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Collection « Les auteur(e)s classiques »

Victor Henry (1850-1907), La Magie dans l’Inde antique (1909)
Préface


Une édition électronique réalisée à partir du livre de Victor Henry (1850-1907), La Magie dans l’Inde antique. Paris: Éditions Ernest Leroux, 1909. Nouvelle édition. « Une année d’enseignement védique à la Sorbonne (1901-1902) ». Une édition numérique réalisée par Jean-Marc Simonet, bénévole, professeur des universités à la retraite, Université de Paris XI-Orsay.

Préface 

Ne pas croire à la magie n’est point une raison de la dédaigner. Elle a tenu, dans la constitution des sociétés primitives et dans le développement même de l’esprit humain, une place dont tous à peu près sont d’accord et que d’aucuns seraient plutôt portés à surfaire qu’à ravaler. Dans ce livre, résumé d’une année d’enseignement védique à la Sorbonne (1901-1902), je ne pouvais prétendre apporter à la sociologie que le résultat de l’une des enquêtes partielles sur lesquelles elle fondera ses conclusions futures ; et aussi me suis-je interdit toute digression que mon titre ne justifiât. Peut-être me sera-t-il permis d’en dépasser quelque peu les limites en avant-propos, ne fût-ce qu’à dessein de les mieux préciser, de montrer, veux-je dire, par combien de points elles confinent à la mentalité de notre race, par combien peu à celle du sauvage-type, récent produit d’une généralisation séduisante et périlleuse. 

pvi Le XIXe siècle, incomparablement ; plus qu’aucun de ses devanciers, aura bien mérité de l’histoire : de celle des faits, par l’exhumation des civilisations disparues ; de celle des idées et des institutions, par l’avènement tardif du sens historique, dont la philosophie du XVIIIe est encore si extraordinairement à court. Et les deux progrès, sans aucun doute, sont connexes : si l’on a compris qu’un état mental ou social est nécessairement conditionné par l’état mental ou social qui l’a précédé, celui-ci, par son antécédent, et ainsi en remontant toujours jusqu’à la barbarie la plus lointaine qu’il nous soit donné d’atteindre ; que dès lors rien n’est indifférent du passé de l’humanité à qui tente de s’expliquer son présent et d’augurer de son avenir ; si, en un mot, l’on voit poindre à l’horizon l’espoir d’une sociologie rationnelle et scientifique, que l’antiquité n’a jamais pu concevoir, on le doit, en grande partie, à ce recul qui lui a manqué, aux documents de toute sorte qu’elle nous a légués d’elle-même, et surtout à ceux que nous avons arrachés à la profondeur de ses tombes. Sous le sol de l’Égypte et de l’Assyrie dormaient d’immenses archives, insoupçonnées durant des milliers d’ans : elles nous ont appris à ne plus dater d’hier la vie intellectuelle et morale dont nous vivons ; car nous avons retrouvé, chez ces hommes d’autrefois, pvii non seulement nos infirmités matérielles, les victoires et les révolutions sanglantes et inutiles, — ce dont nous nous serions bien doutés sans l’apprendre d’eux, — mais, — ce qui est autrement suggestif à quiconque ne vit pas seulement de pain, — nos aspirations et nos terreurs, nos superstitions et notre religiosité, les rudiments de nos sciences et l’écho anticipé des idées dont nous sommes fiers. A la navrante bouffonnerie d’un Voltaire, à l’optimisme grotesque d’un Rousseau, la voix des morts a imposé silence : on aperçoit l’homme tel qu’il est, tel qu’il fut et sera toujours, misérable et grand, courbé sous la servitude de la mort dont seul parmi les vivants il a conscience, mais vaguement conscient aussi de l’éternité de cet univers dont il est une parcelle ; l’on entre en communion avec le lent effort des générations innombrables qui a élargi son cœur et son cerveau, l’on se sent le semblable et le frère du contemporain des âges fabuleux où du creux des bois ajustés jaillissait le génie protecteur du foyer, et l’on se prend à aimer les dieux qu’adorèrent nos pères, la religion qui les couva de son aile, la magie qui la première les releva des souffrances de la vie par la dignité de la pensée. 

Au nombre des récentes découvertes qui de proche en proche amenèrent l’homme à se mieux pviii connaître, il faut compter, bien qu’effectuée dans des conditions très différentes, celle de l’Inde antique [1]. Ici il n’a point fallu déterrer ce qui gisait à fleur de sol, mais simplement s’en aviser, ce qui n’exige parfois guère moins de pénétration. Abritée derrière ses hautes montagnes, et entourée d’une mer peu sûre, dont les caboteurs phéniciens n’affrontaient pas volontiers les longs détours [2], l’Inde a fermenté sous son ciel torride, comme une cuve étanche, sans rien emprunter à l’Europe et sans rien lui donner. Sans doute, il est difficile de croire qu’un Pythagore pour sa doctrine de la métempsycose, un Platon pour son monisme idéaliste, ne lui soient redevables d’aucun apport ; mais, en tout état de cause, ils n’en ont pas eu le moindre soupçon, et c’est par infiltration latente que sa philosophie est parvenue jusqu’à eux. Plus tard, avec Alexandre, l’hellénisme envahit la Péninsule : il y créa même des royaumes éphémères, où se fondirent les deux pix civilisations, et les écrits hindous de ce temps nous montrent les conquérants occidentaux empressés à se mettre à l’école de la sagesse hindoue ; mais, soit que ceux-ci n’en voulussent point convenir, soit que leurs devoirs d’élèves aient été perdus, les renseignements qu’ils fournirent sur l’Inde à leurs compatriotes d’Europe se réduisent quelques anecdotes éparses, pittoresques et suspectes. Et bientôt cette maigre source tarit ; car les Parthes s’interposent entre ces deux tronçons inégaux du monde hellénique, les Grecs de l’Indus se noient dans le flot indigène, et recommence pour l’Inde une phase d’isolement de vingt siècles, qui a fini de nos jours. 

Cette période, à son tour, se subdivise en deux moitiés : durant la première, l’Inde n’a envoyé à l’Europe que des épices, par les marchés de Byzance et d’Alexandrie, et l’idée n’a pu venir à personne de lui demander autre chose ; à partir de l’invasion musulmane, elle a, par l’intermédiaire des Arabes, faiblement rayonné au dehors ; mais, là encore, ceux qui ont reçu ses bienfaits ne s’en sont point doutés, à preuve l’innocente ingratitude qui nous voile, sous le nom de chiffres arabes, l’inestimable merveille graphique de la numération. Lorsque, à la fin du XVe siècle, les Portugais eurent trouvé la route de mer, quand les Hollandais leur disputèrent px l’empire de l’Orient, où Français et Anglais ne tardèrent pas à entrer en lice, à tous ces conquérants successifs l’Inde ne fut qu’une proie. Ainsi advint-il que les brahmanes, jaloux de leur science sainte, la purent garder pour eux, jusqu’au jour où l’on soupçonna que ces quasi-antipodes étaient des frères de race et que leurs vieux livres contenaient la clef des langues qui avaient fait l’éducation littéraire de l’Occident. 

Cette constatation, pour tardive qu’elle fût, est venue, disons-le, à son heure, et l’on doit à peine regretter qu’elle n’ait pas émergé plus tôt. Ni l’antiquité, ni même l’érudite Renaissance, si elle avait eu l’occasion de la formuler, n’était en mesure d’en tirer parti ; il leur manquait précisément ce sens et cette méthode historique sans lesquels les faits ne sont que des faits. A supposer le plus grand génie philosophique de la Grèce aux prises avec le sanscrit, le Cratyle nous apprend assez à quoi il y eût trouvé matière : jeux de mots ingénieux ou bizarres, spéculations à perte d’haleine sur une étymologie imaginaire, spirituelles ironies portant à faux, tout enfin, excepté une vue juste de l’affinité de deux langues et du secours qu’elle offre à l’analyse du langage humain [3]. Il est surprenant à quel degré les pxi Grecs, dont la langue comportait plusieurs dialectes littéraires, sans parler des autres, et les Latins, qui savaient plus ou moins le sabin, l’osque et l’ombrien, sont restés fermés à toute méthode saine et féconde de comparaison linguistique, bornant leurs rapprochements à quelques curiosités piquantes ou futiles, mais toujours arbitrairement triées, sans cohésion ni plan. Si le sanscrit ne nous fût parvenu qu’à travers l’antiquité classique, les coupes sombres qu’elle y eût pratiquées n’en auraient laissé qu’une image irrémédiablement faussée, d’où tout au moins ne se seraient dégagées qu’à grand’peine sa généalogie et celle de ses congénères. Le terrain était vierge, il n’a point fallu démolir pour construire : aussi la construction fut-elle rapide ; et, comme la relation généalogique était indispensable à une saine appréciation de la filiale intellectuelle, celle-ci non plus ne se fit pas longtemps attendre. 

Ce n’est pas qu’elle ne fût troublée dès l’abord par un nouveau préjugé, de provenance hindoue celui-là : l’extrême antiquité que les brahmanes assignaient à leur langue la fit prendre pour un ancêtre direct des nôtres ; et maintenant encore pxii on entend souvent dire, si heureusement on ne le lit plus guère, que le grec et le latin sont « dérivés » du sanscrit. Mais cette énorme erreur n’a tenu que bien peu, le temps seulement d’inspirer à ceux qui la propagèrent un redoublement d’enthousiasme pour les doctrines de ceux qu’ils crurent leurs pères naturels autant que spirituels. Tout fut bientôt remis au point : l’on sut que le sanscrit n’est qu’une maîtresse branche, non la souche elle-même ; on fixa la situation respective des autres grands rameaux, grec, italique, celte, germain et slave ; on restitua par induction la souche perdue, désignée sous le nom conventionnel d’« indo-européen commun » ; voire l’on s’efforça de déterminer la position géographique qu’avait occupée, en Europe, en Asie ou sur les confins des deux continents, le petit groupe ethnique qui parlait cette langue, la peuplade particulièrement bien douée au double point de vue de la vigueur et de l’intelligence, qui a fini par couvrir de ses descendants le tiers de l’Asie, l’Europe et l’Amérique tout entières. La question de l’habitat primitif des Indo-Européens ne doit pas nous arrêter : elle semble insoluble, et en tout cas elle est parfaitement indifférente à l’histoire de leur langue et de leurs idées. Tout ce qu’on en peut affirmer avec certitude est aussi tout ce qui en importe aux lecteurs du présent pxiii livre : les premiers émigrants qui de là s’épandirent vers le sud-est se surnommaient eux-mêmes les Aryas, « les nobles » ; ils peuplèrent d’abord le plateau éranien, la Perse actuelle, d’où certains d’entre eux, beaucoup plus tard, pénétrèrent dans l’Inde par les hautes vallées de l’Indus et de ses affluents. 

Les Aryas qui parlaient le dialecte d’où est issue la langue des Védas, et ceux dont les idiomes sont devenus le zend, le parsi, le persan et l’afghan, constituèrent donc fort longtemps une sous-unité, dite indo-éranienne, séparée de bonne heure de la grande unité proethnique : de là vient qu’ils ont entre eux tant de traits communs ; de là, que leurs deux religions, tout antagonistes qu’elles se targuent d’être, — à ce point que les dieux des uns sont les démons des autres, et réciproquement, — procèdent d’un seul et même fond d’idées, qui se laisse assez aisément rétablir. Caractère sacré du feu, l’être pur par excellence ; adoration du soleil, à demi déguisé, mais presque toujours reconnaissable, sous diverses hypostases ; mythes où sa gloire éclate dans un mélange confus d’attributs empruntés à la fougue du dieu des orages : tels sont, dans les grandes lignes, les symboles à peine altérés d’où sortirent, à des époques différentes, le polythéisme touffu de l’Inde védique et le spiritualisme pxiv presque monothéiste de Zoroastre. A plus forte raison se sont-ils épanouis tous deux sur un corps de traditions magiques déjà complexe et fortement constitué ; car, si l’on a pu dire sans exagération, du moins à un certain point de vue, que le sacrifice védique n’est, d’un bout à l’autre, qu’un inextricable réseau de conjurations et de charmes, les livres de l’Avesta, d’autre part, malgré leur légitime prétention à la spiritualité, foisonnent de semblables pratiques, et c’est, on le sait bien, le nom de leurs docteurs qui, passant par l’intermédiaire du grec, a fourni à toutes les nations occidentales le nom de la magie elle-même et ses nombreux dérivés. 

Il ne s’ensuit pas, naturellement, qu’un document védique sur la magie vaille tel quel pour l’avestisme, ni surtout pour la reconstitution de la sorcellerie indo-européenne. A l’époque où nous surprenons leur langue, la scission s’est depuis longtemps accomplie entre les Aryas et leurs frères de l’Occident on ne saurait juger de ceux-ci par ceux-là ; mais on peut, par le témoignage de tous, juger de leur commun ancêtre, puisque leurs idiomes comparés nous sont garants irréfragables de ce qu’ils ont su nommer et, par conséquent, connu dans leur plus ancien habitat. Sachons donc en bref ce que raconte d’eux, non quelque chronique menteuse, mais le pxv propre souffle de leur bouche, à tout jamais éteint et toujours vivant. 

Ce n’étaient point des sauvages vulgaires : ils avaient poussé assez loin la réflexion et les arts. Ils comptaient jusqu’à cent, à coup sûr, probablement jusqu’à mille et par delà, ce qui implique la possession de vastes troupeaux ; car on ne voit guère à quoi pouvait servir, sans cela, une numération aussi étendue. Ils avaient en effet domestiqué le cheval, que toutefois ils ne montaient pas, le bœuf, qui traînait leurs lourds chariots à roues, le mouton dont ils savaient traiter la laine. Le lait des vaches et la viande des bestiaux faisaient le fond de leur alimentation. Ils y joignaient les produits de leur chasse, et quelques fruits, fournis par la cueillette, sinon par une culture au moins rudimentaire. La nomenclature agricole est presque ignorée de leur langue, et le nom du joug, universellement répandu, ne prouve pas qu’ils aient conduit la charrue ; mais ils devaient semer, pour les multiplier, les graines de certains végétaux, notamment celles d’une céréale qu’on peut sans trop d’invraisemblance identifier à notre orge. Ils ne connaissaient pas la vigne et ne pétrissaient point de pain. 

Leur industrie était celle de nombre de tribus pastorales de l’un et de l’autre continent. Ils pxvi travaillaient la glaise et la façonnaient à la main sans tour à potier [4]. Ils en élevaient des remparts pour se soustraire aux assauts des bêtes fauves et des clans ennemis. Ils filaient et entrelaçaient les fibres animales ou végétales, ou cousaient des peaux pour se vêtir ; car ils vivaient sous un climat froid à brusques alternances. Ils abattaient les arbres et en équarrissaient les troncs, pour se bâtir des abris de planches et de rondins plus sûrs et plus durables que les simples tentes ou huttes de feuillée. Dans ces demeures, une place d’honneur était réservée au foyer où couvait en permanence le feu domestique, attisé de temps à autre : on savait le produire par friction ; mais, comme la manœuvre du tourniquet était longue et pénible, on préférait le conserver une fois produit ; et c’était un devoir religieux, peut-être le premier qui s’imposa à la conscience de l’Indo-Européen, de ne le point laisser éteindre. Ce feu ne servait guère au travail des métaux, d’ailleurs inconnus pour la plupart : le seul attesté par le vocabulaire est un métal vil et dur, dont on pxvii fabriquait des outils et des armes : si c’était du cuivre, ce pouvait être du cuivre natif ; si du bronze ou — bien moins probablement — du fer [5], ils se le procuraient par voie d’échange ; car le trafic leur est familier, et ils ont des mots pour « vendre » et « acheter ». 

Les noms de parenté, qu’ils nous ont transmis supposent des liens de famille étendus et bien organisés, au moins dans la lignée mâle : car, non seulement ils avaient fort dépassé la phase du prétendu « matriarcat » primitif, — si tant est qu’ils l’eussent jamais traversée, — mais même tout s’accorde à indiquer un état social où la femme entrait dans la famille de son mari, et où celui-ci n’avait avec celle de sa femme que des rapports d’amitié, sans parenté définie [6]. Bien entendu, ils n’avaient point de villes, mais de grands villages très peu agglomérés et, de distance en distance, quelques enceintes fortifiées, pxviii où ils abritaient, en cas d’alerte, leurs bestiaux et leur provende. Ces communautés obéissaient à un chef, puis formaient entre elles des ligues plus ou moins stables, sous la conduite d’un « dirigeant » électif, dont le nom (*rêg ou *rêgô) s’est perpétué dans celui de nos rois actuels. Il n’est pas sûr qu’à cette autorité centrale ait été confié le soin de rendre une justice, même sommaire : les conflits entre particuliers se résolvaient d’habitude par la force, créant entre les familles des dettes de sang et de longues séries de vendette, comme on en constate encore chez tant de semi-civilisés ; toutefois, le serment, en tant qu’acte magique, solennel et religieux, et l’ordalie, dont la trace se retrouve dans presque tous les groupes ethniques, plus particulièrement dans l’Inde et en Germanie [7], dénouaient certains procès sans effusion de sang, et annonçaient l’avènement d’un semblant de droit privé, placé sous la protection d’une divinité omnisciente, ennemie-née de la rapine et du mensonge. 

Cette divinité suprême, comment la nommait-on ? Un nom, du moins, auguste entre tous, a survécu un peu partout, attestant l’adoration du Ciel père de tous les êtres [8], Ζεὺς πατρή Iuppiter, pxix en sanscrit Dyaus pitâ. De ce que celte identité est frappante et unanime, on a abusé récemment, par une équivoque naïve ou trop habile, pour soutenir qu’elle est la seule et faire table rase des autres rapprochements de mythologie comparée qui tendraient à prouver l’existence d’une religion indo-européenne. Eu réalité, les ressemblances s’étendent au panthéon presque tout entier, à condition qu’on ne les exige pas strictement littérales [9], et que l’on sache se contenter de l’approximation de probabilité que le bon sens affirme équivaloir à une certitude : ici, les mots coïncident, et non les faits ; là, les faits sans les mots ; mais ne serait-ce pas miracle, si faits et mots fussent restés intacts, à travers tant de siècles d’aperception confuse et de transmission purement orale ? Les Gandharvas de l’Inde sont assez différents des Centaures de la Grèce ; mais leurs noms les apparentent, et un trait spécifique qui leur est commun, leur incontinence brutale, jette dans la balance un poids décisif. Le nom sanscrit du feu (Agni) ne se retrouve que dans deux autres domaines, en latin et en slave, et pxx c’est dans l’Inde seulement que le feu est adoré sous ce nom [10] : refusera-t-on pourtant de reconnaître ce même culte, sous prétexte que les Latins l’adressent à une déesse qu’ils nomment Vesta ? Qu’importe même qu’éventuellement les noms diffèrent du tout au tout ? Les Cavaliers jumeaux des Védas (Açvins), Castor et Pollux en Grèce, les Alcis de Germanie, les Fils de Dieu du folklore lithuanien forment partout un couple lumineux et tutélaire, partout identique à lui-même sous les appellations variables dont le caprice des conteurs s’est plu à le décorer : et, si l’on ne sait au juste ce que les Indo-Européens se sont représenté sous cette incarnation, personne ne conteste sérieusement qu’elle n’ait été indo-européenne. 

On multiplierait à plaisir ces concordances, discutables si on les prend chacune à part, mais inébranlables en tant qu’elles font masse, et d’authenticité garantie par leur caractère même incomplet et fluide. Tel groupe ethnique a oublié la moitié du mythe ; tel autre, l’autre moitié ; et les deux récits se raccordent, comme deux fragments de papyrus dont s’ajustent les plis et les dentelures : il n’en serait pas ainsi, si l’un des pxxi groupes l’avait bonnement emprunté à l’autre, alors même que matériellement un tel emprunt semblerait possible. C’est le cas de maintes légendes, trop pareilles pour qu’on les sépare, trop peu pour qu’on songe à quelque transmission artificielle, invraisemblable, d’ailleurs, de l’Inde, à la Grèce : le héros qui dote les hellènes des bienfaits du feu s’appelle Προμηθεύς ; avec un préfixe en plus, c’est lettre pour lettre le nom du roi Mâthava, qui transporte dans sa bouche Agni Vaiçvânara dans la poussée des Aryas vers les plaines de l’Orient [11]. Et ce feu, choyé et révéré, l’on vient de voir que son entretien journalier revêt déjà l’aspect d’un humble cuite, qui ira se développant ultérieurement en puissantes institutions sacerdotales si, comme on ne peut guère se défendre de le croire, il y avait dès lors, au, dessus des feux privés, un « feu du clan » entretenu au profit de la communauté, sera-t-il outré de parler d’une religion du feu, de ses rites, ou même de ses prêtres ? 

Ceux-ci, thaumaturges, médecins et devins, magiciens en un mot [12], ne nous laissent pas non plus ignorer leur existence préhistorique [13]. Le mot pxxii latin flãmen paraît le même que le sanscrit brahmân, et aucun des deux ne se rattache par un lien perceptible à une racine respectivement latine ou sanscrite : il est donc à peu près impossible qu’ils soient nés à part dans chacune des deux langues, et l’on doit admettre qu’ils y constituent un legs du passé commun, en d’autres termes, que certaines tribus indo-européennes au moins appelaient leur sorcier *bhlaghmên — révérence parler — ou quelque chose d’approchant. Tel autre accord est plus original encore. On connaît la qualification étrange du grand prêtre romain (pontu-fex), qui fait que, si l’histoire ne définissait ses attributs, on le prendrait sans hésiter pour un ingénieur en chef des ponts-et-chaussées. Or, les Védas ont une épithète pathi-krt « qui fait le chemin », spécifiquement pxxiii appliquée aux grands sages mythiques, aux prêtres d’antan qui inventèrent le sacrifice et révélèrent aux hommes la divinité. Le premier terme du composé est le même dans les deux langues ; le second diffère, parce que les Latins expriment par une racine fac ce que les Hindous rendent par une racine kar « faire » ; mais l’idée est commune aux deux domaines preuve que c’est bien ici l’idée qui importe et préexiste. Quelle qu’en soit l’origine, — soit qu’il s’agisse de frayer aux phénomènes lumineux les voies du ciel, ou aux mortels l’accès au séjour des dieux, ou de conceptions plus terre-à-terre, — on accordera que l’idée est trop singulière et son expression trop prégnante, pour avoir été imaginées deux fois en deux endroits différents. Il reste que le concept de « frayer des routes » ait été déjà associé par les Indo-Européens à un concept religieux et sacerdotal : en faut-il davantage pour se persuader qu’ils ont connu, autant que le comportait leur état mental et social, une religion, un culte et un sacerdoce ? 

Le scepticisme, cependant, en ces délicates matières, est à la fois un droit et un devoir scientifique ; et à vrai dire, on s’étonnerait moins de voir certaines écoles contester la valeur des témoignages que leur oppose la philologie indo-européenne, si en récompense elles ne se pxxiv montraient si superbement affirmatives sur nombre de points où le document indo-européen les laisse en défaut ou les contredit. Elles se scandalisent à l’idée d’apparier Indra et Hercule, et un dieu solaire indo-européen a le don inexplicable de les égayer ; mais, dès qu’il s’agit de croyances censées communes à l’humanité tout entière, il n’est pas de monstruosité qui ne leur semble acceptable. Parmi ces engouements de la dernière heure, le totémisme universel n’est pas un des moindres, ni des moins respectables de par l’autorité de ses partisans. A ceux qui s’étonneraient de ne pas voir, dans un livre sur la magie hindoue, imprimé une seule fois ce mot fatidique, je répondrais en toute candeur que c’est que dans toute la magie hindoue je n’ai pas trouvé trace de l’institution et ne me suis pas cru le droit de la lui imposer de mon chef. D’aucuns, toutefois, n’estimeront pas le motif suffisant, car leur induction hardie plane au-dessus de tels scrupules : parce que, dans quelques tribus sauvages, de l’Amérique du Nord en particulier, out été constatés la croyance à une descendance d’un certain animal et l’usage de s’abstenir de sa chair, — sauf, on va le voir, en certaines occurrences exceptionnelles, où au contraire il en faut manger, — par cette raison, dis-je, et nulle autre, nous voici tenus de croire qu’au temps pxxv jadis tous les sauvages ont eu cette fantaisie bizarre, et que tous les civilisés actuels ont passé, quand ils étaient sauvages, par la phase du totem. A cela je ne vois rien à répondre, sinon que l’Avesta ni les Védas, ne connaissent rien qui ressemble au totem, et que, jusqu’à présent, on n’a découvert sur la religion des Indo-Éraniens d’autre document que les Védas et l’Avesta. 

Bon gré mal gré, l’on en convient, il le faut bien, c’est l’évidence ; mais on se raccroche à une autre branche. — Tel groupe de l’indo-germanisme, allègue-t-on, offre d’indéniables survivances de totémisme [14]. Or, si cette aberration est constante pour une seule peuplade de la grande famille, elle l’est pour toutes ; car il est invraisemblable qu’après la séparation ethnique un peuple en particulier l’ait isolément développée chez lui ou empruntée du dehors [15]. — Et pourquoi donc ? Nego minorem, dirait un scolastique. Il s’en faut de beaucoup que tous les individus qui pxxvi parlent ou parlèrent des langues indo-européennes soient on fussent de souche indo-européenne : des conquérants ou des immigrants de cette race se sont assimilé, un peu partout, quantité de peuplades autochtones et inférieures ; et, si les Grecs ou les Italiotes, par exemple, se sont trouvés en présence d’une imposante majorité de sauvages totémisants, ils ont fort bien pu leur enseigner l’hellénique et l’italique, mais ceux-ci garder leurs totems. Il est curieux que ceux qui veulent retrouver le totem partout se refusent à croire que leurs pères aient pu le rencontrer quelque part. 

C’est que, s’ils y consentaient, il leur faudrait du même coup renoncer à un autre mirage, à l’explication universelle de la notion du « Sacrifice », telle que l’a formulée, l’appuyant d’ailleurs exclusivement sur documents sémitiques, le très savant et ingénieux Robertson Smith [16]. A époques fixes, une fois par an nommément les membres d’un clan totémique se réunissent, et, suivant un rituel ou pompeux ou cannibalesque, prennent ensemble un repas dont l’animal de totem fait tous les frais : cette communion entre eux et pxxvii avec l’ancêtre est censée renouveler le lien qui les unit à lui, et tous les sacrifices de toutes les religions du monde procèdent de cette unique cérémonie. Plus tard, lorsqu’elle ne fut plus comprise, on s’imagina que le sacrifice était un simple don d’aliments fait à un dieu pour capter sa bienveillance : conception grossière qui doit s’évanouir devant les flots de lumière projetés par l’ethnographie sur les premiers âges de l’humanité. 

Ainsi, presque toute l’humanité se trompe, depuis plusieurs milliers d’années, sur ce qu’elle entend faire en offrant aux dieux un sacrifice ? A première vue, pourtant, et admettant pour le sémitisme ce que garantit avec tant de force un sémitisant, on se dit qu’il n’est point indispensable que les Indo-Européens aient eu de leur sacrifice la même idée que du leur les Sémites. Quant à croire que cette idée date de l’âge de la pierre taillée ou du temps où l’anthropopithèque adopta la station droite, si l’on nous le prouve, tout est au mieux mais, si c’est article de foi, n’en parlons plus. Dès lors, la seule méthode raisonnable, pour savoir ce que pensent les Indo-Européens, c’est de le leur demander, à eux ; et non seulement ils répondent à l’unanimité qu’ils ne connaissent que le sacrifice-don ; mais l’idée même d’une communion par le sang avec un dieu pxxviii paraît absolument étrangère à toutes leurs liturgies, et l’est en tout cas à la liturgie, soit religieuse, soit magique [17], de l’Inde ancienne ; dans les Védas, le sang est un immonde rebut, qui, avec la bale du blé, les gousses vides des légumineuses et les excréments (sic !) contenus dans les entrailles de la victime, est abandonné aux démons. Après cela, libre à l’anthropologie de soutenir que le Véda est dans son tort, que sa conception est deviée d’une croyance selon laquelle le sang était le fluide noble et précieux par où se communiquait à l’homme la vie et l’essence de la divinité ; mais... nous ne l’en croirions pas sur parole. 

Tout ce qu’on pourrait lui concéder, et encore par pure complaisance, c’est que les Indo-Européens descendaient de sauvages jadis totémistes. A l’époque où nous les surprenons, ils ont depuis si longtemps passé cette phase qu’ils ne s’en souviennent plus du tout, et cela seul importe à qui les étudie pour les connaître, eux pxxix et non l’homme en soi. Que celui-ci ait été un darwiniste avant la lettre, c’était peut-être intuition de génie [18] ; mais on ne voit pas trop ce qu’il en ressort d’utile à l’intelligence des domaines religieux d’où ce transformisme primesautier a été complètement banni. La biologie ne s’est pas mal trouvée d’avoir liquidé les a priori qui l’encombraient ; le temps vient, où il plaira enfin à la sociologie de se modeler sur elle. 

C’est pourquoi l’on ne trouvera dans ce livre aucun aperçu de haut vol sur les magies sauvages : rien que des documents authentiquement hindous pour attester la magie hindoue, et des considérations de psychologie on de logique élémentaire pour l’éclaircir. De ces dernières, ce me serait un précieux éloge, que le lecteur estimât qu’il les eût pu trouver sans moi. Quant aux premiers, s’il attache quelque importance à les prononcer comme il faut, je lui dois encore, en pxxx tant qu’il ne serait pas sanscritiste, quelques explications. 

Les voyelles, brèves ou longues, sonnent comme en français sauf l’u, qui vaut celui de l’allemand, soit donc notre ou. L’r est une vibration de la langue qui ne s’accompagne d’aucune voyelle et forme syllabe à elle seule ; on peut, si l’on veut, le faire précéder d’un e muet très bref. Les diphtongues ai et au font entendre séparément leurs deux composants. Les muettes suivies d’un h (ph, bh, etc.) se prononcent avec une légère aspiration, d’ailleurs négligeable. Négligeable aussi, sauf en ce qui concerne l’r, est la nuance qui différencie les lettres pointées en dessus ou en dessous (n, t, d, etc.) ; il suffit de savoir que l’m est la seule nasale qui communique un timbre nasal à la voyelle précédente. Mais il est important d’observer que le j équivaut à peu près à dj, et que le c est la consonne dure correspondante, c’est-à-dire qu’il s’articule, en toute position, comme le c italien devant e ou i. L’s, même entre deux voyelles, se prononce toujours dure, jamais comme un z. Le sh a la valeur anglaise, soit donc celle du ch français, et le ç n’en diffère que très peu. 

pxxxi Les titres cités le sont tous in extenso, à la seule exception de ceux des trois ouvrages qui forment la trame permanente du livre et qu’on reconnaîtra sans peine sous leurs sigles respectifs :

 

R. V. = Rig-Véda [19] ; 
A. V. = Atharva-Véda ; 
K. S. = Kauçika-Sûtra. 
Sceaux (Seine), le 28 juillet 1903. 

V. H.


[1] C’est vers la fin du XVIIIe siècle, on le sait, que quelques savants missionnaires jésuites révélèrent à l’Europe la langue sacrée de l’Inde et ses curieuses affinités avec le grec. La remarque en avait déjà été faite 150 ans plus tôt par un voyageur hollandais ; mais nul n’avait pris souci de la vérifier.

[2] Ce n’est qu’au moyen âge que l’observation du phénomène des moussons par les navigateurs arabes permit d’abréger de plus de moitié le trajet de Bâb-el-Mandeb au Malabar, en même temps que d’éviter le voisinage du littoral, beaucoup plus perfide que la haute mer.

[3] Mais plutôt il est infiniment probable que Platon eût dédaigné le juron de ces barbares lointains, ou n’eût fait que l’opposer au verbe des Hellènes, comme un spécimen du langage de ceux qui ne sauraient parler (φάναι) et ne sont capables que d’émettre des sons (φθέγγεςθαι).

[4] Ceci résulte, nommément, du rituel védique de la confection du pot du pravargya (cf. infra p. 264), cérémonie semi-magique englobée dans le culte officiel : cette marmite d’argile doit être façonnée à la main. Or, les Hindous védiques connaissaient parfaitement l’usage du tour à potier ; mais on sait à quel point la liturgie, en tous pays, est conservatrice des vieux us. Cf. aussi la note suivante.

[5] Le fer est en abomination à plusieurs liturgies indo-européennes : à une époque ou il a passé dans l’usage quotidien, on égorge encore les victimes avec un couteau de bronze, et le flamine romain s’interdit même de se raser autrement. Plus archaïque encore, la circoncision sémitique se fait avec une lame de pierre, — Sur ces questions d’archéologie préhistorique, on trouvera le informations les plus sûres dans : O. Schrader, Reallexikon der Indogermanischen Altertumskunde, p. 173 sqq., 488 sqq. et passim.

[6] A. Meillet, Introduction à l’étude comparative des Langues Indo-européennes, p. 357 ; O. Schrader, op. cit. p. 132.

[7] Cf. infra, p. 100, n. 3, et p. 235.

[8] Je n’ose pas encore écrire, pour ce temps reculé : « du Ciel qui voit tout », cf. infra p. 254 ; car il se peut que cette idée ne soit née que plus tard ; mais elle est assez simple pour s’être de bonne heure présentée tout naturellement à l’esprit.

[9] Si elles l’étaient, elles seraient plus suspectes, car un accord aussi servile aurait grandes chances de ne procéder que d’emprunt. Voir ce qui suit.

[10] Toutefois aussi chez quelques Salves païens, à une époque aussi tardive que celle de Jérôme de Prague : Schrader. p. 674.

[11] Çatapatha-Brâhmana, I, 4, 1, 10.

[12] Cf. infra p. 22 sq. et 36 sq.

[13] Il est bien vrai que, pour l’époque indo-européenne, tout donne à penser que le père de famille était à lui-même son propre prêtre domestique (cf. infra p. 4 et 261), et que, par voie de conséquence, le chef du clan, le roi remplissait les fonction du sacerdoce au nom des intérêts publics, fonctions qu’il a gardées et même remarquablement amplifiées dans certains milieux sociaux : A. Moret, Caractère religieux de la Royauté Pharaonique, p. 1 sq. Mais, dès cette époque également, il y avait sans aucun doute des gens, des familles, qui passaient pour posséder par tradition des formules, des charmes et des prières d’une efficacité considérable, toute-puissante, et leur intervention, pour n’être jamais obligatoire, n’en était pas moins requise et largement rétribuée dans les grandes occasions. Cf. Schrader op. cit., p. 640. On ne peut donc dire qu’il n’y eût point de prêtres, à moins de faire sacerdoce synonyme de monopole : ce qui serait un inadmissible anachronisme.

[14] C’est ce qu’il faudrait commencer par démontrer : car enfin, ni la métempsycose hindoue (croyance tardive), ni l’Athéné-chouette ou le prétendu Apollon-loup de la Grèce, ni les animaux du blason, ni les loups-garous du folklore, n’en sont des preuves. Tous ces faits montrent, ce qui irait sans dire, que partout les animaux ont joué un grand rôle dans l’imagination humaine, mais non point du tout qu’ils y aient joué précisément le rôle que leur assignent certains indigènes américains.

[15] J. G. Fraser, Totemism, p. 94.

[16] Son ouvrage est intitulé Lectures on the Religion of the Semites. Voir notamment (p. 263, first series) la description, donnée par S. Nil, de l’abominable tuerie où les Sarrasins dépècent un chameau tout vivant pour se gorger de son sang.

[17] On ne m’opposera pas, je pense, le rite sanglant décrit à la p. 87. Là, ce n’est pas d’un seul animal qu’il s’agit de manger, mais de sept, dont deux êtres humains ; ce n’est pas un repas servi à plusieurs, mais une dose absorbée par un seul : bref tout l’opposé d’un banquet totémistique. Il y a bien, un peu plus bas (p. 95), un repas d’alliance mais croira-t-on que, chaque fois que des gens dînent ensemble, il y ait du totem dans leur affaire ?

[18] Encore que le procédé conjecturé par Darwin soit fortement battu en brèche et en voie de disparaître de la science : car la transformation des espèces, telle qu’il l’a enseignée après Buffon et Lamarck, subsiste, non seulement comme postulat rationnel, mais à titre de fait d’expérience de mieux en mieux confirmé. Seulement la transformation s’opère dans des conditions telles qu’elle ressemble, à s’y méprendre, à une création nouvelle : cf. A Dastre, in Revue des Deux-Mondes, 1er juillet 1903, p. 207. Et ainsi se concilient encore, sur ce terrain à peine affermi, la vieille métaphysique et la jeune observation : cf. notre Conclusion, p. 244, 257 et 260.

[19] Le titre exact serait rgvêda (sanscrit rk « stance » cf. infra p. 17), avec la voyelle r définie ci-dessus ; mais je me suis conformé aux habitudes de l’orthographe française.



Retour au texte de l'auteur: Jean-Marc Fontan, sociologue, UQAM Dernière mise à jour de cette page le mardi 12 juin 2007 8:33
Par Jean-Marie Tremblay, sociologue
professeur au Cegep de Chicoutimi.
 



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