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Collection « Les auteur(e)s classiques »

La conquête de la Tunisie.
Récit contemporain couronné par l'Académie français. [1891] (2002)

Quelques repères chronologiques


Une édition électronique réalisée à partir du livre de Paul Henri d'Estournelles de Constant, La conquête de la Tunisie. Récit contemporain couronné par l'Académie français. Paris: Les Éditions Sfar, 2002, 446 pp. Titre original de la première édition: La politique française en Tunisie: le Protectorat et ses origines. Paris: Plon, 1891. [Avec l'autorisation de Mondher Sfar des Éditions Sfar à Paris, le 24 décembre 2010, de diffuser ce livre dans Les Classiques des sciences sociales.]

Quelques repères chronologiques


Tunisie

Carthage punique : IXème siècle av. J.-C.

Les Romains : IIème siècle av. J.-C.

Les Vandales : 439.

Les Byzantins : 534.

Les Arabes : 670.

Les Aghlabites : 800.

Les Fatimides : 909.

Les Almohades : 1159.

Les Hafsides : 1230.

Protectorat espagnol : 1535.

Conquête ottomane : 1574.

Dynastie des Husseinites : 1705-1957.


La Conquête de la Tunisie

- 24 avril 1881 : Les troupes françaises franchissent les frontières algéro-tunisiennes au Nord. La marine bombarde Tabarka.

- 12 mai 1881 : Traité du Bardo.

- 9 juin 1881 : Décret beylical : le Résident de France devient l’unique intermédiaire entre le Bey et les consuls des puissances, devenant ainsi le vrai ministre des Affaires Etrangères.

- Juin 1882 : Paul Cambon se rend à Paris pour soumettre ses plans de protectorat.[1]

- Juillet 1882 : Cambon rentre à Tunis et fait signer au Bey le traité du ‘protectorat’.[2] Mais Cambon devait attendre le retour de Jules Ferry à la tête du Gouvernement français, le 21 février 1883, pour voir son projet aboutir avec la Convention de la Marsa.

- 27 octobre 1882-1906 : Règne d’Ali Bey.

- 4 février 1883 : Décret beylical : Création de la fonction du Secrétaire Général du Gouvernement tunisien, dirigeant le personnel des bureaux de l’Administration centrale tunisienne, lisant les lettres administratives du Premier ministre, par qui lois, décrets et règlements sont présentés et promulgués. Il exerce auprès du Premier Ministre les mêmes fonctions exercées par le Résident Général auprès du Bey. Cette fonction est confiée à Maurice Bompard.

- 23 mars 1883 : Le Bey inaugure les nouveaux locaux de l’administration centrale à la Casbah.

- 8 juin 1883 : Convention de la Marsa : le Bey accepte à l’avance et sans réserves toutes réformes administratives, judiciaires et financières décidées par le gouvernement français.

- Décembre 1883 : L’Angleterre renonce aux Capitulations contractée avec le Bey de Tunis.

- 31 mars 1884 : Paul Cambon prit la parole à la Chambre des Députés pour défendre la ratification de la Convention de La Marsa. Au cours des débats, Jules Ferry intervint contre les annexionnistes, et défendit le système du protectorat, « le plus économique et imposant au Gouvernement français le moins de charges et de responsabilités. ».

- 4 octobre 1884 : Des Contrôleurs civils sont nommés dans les villes et sur les tribus.

- 10 novembre 1884 : Délégation au Résident du pouvoir d’approuver au nom du Gouvernement français la promulgation et la mise à exécution de tous les décrets beylicaux.

- 23 mai 1885 : C’est au résident français que Playfair, le nouveau consul anglais à Tunis, remet ses lettres de créances, alors qu’il se contente d’une visite de courtoisie chez le Bey.

- 23 juin 1885 : Le Résident est élevé au grade de Résident Général. Il est déclaré dépositaire des pouvoirs de la République dans la Régence. Il a sous ses ordres les commandants des troupes de terre et de mer, tous les services administratifs concernant les Européens et les Indigènes. Les Bey, le Premier Ministre et les Caïds règnent fictivement, leurs pouvoirs étant exercés respectivement par : le Résident Général, le Secrétaire Général du Gouvernement et les Contrôleurs civils.

- 15 novembre 1886 : Paul Cambon quitte la Tunisie. Massicault prend sa relève.

- 23 avril 1887 : Jules Ferry visitant le lac de Bizerte sur une embarcation, où les travaux du nouveau port militaire venaient de commencer, a lancé à l’adresse de ses compagnons : « Ce lac, à lui seul, vaut la possession de la Tunisie tout entière ; oui, messieurs, si j’ai pris la Tunisie, c’est pour avoir Bizerte. » [3]


Paul D’Estournelles de Constant

- 22 novembre 1852 : Naissance à La Flèche, (petit neveu de Benjamin Constant).

- Etudes secondaires au Lycée Louis-le-Grand.

- Etudes supérieures : Droit et cours de l’Ecole des Langues Orien­tales. Séjours à Athènes et voyages en Turquie.

- Mars, décembre 1874 et décembre 1875 : demandes d’admission au Ministère des Affaires Etrangères en qualité « d’attaché surnumé­raire à la direction politique ».

- Dès 1875 : publication de divers essais littéraires et historiques sur la Grèce et l’Angleterre.

- 29 juillet 1876 : reçu 3ème au concours du Ministère des Affaires Etrangères.

- 2 juin 1878 : nommé à la disposition du délégué français près la Commission internationale chargée de la délimitation des frontières du Monténégro.

- 26 octobre 1880 : nommé secrétaire d’Ambassade à Londres.

- 1er mars 1882 : Un Arrêté le désignant Secrétaire près de Paul Cambon qui vient d’être nommé Ministre Résident à Tunis.

- 2 avril 1882 : arrivée à Tunis de d’Estournelles à bord de l’Hirondelle, en compagnie de Paul Cambon et de Maurice Bompart son secrétaire à la Préfecture de Lille.

- 24 avril-6 mai 1882 : D’Estournelles assure l’intérim à la tête de la Résidence, en l’absence de Paul Cambon parti en tournée à l’intérieur de la Tunisie[4].

- 20 août 1882 : Note d’appréciation de Paul Cambon rédigée à Tunis : « Le Baron d’Estournelles a du charme dans l’esprit et de la sûreté dans le jugement. Il est en outre entièrement consciencieux. Je le crois appelé à réussir dans tous les postes où on l’enverra. »

- 21 novembre 1882 : Sur recommandation de Cambon, il est nommé chevalier de l’Ordre national de la Légion d’Honneur en « témoignage du gouvernement pour le zèle efficace qu’il emploie au service de la République ».

- 26 décembre 1882 : Décès de sa mère Henriette, à la Résidence française. Elle venait d’un séjour en Egypte auprès de sa fille Louise d’Estournelles, qui a épousé en octobre 1880 le célèbre égyptologue Gaston Maspéro. L’extrême onction fut donné par le Cardinal Lavigerie.

- Décembre 1883 : Sur l’initiative de Paul Cambon, d’Estournelles est envoyé à Londres auprès de Waddington, Ambassadeur français à Londres, pour négocier avec le Foreign Office la suppression des capitulations. Paul Cambon : « J’ai reçu de d’Estournelles [à Londres] non pas des lettres mais de véritable mémoires. Il a parfaitement bien mené les choses. Il a miné Reade [Consul à Tunis] tant qu’il a pu. Tout le Foreign Office est monté contre le malheureux. Je lui ai télégraphié de rester à Londres tout le temps nécessaire. Je veux avoir l’abrogation des capitulations anglaises pour le 1er janvier. Nous touchons au but. »[5]

- 28 décembre 1883 : « On m’apporte une dépêche chiffrée de d’Estournelles ainsi conçue : ‘Réjouissez-vous et embrassez Depienne [Directeur des Finances tunisiennes]. Reade et Broadley écrasés. Quitterai Londres mardi’ L’affaire est donc terminée. »[6]

- 29 Décembre 1883 : Waddington, l’Ambassadeur français à Londres, rend compte à Jules Ferry, Président du Conseil et Ministre des Affaires Etrangères, de la réussite de l’opération : « Ainsi s’est terminée cette laborieuse négociation ; la résolution prise enfin par le gouvernement anglais déterminera, je l’espère, les autres Puissances à suivre son exemple, et j’ai tout lieu de croire que l’Allemagne et l’Autriche ne feront pas longtemps attendre leur adhésion. Avant de clore cette dépêche, je tiens à vous dire, M. le Président du Conseil, combien m’a été précieux le concours de M. d’Estournelles. La connaissance profonde des affaires tunisiennes, l’étude minutieuse qu’il avait faite des différentes réclamations lui ont permis de répondre séance tenante à toutes les objections de fait et de droit. S’il n’eût pas été ici, il m’aurait fallu vous demander à chaque fois des renseignements de détail et risquer ainsi de prolonger la négociation d’une façon fâcheuse. Sans M. d’Estournelles, il m’eut été impossible de tout terminer pour le 1er janvier. De plus, dans la discussion qu’il a soutenue contre Sir Julian Pauncefote[7], lui-même ancien consul-juge et très versé dans le droit consulaire, M. d’Estournelles s’est montré plein de ressources et a fait preuve de fermeté autant que d’habileté. Je suis heureux de pouvoir le recommander à toute la bienveillance e votre Excellence. »[8]

- 16 janvier 1884 : D’Estournelles assume un long intérim à la Résidence durant le voyage de Cambon en France.

- Avril 1884 : Au cours de cet intérim, le Général Boulanger est nommé Commandant de la Division d’Occupation en Tunisie, en remplacement du Général L. Forgemol. Celui-ci écrit à d’Estournelles une lettre datant de Nantes, le 21 avril 1884, se félicitant de cette nomination : « Je connais depuis longtemps le G[énér]al Boulanger et je souhaite que la Tunisie le conserve longtemps. Il y sera, pour sûr, promptement et hautement apprécié. Vous, qui l’avez vu dès son arrivée, vous êtes déjà de mon avis. »[9] le Gén. Forgemol nous fait savoir à travers cette lettre que l’idée du départ de d’Estournelles de Tunis était à l’ordre du jour : « Je pensais que votre séjour dans la Régence ne se prolongerait pas et que j’aurais, à bref délai, à vous envoyer mes félicitations sur une destination nouvelle et plus importante.

« Aujourd’hui, les Capitulations sont supprimées, les projets de Mr le Ministre Résident viennent d’être décrétés par le Parlement, le long intérim auquel vous avez été tenu par suite des retards apportés à les voter, va prendre fin et le retour de Mr Cambon doit être, au dire de plusieurs Journaux, suivi de votre nomination à un poste élevé de la Diplomatie. » Et de terminer sa lettre par cet espoir : « Je n’ai pas besoin de vous dire, cher Monsieur, qu’en ma qualité d’ancien Tounsi[10], je suis attentivement dans la Presse tout ce qui a trait à la Régence où je suis encore par le cœur et que je souhaite toutes prospérités à tous ceux que j’ai vus travaillant au bien de ce pays qu’on peut regarder actuellement comme une terre française. »

- 24 mai 1884 : Il écrit de Tunis à son ministre des Affaires Etrangères : « je ne puis plus vous dissimuler que la situation que j’ai été heureux et honoré d’occuper ici s’est profondément modifiée à mesure que notre occupation s’est affermie : elle est telle aujourd’hui qu’elle équivaut pour moi à un changement de carrière : je demande à votre Excellence de ne pas me laisser plus longtemps à Tunis. »[11]

- 14 juin 1884 : D’Estournelles quitte définitivement la Tunisie. Il est remplacé à son poste de Délégué à la Résidence générale par Maurice Bompart.

- 15 juillet 1884 : Arrêté du Président du Conseil, le nommant auprès de la délégation de la République française à La Haye. D’Estournelles quitte aussitôt la Tunisie.

- 25 juin 1885 : Mariage protestant à Paris, avec Mlle Berend, née en Angleterre. Deux témoins prestigieux : le célèbre orientaliste Ernest Renan et l’ancien ministre des Affaires Etrangères et vrai initiateur de l’occupation de la Tunisie : Barthélémy Saint-Hillaire.

- 1887-1890 : Retour au Ministère des Affaires Etrangères en tant que Sous-Directeur adjoint pour l’Indochine et l’Afrique où il gère la création du port militaire de Bizerte.

- 29 janvier 1888 : Nommé Commissaire spécial de la section des Pays placés sous le Protectorat de la France à l’Exposition universelle de 1889.

- 6 novembre 1892 : Dès que d’Estournelles apprend à Londres la mort de Massicault, successeur en 1886 de Paul Cambon à la Résidence Générale à Tunis, il propose immédiatement à son ministre, Alexandre Ribot, ses services pour sa succession : « Monsieur le Ministre [des Affaires Etrangères], la mort si inattendue de notre pauvre ami Massicault m’afflige autant qu’elle me surprend. C’est une perte qu’il sera difficile de réparer. Je ne me dissimule pas que la tâche de son successeur sera lourde, mais je suis trop profondément attaché à la Tunisie pour ne pas venir me mettre à votre disposition si vous croyez pouvoir utiliser l’expérience que j’ai acquise en m’associant depuis ses débuts à l’œuvre de notre Protectorat. Pendant ces dix années d’une étude que j’ai poursuivie presque sans interruption soit à Tunis, soit à Paris au Ministère, soit ici même [à Londres] en achevant mon livre, j’ai pu prêter à la critique, mais non au reproche et personne, même à Tunis où l’opinion a été pourtant bien divisée, n’a pu dire que les intérêts du Protectorat n’étaient pas sous bonne garde entre nos mains. Je suis prêt à consacrer de nouveau à l’œuvre qui aura été celle de ma jeunesse toutes mes forces et tous mon dévouement si vous me croyez digne de ce poste de confiance et je vous prie d’agréer, en tous cas, Monsieur le Ministre, l’assurance de mon bien sincère et respectueux dévouement. D’Estournelles de Constant. »[12]

- 24 avril 1895 : lettre de démission à G. Hanotaux, Ministre des Affaires Etrangères : « C’est avec une émotion profonde que je me résous, en pleine activité, à abandonner ma carrière. Vous savez, Monsieur le Ministre, quelle ardeur passionnée j’ai toujours mise à servir mon pays à l’étranger. Il faut, pour me décider à un pareil sacrifice, que j’aie la conviction bien ferme de pouvoir lui être plus utile aujourd’hui à l’intérieur. »[13]

- 18 mai 1899 : Participe aux côtés de Léon Bourgeois à la Première Conférence de la Paix à La Haye qui décida le 29 juillet 1900 la création d’une Cour d’Arbitrage International, dont d’Estournelles fut nommé membre.

- 1900-1904 : intense activité de propagande européenne pour la paix, préparant le Congrès Universel de la Paix tenu à Glasgow du 10 au 14 septembre 1904.

- 26 mars 1903 : Crée le Groupe parlementaire de l’arbitrage international.

- 1906 : Lance sa publication : La Conciliation Internationale.

- 1907 : Participe à la Seconde Conférence de la Paix.

- 9 décembre 1909 : Reçoit le neuvième Prix Nobel de la Paix. Jørgen Gunnarsson Løvland, Président du Comité Nobel, prononça à cette occasion un discours où, pour motiver l’attribution du Prix, il évoqua l’œuvre coloniale de d’Estournelles ainsi que son livre sur la Tunisie : « A vingt-neuf ans, il devint le Secrétaire Général de la Régence à Tunis. A la lumière de son expérience, il écrivit La Politique française en Tunisie. Durant son séjour à Tunis, il mit en œuvre une organisation de grande valeur. »

- Février 1921 : Réintègre le Sénat au sein du Groupe de la gauche démocratique, radicale et radicale-socialiste.

- 15 mai 1924 : Décède à Paris à l’âge de soixante-douze ans, après 18 ans de carrière diplomatique et trente ans d’activité politique.

- Février 1925 : Un comité se crée pour lancer un appel à souscription pour l’érection d’un monument à la mémoire de Paul d’Estournelles de Constant. Le Comité d’Honneur est présidé notamment par Gaston Doumergue, Président de la République, Ramsay Mac Donald, Premier Ministre d’Angleterre, Général Nollet, Ministre de la Guerre, Steeg, ancien ministre, Gouverneur Général de l’Algérie, et des dirigeants de la Ligue des Droits de l’Homme.

- 13 juillet 1930 : inauguration au Mans du monument à la mémoire de d’Estournelles, œuvre du sculpteur Paul Landowski.



[1] C’est là qu’il eût l’idée de faire signer au Bey un traité de ‘protectorat’ : « Je veux partir [de Paris] avec un traité en poche établissant le protectorat, garantissant la dette et supprimant les Capitulations. Je voudrais le faire signer au Bey en lui remettant son sabre. C’est pour arriver à cela que je reste [encore à Paris]. La chose vous paraît énorme, elle est possible. » Lettre de Cambon à d’Estournelles du 11 juin 1882, in Paul Cambon, Correspondance, I/174.

[2] « J’ai fait au Bey tout un exposé de la situation. Mustapha [Ben Ismaïl, Premier ministre] l’avait admirablement préparé. Le pauvre homme était là avec son Premier ministre et son ministre de l’Intérieur. Il m’a prié de l’assurer que ses droits de souveraineté seraient respectés, que la justice serait rendue en son nom, etc., je lui ai dit que c’était là mon avis et que je le ferai prévaloir auprès du Gouvernement français, enfin après un peu de façons il a fini par signer. Maintenant il faut voir si Freycinet [Président du Conseil] va présenter cela aux Chambres. S’il ne le faisait pas, j’aurais une situation un peu fausse. » Lettre de Cambon à Mme Cambon, du 8 juillet 1882.

[3] in Le Nouveau Port de Bizerte (Tunisie), Paris, 1903.

[4] Cette importante tournée d’inspection de Paul Cambon eut lieu dans le cadre de la préparation des mesures qu’il devait suggérer à Paris pour l’instauration du régime du protectorat. Il visita : Zaghouan, Sousse, Kairouan, Sfax, Gabès, Djerba, Zarzis. Et au retour : Mahdia et Monastir. Par chance, il a été accompagné dans ce tour de la Tunisie par l’Académicien Gabriel Charmes qui nous en livre des détails et des impressions sur l’état d’esprit des habitants en ces lendemains de la défaite de la résistance tunisienne. « Je résumerai d’un mot cette impression : la Tunisie est complètement conquise, notre domination y est partout acceptée, et si nous y rencontrons désormais des résistances, c’est du dehors et non à l’intérieur qu’elle viendront. […] Il existe encore, à la vérité, dans les villes du littoral, où la population européenne est nombreuse et influente, un parti qui refuse de reconnaître notre autorité. Mais partout où les Arabes sont seuls nous ne rencontrons pas la moindre opposition. Nos rapports avec eux sont emprunts d’une sorte de cordialité. La population nous préfère aux fonctionnaires du Bey, qui l’opprimaient indignement. Elle ne demande qu’à rester sous notre domination. […] Nous en sommes emparés [de Kairouan] sans coup férir ; et maintenant nos troupes y habitent comme dans une ville française, au milieu d’une population, attristée sans doute, mais absolument résignée au sort qui la frappe. Il n’y a pas d’étrangers, pas de consuls, pas de capitulations à Kaïrouan : aussi jamais un de nos soldats n’y a été attaqué dans les rues, ainsi que cela arrive sans cesse à Tunis et dans les villes du littoral, jamais un conflit quelconque ne s’y est élevé entre l’autorité française et les habitants ; les mosquées sont ouvertes aux visiteurs ; l’aumônier du corps d’armée promène dans toutes les rues sa soutane chrétienne ; la tolérance est complète de part et d’autre ; vainqueurs et vaincus entretiennent les uns avec les autres des relations presque amicales. […] Enfin, tout à fait au Sud, à Zarzis, en plein pays des nomades, si l’on rencontre quelques esprits hésitants, si des hommes avisés vous posent quelques questions embarrassantes, c’est uniquement parce qu’il arrive chaque jour de fausses nouvelles de la Tripolitaine, parce que l’annonce incessante du départ de l’armée française et de la prochaine intervention turque inspire de vives inquiétudes aux tribus qui se sont soumises à notre domination et qui redoutent de terribles représailles le jour où nous les abandonnerons à leurs ennemis. […] Je ne vous dis rien du pays des Khroumirs, quoiqu’il soit aujourd’hui un des plus pacifiés et des plus pacifiques, en même temps qu’un des plus fertiles de la Régence, parce que je n’y ai pas encore été. […] L’insurrection est aujourd’hui refoulée à l’extrême sud de la Régence, au-delà de la ligne des chutout [= Chotts] […], et sur le territoire de la Tripolitaine […] si la grande et belliqueuse tribu des Ouerghemma ne s’est point encore soumise à notre domination, elle n’est point entrée non plus directement en révolte. On affirme qu’elle est fort hésitante… Les Arabes de Tunisie sont très doux, très timides, mais que c’est précisément à cause de cela qu’ils se révoltent dès qu’ils croient avoir affaire à de plus timides qu’eux. Ils deviennent alors, suivant l’expression vulgaire, des moutons enragés. » In Gabriel Charmes, La Tunisie et la Tripolitaine, Paris, 1883, p. 45-65.

[5] Paul Cambon à Mme Cambon, La Marsa, le 18 décembre 1883.

[6] Paul Cambon à Mme Cambon, du 28 décembre 1883.

[7] Sous-Secrétaire d’Etat anglais aux Affaires Etrangères.

[8] Archives MAE, Personnel 2° série, 1291.

[9] Lettre communiquée aimablement au présentateur de cette édition par M. J. Le Guillard.

[10] Souligné dans le manuscrit. Tounsi, mot arabe signifiant : Tunisien.

[11][11] Il est difficile de déterminer les raisons réelles de cette décision de quitter Tunis. En tout cas, il est intéressant de relever la conscience prise par d’Estournelles de voir transformer la nature de sa fonction : d’un simple diplomate, le protectorat l’a transformé en véritable homme d’Etat.

[12] Lettre en date du 6 novembre 1892, in MAE, Personnel, 2° Série, 1291.

[13] MAE, Personnel, 2° série, 1291.



Retour au texte de l'auteur: Jean-Marc Fontan, sociologue, UQAM Dernière mise à jour de cette page le mercredi 12 janvier 2011 15:34
Par Jean-Marie Tremblay, sociologue
professeur de sociologie retraité du Cegep de Chicoutimi.
 



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