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Collection « Les auteur(e)s classiques »

LE MARXISME DES BAFOUILLEURS (1952)
Introduction


Une édition électronique réalisée à partir du livre d'Amadeo Bordiga (1952), “LE MARXISME DES BAFOUILLEURS”. Texte paru dans Battaglia communista, no 8, 1952. Traduction de l’Italien achevée le 7 mai 2007. Traduit de l'Italien au français dans la tradition française des traductions anonymes.

Introduction

La désinfection à laquelle nous consacrons quatre-vingt-dix pour cent de notre pauvre travail ne s’achèvera que dans un avenir lointain et se poursuivra bien après nous : elle consiste à combattre l’épidémie qui sévit en tout lieu et en tout temps, partout et toujours dangereuse, celle des réviseurs, modernisateurs, futurologues [1] et autres innovateurs. 

Il est inutile et nuisible de spécifier ou personnaliser, de chercher plus ou moins loin le lanceur de bombes bactériologiques ; il s’agit bien plutôt d’isoler le virus et de lui appliquer l’antibiotique que nous nous entêtons à reconnaître dans la continuité de la ligne, la fidélité aux principes, la préférence accordée neuf cent quatre-vingt-dix-neuf fois sur mille au rabâchage catéchistique plutôt qu’à l’aventure de la découverte scientifique nouvelle qui exige des ailes d’aigle et à laquelle n’importe quel moustique se sent appelé par le destin. 

Qu’ils s’inquiètent pourtant les frémissants volatiles ! Froidement terre à terre, nous les ramènerons à la modeste hauteur à laquelle il nous est donné de nous élever, nous à qui tout héroïsme et tout romanesque sont interdits, qui nous en tenons à l’ironie plutôt qu’au lyrisme et qui nous voyons parfois tenus de rappeler à l’ordre les gens trop fougueux : ne jouez pas les Phaéton ! 

Tandis que trop de gens ont l’hystérie du calcul sublime, nous les testons au niveau du boulier et vérifions s’ils savent compter sur les doigts. 

Malheur à ceux qui croient pouvoir être, comme on dit aujourd’hui, les porte-parole du mouvement prolétarien et se flattent d’exprimer la théorie révolutionnaire alors qu’ils n’ont pas encore digéré ni assimilé le tournant crucial où notre doctrine abandonna les positions traditionnelles. 

Malheur à tous et surtout aux groupes qui veulent se situer à l’extrême-gauche du mouvement et incarner la lutte contre sa dégénérescence. D’innombrables fois, il fut trop facile aux opportunistes et collaborateurs de la classe ennemie de diffamer la « gauche » en l’accusant d'illusionnisme, de sectarisme, d’extrémisme formel et d’incompréhension de la dialectique marxiste intégrale. 

La réponse et la défense de la gauche internationale consistèrent et consistent encore à démontrer que l’origine de son rejet des concessions, transactions et manœuvres n’est pas une rechute dans la mystique et la métaphysique de l’enfant très naïf qui, telles les vieilles croyances religieuses, ouvre toutes les portes avec la clé de l'antithèse unique entre deux principes opposés, Bien et Mal ; le Bien étant le prolétariat, le Mal, le capitalisme. En tout temps, en tout lieu, il n’y aurait pas besoin d’autre boussole ; le capitalisme, mal absolu, serait toujours tel, toujours identique à lui-même, toujours le même. Tout le reste serait balivernes ! Nous avons mené de longues batailles pour montrer que nous ne raisonnons pas ainsi et que nous avons déjà bien compris « la dialectique de l’histoire vivante » en démasquant la fausseté de l’opportunisme post-léninien et en traçant avec suffisamment de précision la courbe de sa trajectoire inéluctable menant, en trente ans, de l’orthodoxie à l’abjuration. 

On ne nous désarçonnera certainement pas en nous rappelant qu’à chaque grande phase historique, les termes de l’antithèse changent ; si, selon les fidèles de toutes les mystiques, le bien ne peut être que le fils du bien, le mal celui du mal – sinon les valeurs éternelles immanentes à la lumière de l’esprit s’effondreraient – au contraire, suivant notre doctrine révolutionnaire, le communisme est fils du capitalisme et ne peut être engendré que par lui ; malgré ce fait ou plutôt justement à cause de lui, il doit le combattre et le détruire, le moment historique du tournant et du renversement des positions advenant sous l’effet de conditions et de rapports matériels, jamais de la vigilance bouffonne d’homoncules ou de groupuscules qui se sont eux-mêmes désignés pour prévenir toute déviation, ridiculement convaincus qu’ils sont de leur propre importance.


[1] ital. : contemplatori.



Retour au texte de l'auteur: Jean-Marc Fontan, sociologue, UQAM Dernière mise à jour de cette page le mardi 8 mai 2007 18:15
Par Jean-Marie Tremblay, sociologue
professeur de sociologie au Cégep de Chicoutimi.
 



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