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Collection « Les auteur(e)s classiques »

La terre et l’évolution humaine. Introduction géographique à l’histoire (1949)
Avant-propos


Une édition électronique réalisée à partir du texte de Lucien Febvre, La terre et l’évolution humaine. Introduction géographique à l’histoire. Collection: L’évolution de l’humanité, synthèse collective. Paris : Albin Michel, 1949, 475 pages, 7 figures. Une édition numérique réalisée par M. Jean-Marc Simonet, bénévole, professeur retraité de l'enseignement, Université de Paris XI-Orsay.

AVANT-PROPOS
Action du milieu et exploitation de la Terre. 

Henri Berr.

 

Dans l’évolution de la vie — épanouissant ce besoin d’être, qui est la vie même — l’homme nous est apparu. Il nous est apparu agent de logique, créateur de l’instrument et de la parole, doué d’initiatives surprenantes qui, dans le déroulement des siècles, accroissent sans cesse son pouvoir, tantôt par lents progrès, tantôt par inventions éclatantes. 

Mais la milieu ? Mais la race ? Quel est le rôle de ces deux facteurs, contingents sans doute, mais de longue portée ? Dans quelle mesure agissent-ils sur les progrès de la technique et de la pensée ? Que faut-il retenir de ces philosophies de l’histoire, de ces histoires universelles qui faisaient du milieu, ou de la race, ou de l’un et l’autre, les régulateurs de l’évolution humaine [1] ? — Les volumes IV et V de cette œuvre — le premier que voici, le second que les circonstances retardent quelque peu [2] — sont destinés à serrer d’aussi près que possible le double problème qui s’imposait à nous. 

*** 

Le problème de l’influence du milieu ne saurait ressortir à un pur géographe. Le pur géographe, le « géographe géographisant », ou ne s’inquiète pas de l’histoire, ou bien est disposé à l’absorber dans la géographie. Pour traiter ce problème complexe, il faut un géographe-historien, ou encore un historien-géographe, et plus ou moins sociologue par surcroît. Le présent volume prouvera sans doute qu’un historien, lorsqu’il se fait de sa discipline une conception à la fois large et profonde, lorsqu’il aspire à démêler tous les fils, extérieurs et internes, de la conduite des hommes, lorsque, tout en spécialisant ses études, il ne veut rien ignorer de ce qui leur donnera une efficacité pleine, qu’un tel historien — comme il y en a peu — est particulièrement propre à mettre au point la question, importante et délicate, des rapports de l’homme et du milieu naturel [3]. 

Le grand mérite de Lucien Febvre, on le verra, c’est de soumettre à une critique impitoyable les idées vagues, les « lois » contestables, les affirmations massives, dont on a fait un emploi hâtif. L’« esprit de science » qui l’anime s’oppose à la pseudo-science qui manie des concepts simplistes et appauvrit la réalité vivante. Avant de généraliser, il faut « particulariser ». Le « problème du milieu » se décompose en une infinité de problèmes particuliers que L. Febvre fait ingénieusement apparaître. Sans doute, son livre est riche en indications positives et en hypothèses — présentées comme hypothèses : mais ce qu’il a voulu surtout, c’est montrer comment peut être précisé le rôle de la Terre dans l’Histoire. Il compte — et nous comptons avec lui — sur les collaborateurs de l’Évolution de l’Humanité pour utiliser son travail critique, pour contrôler et compléter ses suggestions. 

Ainsi l’orientation de sa pensée est en parfait accord avec les tendances de cette œuvre, puisqu’elle veut, autant que présenter les résultats actuels du travail historique, poser les questions, animer les bonnes volontés au bon ouvrage, donner l’exemple du vrai travail de synthèse, qui consiste dans l’analyse menée avec la préoccupation de la synthèse. L’effort de synthèse, c’est une activité dirigée ; ce n’est pas une réalisation prématurée. 

*** 

Par souci de rigueur scientifique, L. Febvre délimite étroitement son sujet. Il ne nie pas l’action directe du milieu sur la nature physique et psychique de l’homme ; mais, il la néglige de parti pris. 

Aux origines surtout, cette action a été capitale, sans doute sur tout ce qui vit. « Il est incontestable, a dit Edmond Perrier, que la sécheresse, l’humidité, la plus ou moins grande violence du vent, la chaleur, la lumière, l’électricité même peuvent modifier temporairement ou d’une façon permanente les caractères personnels des êtres vivants, animaux ou végétaux. L’abondance, la rareté, la nature de l’alimentation ont une influence plus grande encore, et, si l’on ne peut être, au premier abord, aussi affirmatif pour l’usage ou le non-usage de tous les organes, on ne saurait nier, en tout cas, que l’exercice fait grossir les muscles et crée des habitudes [4]. » Des caractères acquis, — sans que nous ayons ici à discuter le mécanisme de l’hérédité, — il y en a certainement que l’hérédité transmet. Et, parmi les caractères que la vie reçoit du milieu, il y en a de bienfaisants et par lesquels l’être vivant se trouve adapté. 

Cette action du milieu extérieur apparaît d’autant plus importante qu’on tient compte davantage des réadaptations qui résultent, dans le milieu interne, d’excitations venues du dehors.Edmond Perrier, qui a su faire judicieusement leur part, dans l’explication de la vie, aux causes variées que des théoriciens divers ont souvent utilisées de façon exclusive, a insisté sur ces « puissantes causes internes » de modification. Les éléments qui constituent l’individu vivant sont à la fois indépendants et associés : « Chaque élément contribue pour sa part à la constitution du fonds commun dans lequel tous baignent avec lui. Il y puise tout ce qui est nécessaire à son alimentation ; il y déverse, en revanche, tous les résidus de sa nutrition et les produits de son activité... Par l’intermédiaire de ce milieu, qu’ils modifient sans cesse et sur lequel retentissent toutes les modifications qu’ils éprouvent eux-mêmes, qu’elles viennent de l’action du milieu extérieur ou d’ailleurs, les éléments unis dans un même organisme... réagissent ainsi les uns sur les autres à toute distance. Un organisme porte donc en lui-même des causes incessantes de modification qui lui donnent une plasticité suffisante pour qu’il puisse s’adapter d’une manière constante au milieu dans lequel il vit [5]. » 

Ainsi l’influence « modelante » du milieu, là même où elle est le plus incontestable, ne va pas sans un réarrangement de l’organisme ; et l’on ne saurait trop souligner l’importance des « interactions du complexe organisme-milieu » [6]. Nous aurons tout à l’heure à revenir sur cette relation et nous verrons que l’histoire de la vie est essentiellement, par le rôle que joue le milieu interne, une adaptation active. 

Il n’en est pas moins vrai que c’est le milieu qui explique la race. La race, en théorie, est un produit du milieu. — Mais c’est, comme on l’a dit [7], un produit antéhistorique ; et Febvre, qui s’attache à l’histoire, — de préférence même à la proche histoire, — n’avait pas à traiter ce problème. Contentons-nous de noter ici que le milieu a mis certainement son empreinte sur l’homme physique et psychique, qu’il y a lieu de chercher quelle est la force, la persistance de cette empreinte initiale. Et renvoyons au volume de M. Pittard. 

Mais voici un autre problème : jusqu’à quel point, dans la période historique elle-même, l’action directe du milieu naturel continue-t-elle à se faire sentir ? Puisque la puissance du climat s’exerce directement et nettement sur le monde végétal, sur le monde animal [8], y a-t-il des traits physiques et psychiques que tel genre d’habitat, ne disons pas impose fatalement, mais tend à imprimer sur les occupants humains ? La taille, par exemple, la pigmentation, la structure anatomique des groupes dans lesquels les races se sont divisées, leur énergie morale, leurs aptitudes intellectuelles..., quel rapport tout cela soutient-il avec les conditions du milieu, climat, nature du sol, nourriture ? Ce sont là questions à résoudre, questions délicates et complexes — et qui relèvent de l’anthropologie et des sciences médicales, d’une part, de l’éthologie collective, d’autre part. Elles « peuvent avoir pour le géographe leur intérêt ; mais elles ne sont pas de son ressort » [9]. Il doit bien se garder d’accueillir comme vérités « scientifiques » des théories d’adaptation simplistes que les hommes compétents sont en train de compléter ou de corriger. 

Pour l’explication du caractère ethnique, en particulier, ou des modalités du génie, on a abusé d’« influences » qu’il est à la fois très séduisant et trop commode de mettre en œuvre. Sans doute il n’y a rien d’absurde à soutenir que la contemplation seule d’un paysage puisse contribuer à orienter l’esprit, à inspirer l’art. Il semble bien que le Parthénon n’ait pu naître que sur le sol et sous le ciel de l’Attique. Mais à établir des rapports de ce genre, l’historien littérateur a beau jeu. Les hommes emportent dans leurs migrations collectives ou leurs déplacements individuels des paysages intérieurs. Et les éléments de leur vie psychique sont infiniment nombreux. Qu’une même région, dans la suite des siècles, puisse avoir des populations de natures différentes, puisse produire, dans les genres les plus divers, des artistes des tempéraments les plus opposés, c’est une raison pour s’abstenir de déductions précipitées. Il faudrait substituer à des vraisemblances les résultats de recherches méthodiques : et ces recherches, qui seraient utiles à la synthèse historique, ne s’imposent évidemment pas à la géographie humaine. 

*** 

Quelle est donc la bonne attitude en géographie humaine pour qui a le souci d’une tâche délimitée et précise ? Elle ne peut consister — comme L. Febvre le montre — qu’à chercher les relations entre la Terre et la vie, le rapport qui existe entre le milieu naturel et l’activité des occupants. 

J’ai, dans la Synthèse en Histoire, parlé du rôle joué par le milieu à un point de vue, si l’on peut dire, strictement événementiel. Il y a des événements physiques qui provoquent des événements humains [10]. C’est surtout dans la préhistoire que les événements de la physique terrestre ont été d’une importance capitale et ont eu sur l’humanité des répercussions durables. Depuis longtemps, la portée des événements physiques — un tremblement de terre, une inondation, une anomalie de température... — est moindre, sans être négligeable. Les formes et les ressources permanentes du milieu sont un facteur d’une tout autre envergure, dont il s’agit de préciser le rôle dans l’évolution de l’humanité [11]. 

Or, c’est par l’intermédiaire de la vie végétale, surtout, que la Terre agit sur la vie humaine. — A ces cadres vides et abstraits qu’une géographie toute théorique considère comme prédestinés à recevoir les États et à régir leur histoire, L. Febvre oppose la « couverture vivante », les puissances diverses du sol. Et il montre l’histoire, enrichie sans cesse dans son extension, qui pose sans cesse au géographe de nouveaux problèmes sur les données du milieu et leur utilisation humaine. C’est toute la vie des hommes, et non pas seulement leur vie politique ; ce sont toutes leurs institutions, et surtout — mais non pas exclusivement — leur organisation économique, qui soutiennent des rapports étroits avec le milieu [12]. 

Rapports au sens le plus complet du mot ; rapports réciproques. Il ne suffit pas, comme le font des géographes, — dont les travaux ont marqué un progrès, — de distinguer une géographie humaine statique et une géographie humaine dynamique, l’étude de l’action du milieu sur l’homme et celle de l’action humaine sur le milieu : il faut concevoir la géographie humaine comme étude des relations continues qui existent entre ces deux éléments associés. Il y a là une tendance conforme à l’orientation générale de la science actuelle : la conception de l’univers se modifie en s’attachant de plus en plus au réel, en précisant les relations des éléments divers, qui sont la riche substance de ce réel, et en critiquant ou en restreignant l’emploi des notions abstraites, des cadres purement rationnels, — comme l’espace et le temps absolus. 

Les êtres humains sont un élément du « paysage », un élément dont l’activité s’y incorpore, un agent modificateur du milieu, et qui l’« humanise ». « Les hommes ne se soustraient jamais totalement, quoiqu’ils fassent, à la prise du milieu » [13] ; mais jamais ils ne sont agis purement et simplement par lui. On reprochait récemment aux auteurs d’une intéressante « géographie de l’histoire » de ne pas tenir la promesse de leur titre : « Le déterminisme géographique, disait-on, a [d’après ce livre] ceci de très particulier, que les mêmes causes n’y produisent pas toujours les mêmes effets. Toujours est-il que les auteurs s’efforcent de démontrer l’inexistence du problème principal qu’ils se sont proposé de résoudre. En effet, s’il n’y a pas d’action prévisible et déterminable du cadre naturel, il n’y a plus, semble-t-il, de géographie de l’histoire ; il n’y a plus que de l’histoire tout court. Et c’est bien l’impression dominante, malgré quelques affirmations opposées, mais de portée généralement beaucoup moindre [14]. » L. Febvre a le mérite de traiter celle matière avec une pleine conscience : « Une certaine géographie humaine n’est peut-être pas autre chose qu’une histoire revivifiée dans ses sources, rajeunie dans ses méthodes et heureusement renouvelée dans ses sujets » [15]. 

Il a trouvé, pour préciser le problème essentiel, des formules frappantes. Au déterminisme géographique d’un Ratzel il oppose le possibilisme d’un Vidal de la Blache [16]. « Il n’y a pas, pesant sur les individualités historiques, l’influence rigide et uniforme de quatre ou cinq grandes fatalités géographiques [17]. » « Le vrai, le seul problème géographique, c’est celui de l’utilisation des possibilités [18] (5). » « Des nécessités nulle part ; des possibilités partout [19] (1). » Les données naturelles sont matière, plus encore que cause du développement humain. La « cause essentielle », « c’est moins la nature avec ses ressources ou ses obstacles que l’homme lui-même et sa nature propre ». 

Il y a des zones distinctes qui se distribuent symétriquement de part et d’autre de l’équateur, de grands cadres climato-botaniques, inégalement riches en possibilités et où les possibilités sont d’inégale valeur, inégalement favorables aux diverses races humaines et inégalement propres au développement humain : mais jamais l’impossibilité n’est absolue, — même pour les races les moins « adaptées », — et toutes les probabilités se trouvent déjouées souvent par la tenace et souple volonté des hommes. La thèse « déterministe » veut que ces cadres constituent « des ensembles de forces qui agissent sur les hommes, directement, avec une puissance véritablement souveraine », qui régissent « toutes les manifestations de leur activité, des plus humbles aux plus compliquées et aux plus relevées » [20]. En réalité, dans ces cadres, et surtout dans les régions les plus riches en possibilités diverses, les possibilités tour à tour s’éveillent, ou s’assoupissent, pour brusquement se réveiller, en vertu de la nature et de l’initiative des occupants. « Ces possibilités d’action ne constituent pas une sorte de système lié ; elles ne représentent pas dans chaque région un tout indissociable : si elles sont saisissables, elles ne sont pas saisies par les hommes toutes à la fois, avec la même force et dans le même temps [21]. » Les mêmes régions, par les mutations de valeur de leurs éléments, ont les destinées les plus changeantes. Et c’est l’activité humaine qui « mène le jeu ». 

Sans doute il y a, dans les groupes humains, des similitudes de vie, — ou tout au moins des analogies, — qui résultent du déploiement de possibilités semblables. Mais là rien de fixe, de rigide. Il faut éviter de refaire du nécessaire avec le possible. 

Ainsi, l’homme a besoin de points d’appui, d’où il puisse mener son effort d’utilisation des ressources naturelles et remanier la nature : montagnes, plaines, plateaux, vals, bordures littorales, îles, oasis. Mais par une analyse ingénieuse où il fait prouve à la fais d’une étonnante richesse de documentation et d’une remarquable souplesse dialectique, L. Febvre montre qu’on se leurrerait en cherchant dans ces formes terrestres des caractères absolus. Il n’y a pas de « nation nécessaire et unique » de plateau, de plaine, de montagne, avec action nécessaire et uniforme sur les hommes : il y a des individualités géographiques dont tout au plus pourra-t-on classer les possibilités diverses pour déterminer des types possibles d’adaptation humaine [22]. Et si l’on considère les plus petites unités géographiques, les plus élémentaires, les plus « naturelles », vals, îles, oasis, ici même ce ne sont qu’« actions et réactions », jeu variable et complexe des possibilités. « On chercherait une nécessité, une « loi des îles » pesant sur les hommes, sur les sociétés humaines : on ne trouverait que variété et diversité [23]. » L’île, quoi qu’il semble, n’est pas une unité absolue. L’isolement, comme la distance, sont choses toutes relatives, tout humaines. La navigation n’est pas liée à la nature des côtes ; et le type morphologique le plus parfait n’entraîne pas des effets certains. 

En se plaçant à un point de vue purement économique, on fait souvent de certains types d’existence ou genres de vie théoriques une dépendance de certains milieux. Dans leur classification simpliste en chasseurs, pêcheurs, cultivateurs nomades, agriculteurs sédentaires, les économistes appauvrissent la riche contexture de la vie. Les genres de vie sont quelque chose d’assez complexe et de très varié dans la réalité sociale. Si des conditions déterminées — la forêt, l’eau, le désert, le val avant la culture des plaines — contribuent primitivement à les former, ils constituent ensuite un acquis interposé entre la nature et l’homme ; ils s’enrichissent de toutes sortes d’habitudes étrangères ; et ils aboutissent, à modifier le milieu plus encore qu’ils n’en expriment l’action. Même aux stades inférieurs de l’évolution humaine, ils n’ont pas la rigueur, la constance qu’on leur prête volontiers ; et la hiérarchie qu’on établit généralement entre eux comporte bien des restrictions. 

Ainsi la vie économique, particulièrement liée au milieu naturel, peut, dans une large mesure, s’en dégager : à plus forte raison le développement politique et démographique des sociétés, l’organisation des États — avec leurs frontières, leurs routes, leurs villes, leurs capitales — n’en dépendent-ils qu’assez peu et en dépendent-ils de moins en moins. Tout cela, sans doute, répond — en gros — à des possibilités géographiques ; mais tout cela, traduisant la vie des sociétés, est en perpétuelle mouvance. C’est du dedans, surtout, que s’explique, dans son évolution, la géographie politique. Il y a des « germes » géographiques de villes et d’États, dont les circonstances favorisent le destin. Les frontières, les routes, l’importance des ports et des marchés, — qui est liée aux routes, — le sort des villes, la naissance des capitales, sont fonction de l’histoire, c’est-à-dire de hasards et de volontés. Et la volonté, appuyée sur l’industrie, sur la science, toujours plus victorieusement, « s’ingénie contre la nature ». Il y a longtemps que, à propos de la Flandre, Michelet a dit : « Elle s’est formée, pour ainsi dire, malgré la nature : c’est une œuvre du travail humain » [24]. 

L. Febvre ne traite pas directement la question de savoir si la prise des conditions naturelles sur l’homme va s’atténuant, Celle question est-elle « oiseuse », comme il le dit ? Dans tous les cas, elle est complexe ; et elle ne ressortit que pour une part à la géographie humaine : pour une part assez large, la solution en est liée à l’étude de la race. Indirectement, et dans la mesure où il lui appartient de le faire, il y répond quand il montre que, banni de la géographie comme patient, l’homme, le civilisé d’aujourd’hui, y réapparaît, en dominateur, au premier plan, comme agent [25]. » « Travail de l’homme, calcul de l’homme, mouvements de l’homme, flux et reflux incessants de l’humanité ; l’homme au premier plan, toujours, et non le sol, ou le climat [26]. » 

Dans ces relations étroites et constantes de la nature et de l’homme, celui-ci joue un rôle toujours plus initiateur. Il exploite de mieux en mieux la nature. En l’exploitant ou pour l’exploiter, il la remanie. Il la fait servir à ses fins. Ce qui le meut, en définitive, c’est un ressort interne, et que nous connaissons : l’intérêt. 

L. Febvre, dans son livre profond et prudent se méfie également du mécanisme et du finalisme [27]. On ne saurait admettre, en effet, pour expliquer l’évolution de la vie, qu’elle soit, du dehors, ou modelée par une action mécanique, ou dirigée par l’« influence » de milieux « providentiellement préformés ». Quant à la finalité interne, il ne la faut, évidemment, reconnaître que là où elle est sans conteste : dans la pensée réfléchie de l’être conscient. 

Toutefois, avant la pensée consciente et au-dessous d’elle, dans la vie, — à tous ses degrés, — il y a quelque chose qui n’est ni le mécanisme ni la finalité, mais d’où la finalité procède : et d’est la logique. 

L. Febvre veut bien dire qu’avec raison j’ai souligné l’importance de la notion du hasard en histoire. Mais il faut distinguer nettement le hasard pur et le hasard historique. Le hasard n’est intéressant pour l’historien que par rapport il la logique, dans la mesure où il est conforme ou contraire à l’intérêt. 

C’est sur l’intérêt, — que L. Febvre montre émergeant dans les initiatives conscientes de l’homme civilisé [28], — sur l’intérêt qui est lié au principe logique [29] : besoin d’être et d’être le plus possible, — que repose toute l’évolution de la vie comme de l’humanité. Non seulement l’être vivant retient ce qui lui est utile ; mais on a tout lieu de croire qu’il provoque, par une volonté longtemps tâtonnante et peu à peu mieux assurée, les modifications utiles, « Les animaux, dit Perrier, ont été les agents actifs de leur propre transformation [30]. » On a exagéré les effets de la concurrence vitale, — qui exprime, d’ailleurs, la volonté de vivre. C’est surtout contre les conditions défavorables du milieu que les animaux, d’abord, ont lutté pour la vie : l’organisme s’est défendu contre elles avec succès ; il est devenu « l’artisan de son organisation nouvelle ; il s’est, pour ainsi dire, recréé par des efforts continus » [31]. « On ne doit pas oublier... que, même dans la cas de ce qu’on appelle des préadaptations, l’animal ne peut tirer parti des caractères nouveaux qu’il a acquis qu’en usant de ses muscles et de son système nerveux autrement qu’il ne le faisait d’abord ; il agit sur lui-même afin d’utiliser le mieux possible cas divers traits d’organisation. Commencée [dans ce cas] en dehors de la volonté de l’animal, l’adaptation au milieu s’achève vous l’action même de celle volonté... [32]. » Même au point de vue biologique, à plus forte raison au point de vue psychique, il y a un milieu intérieur où règne une causalité spéciale : grâce à la causalité logique, l’humanité échappe de plus en plus au déterminisme brut, à la causalité mécanique du milieu extérieur [33]. 

Le présent volume s’ajuste donc de façon heureuse aux précédents, — à celui d’Edmond Perrier, qui montrait les progrès de la vie, son autonomie triomphalement accrue sous la forme humaine ; à ceux de Jacques de Morgan el de J. Vendryes, qui faisaient apparaître les résultats libérateurs de ces inventions merveilleuses : la technique et le langage. 

Sans doute, L. Febvre est particulièrement préoccupé des plus hauts problèmes de la géographie humaine, de ceux que posent les sociétés les plus civilisées. Mais il définit avec rigueur la tâche de la vraie géographie historique, ou géographie humaine rétrospective, qui plonge jusque dans la préhistoire : « Quels rapports ont entretenus les sociétés humaines d’autrefois, aux diverses époques, dans les diverses contrées du globe, avec le milieu géographique de leur temps, tel que nous pouvons tenter de le reconstituer [34] ». Et son livre est plein de suggestions — que pourront utiliser les collaborateurs de l’œuvre — sur les déterminations initiales et les possibilités changeantes des milieux dans leurs rapports avec les initiatives humaines. On se rend compte, en le lisant, que les grandes migrations primitives, le déploiement de l’humanité dans l’espace terrestre, ne sont pas simplement les effets des transformations du globe et des changements du climat. Nous aurons ailleurs [35] à insister sur ce fait que les migrations, comme l’enracinement au sol d’États organisés, tendent à la prise de possession totale de ce milieu, où l’homme se trouve jeté ainsi que Robinson dans son île, — en attendant qu’il cherche à prendre possession de l’espace même où roule le monde qui le porte. 

Ainsi notre œuvre — purement scientifique — de façon tout objective se transforme en une sorte d’épopée, de Légende des Siècles. L’homme est le héros, — disons : la cause par excellence, — maître de plus en plus de la nature, et qui le serait davantage s’il employait mieux les ressources qu’il a créées, s’il avait de la « civilisation » une idée moins vacillante. 

*** 

L’humanité échappe au milieu naturel par l’action du milieu interne ou logique : l’idée — l’idée que se font les hommes de leur milieu, l’idée qui les pousse à transformer ce milieu — joue un rôle dont on ne saurait exagérer l’importance. Elle y échappe également par l’action du milieu social. 

Et ici nous abordons une question qu’à dessein nous avions laissée de côté, provisoirement. Nous avons parlé des relations du milieu naturel avec l’« homme », avec l’« humanité » : pour L. Febvre, le géographe n’a pas affaire à l’homme, mais à des associations humaines. 

Après avoir montré dans les discussions méthodologiques du début l’opposition des géographes et des sociologues, après avoir défendu l’esprit géographique contre les critiques et les ambitions de la sociologie, il retient le meilleur des préoccupations du sociologue, et il souligne l’importance du facteur social — dans l’étude de la vie en général, à plus forte raison dans celle de l’humanité. 

On peut lui accorder que la géographie n’a, par le fait, à considérer que des systèmes de forces, des associations, végétales, animales, — humaines. L’« homme », c’est vague, théorique, abstrait ; l’« humanité », c’est trop vaste ; l’« État », ce n’est qu’un aspect de la société. Les rapports de la terre et de l’homme ne sont saisissables que dans les modes de vie collectifs et par la réaction des collectivités sur le milieu. Du point de vue de la géographie humaine, Febvre a raison. 

Du point de vue de la géographie humaine. Mais du point de vue de la synthèse historique, il y a quelques précautions à prendre et quelques précisions à apporter. Parce que le géographe n’a affaire qu’à des groupements, il ne faudrait pas s’imaginer que le social — comme les purs sociologues sont disposés à le soutenir ou à le penser — donne la clef de l’histoire. Et, d’autre part, il y a intérêt à délimiter le concept de société, à bien définir le social — en tant que social. 

Avec Eduard Meyer, L. Febvre estime périmée la théorie d’après laquelle la famille serait la cellule d’où, par des additions successives, seraient nés les États : « L’homme, plus la femme, plus les enfants : total, la famille. Une famille, plus une famille, plus des familles encore : la tribu. Une tribu, plus d’autres tribus : la peuplade. Des peuplades réunies : une grande nation. Toutes formations rabattues sur un même plan et se constituant par une série d’engendrements successifs [36]. » Construction faite à rebours, dit L. Febvre. Et en effet l’organisation juridique de la famille semble bien résulter de l’existence d’un groupement plus large et d’une certaine organisation politique. 

Mais qu’est-ce que la « société primitive » ? Quelles sortes de groupements entrevoit-on dans le lointain des âges ? Febvre rencontre, aux origines de l’histoire, des « sociétés vastes, étendues, couvrant d’une même civilisation des espaces puissants» [37], — des États, en prenant le mot dans un sens très large, dit-il avec Eduard Meyer ; des nations, dit-il avec Jullian et Meillet. Nous croyons que si, pour la géographie humaine, ces constatations sont acceptables et utiles, elles demanderont, pour la synthèse historique, à être serrées de près dans le volume des Races et dans celui des Clans aux Empires. 

Il faut bien distinguer les états de civilisation et les états sociaux. La « communauté de civilisation » n’implique pas nécessairement l’unité politique, ni même une organisation sociale bien définie. Ce que nous montrent, sur de vastes espaces, la préhistoire et — comme on pourrait dire — la prélinguistique, ce sont des hommes semblables bien plus que des hommes associés. La race, l’imitation, — imitation-mode et imitation-coutume, — la logique jouent ici un rôle capital. Les inventions primitives — outre qu’elles ont pu apparaître, logiquement, en des points divers — se sont communiquées, diffusées d’autant plus facilement qu’elles avaient un caractère d’immédiate utilité, qu’elles répondaient aux besoins primordiaux, à l’intérêt vital. Il y avait — sinon une humanité — du moins de vastes ensembles humains qui présentaient des traits semblables, pour cette raison aussi que les hommes étaient moins aptes, sans doute, à tirer parti des possibilités diverses des milieux particuliers ; et la nature, du reste, était moins différenciée [38]. 

Le développement de l’armature sociale et l’exploitation de la Terre sont certainement en rapports étroits. L’histoire de celle exploitation, c’est l’histoire — non pas de nations ou de vastes sociétés, d’abord — mais de groupes humains (ce mot, que L. Febvre emploie souvent, ne soulève aucune objection), que rendent homogènes les similitudes, héréditaires et imitatives, et, par rapport au milieu naturel, d’identiques besoins fondamentaux. Dans ces groupes à socialité diffuse, des noyaux de cristallisation sociale, en quelque sorte, se produisent ; des sociétés restreintes se forment, qui s’organisent véritablement et dont les institutions, dans une large mesure, tendent et aboutissent à améliorer les moyens d’existence. En vertu de la même tendance, ces sociétés — stricto sensu — forment à leur tour, en s’associant, des sociétés plus vastes [39]. Mais la lutte, ici, joue son rôle, en même temps que l’union pour la vie. L’égoïsme des sociétés s’accuse, à mesure qu’elles se fortifient et s’accroissent ; et l’impérialisme, sous des formes variées, est pour elles un mode indirect de l’exploitation de la Terre. 

Ces indications, à dessein très peu appuyées, sauvegardent le rôle de l’individu, — son rôle, même, comme agent social, — et permettent de préciser les rapports de l’individu et de la société dans l’exploitation du milieu terrestre. 

Febvre montre très justement que la société interpose des pratiques, des croyances, des règles de vie entre la nature et l’homme ; qu’il lui arrive ainsi d’entraver l’utilisation des possibilités, l’exploitation du milieu ; de rendre, par exemple, l’alimentation singulièrement monotone. « Nulle part, la nourriture n’est ingérée par le sauvage [40] avec une sorte d’indifférence éclectique. Partout des interdictions, des restrictions, des tabous [41]. » Mais cette contrainte sociale, sans aucun doute, n’a pas exercé sa pleine rigueur aux origines. L’homogénéité était grande dans les groupes humains primitifs : mais elle comportait nécessairement des différences (âge et sexe) et, si faibles fussent-elles, des contingences individuelles. Or, dans les petites sociétés, l’organisation n’était pas assez rigide, au début, pour étouffer l’initiative. C’est grâce à la différenciation, ce n’est que par l’individu, que la vie s’est améliorée, que la société elle-même s’est organisée : c’est l’individu qui est agent de logique [42]. 

L. Febvre, qui défend l’« esprit géographique » contre les sociologues, ne saurait être soupçonné de trahir en leur faveur l’esprit historique. Il a un sentiment trop vif de la réalité pour ne pas faire aux individus leur part : il connaît l’action « souple et tenace » « de ces choses vivantes et douées d’initiative que sont les hommes, isolés ou groupés » [43]. L’« activité réfléchie », l’« intelligence créatrice », la « volonté éprouvée aux prises avec les puissances obscures du milieu et luttant pour les appliquer et les adapter au mieux de ses besoins », qui enfantent les États, il sait bien qu’elles appartiennent aux individus [44] : la société ne pense pas. Il marque la différence qui existe entre le milieu ethnique et humain, où baignent les sociétés, et les sociétés elles-mêmes. Sur tous ces points son livre est illuminé de vérités [45]. Il ne faut donc pas presser les termes, il ne faut retenir que sa préoccupation si judicieuse de souligner le rôle du « groupe » dans la géographie humaine, quand il dit, à propos de l’alimentation, de l’habillement, des moyens d’existence divers : « Du « naturel », non, ni du personnel. Du social et du collectif. Pas l’homme, encore une fois — jamais l’homme : les sociétés humaines, les groupes organisés [46]. » 

Nous aurons à revenir sur le social et à insister sur ce fait que la société, tantôt intensifie, tantôt paralyse l’action de l’individu, mais que sa puissance de contrainte, qui varie selon les temps, n’est à son maximum ni aux origines ni aux époques de civilisation progressive. 

*** 

On voit, autour du problème central, quel monde d’idées ce livre soulève. Livre à la fois objectif et personnel ; livre attachant, et que rend plus sympathique encore le culte professé par Febvre pour les maîtres qui ont coulé des éléments dans la fonte originale de ses idées : un Vidal, un Rauh, un Michelet, — celui qui, « avec son sens merveilleux des réalités » a « tout pressenti et tout deviné » [47]. Livre où l’on trouve, précisément la flamme de ce Michelet, sa frémissante curiosité, son intuitif discernement des complexités de la vie, — avec le solide savoir, l’esprit critique, le scrupule du détail, qui ont manqué parfois au maître historien du XIXe siècle. 

Livre enfin que les circonstances rendent singulièrement méritoire. Lucien Febvre s’est chargé d’en traiter le sujet il y a dix ans, — sur nos instances, — à la fois effrayé et tenté par les difficultés de l’entreprise. Interrompu par la guerre, où il a joué directement et largement son rôle ; gêné ensuite par l’active participation qu’il a prise à l’organisation de l’Université de Strasbourg, il n’a jamais retiré sa promesse, il n’a jamais perdu de vue sa tâche ; il est arrivé, au prix d’un effort persévérant, à l’heure voulue. Nous lui devons, en toute justice, — et le public scientifique avec nous, — une particulière reconnaissance. 

Henri Berr. 


[1] Voir la Synthèse en Histoire, pp. 77 et suiv.

[2] M. Eug. Pillard a bien voulu accepter la succession du regretté M. Deniker — qui devait traiter le sujet, mais n’a laissé qu’une ébauche, inutilisable, du volume.

[3] Depuis longtemps, Lucien Febvre suit, dans la Revue de Synthèse historique, les questions de géographie humaine. Voir notamment t. XIV, p. 92 ; XVI, pp. 45, 217 ; XVII p.358 ; XVIII pp. 242, 269 ; XIX, pp. 43, 99.

[4] Tome i de l’Évolution de l’humanité, p. 99, cf. p. 231.

[5] Ibid., p. 388.

[6] E. Rabaud, L’adaptation et l’évolution, III, dans la Revue philosophique, janv.-févr. 1922, p. 94.

[7] Voir la Synthèse en Histoire, p. 78,

[8] P. 142.

[9] Pp. 115-135.

[10] Voir, sur ce point, de Morgan (t. II de l’Évolution de l’humanité, p. 20) et Cornejo, Sociologie générale, t. I, p. 286.

[11] Il faut observer que le mode de vie intervient dans la constitution du caractère collectif et qu’ainsi une action indirecte du milieu s’ajoute – en quelque mesure – à l’action éthologique directe.

[12] Pp. 101-104.

[13] P. 383

[14] Revue de Métaphysique et de Morale, oct.-déc. 1921, suppl., p. 12 : compte rendu de La Géographie de l’Histoire, ouvrage de J. Brunhes et C. Vallaux.

[15] P. 428.

[16] P. 25. Nous dirions plutôt : au nécessitarisme. Le déterminisme demande à étre nettement dislingué de la nécessité. Déterminisme, c’est causalité naturelle. Parmi les causes qui, dans la nature, déterminent les phénomènes, il y en a de contingentes. Parmi ces causes contingentes, il y en a d’ordre géographique. Le problème est de savoir s’il y a des nécessités géographiques, si les faits naturels peuvent agir comme causes n’cessaires sur une humanité « purement réceptrice ».

[17] (4) P. 106.

[18] P. 425.

[19] P. 284.

[20] P. 202.

[21] P. 204.

[22] Pp. 233, 241.

[23] P. 263.

[24] Histoire de France, V, p. 320. Voir Blanchard, La Flandre, p. 520.

[25] P. 434.

[26] P. 341.

[27] Sur le finalisme, voir pp. 64, 124, 142.

[28] P. 434.

[29] Voir la Synthèse en Histoire, p. 155.

[30] T. 1, p. 170 ; cf. p. 227.

[31] Ibid., p. 225.

[32] P. 156.

[33] Voir Déchelette, Manuel d’archéologie préhistorique..., cité par Brunhes et Vallaux, ouvr. cité, p. 28.

[34] P. 442.

[35] T. V.

[36] P. 381, cf. pp. 52, 178.

[37] P. 184, cf. p. 193.

[38] Voir P. 190.

[39] De bonne heure, sans doute, « il était nécessaire aux hommes de former des associations assez fortes pour se défendre contre les attaques, pour s’assurer la possession des territoires où des troupeaux ne fussent pas à l’étroit sur des champs vite épuisés, où des sols variés pussent offrir des pâturages en toute saison ». Gsell, Histoire ancienne de l’Afrique du Nord, t. I, p. 241.

[40] Nous faisons ici des réserves, que nous préciserons ailleurs, sur l’assimilation courante du primitif et du sauvage.

[41] P. 105 ; cf. p. 197.

[42] Sui, ce point, voir nos Avant-Propos des t. II (p. xiii) et III (pp. xvii et suiv.)

[43] P. 104 ; cf, p. 74 et, p. 334, ce qu’il dit de Mahomet.

[44] P. 410.

[45] Voir notamment pp. 310, 378, 380, 382.

[46] P. 198.

[47] Pp. 13, 64.


Retour au livre de l'auteur: Jacques Bainville, historien Dernière mise à jour de cette page le dimanche 24 décembre 2006 11:28
Par Jean-Marie Tremblay, sociologue
professeur au Cégep de Chicoutimi.
 



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