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Collection « Les auteur(e)s classiques »

L'avenir du peuple canadien-français (1896)
Préface


Une édition numérique réalisée à partir de livre de Edmond de Nevers, L'avenir du peuple canadien-français (1896). Montréal: Éditions Fidès, 1964, 333 pp. Collection du Nénuphar, les meilleurs auteurs canadiens. Une édition numérique réalisée par Marcelle Bergeron, bénévole.
Préface

par Claude Galarneau


Furetant un jour dans la Bibliothèque de l'Université Laval, je tombai sur un livre d'Edmond de Nevers. Quelques pages de l'Avenir du peuple canadien-français (
Note 1) ouvertes au hasard me frappèrent par leur brûlante actualité. Ma curiosité fut dès lors bien aiguisée. Elle est à l'origine de cette réédition (Note 2).

Edmond Boisvert dit de Nevers, né à la Baie-du-Febvre en 1862, a fait de brillantes études au Séminaire de Nicolet et son droit chez un avocat des Trois-Rivières. Voulant « se soustraire à l'atmosphère d'indolence intellectuelle qui règne parmi les jeunes gens de nos classes instruites », il décide, dès 1880, d'aller étudier en Europe. Il ne part cependant qu'en 1888, et pour Berlin, où il travaille avec Mommsen et d'autres grands maîtres berlinois pendant quelques années, s'initiant aux différentes
disciplines des jeunes sciences de l'homme, telles que l'histoire, la sociologie, l'anthropologie et l'économie politique. En même temps qu'il parfait sa connaissance de la langue allemande, de Nevers se donne la peine d'apprendre le russe, le norvégien, l'italien, l'espagnol et le portugais. Il effectue de longs séjours en Italie en Espagne et au Portugal pour arriver enfin à Paris vers 1892, où il devient l'un des vingt-quatre rédacteurs de l'agence Havas. De Nevers demeurera huit ans à Paris, partageant son temps entre son emploi, les cours au Collège de France et à la Sorbonne, et des recherches assidues dans les archives et les bibliothèques. Ses études et ses recherches le conduisent à la publication de trois ouvrages pendant son séjour à Paris, dont l'Avenir du peuple canadien-français en 1896 (Note 3).

Après avoir étudié le passé des Canadiens chez les historiens et observé directement leur comportement politique et social, après huit autres années de réflexion et de recherche en Europe, de Nevers fournissait à ses compatriotes « le premier programme complet d'action publique ». À plus de soixante ans de distance, c'est un ouvrage qui n'a pas vieilli, dont les observations sur la vie économique, politique et sociale des Canadiens français sont telles qu'on les croirait écrites en 1960 plus qu'en 1896. Qu'il décrive l'endettement des cultivateurs ou l'absence des nôtres dans l'industrie et le commerce, qu'il mesure la valeur de notre enseignement secondaire et supérieur ou qu'il apprécie la qualité du français que nous parlons, ses jugements demeurent très souvent valides. Son livre, rempli d'analyses pénétrantes, d'observations fines et de remarques pertinentes, est écrit dans une langue châtiée, à la fois sobre et élégante, prose d'un écrivain né, comme le disait Henri d'Arles. Ouvrage pourtant oublié aujourd'hui.

Publié à compte d'auteur, ce livre ne fut jamais mis en vente. De Nevers se contenta de l'envoyer à ses amis canadiens et américains, à ses camarades de collège, à ses confrères du barreau, aux supérieurs de collèges de l'époque ainsi qu'à quelques journalistes. Il pria cependant ces derniers de ne pas parler de son livre dans leurs feuilles. Il était en effet insatisfait de la composition de son ouvrage et il redoutait aussi de nuire à son activité future au Canada parce qu'il croyait dire des vérités assez dures à ses compatriotes. De Nevers eut l'intention de refaire l’Avenir et d'en publier une seconde édition. Mais, comme bien d'autres ouvrages qu'il projetait de publier, la mort ne lui en laissa pas le temps (
Note 4). La Revue franco-américaine annonça en 1910 qu'elle entreprendrait de publier une édition définitive de son œuvre (Note 5). Le projet n'alla pas plus loin. À défaut de ses œuvres complètes, et pour commémorer le centenaire de naissance d'Edmond de Nevers, la collection du Nénuphar est heureuse de présenter au lecteur la réédition de l'Avenir du peuple canadien-français, ouvrage dont la valeur intrinsèque s'allie à l'actualité de la prise de conscience collective de notre peuple. Cette édition du Nénuphar reprend l'édition originale, tout en ajoutant la table des matières, l'index des auteurs cités par de Nevers ainsi que le portrait de l'auteur, peint par son frère Lorenzo de Nevers.

Claude GALARNEAU

Notes:

Note 1. Paris, Henri Jouve, 1896, XLVII-441 p.
Note 2. Voir aussi notre ouvrage : Edmond de Nevers, essayiste. Suivi de textes choisis, présentés par Claude Galarneau. Cahiers de l'Institut d'Histoire, no 2, Québec, Les Presses de l'Université Laval, 1960, 95 p.
Note 3. Les autres sont : l'Âme américaine. 1900 ; L'Union des jeunes et les soutiens de la Société. Pièces d'Ibsen, traduites par Pierre Bertrand et Edmond de Nevers, 1893. De plus, il traduisit Études sur les États-Unis de Mathew Arnold, Québec, Dussault et Proulx, 1902.
Note 4. Edmond de Nevers est mort à l'âge de 44 ans, le 15 avril 1906.
Note 5. Anonyme. Edmond de Nevers – La Revue Franco-Américaine va entreprendre de publier une édition définitive de son œuvre. La Revue franco-américaine, Québec, vol. 5, no 5, ler septembre 1910, 343-344.

Retour au texte de l'auteur: Edmond de Nevers Dernière mise à jour de cette page le Lundi 19 mai 2003 15:53
Par Jean-Marie Tremblay, sociologue.
 



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