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Collection « Les auteur(e)s classiques »

Livres canoniques du second ordre ou Petits Kings
Les quatre livres, IV Oeuvres de Meng Tzeu (1956)
Notice


Une édition électronique sera réalisée à partir du texte Les quatre livres, IV   —  Oeuvres de Meng Tzeu *. Traduction de Séraphin COUVREUR (1835-1919). Publié à partir de l’édition Les Humanités d’Extrême-Orient, Cathasia, série culturelle des Hautes Études de Tien-Tsin,  Paris : LES BELLES LETTRES (1950?), 357 pp. Une édition réalisée par Pierre Palpant, bénévole, Paris.

Notice

B10. — Les quatre livres, IV. Œuvres de Meng tzeu,
traduit par Séraphin COUVREUR.
 

Notice. Extraits de …

La pensée chinoise, de Marcel Granet.

L’œuvre de Mencius, assez brève, paraît avoir été transmise sans grand dommage. Elle est d’une lecture facile. Brillant écrivain, Mencius est plutôt un polémiste qu’un penseur. Il se plaît à se mettre en scène, discutant avec de grands personnages. Il se présente comme un homme qui se serait donné la tâche de publier les principes de Confucius afin d’empêcher que « les paroles de Yang tseu et de Mö tseu (ne) remplissent le Monde ». Il défendait la sagesse confucéenne en la définissant comme une sagesse de juste milieu, également distante de deux utopies pernicieuses. Mencius est un politicien, et il argumente en rhéteur : les adversaires qu’il attaque de front ne sont point ceux qu’il désire surtout atteindre. Ses véritables adversaires, ce sont les Légistes. Au gouvernement par les Lois, il oppose le gouvernement par les Sages.

 La Chine antique, de Henri Maspero.

Mencius considéra la doctrine de Confucius comme un juste milieu entre celle de Mo-tseu, qu’il trouvait d’un altruisme exagéré, ne tenant pas compte des liens de famille, et celle de Yang-tseu qu’il trouvait trop égoïste.

— Les paroles de Yang Tchou et de Mo Ti remplissent le monde : ce que les gens disent et qui n’est pas de Yang, c’est de Mo .... Si les principes de Yang et de Mo ne sont pas arrêtés, si les principes de Confucius ne sont pas publiés, ces mauvais discours pervertiront le peuple et détruiront l’Altruisme et la Justice... Je redoute ces choses ; je défends les principes des anciens Saints et je m’oppose à Yang et à Mo... Qui-conque est capable de s’opposer à Yang et Mo est un disciple des Saints. »

Toutefois s’il reprit les théories de Confucius, ce ne fut pas sans les modifier. D’abord il en rejeta ce qui était périmé, l’action surhumaine du Saint et de sa Vertu à quoi on ne croyait plus de son temps. De plus il subit fortement l’influence de la psychologie taoïste et aussi de celle de Yang-tseu. Il n’osa pas, il est vrai, aller aussi loin que celui-ci et se donner pour but le développement individuel de l’homme ; il conserva la vieille notion confucéenne de l’amélioration de l’individu par le bon gouvernement. Il était en effet aussi persuadé que Confucius que le peuple ne peut être que conduit, et que, si le souverain lui doit de bien le gouverner, il n’a pas à attendre de lui qu’il se conduise bien de lui-même.

— N’avoir pas de moyen d’existence assuré et avoir le cœur assuré, c’est ce dont les nobles sont seuls capables. Le peuple s’il n’a pas de moyen d’existence assuré n’aura pas le cœur assuré ; s’il n’a pas le cœur assuré, relâchement moral, dépravation, corruption, licence, il n’y a rien à quoi il ne s’abandonnera.

Aussi ne chercha-t-il pas plus que Confucius à convertir les hommes individuellement ; il crut comme son maître que le bon gouvernement réussirait à les transformer en masse, ou du moins à les mener à l’état le plus élevé qu’ils puissent atteindre. La raison qu’il en donnait n’était pas à demi-métaphysique comme celle de Confucius, elle était au contraire d’abord économique et pratique : ce n’est pas en vain que Mencius avait résidé longtemps à la cour de Ts’i, au temps où les premiers maîtres de l’école des Légistes y fondaient les principes de leurs doctrines ; bien qu’il n’eût pas accepté toutes leurs théories, il en avait subi profondément l’influence.

— Quand un Altruiste est sur le trône, peut-il tendre des pièges au peuple ? Un prince éclairé réglera les moyens d’existence des gens du peuple, de façon qu’ils soient suffisants à leur permettre de servir leurs parents d’une part et de l’autre à nourrir leur femme et leurs enfants, que dans les bonnes années ils soient rassasiés complètement et dans les mauvaises années ils échappent à la mort. Après quoi il les excitera au bien et le peuple le suivra facilement.

Quant aux procédés pour donner au peuple des moyens d’existence assurés, il les cherchait comme Confucius dans l’antiquité, et préconisait le retour au système de la culture en commun connu sous le nom de tsing, ainsi que divers encouragements au commerce, en particulier la suppression des droits de douane. Après quoi, le peuple s’étant enrichi, il conseillait, comme Confucius encore, de l’instruire, mais en restreignant la portée de ce précepte à être uniquement l’enseignement au peuple des « relations entre les hommes », jen‑louen, dans l’État et dans la famille, c’est-à-dire ses devoirs envers ceux qui le gouvernent :

— Établissez (les collèges) ts’iang, siu, hio et hiao, pour l’instruction (du peuple)... Leur objet à tous est de rendre claires les relations entre les hommes ; quand les relations entre les hommes sont rendues claires par les supérieurs, les petites gens en bas sont remplis d’affection.

Au fond il reprend, tout en conservant la forme extérieure de la doctrine confucéenne, avec moins de cynisme, mais avec autant de force, la théorie taoïste du bon gouvernement idéal que le Lao‑tseu a résumé par la formule : « remplir les ventres et affaiblir les volontés » : toutes ces théories philosophiques de la Chine antique étaient également aristocratiques, tous les maîtres, à quelque école qu’ils appartinssent, taoïstes, confucéens, disciples de Mo‑tseu, sophistes, légistes, étaient également convaincus de la supériorité foncière de leur classe, la classe noble, sur le peuple de paysans plébéiens qui les entouraient, et leurs doctrines, sur ce point du moins, sont toutes d’accord.


Retour à l'ouvrage: Oeuvres de Meng Tzeu (1856) Dernière mise à jour de cette page le Jeudi 24 mars 2005 08:37
Par Jean-Marie Tremblay, sociologue.
 



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