Pierre Teilhard de Chardin, LA PLACE DE L'HOMME DANS LA NATURE. LE GROUPE ZOOLOGIQUE HUMAIN


 

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Collection « Les auteur(e)s classiques »

LA PLACE DE L'HOMME DANS LA NATURE. LE GROUPE ZOOLOGIQUE HUMAIN (1949)
Préface de Jean Piveteau


Une édition électronique réalisée à partir du livre de Pierre Teilhard de Chardin, LA PLACE DE L'HOMME DANS LA NATURE. LE GROUPE ZOOLOGIQUE HUMAIN. Paris: Union générale d'Éditions, 1965, 188 pp. Collection: Le monde en 10-18. [Albin Michel: 1956. Première édition, Paris, 4 août 1949.] Une édition numérique réalisée par Gemma Paquet, bénévole, professeure de soins infirmiers retraitée du Cégep de Chicoutimi.

Préface de Jean Piveteau

Le P. Teilhard de Chardin a dit un jour comment entre les deux notions conjuguées de structure génétique des faunes et de structure génétique des continents lui était apparue une troisième notion, celle de structure génétique de l'Humanité. Tout son effort fut alors consacré à l'édification d'une anthropogénèse, c'est-à-dire d'une science de l'homme mise en prolongement d'une science de la vie. Oeuvre immense, mais à la mesure d'un tel esprit. Une disparition prématurée, en pleine vigueur intellectuelle, l'a empêché de la mener à son terme. Mais il en a donne le dessin général, et sur quelques points fondamentaux, une forme achevée, en divers articles où il a fait passer, selon ses Propres expressions, le meilleur de son expérience et l'essence de sa vision. 

C'est un des aspects de l’anthropogenèse qui est approfondi dans le présent ouvrage, un aspect classique mais par lui renouvelé, le problème de la place de l'homme dans le cadre de la nature et la valeur qu'il y représente. 

Le P. Teilhard nous apporte le résultat de sa méditation personnelle et trace, en un magnifique tableau, cette « montée » vers l'homme qui est le sens profond de la cosmogénèse. 

La vie n'est point une combinaison fortuite d'éléments matériels, un accident de l'histoire du monde, mais la forme que prend la matière a un certain niveau de complexité. Elle nous introduit dans un ordre nouveau, que caractérisent des propriétés particulières, la biosphère. Celle-ci ne doit point être conçue comme une image purement spatiale, une simple enveloppe concentrique a la lithosphère et a t'hydrosphère, une sorte de cadre où la vie se trouve confirmée, mais comme une couche structurelle de notre planète, « un dispositif où transparaît la liaison qui rattache entre elles, au sein d'un même dynamisme cosmique, Biologie, Physique, Astronomie ». 

Très vite, la vie manifeste une de ses tendances fondamentales, la tendance à se ramifier en avançant. Plus et mieux que tout autre, le P. Teilhard de Chardin souligne l'importance de la notion de lignée, ou Phylum, véritable unité élémentaire de la biosphère. Et celle-ci se résout en une multitude de lignées ; elle offre une structure fibreuse. D'ailleurs la vie ne se continue pas pendant longtemps dans le même sens ; chaque lignée se trouve plus ou moins rapidement remplacée, et aussi, partiellement prolongée, Par une lignée latérale, de sorte que la structure fibreuse de la biosphère apparaît en même temps comme une structure écailleuse. 

À première vue, ce buisson de la vie donne l’impression d'une diversité défiant l'analyse, d'une profusion où l'on ne peut retrouver un ordre naturel. Et sur l'un de ces multiples rameaux, l'homme apparaît, selon -une mutation pareille à toutes les autres ; et l'on pourrait croire que sa supériorité, lentement acquise, n'a été qu’un accident de la vie. 

Mais avons-nous ainsi l'image véritable du phénomène ? N’y a-t-il point, dans ce foisonnement, des lignées privilégiées ? En quelle mesure, toutefois, avons-nous le droit d'introduire, dans un tel problème la notion de valeur ? À quoi répond le P. Teilhard. 

À partir d'une certaine complexité, la matière se « vitalise », et sur ce plan il y a émergence de qualités nouvelles. Les unes, comme l'assimilation et la reproduction, se retrouvent a peu près semblables à elles-mêmes, dans la grande série des animaux Métazoaires. Le psychisme constitue au contraire, dès les zones infra-humaines, un facteur de hiérarchie, une mesure du degré de vitalisation. 

C'est l'intensité du Psychisme qui définit les deux lignées majeures de Métazoaires : Arthropodes et Vertébrés, par le développement de l'instinct chez les premiers, de l'intelligence chez les seconds. 

Tout au long de la lignée des Vertébrés, la seule qui nous intéresse dans une perspective d'anthropogénèse, nous observons une cérébralisation croissante des Poissons aux Mammifères. Et chez ces derniers, un groupe, à ce point de vue, prime les autres, celui des Primates ; il représente un axe privilégié de l'évolution. Toutefois, dans ses divers rameaux, cet « effort » de la vie vers la cérébralisation s'arrête plus ou moins tôt, le psychisme n'arrivant point à franchir véritablement le seuil de la réflexion. En l'homme seul « la conscience brise la chaîne », en lui s'exprime pleinement la plus haute tendance du phénomène vital. Sans qu'il y ait rupture de continuité avec ce qui précède, l'avènement de l'homme marque un palier entièrement original, d'une importance égale à ce que fut l'apparition de la vie, et que l'on peut définir comme l'établissement sur la planète d'une sphère pensante, surimposée à la biosphère, la noosphère. 

En elle, l'immense effort de cérébralisation qui commença sur la terre juvénile, va s'achever, en direction de l'organisation collective ou socialisation. 

Certes, dans cette dernière partie de l'ouvrage, le P. Teilhard de Chardin paraîtra faire oeuvre de philosophe plus que d'homme de science, et beaucoup qui ont admiré le paléontologiste dans son interprétation de l'évolution du monde vivant, auront quelque peine à suivre l'auteur dans ses anticipations. Mais tous seront frappés de la pensée lucide et ferme, de la maîtrise intellectuelle, d'un des plus grands esprits qui furent jamais. 

Jean PIVETEAU.


Retour au texte de l'auteure: Simone Weil, philosophe Dernière mise à jour de cette page le vendredi 4 mai 2007 12:35
Par Jean-Marie Tremblay, sociologue
professeur au Cégep de Chicoutimi.
 



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