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Collection « Les auteur(e)s classiques »

Une édition électronique réalisée à partir du texte de Paul Henri Thiry, baron d'Holbach (1723-1789), HYMNE AU SOLEIL. Reproduction d'un extrait du tome IV des "Variétés littéraires" d'Arnaud et Suard, Paris: Xérouet et Déterville, an XII (1804), pp. 305 à 310. Reproduction à partir d’un facsimilé de la Bibliothèque nationale de France. Une édition numérique réalisée par un bénévole, professeur d'université à la retraite, qui demande à conserver l'anonymat [Anonyme 1].

Paul Henri Thiry, baron d'Holbach (1723-1789)

HYMNE AU SOLEIL

Traduit de l’Allemand.

 

Je te salue, père de la lumière ! ô soleil ! viens apporter le rajeunissement et la joie dans nos vallons fortunés ; à ta présence la nature endormie se réveille ; les oiseaux ranimés par tes feux célèbrent ta gloire, et se remplissent d'allégresse. Les arides rochers, échauffés par tes regards, prennent une couleur éclatante et vive, et semblent s'animer ; les ondes frémissantes se. plaisent à multiplier ton image ; les coteau féconds te montrent l'or et la pourpre dont tu les as parés; les forêts, dont le feuillage était obscurci par les ténèbres, reprennent une verdure aimable, l'univers entier s'embellit de ton retour. 

Le coeur insensible de l'homme résistera-t-il seul à tes charmes ? Ne sentira-t-il point ton pouvoir ? N'éprouvera-t-il point une douce ivresse ; à la vue des ornements dont tu pares sa demeure ? Hélas ! tu ne luis que pour des ingrats ; tu n'es accueilli que par le sage, dont l’âme active cherche à s'abreuver dès le matin des célestes beautés que tu répands sur la terre. Tes premiers rayons ne sont aperçus que par les habitants de la campagne, à qui ta présence annonce que leurs travaux sont prêts à recommencer. Allons, berger, il faut sortir de cette cabane où tu viens de goûter le repos ; déjà ton troupeau t'appelle. Je vois la bergère ingénue, dont l'âme est aussi pure que la toison de ces agneaux qu'elle va conduire à la prairie ; je la vois s'éveiller en sursaut : elle ouvre ses bras pour y recevoir l'aurore ; mais bientôt confuse de voir que c'est toi, ô soleil ! qui as déjà remplacé l'aurore, elle saute, en rougissant, de la couche où tu viens de la surprendre. Il n'en est pas ainsi de cette artificieuse coquette, dont les faibles paupières n'ont jamais contemplé ton éclat : un rempart de soie la garantit de tes approches ; elle craint que tes regards ne découvrent les ravages que les veilles ont faits sur son visage : elle ne consent à t’entrevoir que lorsque tu es prêt à céder la place aux ombres de la nuit ; la nuit est le temps du mensonge et des illusions. Ta lumière n'est pas moins odieuse pour le courtisan, voué à de ténébreuses intrigues ; elle déplaît à ce débauché, dont une obscurité éternelle devrait couvrir les excès. Le méchant, dont le sommeil est toujours agité, te maudit et te déteste ; il se plonge dans son lit pour se soustraire à tes rayons qui appellent la rougeur sur son front ; lorsque tu te montres, son âme réveillée se rappelle des crimes qu'elle voudrait oublier… 

Mais tandis que je chante, déjà je te vois monté au zénith de ta gloire ; déjà tu lances tes rayons directs ; tu forces le moissonneur à se réfugier parmi ces saules humides, ou sous l'ombre secourable de ce platane touffu qui ombrage une onde pure. Là, il n'aperçoit ta présence qu'à travers le feuillage entr’ouvert par le zéphyr : c’est-là que, délassé, il prend, comme à la dérobée, une nourriture simple, qui serait délicieuse, si elle ne lui était souvent disputée par une injuste puissance. Hélas ! faut-il que la nature ne soit qu'une marâtre pour ses enfants les plus laborieux ? Le ciel a-t-il donc voulu que leur pain, arrosé de sueur, le fût encore d'amertume et de larmes ? Pauvre fils de ta terre, faut-il que l'oppression t'arrache cet aliment que tes bras ont fait sortir de son sein ? Cependant tu te consoles; un court sommeil va suspendre tes peines ; livre-toi aux douceurs de ce paisible repos et oublie ta misère, du moins pour quelques instants. Mais tes forces réparées te rappellent au travail ; tu recommences la tâche que le destin te prescrit ; tu te fatigues de nouveau pour ces riches ingrats et paresseux, qui profitent de tes peines sans pitié, sans reconnaissance ; qui te méprisent pour le bien que tu leur fais, et qui du sein de la mollesse te dédaignent pour les soins mêmes que tu épargnes à leur arrogante oisiveté. 

Je vois cependant le terme de ton travail. O soleil ! tu te retires; tes rayons obliques annoncent ton départ ; les coteaux et les bois prolongent leurs ombres ; tu permets aux mortels de chercher un repos qu'ils ont mérité. Déjà tu te caches derrière cette montagne élevée ; ton absence va bientôt replonger cette nature que tu viens d'animer, dans une douce. langueur, nécessaire pour la réparer ; le troupeau bêlant va retrouver son étable ; le taureau mugissant quitte à regret la plaine ; l'écho répète de toutes parts les sons champêtres du chalumeau et les chants des bergères. Le villageois fatigué va rejoindre sa rustique compagne, qui lui prépare un repas frugal que la faim rendra plus délicieux que ne le sont les banquets des rois. Dans son humble chaumière, il sera accueilli par son antique mère et par ses tendres enfants; à cet aspect, son cœur épanoui sera saisi de tressaillements inconnus à la grandeur insensible et à l’opulence endurcie. Dis-nous, ô soleil ! dans ta course immense où as-tu vu des heureux ? Est-ce dans ces palais somptueux, sous ces lambris dorés qui couvrent la mollesse ennuyée, le luxe insatiable, la volupté énervée, l'opulence qui ne sait pas jouir, la fraude, l'adultère, la discorde conjugale ? Est-ce chez ce grand que dévorent les chagrins de l'ambition trompée ? Est-ce chez ce publicain, engraissé de la substance du malheureux ? Est-ce chez cet avare qui languit de misère au milieu des richesses qu'il accumule pour un héritier détesté ? Est-ce enfin chez ce monarque qui possède tout pouvoir, hors celui d'être content ? Non ; le bonheur, s'il est quelque part, doit se trouver chez ce villageois qui, malgré les injustices du sort, sait goûter le repos acheté par son labeur. Il est dans le cœur de cette tendre bergère, et dans les yeux de son fidèle berger, à qui elle vient de vouer l'amour pur et sincère dont elle consent enfin à payer sa constance. Il est dans l'esprit du sage, qui médite dans le silence de sa retraite, où l'ambition farouche ne vient jamais le troubler. Enfin, il faut le chercher dans l'âme de cet homme vertueux qui, comme toi, ô soleil ! sait répandre le bonheur sur tout ce qui l'environne, qui se plaît à essuyer les pleurs de la vertu malheureuse, de même que tu essuies les larmes de l'aurore ; qui, comme toi, sait communiquer la fécondité, le bonheur et la vie à tous les êtres sur lesquels il fait tomber ses regards. 

Cet hymne, dont il n'est pas sûr que l’original existe en allemand, a été écrit par le baron D'Holbach.



Retour au texte de l'auteur: Jean-Marc Fontan, sociologue, UQAM Dernière mise à jour de cette page le mardi 5 juin 2007 14:07
Par Jean-Marie Tremblay, sociologue
professeur au Cegep de Chicoutimi.
 



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