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Collection « Les auteur(e)s classiques »

Gabriel DEVÉRIA, Un mariage impérial chinois. Cérémonial (1887).
Introduction


Une édition électronique réalisée à partir du texte de Gabriel DEVÉRIA, Un mariage impérial chinois. Cérémonial. Elibron Classics, Facsimilé de l’édition originale: Éditions Ernest Leroux, Paris, 1887, 184 pages. Une édition réalisée par Pierre Palpant, bénévole, Paris.

Introduction

Au mois d’octobre 1872, il n’était question à Péking que du prochain mariage de l’Empereur Tong-tche alors âgé de dix-sept ans. Contrairement à nos coutumes occidentales, aucune réjouissance nationale ne devait avoir lieu à cette occasion. Quant aux étrangers qui habitaient la ville, les membres du corps diplomatique et autres, le Conseil des Affaires étrangères les invita à ne pas même se trouver sur le passage du cortège de la nouvelle Impératrice lorsqu’elle quitterait son hôtel pour se rendre au palais dans la nuit du 15 au 16 octobre.

Une circulaire de la Légation de la République à Péking faisait connaître à tous les résidents français la mesure générale réclamée par le gouvernement chinois. Une telle rigueur était peu faite pour diminuer en nous une curiosité qui, malgré tout, ne cessait pas d’être légitime. Dans la soirée du 15 octobre, je me rendis avec beaucoup de précautions dans une maison d’où l’on devait voir passer le cortège impérial. Cest là, je me plais à raviver ce bon souvenir, que j’eus le plaisir de faire la connaissance de M. Henri Cordier, venu à Péking pour recueillir de nouveaux documents pour sa Bibliotheca sinica. Nous avons passé une partie de la nuit sous le même toit, observant les mêmes choses et partageant les mêmes impressions.

A partir de quatre heures du soir, les postes de police avaient été doublés, les soldats des huit bannières se formaient en haie dans les rues où devait passer l’Impératrice, chassaient les passants et faisaient fermer les volets, contrevents et portes de toutes les boutiques ou maisons. Toutes les ruelles débouchant sur le parcours du cortège étaient masquées par des tentures de toile bleue et gardées.

Aux volets de chaque boutique étaient accrochées deux lanternes rouges qui, jointes à celles fichées en terre le long de la chaussée centrale, éclairaient la veste écarlate bordée de blanc des factionnaires immobiles.

Vers neuf heures, deux cavaliers passèrent au grand galop sur la chaussée ; l’un deux tenait, dans un long étui de soie jaune, un bâton (sorte de fanion) qu’il portait au poste le plus voisin comme premier avertissement de l’approche du cortège.

Ces avertissements qui se transmettaient de poste en poste jusqu’au palais impérial se renouvelèrent trois fois. Bientôt passèrent à cheval, avec leur suite, les deux principaux médiateurs du mariage, le prince Kong et S. Exc. Pao-kiun, ministre des finances. Ils ne précédaient l’Impératrice que de quelques minutes. La musique impériale arriva silencieuse et marchant en masse compacte. Les musiciens étaient vêtus de longues robes de couleur sombre et coiffés d’une sorte de toque surmontée d’une aigrette de plumes jaunes.

Derrière eux se pressaient sans ordre des centaines de valets et porteurs de palanquin, en robes rouges à rosaces blanches ; les uns portaient suspendues au bout de longues perches recourbées des lanternes rondes faites de corne fondue et décorées de dessins rouges ; les autres, tout aussi nombreux, portaient les attributs de l’Impératrice et tous les objets faisant partie de son train officiel : trois immenses parasols à triple volant de soie jaune ornés de phénix brodés d’or, des brûle-parfums, des cassolettes, des bassins d’or, des fauteuils portatifs, trois autres grands parasols dont deux jaunes et un autre rouge de forme carrée, deux hauts éventails dont l’un en plume de paon, un sceptre d’or, deux grands étendards ornés d’un dragon et d’un phénix enlacés, une grande quantité de bannières de toutes sortes.

Des chevaux tenus en mains et couverts de housses jaunes suivaient tous ces attributs dont le défilé offrait un coup d’œil des plus pittoresques et presque imposant dans les nuages de poussière que soulevait le pas des chevaux et que rougissait la lueur des lanternes.

De nombreux officiers, à pied, précédaient et gardaient les deux châsses portant le sceau et le livre d’or de la nouvelle souveraine.

Enfin parut un palanquin jaune de grande dimension avec des broderies d’or : c’était celui de l’Impératrice. Il était fermé et entouré d’eunuques vêtus de robes jaunes richement brodées, d’officiers à pied et à cheval recouverts de leur long pardessus noir à plastrons d’or sur la poitrine et dans le dos.

Immédiatement derrière le palanquin se tenaient huit cavaliers armés de lances ornées de queues de léopard ; leur robe était brodée de rosaces d’or ; quatre cents gardes du Corps ou Grands de la Cour, tous à cheval et en costume de cérémonie, fermaient ce cortège d’environ deux mille personnes qui défila au milieu du silence le plus morne. Aussitôt qu’il était passé, les gardes se repliaient et les boutiques se rouvraient pour rendre à la rue des flots bourdonnants de curieux qui s’y étaient cachés.

Tel est ce que j’ai pu voir. C’était vraiment trop peu en comparaison de ce qui me restait à apprendre. En quoi consistaient les cérémonies d’un mariage impérial, comment se contractait-il, quelle en était la consécration civile ou religieuse, que se passait-il dans ce palais mystérieux dont nous sommes tenus si éloignés malgré le développement de nos relations diplomatiques avec la Chine ? Tels sont les points sur lesquels jai voulu méclairer. Telles sont les questions auxquelles vient répondre le cérémonial dont je publie aujourd’hui la traduction.

Le cérémonial du mariage impérial m’a été fourni par deux documents bien distincts. Le premier, émané du Ministère des Rites, concerne tout ce qui précède et suit le mariage proprement dit ; j’ai pu me le procurer sans difficulté. Il n’en est pas de même du second qui est le plus intéressant et est rédigé par l’Intendance de la Cour ; je n’ai pu l’acquérir qu’assez longtemps après le premier ; il concerne les cérémonies qui ont lieu depuis l’entrée de la jeune Impératrice Ha-lou-t’o au palais, dans la nuit du 15 au 16 octobre, jusqu’aux réceptions officielles qui commencèrent trois jours après.

Il me reste à dire quelques mots des principaux personnages dont nous allons nous occuper ; L’Empereur T’ong–tche fut déclaré majeur peu de temps après son mariage. Les deux Impératrices régentes Tze-ngan et Tze-hi durent abandonner les rênes du gouvernement au nouvel Empereur et à sa jeune femme. Peu de temps après, le 29 juin 1893, l’Empereur T’ong-tche recevait en audience solennelle le Corps diplomatique étranger. La discussion des questions d’étiquette soulevées à cette occasion ne dura pas moins de cinq mois. L’Empereur T’ong-tche, que je vis alors pour la première fois, paraissait moins que ses dix-huit ans ; sa physionomie était intelligente ; sa tête maigre et pâle rappelait le type des Valois. Il mourut le 12 janvier 1875 ; sa jeune femme, l’Impératrice Ha-lou-to, était régente depuis quelques jours lorsqu’on apprit tout d’un coup qu’elle avait cessé de vivre.

Les Impératrices Tze-ngan et Tze-hi redevinrent régentes et leur neveu, le prince Tsaï-tien, alors âgé de quatre ans, fut désigné’ pour occuper, sous le nom de Kouang-siu, le trône impérial de Chine. Ses enfants seront considérés comme issus de Tong-tche.

L’Impératrice Tze-ngan, veuve de Hien-fong, mourut le 8 avril 1881. Le jeune Empereur Kouang-siu, qui vit depuis lors sous la tutelle de l’Impératrice Tze-hi, est aujourd’hui âgé de quinze ans ; l’on parle déjà de la proclamation de sa majorité et de son prochain mariage. Cet événement rendra un peu d’actualité au travail que je publie aujourd’hui.


Retour au livre de l'auteur: Laurence Binyon (1869-1943) Dernière mise à jour de cette page le jeudi 11 janvier 2007 6:38
Par Jean-Marie Tremblay, sociologue
professeur au Cegep de Chicoutimi.
 



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