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Collection « Les auteur(e)s classiques »

Le dépôt de l’enfant sur le sol, Rites anciens et ordalies mythiques” (1940)
Introduction


Une édition électronique réalisée à partir du livre de Marcel Granet (1884 - 1940), “Le dépôt de l’enfant sur le sol, Rites anciens et ordalies mythiques” (1922) **, In Essais sociologiques sur la Chine. 46 pages. Paris : Les Presses universitaires de France, 1990. Article paru dans la Revue Archéologique, 1922. T. XIV, 5e série. Une édition numérique réalisée par Pierre Palpant, bénévole.

Introduction

A06. — Marcel GRANET  :
Le dépôt de l’enfant sur le sol, Rites anciens et ordalies mythiques (1922)

Il y a quelque cinquante ans les gens d’Europe qui refusaient de croire que les Chinois noyaient uniformément leurs petites filles, n’entendaient point sans chagrin raconter qu’en tout cas les malheureuses étaient toutes, à leur naissance, abandonnées, sans aucun soin, pendant trois jours, sur un tas de chiffons. Douloureuse aggravation de la diète des nouveau-nés ! A dire le vrai, ces récits attendrissants s’appuyaient sur une tradition populaire ; mais celle-ci, pour les temps modernes au moins, correspondait plutôt à une métaphore qu’à une pratique effective. La métaphore cependant n’était point de pure invention, et voilà le curieux : d’un usage antique, qui n’impliquait, à l’égard des fillettes, aucune malveillance barbare, le goût du symbolisme moral a fait sortir une formule qui, peut-être, au cours des siècles, servit de justification à des traitements peu humains et qui, pour finir, a permis de jeter quelque discrédit sur les mœurs chinoises.

L’auteur de la métaphore malfaisante, on peut le deviner, est une femme de lettres ; c’est l’une des plus anciennes et des plus célèbres de la Chine, la Tsao Ta‑kou : instruite des lettres antiques, sœur d’historien, historienne, un peu pédante, elle exerça avec succès, dans le gynécée des Han, les fonctions délicates de professeur d’arts d’agrément et de maîtresse de morale. Elle écrivit, tout comme une autre, un traité de l’éducation des filles ; voici comme il débute : « Dans l’antiquité, quand il naissait une fille, pendant trois jours on la couchait au bas du lit ; on lui donnait pour hochet une (fuserole de) terre cuite ; puis, après un jeûne purificatoire, on annonçait (la naissance aux Ancêtres). On la couchait au bas du lit, pour manifester sa condition humble : son rôle était d’être (tenue) plus bas qu’un homme. On lui donnait pour hochet une (fuserole de) terre cuite pour manifester le zèle (qu’elle devrait montrer) pour le travail : son rôle était de tenir en main un (instrument de) travail. Après un jeûne purificatoire, on annonçait (la naissance) aux Ancêtres défunts, pour manifester qu’elle devait avoir pour rôle (d’assurer) la perpétuation des sacrifices. Dans ces trois choses (il faut voir) sans doute les principes fondamentaux de conduite du sexe féminin. » Ainsi étaient averties les femmes impériales d’avoir à être modestes, travailleuses et prolifiques...


Retour à l'ouvrage de l'auteur: Marcel Granet (1884-1940) Dernière mise à jour de cette page le Jeudi 24 mars 2005 08:44
Par Jean-Marie Tremblay, sociologue.
 



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