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Collection « Les auteur(e)s classiques »

L'illusion d'une monnaie stable (1927)
Préface


Une édition électronique réalisée à partir du livre de M. Irving Fisher [professeur d'économie politique à l'Université de Yale], L'illusion de la monnaie stable. Avec cinq graphiques dans le texte. Préface de Francis Delaisi. Paris: Payot, Éditeur, 1929, 176 pages. Collection: Bibliothèque politique et économique. [Conférences faites à l'été 1927 à l'École internationale de Genève]. L'édition numérique de cet ouvrage a été rendu possible grâce à la précieuse coopération de M. Serge D'Agostino, professeur d'économie politique en France, qui nous a prêté son vieil exemplaire papier de ce livre. Merci professeur D'Agostino - JMT.

Préface
Simple entretien avec un industriel français

de Francis Delaisi
Juin 1929


J'ai voulu faire lire ce livre par un industriel de mes amis, homme fort cultivé, mais absorbé par d'importantes affaires.

- Inutile, m'a-t-il répondu. Le titre m'en dit assez. Je veux bien admettre, puisque votre savant professeur américain l'affirme, que «l'étalon d'or est une illusion». Mais, entre nous, cela m'est tout à fait indifférent. Il me suffit de savoir, si je vends une marchandise à l'étranger, que son prix en dollars me procurera toujours la même quantité de francs; et, que, si je fais un dépôt en francs dans une banque ou un prêt à une entreprise, je retrouverai à l'échéance, l'exact équivalent de ce que j'aurai prêté. En fait, depuis que le franc-papier est redevenu convertible en or, la sécurité de mes transactions, dans le temps comme dans l'espace, est assurée. Alors, que m'importent ces discussions sur l'étalon, la « valeur », etc., etc... Ce sont des spéculations d'économistes qui peuvent mettre en valeur l'ingéniosité d'un théoricien désireux d'entrer à l'Institut. Mais elles sont sans portée pratique.

Et, comme je reposais -mon livre, un peu déçu, il ajouta:

- Ah! si votre éminent professeur américain, au lieu ,de s'attarder à des problèmes monétaires désormais résolus, occupait son talent à nous expliquer pourquoi, depuis quelques mois, notre balance commerciale est devenue brusquement déficitaire, voilà qui nous rendrait service! Car enfin la situation devient inquiétante : nos exportations diminuent, à la fois en poids, et en valeur - par contre nos importations augmentent. Les statistiques douanières accusent chaque mois un déficit considérable, que ni le revenu de nos capitaux à l'étranger, ni les dépenses des touristes ne parviennent à combler... Je sais bien que notre change n'est pas en péril. La Banque de France, depuis que la stabilisation a ramené chez nous les capitaux évadés, dispose d'une ample provision de devises. Mais, s'il nous faut cette année payer les 400 millions de dollars des stocks américains, il n'en restera plus guère. Cette situation ne peut pas durer.

- Et comment l'expliquez-vous? demandai-je.

- Précisément, je ne me l'explique pas. Les prix sur le marché mondial n'ont pas changé sensiblement; le coût des transports est le même, le crédit est facile, et les tarifs douaniers des autres peuples sont restés invariables - du moins jusqu'à présent. C'est à n'y rien comprendre. Le Président de la Commission des Douanes a demandé à l'administration de faire une enquête...

- Fort bien! Mais si la cause du mal n'est pas, comme vous le dites, dans les conditions du trafic, ne pourrait-on la chercher dans un phénomène monétaire, - et par exemple dans une variation de la valeur de l'or.

- Que voulez vous dire? l'or ne peut pas changer de valeur puisqu'il est lui-même, par définition, l'étalon de toutes les valeurs.

- C'est précisément la question, répliquai-je. Et voilà pourquoi il serait peut-être utile de lire le livre du professeur Irving Fisher.


- Ainsi, votre Américain prétend que l'or n'est pas un étalon?

- Ce n'est pas à moi de refaire sa démonstration. Vous verrez qu'elle s'appuie sur des faits et conduit à l'évidence. Pour la commodité des échanges, il est convenu que la valeur des objets s'exprime en or. Réciproquement la valeur de l'or doit s'exprimer par la quantité d'objets qu'il peut procurer, c'est-à-dire par son pouvoir d'achat. Pour le mesurer, on fait le total des prix des marchandises les plus fréquemment échangées en un lieu et à un moment donné, et celui des mêmes marchandises en un autre lieu ou à un autre moment, et l'on calcule le pourcentage.

- Je sais, dit l'industriel, c'est la méthode des nombres-indices.

- Eh bien! si vous consultez les indices du dollar, établis par le Federal Reserve Board américain, vous constatez qu'il faut verser aujourd'hui en moyenne $ 138,5 pour avoir la même quantité de marchandises qu'on obtenait en 1914 pour $ 100. C'est donc que le dollar ne vaut plus maintenant 100 cents (en marchandises) comme autrefois, mais seulement 100 : 138,5 = 72 cents. Et pourtant le dollar-papier n'a jamais cessé d'être échangeable à la Banque contre la même quantité d'or. L'or s'est donc en réalité déprécié.

- Je le veux bien. Mais c'est un phénomène accidentel dû à la guerre.

- La guerre assurément y est pour quelque chose. Mais le professeur Irving Fisher vous montrera qu'en fait, bien avant 1914, le pouvoir d'achat du dollar a varié dans des proportions tout aussi grandes, même quand sa valeur-or demeurait constante.

Si maintenant vous considérez les indices des prix-or dans les principaux pays d'Europe, tels qu'ils figurent au Bulletin de statistique de la Société des Nations, vous verrez qu'ils sont (février 1929) à peu près au même niveau en Angleterre (138,3) et en Allemagne (139,9) ; mais beaucoup plus élevés en Suisse (143) et en Hollande (148); et beaucoup plus bas en France (126,7) et en Belgique (123,2).

Cela montre que si l'or, (en pouvoir d'achat) s'est partout déprécié depuis la guerre, il s'est déprécié de façon fort inégale. Aujourd'hui le même poids d'or qui donnait en 1914, pour 1 dollar de marchandises, n'en procure plus que pour 72,2 cents aux États-Unis, 70 en Suisse, 67,5 en Hollande, alors qu'il en donne pour près de 79 en France, et plus de 81 en Belgique. Si maintenant vous représentez par 100 la valeur actuelle (en marchandises) du dollar aux États-Unis (soit 72,2 cents du dollar de 1914) vous constaterez que la valeur (en marchandise) du même poids d'or est la même (à 1% près) en Angleterre et en Allemagne mais qu'elle est seulement de 93,4% en Hollande, 96,8 % en Suisse, alors qu'elle atteint 109,2% en France, et 112,3% en Belgique.

- Soit, dit l'industriel; mais quelle influence cela peut-il avoir sur la marche des affaires?

- J'y arrive. Imaginez plusieurs exportateurs qui vendent sur le marché international une même sorte de marchandise. La concurrence les -obligera à la céder sensiblement au même prix. Comme ils seront payés en devises, ils recevront exactement la même quantité d'or, soit 100 dollars. Avec cette somme, l'Américain pourra dans son propre pays se procurer pour 100 dollars de marchandises ou de salaires: mais le Hollandais, avec la même somme en or, n'en trouvera que pour 93,4 dollars et le Suisse 96,8 tandis que le Français en tirera l'équivalent de 109,2 dollars et le Belge 112,3.

Autrement dit, la différence des pouvoirs d'achat de l'or impose au Hollandais une infériorité d'environ 6% par rapport à l'Américain (ou à l'Anglais, ou à l'Allemand) alors qu'il assure un avantage de 9,2% au Français, et de 12,3% au Belge.

Dans ces conditions, le Hollandais aura de la peine à maintenir ses prix au niveau de son concurrent américain. Quant au Français ou au Belge, comme ils se procurent pour la même somme sur le marché intérieur plus de produits nationaux et plus de salaires, ils pourront sans difficulté abaisser leurs offres de 2, ou 3, ou 5 dollars. À ce compte, ils auront encore (toutes choses égales d'ailleurs) un bénéfice; et ils mettront l'Américain (ou l'Anglais, ou l'Allemand) hors de combat.

Comprenez-vous maintenant pourquoi nos ventes à l'étranger ont été, même depuis la stabilisation, si faciles? nos industriels, par le seul fait de la moindre dépréciation de l'or en France, continuaient de toucher une véritable prime d'exportation.

- Comme au temps de l'inflation.

- Exactement. Savez-vous qu'en octobre 1927, - c'est-à-dire plus d'un an après la stabilisation de fait, - l'écart entre le pouvoir d'achat du dollar aux États-Unis et en France a atteint jusqu'à 25%. À ce compte, le bénéfice provenant de la transformation du dollar en marchandises (sur le marché intérieur) était si grand, qu'il permettait de couvrir à lui seul les frais de transport de l'exportateur, et permettait de franchir les barrières douanières les plus élevées. À ce moment les Américains, en dépit de leurs tarifs, virent nos métallurgistes vendre des tubes d'acier et des machines à la porte de leurs propres usines, et cela explique qu'ils se soient rejetés vers le protectionnisme. Contrairement à toutes les prévisions, en dépit de la stabilisation, nos ventes à l'étranger ont pris un essor inattendu.

- En effet, c'était magnifique!

- Seulement cela ne devait pas durer. À partir du moment où, toutes les restrictions étant supprimées, l'or s'est mis à circuler librement, il est allé tout naturellement vers les pays où son pouvoir d'achat était le plus grand. Les capitaux américains ont afflué vers l'Europe, créant une abondance qui faisait monter les prix sur le Continent. Tout naturellement, quand les entraves artificielles disparaissent, les prix tendent à s'établir partout au même niveau.

Sans doute ils n'y parviennent jamais exactement cela tient à la différence des productions, au coût des transports qui s'ajoute aux prix des marchandises importées, aux tarifs douaniers qui élèvent plus ou moins le coût de la vie. Même avant 1914, le niveau variait d'un pays à l'autre. Mais les écarts étaient faibles et à peu près invariables. Aujourd'hui ils sont encore fort changeants et beaucoup plus grands, mais ils tendent insensiblement à revenir à leur ancien étiage.

En France, par exemple l'index des prix monte lentement, mais de façon continue. C'est dire que le pouvoir d'achat de l'or diminue. Déjà, vous l'avez vu, l'écart avec les États-Unis n'est plus que de 9%. Cela ne suffit plus à compenser les tarifs douaniers ni même le coût des transports. Et ainsi forcé-ment nos exportations diminuent.

- Mais pourquoi nos importations augmentent-elles? demanda l'industriel.

- Elles subissent les effets de la même loi, mais en sens inverse. Quand l'écart était de 26% un importateur français, pour acheter 100 dollars américains, devait vendre sur le marché français l'équivalent de 126 dollars en marchandises; c'était lourd. Aujourd'hui il lui suffit d'en vendre l'équivalent de 109, ce qui lui est bien plus facile. Ainsi par la vertu du même phénomène, nos importations s'accroissent, nos exportations diminuent, et le déficit commercial apparaît dans les statistiques. Voilà la raison du singulier renversement de la balance commerciale qui étonne et inquiète actuellement tous nos hommes d'affaires. N'est-il pas vrai qu'il peut être utile de connaître les théories du professeur Irving Fisher?


- J'en conviens volontiers, dit l'industriel. Mais en somme si je comprends bien, il ressort de tout cela que la stabilisation monétaire n'est pas achevée.

- En effet, on a stabilisé la monnaie de papier par rapport à l'or; il reste à stabiliser la valeur de l'or en marchandises.

- Est-ce possible?

- Sans doute. Mais ce n'est pas facile. Dans tous les pays à monnaie saine, les Banques d'émission peuvent mettre en circulation des billets que l'on considère comme sains, pourvu qu'ils soient couverts par des traites représentant des marchandises et par une encaisse-or. Pour que la convertibilité soit assurée, on estime que l'encaisse doit toujours atteindre au minimum 40% du total de la circulation. À condition de ne pas tomber au-dessous de cette marge, les banques peuvent par le moyen de réescompte, accroître ou restreindre à volonté la circulation des billets : dans le premier cas les prix montent, dans le second ils baissent. Et comme le billet, pourvu que la marge de sécurité ne soit pas dépassée, est toujours convertible en or, elles peuvent faire varier le pouvoir d'achat de l'or, sans que leur encaisse métallique ait changé.

La Banque de France, par exemple déclarait dans le dernier bilan que j'ai lu, que la proportion de son encaisse au total de ses engagements atteignait 49%. Dans ces conditions elle pourrait facilement. émettre plusieurs milliards de billets sans compromettre la convertibilité en or. Toutefois il résulterait une hausse générale des prix à l'intérieur, c'est-à-dire une diminution du pouvoir d'achat de l'or, et par conséquent un stimulant très efficace pour nos exportations.

- Alors, qu'attend-t-elle pour le faire! s'écria mon industriel.

- Prenez garde, répliquai-je. D'abord tout en rendant service aux exportateurs, elle gênerait considérablement nos importateurs; et comme les premiers travaillent souvent avec des matières premières achetées par les seconds... D'autre part, même si elle le tentait, tous ses efforts pourraient être réduits à rien. Supposez qu'au moment où la Banque de France décide d'accroître sa circulation, les Banques Fédérales de Réserve américaines s'avisent d'en faire autant : les prix monteront aux États-Unis comme en France et l'écart entre le pouvoir d'achat du dollar à Paris et à New-York restera le même. Et comme les Banques américaines disposent d'une encaisse-or et d'une marge d'escompte beaucoup plus grandes encore que la nôtre, elles sont, quoi que nous fassions, maîtresses du jeu.

- Il faut donc surveiller avec attention la politique d'escompte des États-Unis?

- Sans doute, et aussi celle de tous les autres pays, car partout où la Ban-que d'émission peut étendre ou resserrer les crédits, il peut y avoir fluctuation des prix intérieurs et dépréciation invisible de la monnaie.


- Mais, s'écria mon interlocuteur, ne peut-on mettre fin à ces perturbations dangereuses, et stabiliser une fois pour toutes la valeur de l'or?

- On y songe, répliquai-je. Ce fut une des principales préoccupations des Experts, lors de la fameuse Conférence de Paris. Vous vous rappelez sans doute la Banque des Paiements internationaux dont ils ont tracé le plan, et qui doit centraliser les versements des divers gouvernements au titre des Réparations ou des Dettes. Comme elle y ajoutera le produit des emprunts résultant de la «commercialisation», elle disposera de capitaux énormes; elle pourra donc facilement, par le jeu du réescompte, aider les Banques d'émission des divers pays à stabiliser leurs index. Si elle y parvient, le prix d'un objet ne variera plus qu'en raison de l'offre et de la demande de cet objet, et non plus aussi en fonction de la rareté ou de l'abondance des signes monétaires; alors, mais alors seulement, le facteur monétaire étant ,devenu une «constante» n'aura plus aucune influence sur les prix, et l'or sera devenu enfin un « étalon » !

Mais cela ne se fera pas en un jour; et d'ici là, il faut compter avec des fluctuations, qui pour être sans action sur le cours des changes, n'en auront pas moins une profonde influence sur le commerce international.


Mon interlocuteur resta un moment rêveur...

- En vérité, dit-il la tâche des hommes d'affaires devient toujours plus complexe. Je vois bien que tout chef d'entreprises devrait suivre ces mouvements des prix, et de l'escompte, sur les principales places du monde. Mais comment pourrait-il le faire s'il n'est pas un spécialiste?

- Rien n'est plus facile, répliquai-je. Depuis longtemps déjà diverses Universités américaines (Yale, Harvard) ou anglaises (Cambridge et Londres), l’Institut de Conjoncture de Berlin, la Statistique générale de la France, ont établi des sortes d'observatoires économiques et construit des index. Malheureusement leur publication mensuelle est trop tardive pour permettre à l'industriel ou au banquier d'en tirer des résultats pratiques.

Alors il s'est créé en Amérique des Sociétés anonymes, munies de capitaux importants, qui se font envoyer, chaque jour par télégraphe, téléphone et même par câble, les cours de plusieurs centaines de produits sur tous les grands marchés du monde; elles construisent avec ces données des index, et pour couvrir leurs frais, les vendent au public.

- Et on les leur achète?

- Avec empressement. Ce sont d'abord les Chambres de Commerce, les services centraux des grands Syndicats industriels, métallurgiques, textiles, etc., les Sociétés Foncières, les Sociétés d'Assurances qui engagent en opérations pour de longues années, - et naturellement les Banques. Puis les particuliers eux-mêmes y sont venus : maisons d'exportation et d'importation, industriels qui travaillent pour l'étranger. Aujourd'hui dans toute l'Amérique, il n'y a plus un homme d'affaires sérieux qui n'ait sur sa table l'index des prix-or des différents pays, exactement comme il consultait naguère quotidiennement le cours des changes, au temps de l'inflation. En Angleterre, en Allemagne existent des publications analogues, et je crois même qu'on vient d'en créer une en France. Mais la plus ancienne, je crois, et certainement la plus répandue, ce sont les circulaires de l'Index-Number Institute, créé et dirigé par le professeur Irving Fisher.

- Quoi! l'auteur du livre que voici?

- Lui-même. M. Irving Fisher, professeur à la Yale University de Boston, fut après la guerre, avec le Suédois Cassel, l'Anglais John Maynard Keynes, et quelques autres, un des premiers économistes qui, laissant de côté les vieilles conceptions, donna de la monnaie une définition réaliste. Naturellement on ne les écouta pas tout d'abord. Mais aujourd'hui leurs théories commencent à devenir « classiques ».

Alors le professeur Irving Fisher, a eu l'idée féconde de passer de la théorie à la pratique. Chaque jour, il se fait envoyer par dépêche ou par câble les cours des principaux produits sur tous les grands marchés du monde, et aussi ceux des principales valeurs de Bourse; ses bureaux établissent des index hebdomadaires; lui-même les commente en des articles rapides et précis pour en marquer la tendance. Des centaines de banquiers, d'industriels, de commerçants les reçoivent par abonnement. Bien mieux, voyant l'intérêt que le public attachait à ces renseignements, une centaine de journaux américains publient aujourd'hui, les Index Fisher à côté de la cote des changes et de la Bourse. En Allemagne, en Angleterre, la presse commence à faire de même.

- Et en France?

- Chez nous, naturellement on les ignore; ou bien si quelques-uns s'en servent - vous connaissez nos compatriotes - ils se gardent bien de le dire, afin de garder un avantage sur leurs concurrents mal avertis.

- Mais c'est absurde! s'écria l'industriel. Si nous continuons à nous débattre ainsi dans la nuit, le commerce français se laissera distancer de plus en plus sur le marché mondial. Il cherchera dans des relèvements de tarifs douaniers - qui provoqueront des représailles - une sécurité que seule la stabilisation de l'or pourrait lui donner. Il faudrait que les Chambres de Commerce, les Banques, et même les Administrations officielles avertissent les chefs d'entreprises de la gravité d'un problème qu'ils ne soupçonnent pas...

- Hé! dis-je, comment le feraient-elles, si elles ne le soupçonnent pas elles-mêmes.. Vous voyez bien qu'il faut d'abord lire - et faire lire - le livre du professeur Irving Fisher...

En vérité, le temps n'est plus où, pour réussir en affaires, il suffisait d'avoir de l'activité, du flair et une bonne administration. De plus en plus l'activité économique sort de l'empirisme pour atteindre à l'âge scientifique.

Voici une première contribution à la « Science des Affaires ».

Francis Delaisi
Juin 1929.


Retour à l'oeuvre de l'auteur: Irving Fisher. Dernière mise à jour de cette page le Dimanche 18 avril 2004 19:31
Par Jean-Marie Tremblay, sociologue.
 



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