Georges Sorel, décembre 1896 (pp. 1 à 20). Paris: V. Giard & E. Brière, libraires-éditeurs, 1897, 349 pages. Collection: Bibliothèque socialiste internationale, no 3.

Préface de Georges Sorel
décembre 1896.

Le socialisme contemporain présente un caractère d'originalité, qui a frappé tous les économistes ; il doit ce caractère à ce qu'il s'inspire des idées émises par K. Marx sur le matérialisme historique. Là où ces idées ont profondément pénétré la conscience populaire, le parti socialiste est fort et vivant ; ailleurs, il est chétif et divisé en sectes.

Les thèses marxistes n'ont point été, généralement, bien comprises en France par les écrivains qui s'occupent des questions sociales. M. Bourguin, professeur à l'Université de Lille, écrivait en 1892 (Note 1) : « Les penseurs parmi nos socialistes n'acceptent pas sans tiraillements la doctrine desséchante du maître, d'où l'idée de Droit et de Justice est si rigoureusement bannie ; c'est un vêtement étranger qu'ils portent avec gène et qu'ils retoucheront sans doute un jour, pour l'adapter à leur taille ». L'auteur se référait à un mémoire publié en 1887 par M. Rouanet, dans la Revue socialiste, sous le titre : « le matérialisme économique de Marx et le socialisme français ».

Presque toutes les personnes qui parlent de matérialisme historique connaissent cette doctrine uniquement par le mémoire de M. Rouanet. Celui-ci occupe, depuis longtemps, une place importante dans les partis avancés de France ; il prévenait ses lecteurs qu'il avait fait une étude approfondie de Marx et qu'il s'était livré à des recherches épuisantes pour comprendre Hegel. On devait le croire bien informé (Note 2).

Avant d'aborder l'exposé que M. Labriola fait, en termes excellents, mais si concis, du matérialisme historique, le lecteur français doit se mettre en garde contre les préjugés répandus ; c'est pourquoi je crois nécessaire de montrer, ici, combien sont fausses et futiles les grandes objections que l'on oppose à la doctrine marxiste : il faut donc s'arrêter sur les idées émises, en 1887, par M. Ronanet.

Les préjugés, qui existent chez nous, ont, en grande partie, une origine sentimentale ; M. Rouanet s'est donné beaucoup de mal pour montrer que les doctrines marxistes sont contraires au génie français ; nous entendons répéter ce reproche tous les jours. En quoi consiste cette opposition ?

Le problème du devenir moderne, - considéré au point de vue matérialiste, - repose sur trois questions : 1° le prolétariat a-t-il acquis une conscience claire de son existence comme classe indivisible ? 2° a-t-il assez de force pour entrer en lutte contre les autres classes ? 3° est-il en état de renverser, avec l'organisation capitaliste, tout le système de l'idéologie traditionnelle ? C'est à la sociologie de répondre.

Quand on s’inspire des principes de Marx, on peut dire qu'il n'y a plus de question sociale ; on peut même dire que le socialisme (au sens ordinaire et historique du terme) est dépassé ; en effet, les recherches ne portent plus sur ce que la société doit être, - mais sur ce que peut le prolétariat, dans la lutte actuelle des classes.

Cette manière de considérer les choses ne va pas au génie français, - ou du moins à ceux qui ont la prétention de le représenter. Chez nous, les partis progressistes renferment un nombre effrayant d'hommes de génie, dont la société actuelle méconnaît le talent, qui possèdent dans leur cœur un oracle infaillible de la Justice, qui ont consacré leurs veilles à élaborer des plans merveilleux destinés à assurer le bonheur de l'humanité. Ces messieurs ne veulent pas descendre de leur trépied fatidique pour se mêler à la foule ; ils sont faits pour diriger et non point pour devenir les coopérateurs d'une œuvre prolétarienne ; ils entendent défendre les droits de l'intelligence contre les audacieux qui manquent de respect pour l'Olympe libéral eu qui ne tiennent pas un compte suffisant de la mentalité.

Ajoutez à cela que ces rares esprits ont une foi naïve dans la suprématie française, dans rôle initiateur de la France (Note 3), qu'ils ont la superstition de la phraséologie révolutionnaire et qu'ils pratiquent avec dévotion le culte des grands hommes. Ils ne peuvent pardonner à Marx, à Engels et surtout à M. Lafargue d'avoir manqué de respect pour ce qu'ils vénèrent.

Je ne suis pas du nombre de ceux qui ont beaucoup d'admiration pour le génie français, ainsi entendu ; j'ai lieu de croire, d'ailleurs, que cet esprit français n'est pas celui de mes compatriotes qui se livrent à des recherches scientifiques et qui n'éprouvent pas le besoin de se poser en directeurs spirituels du peuple.

Le grand reproche que l'on adresse, - au point de vue scientifique, - à la doctrine de Marx est de mener au fatalisme. D'après M. Rouanet, elle serait très voisine de l'idéalisme hégélien, débarrassé de son « transcendentalisme nuageux » (Note 4). On y trouve « même succession fatale des événements, phases nécessaires d'un procès que la volonté humaine ne saurait enrayer, même culte de la Force, sombre dieu d'airain, instrument aveugle des lois du grand fatum destinées à s'accomplir quand même ». Il y aurait bien des réserves à faire sur l'idée que l'auteur français se fait de la philosophie de Hégel ; mais une lecture superficielle du Capital suffit pour montrer que Marx n'avait jamais pensé à cette apocalypse évolutionniste, qu'on lui attribue si généreusement.

Le déterminisme suppose que les changements sont reliés entre eux d'une manière automatique, que les phénomènes simultanés forment un bloc ayant une structure obligée, qu'il y a des lois d'airain assurant entre toutes choses une nécessité d'ordre. On ne trouve rien de semblable dans la doctrine de Marx : les événements sont considérés d'un point de vue empirique ; c'est de leur mélange que jaillit la loi historique qui définit leur mode temporaire de génération. On ne demande point de reconnaître dans le monde social un système analogue au système astronomique ; on demande seulement de reconnaître que l'entrecroisement des causes produit des périodes assez régulières et assez caractérisées pour pouvoir faire l'objet d'une connaissance raisonnée de faits.

Marx fait bien ressortir la multiplicité des causes qui ont produit le capitalisme moderne : rien ne prouve que ces causes dussent apparaître ensemble à une date déterminée ; leur coexistence fortuite engendre la transformation de l'industrie et change tous les rapports sociaux.

Mais on insiste et on dit que, d'après Marx, tous les phénomènes politiques, moraux, esthétiques, sont déterminés (au sens précis du mot) par les phénomènes économiques. Que pourrait bien signifier une pareille formule ? Dire qu'une chose est déterminée par une autre, sans donner, en même temps, une idée précise du mode de jonction, c'est dire une de ces bêtises qui ont rendu si ridicules les vulgarisateurs du matérialisme vulgaire.

Marx n'est point responsable de cette caricature de son matérialisme historique. De ce que toutes les manifestations sociologiques ont besoin, pour leur éclaircissement, d'être placées sur leurs supports économiques, il n'en résulte pas que la connaissance du support remplace la connaissance de la chose supportée. Les médiations qui existent entre l'infrastructure économique et les produits supérieurs sont très variables et ne peuvent se traduire par aucune formule générale. On ne saurait donc parler de déterminisme, puisqu'il n'y a rien de déterminable.

M. Rouanet se fait de la doctrine une idée tout à fait singulière : il suppose que les moyens de production, l'organisation économique et les rapports sociaux, sont des êtres qui se succèdent comme les espèces paléontologiques, qui viennent par la voie mystérieuse de l'évolution, et que de leur connaissance on déduit, - par des lois qu'il ne connaît pas plus que moi et que Marx n'a jamais données, - toute l'histoire de l'humanité. Ainsi, le matérialisme historique aurait une base idéaliste : la succession fatale des formes de la production ! Ce serait, certainement, une conception bien singulière.

Un professeur distingué, M. Petrone (Note 5), se rencontre avec M. Rouanet. pour soutenir que le matérialisme historique se trouve en défaut quand on veut l'appliquer à la révolution chrétienne. Je crois, au contraire, que les théories de Marx jettent une certaine lumière sur cette question, en nous montrant les raisons qui empêchent l'historien de bien comprendre ce qui s'est passé. Nous ne pouvons discuter scientifiquement le problème parce que nous n'avons pas les éléments nécessaires pour l'éclaircissement. L'auteur italien se place au point de vue catholique ; M. Rouanet invente une histoire fantaisiste ; - le rôle du savant est de se taire et d'attendre que les monuments nous aient révélé les conditions économiques de la primitive Église.

M. Bourguin (Note 6) demande s'il ne faut pas compter parmi les forces actives « la conscience plus ou moins développée parmi les travailleurs de la prétendue exploitation qu'ils ont à subir ». Mais le développement de la conscience-de-classe n'est-il pas le nœud de la question sociale, aux yeux de Marx ? Il suffit d'avoir une connaissance médiocre des œuvres du grand philosophe socialiste pour le savoir.

Peut-on accuser Marx d'avoir Lait si peu attention à la mentalité humaine, lui qui a montré l'importance des moindres créations du génie inventif ? Nulle part l'intelligence n'apparaît avec plus de relief que dans la technologie, dont le rôle historique est mis en évidence, d'une manière si frappante, dans le Capital. Je sais bien que les représentants de l'esprit français ont une médiocre estime pour les constructeurs de machines, incapables de déclamer à la tribune de formidables cantates sur les droits de l'homme ; mais les simples mortels pensent, avec M. J. Bourdeau (Note 7), que la machine à vapeur « a exercé plus d'influence sur l'organisation sociale que tous les systèmes de philosophie ».

Est-ce à dire que les produits intellectuels et moraux soient sans efficacité historique, comme on prétend que cela résulterait du matérialisme historique ? Pas du tout : ces produits possèdent la propriété de pouvoir se détacher de leur souche naturelle, pour se présenter sous une forme fétichiste, « sous l'aspect d'êtres indépendants, en communication avec les hommes et entre eux » (Note 8). Devenus libres, ils sont susceptibles d'entrer dans les combinaisons les plus variées de l'imagination. Aucune grande révolution n'a pu se produire sans des illusions pressantes et nombreuses : c'est encore Marx qui nous l'apprend. Mais cette doctrine révolte nos hommes de progrès ; ils n'entendent point qu'on rapporte à la fantaisie ce qu'ils rapportent à la raison : agir ainsi, c'est manquer de respect à tous les Titans présents et passés.

Dans l'avant-propos de sa traduction des œuvres choisies de Vico, Michelet écrivait : « Le mot de la Scienza nuova est : l'humanité est son oeuvre à elle-même... La science sociale date du jour où cette grande idée a été exprimée pour la première fois. Jusque-là l'humanité croyait devoir ses progrès aux hasards du génie individuel... L'histoire était un spectacle infécond, tout au plus une fantasmagorie. »

Comment se forme l'histoire ? Engels nous l'apprend dans le passage suivant (Note 9) : « L'enchevêtrement d'innombrables volontés et actions individuelles crée un état de choses qui est, de tout point, analogue il celui qui règne dans la nature inconsciente. Les buts des actions sont, en effet, voulus ; mais les conséquences ne le sont point ; ou bien, tout en paraissant, de prime vue, correspondre an but visé, aboutissent finalement à des résultats tout autres que ceux voulus. » Cette thèse est admise, par les savants, sans difficulté ; mais elle est désespérante pour les grands hommes dont le génie déborde : leurs plans ne pourront donc être réalisés tels qu'ils les ont conçus ! et cependant, ces plans sont si bien raisonnés, qu'on ne peut y toucher sans leur faire perdre leur efficacité et sans se mettre en révolte contre la Justice, dont ces messieurs sont les délégués autorisés,

Mais laissons de côté toutes ces objections vulgaires, pour aborder ce qui constitue, à mes yeux, la partie vulnérable de la doctrine, - celle que les critiques français n'ont pas examinée.

Bien des savants sont disposés à admettre la valeur du matérialisme historique comme discipline de l'esprit, à reconnaître que les thèses de Marx fournissent d'utiles indications pour l'historien des institutions (Note 10). Mais il reste à se demander quelle est la base métaphysique de cette doctrine. Il ne servirait à rien de dire qu'on peut se passer de cette recherche, qu'on suivra la méthode qui a si bien réussi en psychologie depuis que les discussions sur l'âme ont été écartées. Mais quel est le psychologiste qui reste vraiment indifférent devant le problème métaphysique ? Chacun a son hypothèse ; et ce sont ces hypothèses, - souvent dissimulées avec adresse, - qui différencient les écoles, On a commis bien des fautes en appliquant hâtivement le matérialisme historique ; ces erreurs proviennent, presque toutes, de l'agnosticisme, que les auteurs ont prétendu professer et qui cachait des théories explicatives mal élaborées.

D'autre part, quand on examine les applications faites par Marx, on voit qu'il a mis en oeuvre une grande quantité de principes psychologiques, dont l'énoncé n'a pas été donné, d'ordinaire, sous une forme scientifique. Au fur et à mesure que l'on avancera, on reconnaîtra la nécessité de sortir de cet état provisoire, de s'élever au-dessus des analyses particulières et de disposer d'une charpente solide pour appuyer les relations historiques.

Voici donc deux grandes lacunes : les élèves de Marx doivent s'efforcer de compléter l'œuvre de leur maître. Celui-ci semble n'avoir rien tant craint que de laisser un système philosophique trop rigide et trop fermé ; il comprenait qu'une doctrine est à son dernier jour quand elle est achevée et que la condition de toute métaphysique scientifique est de laisser largement ouverte la porte aux développements. La prudence de Marx était extrême ; il n'a essayé de terminer aucune théorie : des discussions récentes ont montré qu'il n'avait pas dit son dernier mot sur la valeur et la plus-value. Combien sont donc aveugles les critiques qui accusent les disciples de Marx de vouloir enfermer la pensée humaine dans une enceinte délimitée par le maître !

Dans ce travail de perfectionnement, il faut suivre l'exemple donné par Marx lui-même et se montrer prudent. Ce n'est pas quand on n'a encore fait que des études si peu nombreuses sur la base du matérialisme historique, qu'il faut essayer d'en donner la métaphysique et d'en définir la psychologie.

Les gens de grand cœur disent que l'esprit ne peut rester dans cette expectative quand il s'agit de la morale et du droit. Les critiques superficiels ne manquent pas de déclamer contre l'absence d'idéal, sans se demander si une théorie éthique raisonnable peut être indépendante d'une métaphysique et si celle-ci signifie quelque chose tant qu'elle ne possède pas une large base scientifique. On peut reconnaître la valeur historique et sociale de l'enseignement moral (Note 11) sans avoir la prétention de lui imposer pour principe des règles, des lois, des postulais, obtenus par le travail de l'imagination. Il semble même qu'en donnant pour base à l'éthique des métaphores, des théories psychologiques insuffisantes ou des déclamations sur la Nature, on compromet singulièrement la portée de cette pédagogie. Faire descendre la morale sur la terre, la débarrasser de toute fantaisie, ce n'est pas la nier ; c'est, au contraire, la traiter avec le respect dû aux œuvres de la raison. Est-ce nier la science que de laisser de côté les rêveries sur l'essence des choses pour s'attacher aux réalités ?

Les appréciations morales abondent dans le Capital. Il est donc assez paradoxal de reprocher à Marx d'avoir soigneusement écarté toute considération sur la Justice ; mais chacun entend ce mot à sa façon. M. Bourgain, dans le passage cité plus haut, se place au point de vue de l'ancienne théorie du sens moral ; mais cette théorie n'est plus reçue. M. Rouanet nous parle (Note 12) « d'une justice naturelle, conforme à la loi du développement social, qui est la libre solidarité, de plus en plus étroite des diverses parties composant l'humanité-une » ; c'est bien là ce que Marx appelait une de ces (Note 13) « bourdes d'idéologisme juridique chères aux démocrates et aux socialistes français ». Quand ces deux auteurs s'accordent pour imputer un caractère amoral à la doctrine de Marx, il faut comprendre seulement qu'ils ne trouvent pas, dans le Capital, l'expression de leurs théories morales personnelles, théories qui n'ont, d'ailleurs, aucune valeur.

C'est au nom de la métaphysique des mœurs que M. Jaurès est intervenu dans ce débat, en proposant de concilier les points de vue des idéalistes et des matérialistes ; rien ne lui semble plus facile. Il affirme, tout d'abord, que les élèves de Marx reconnaissent l'existence d'une « direction au mouvement économique et au mouvement humain ». Il demande qu'on lui accorde, comme un postulat indiscutable, qu'il y a dans l'histoire, non seulement « une évolution nécessaire, mais une direction intelligible et un sens idéal ». Admettre ces prémisses, c'est expliquer l'histoire par l'idéalisme et uniquement par l'idéalisme ; - c'est rejeter tout, absolument tout, de la doctrine de Marx. Mais, alors, en quoi consiste cette conciliation ? Rien de plus simple : si l'on condamne toutes les idées de Marx, on proclame l'auteur un grand homme, aussi grand homme que peuvent désirer ses élèves (Note 14).

Quand on aura accordé tout ce que demande le célèbre orateur, on sera convaincu que « le mot de justice a un sens même dans la conception matérialiste de l'histoire ! » Cette conclusion est vraie ; mais ce sens n'est pas celui que découvre M. Jaurès. « Lhumanité se cherche, dit-il, et s'affirme elle-même, quelle que soit la diversité des milieux... C'est un même souffle de plainte et d'espérance qui sort de la bouche de l'esclave, du serf ou du prolétaire : c'est le souffle immortel d'humanité qui est l'âme de ce qu'on appelle le droit. » Marx, certainement, ne s'était jamais douté de cela !

J'en ai dit assez pour faire comprendre que le matérialisme historique était à peu près inconnu en France. Le livre de M. Labriola met les lecteurs français en présence de régions nouvelles, au milieu desquelles le savant professeur italien nous dirige avec une grande habileté.

La publication de ce livre marque une date dans l'histoire du socialisme. C'est, en effet, la première fois qu'un auteur, de langue latine, étudie, d'une manière originale et approfondie, une des bases philosophiques sur lesquelles repose le socialisme contemporain. L'œuvre de M. Labriola a sa place marquée dans les bibliothèques, à côté des livres classiques de Marx et d'Engels : elle constitue un éclaircissement et un développement méthodiques d'une théorie que les maîtres de la nouvelle pensée socialiste n'ont jamais traitée sous une forme didactique. C'est donc un livre indispensable pour qui veut comprendre quelque chose aux idées prolétariennes.

Plus que les travaux de Marx et d'Engels, celui-ci s'adresse au publie étranger aux préoccupations sociales. L'historien trouvera, dans ces pages, de substantielles et précieuses indications pour l'étude de la genèse et de la transformation des institutions.

Georges SOREL. Paris, décembre 1896.



Notes:

(Note 1) Des rapports entre Proudhon et Karl Marx, p. 29.
(Note 2) Je note, en passant, que M. Rouanet ne connaissait de K. Marx que le Manifeste du parti communiste et le Capital : et encore n'avait-il qu'une idée bien imparfaite des théories économiques renfermées dans ce dernier livre.
(Note 3) Un seul pays me semble avoir le droit de revendiquer une place exceptionnelle dans notre civilisation moderne : c'est l'Italie, la patrie commune des esprits libres et cultivés.
(Note 4) Revue socialiste, mai 1887, p. 400.
(Note 5) M. Petrone est libero docente à l'Université de Rome. Il a écrit sur le livre de M. Labriola un compte rendu critique fort intéressant dans la Rivista internazionale di scienze sociali e discipline ausiliarte (Quatrième année, vol. XI pp. 551-560).
(Note 6) Des Rapports entre Proudhon et K. Marx, p. 25.
(Note 7) Journal des Débats, 1er mai 1896.
(Note 8) Capital, trad. franç., p. 28. Ceci est dit par Marx à propos de la marchandise.
(Note 9) Ludwig Feuerbach et la fin de la philosophie classique allemande, traduit dans l'Ère nouvelle, mai 1894, p. 14.
(Note 10) M. Pétrone accorde cela sans la moindre difficulté. M. J. Bourdeau dit, de son côté, que les thèses de Marx éclairent l'histoire d'un nouveau jour (Débats, 13 octobre 1896).
(Note 11) Sur l'extrême importance de la morale dans les philosophies socialistes lire les belles observations de M. B. Croce : Sulla concezione materialistica della storia (Atti dell' Accademia Pontaniana, vol. XXVI).
(Note 12) Revue socialiste, juin 1887, p. 591.
(Note 13) Lettre sur le programme de Gotha (Revue d'économie politique, 1891, p. 758). Le texte allemand a paru dans la Neue Zeit, neuvième année, vol. I, fascicule 18, pp. 560-575.
(Note 14) Ce paradoxe a été publié dans la Jeunesse socialiste de janvier 1895 sous le titre : « Idéalisme de l'histoire ». Lire, dans le numéro de février, la vive réplique de M. Lafargue.


Retour au texte de l'auteur: Jean-Marc Fontan, sociologue, UQAM Dernière mise à jour de cette page le dimanche 4 juillet 2010 15:44
Par Jean-Marie Tremblay, sociologue
professeur de sociologie au Cegep de Chicoutimi.
 



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