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Collection « Les auteur(e)s classiques »

Les Mémoires historiques de Se-ma Ts'ien
tome IV: les maisons héréditaires
Extraits


Une édition électronique réalisée à partir du texte de Se-ma Ts’ien, Les Mémoires historiques: tome IV: les Maisons héréditaires (chapitres XXXI à XLII), 496 p. Traduction et annotations d’Édouard CHAVANNES (1865-1918). Paris : Librairie d’Amérique et d’Orient Adrien Maisonneuve, 1967. Une édition réalisée par Pierre Palpant, bénévole, Paris.

B22. — Les Mémoires historiques de Se-ma Ts’ien,
traduits et annotés par Édouard CHAVANNES. Tome quatrième.
 

Extrait.

La quatrième année (544 av. J.-C.), (le roi de) Ou en-voya Ki-tcha en mission de courtoisie dans (le pays de) Lou. (Ki-tcha) demanda à assister à la musique des Tcheou. On lui chanta le Tcheou-nan et le Chao-nan ; il dit :

— Admirable ! C’est le commencement et la fondation (de l’action vertueuse des rois) ; mais ce n’est pas complet. Quoiqu’il y ait effort, il y a absence de colère.

On lui chanta (les odes des pays de) Pei, Yong et Wei ; il dit :

— Admirable ! Combien profonde (dut être la bonne influence), pour que ceux qui sont dans la tristesse ne soient pas cependant désespérés. J’ai appris que tel fut l’effet de la vertu de K’ang-chou de Wei et du duc Ou. Ce sont sans doute les airs de Wei.

On lui chanta (les odes du domaine) Royal ; il dit :

— Admirable ! On est songeur, mais on ne craint pas ; c’est là (l’état où on dut se trouver quand) les Tcheou se furent rendus dans l’est.

On lui chanta (les odes du pays de) Tcheng ; il dit:

— Les futilités y tiennent une trop grande place ; le peuple ne peut supporter cela ; aussi cet État sera‑t‑il le premier à disparaître.

On lui chanta (les odes du pays de) Ts’i ; il dit :

— Admirable ! Beaux et florissants sont ces airs majestueux ; celui qui a fait cette merveille au bord de la mer orientale, c’est T’ai-kong ; un tel royaume, on ne peut encore mesurer (jusqu’où il s’élè­vera).

On lui chanta (les odes du pays de) Pin ; il dit :

— Admirable ! Quelle grandeur ! il y a joie, mais non licence. Ce sont là sans doute (les odes qui correspondent à l’expédition du) duc de Tcheou dans l’est.

On lui chanta (les odes du pays de) Ts’in ; il dit :

— C’est là ce qu’on appelle des sons civilisés ; (le pays d’où viennent ces odes) a pu se civiliser et est alors devenu grand ; il a atteint le faîte de la grandeur ; c’est sans doute lui qui occupe l’ancien territoire des Tcheou.

On lui chanta (les odes du pays de) Wei ; il dit :

— Admirable ! Quel juste milieu ! C’est de la grandeur, mais soumise ; il y a modération et facilité à la pratiquer ; si on soutient cela par la vertu, il y aura alors un prince sage.

On lui chanta (les odes de) T’ang ; il dit :

— Il y a là une grande profondeur de pensée. (Le pays d’où viennent ces odes) doit avoir reçu l’héritage de l’influence de T’ao-t’ang. S’il n’en était pas ainsi, comment y trouverait-on une sollicitude qui s’étend si loin ? Qui d’autre que le descendant d’une vertu éminente pourrait être tel ?

On lui chanta (les odes du pays de) Tch’en ; il dit :

— Un royaume qui n’a pas de souverain (digne de ce nom), comment pourrait‑il durer longtemps ?

Sur (les odes du pays de) Koai et sur celles qui les suivent, (Ki-tcha) ne fit aucune remarque. On lui chanta le Siao ya ; il dit :

— Admirable ! On pense et on ne se sépare pas ; quoiqu’ayant des sujets de colère on ne le dit pas ; ces odes sont sans doute de l’époque où la vertu des Tcheou était affaiblie ; il y avait encore le reste du peuple des anciens rois.

On lui chanta le Ta ya ; il dit :

— Combien vaste ! Quelle harmonie ! (la mélodie) est souple, mais au fond va droit (à son but) ; (ces odes n’expriment‑elles pas) la vertu du roi Wen ?

On lui chanta le Song ; il dit :

— C’est la perfection ! C’est la droiture sans l’arrogance ; c’est la flexibilité sans le ploiement ; c’est la proximité sans la compression ; c’est l’éloignement sans la séparation ; le changement s’y fait sans produire la licence ; la répétition, sans produire la satiété ; la tristesse n’y est pas inquiète ; la joie n’y est pas désordonnée ; (la vertu y est) mise en pratique sans que jamais elle s’épuise ; la générosité y est sans ostentation ; la bienfaisance n’y est pas de la prodigalité ; l’acquisition y est sans avidité ; l’immobilité n’y est pas de l’obstruction ; l’activité n’y est pas de la dissipation. Les cinq notes sont harmonieuses ; les huit vents sont paisibles. La mesure (qui gouverne les instruments de musique) est bien réglée ; observant (le rôle qui leur est dévolu, les instruments de musique) sont à leur rang. Ici sont réunies les vertus parfaites.

(Ki-tcha) vit ceux qui, tenant en main les flûtes et les flageolets du sud, dansaient la danse siang ; il dit :

— Admirable ! Cependant il y a lieu de regretter.

Il vit ceux qui dansaient la danse ta-ou ; il dit :

— Admirable ! L’apogée des Tcheou, voilà comme il a été.

Il vit ceux qui dansaient le chao-hou ; il dit :

— C’est la grandeur de l’homme saint ! Cependant il y a quelque chose dont la vertu rougit ; situation difficile pour un homme saint.

Il vit danser la danse ta-hia ; il dit :

— Admi­rable ! Travailler avec ardeur et ne pas s’en faire un mérite, qui, hormis Yu, aurait pu atteindre (à une telle excellence) ?

Il vit danser le chao-siao ; il dit :

— C’est l’apogée de la vertu ; cette grandeur est comme le ciel qui ne laisse rien sans le recouvrir, comme la terre qui ne laisse rien sans le supporter. Même la vertu la plus parfaite n’y saurait rien ajouter. Que l’exhibition s’arrête là ; s’il y a d’autres musiques, je ne me permettrai pas d’y assister.

Retour au livre de l'auteur: Se-ma Ts'ien Dernière mise à jour de cette page le Lundi 15 août 2005 09:51
Par Jean-Marie Tremblay, sociologue.
 



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