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Collection « Les auteur(e)s classiques »

Histoire de la Gauche communiste, Tome II: (1919-1919) (1964)
Présentation


Une édition électronique réalisée à partir du livre d'Amadeo Bordiga (1964), Histoire de la gauche communiste. Tome II (1919-1920). Du Congrès de Bologne du PSI au second congrès de l'Internationale communiste. Traduit de l'Italien au français dans la tradition française des traductions anonymes. Éditions Il Programma Comunista, 1964. Une édition numérique réalisée par Simon Villeneuve, bénévole, professeur de physique au Cégep de Chicoutimi.

Présentation

Editions Il Programma Comunista  -1972

 

Depuis que nous avons repris le travail de ce volume, les historiens « officiels » - en particulier les penseurs de la classe dominante, ses idéologues actifs, desquels Marx et Engels écrivaient dans «l'Idéologie allemande» qu'«ils font de l'élaboration des illusions de cette classe sur elle-même leur principale profession» - ont rectifié le tir de leur triste bataille d'arrière-garde à l'encontre du spectre renaissant avec ténacité d'une Gauche communiste.  En conséquence, le plan originel de ce volume s'est notablement élargi. 

La contre-offensive actuelle, historiographique seulement en apparence, de l'opportunisme en habit d'académicien, ne pouvant plus ignorer l'existence de la Gauche ou se limiter à la couvrir d'injures, pour effacer la honte du rôle que celle-ci en tant que majorité a joué dans la formation d'abord puis dans la direction du parti communiste d'Italie, a dû assumer la tâche ingrate de l'expulser du courant marxiste;  et c'est une contre offensive qui, comme toutes les glorieuses campagnes de ce type d'intelligentsia, se développe sur autant de fronts que l'opportunisme a de facettes - dans la phase actuelle de déstalinisation de la contre révolution stalinienne. 

Abandonnant les grossières manières plébéiennes de la phase précédente pour celles plus civilisées exigées par le bon ton de la concurrence pacifique, du commerce à avantage mutuel et des voies parlementaires et nationales au socialisme, les historiens des Boutiques Obscures [du nom de la rue ou est localisé le siège du PC stalinien] (dont le grand pontife est Paolo Spriano, assisté du couple Lepre-Levrero) se sont lancés dans la fabrication d'un « léninisme » s'appuyant sur les deux faux et mensongers piliers dont le premier serait l'invention des soviets (et de leur vertu thaumaturgique), et le second celui de l'empirisme et même du machiavélisme tactique - tour de passe-passe avec lequel un  groupe de jeunes arrivistes du PCI établit la filiation directe entre Lénine (au moyen de l'identification des soviets avec...  les conseils de fabrique, ou avec d'autres produits de l'inépuisable « créativité » des masses) et l'ordinovisme d'une part, et le « parti nouveau » de Togliatti de l'autre.  Il peut sembler paradoxal, bien que ce ne le soit pas, que l'historiographie trotskyste minoritaire, qui se nourrit de cette élégante opération de chirurgie plastique, dont la condamnation de la Gauche comme étant un maximalisme extrémiste (à la manière de Ferri) ne constitue qu'une variante, s'emploie à son tour à construire une énième nouvelle généalogie Lénine-Gramsci...  Corvisieri, à l'exclusion cette fois de Palmiro [Togliatti, ndt] (nous nous excusons de nommer les personnes: pour ces soi-disant marxistes, on le sait, l'histoire n'est pas le théâtre de forces anonymes et collectives, les classes, mais de dynasties «intellectuelles», les individus).  Dans un cas comme dans l'autre, la Gauche, coupable d'«obsession particulariste» (rôle primordial du parti de classe, anti-démocratisme de principe) sort déshonorée de la scène, épisode fortuit et vaguement folklorique du mouvement révolutionnaire marxiste : le parterre, satisfait, pousse un soupir de soulagement. 

Il y a toujours place pour un soupçon d'historiographie hétérodoxe au sein de la grande libéralité de la contre-révolution stalino-déstanilisatrice.  Après les censeurs, les amoureux déçus: y appartiennent ceux qui font grâce à la Gauche de la juger comme l'unique courant digne du nom de marxiste dans l'Italie de l'après 1re guerre mondiale, et parallèlement lui reprochent d'avoir repoussé par sa «position de principe abstentionniste» entêtée, une masse fantomatique de communistes d'opérette, retardant ainsi la scission de Livourne (pontife unique, Luigi Cortesi; nous laissons de côté ceux qui prétendant se réclamer directement du « bordiguisme », cherchent cependant dans l'arsenal de la psychanalyse la clé de sa rupture manquée avec le PSI à Bologne et avec l'IC aux premiers signes de sa parabole dégénérescente); y appartiennent, admirateurs et admiratrices...  avec réserves, ceux qui découvrent un «marxisme occidental» dans lequel enfermer la Gauche, l'accolant en vrac aux tribunistes hollandais, aux conseillistes allemands, aux spontanéistes-ouvriéristes latins et anglo-saxons, contre lesquels celle-ci s'est battue, comme nous l'avons déjà souvent dit, constamment - mystification qui sert aux uns à abattre de son piédestal le «marxisme oriental» et « asiatique» barbare des bolcheviks, et sert aux autres à confirmer en seconde instance notre condamnation, en compagnie des précédents (à l'exclusion bien sûr de l'«Ordine Nuovo»), en tant que coupables d'anti-bolchevisme! 

Ainsi, faux orthodoxes et présumés hétérodoxes non seulement déforment l'histoire pour de vulgaires intérêts de boutiques, mais travaillent à défigurer, ne pouvant pas le démolir, l'unitaire et invariant bloc de granit du marxisme, comme théorie et comme praxis. 

Nous sommes suffisamment immodestes pour nous reconnaître les seuls à nous relever de la misère de ces reconstructions ad usum delphini, nées sur le tronc de la plus catastrophique défaite du mouvement ouvrier international en un siècle et demi d'histoire et taillées sur mesures pour en empêcher la compréhension, ici comme dans toutes les autres manifestations du combat politique. 

Nous ne proposons pas des «découvertes» savoureuses, des «innovations» géniales, des «exégèses» audacieuses ; nous reprenons le fil rouge de 1848, de 1850, de 1864, de 1871 (pour rappeler quelques étapes capitales), qui a été renoué à Petrograd et à Moscou, après la violente rupture des Unions Sacrées, avec l'inflexible rigueur, le dogmatisme déclaré, l'orgueilleuse intransigeance des années de l'«Iskra» et du «Que faire» ainsi que des années de guerre entre les Etats, d'assauts au pouvoir, de guerre civile - avec la rigueur, le dogmatisme, l'intransigeance que nous aurions voulu voir appliquée à la énième puissance (ceci étant notre unique désaccord avec le bolchevisme, «plante de tous les climats») dans cet Occident pourri de démocratie parlementaire, imbibé de pacifisme social, malade de fédéralisme et d'autonomisme.  C'est sur ce fil - comme le prouvent les textes ici rassemblés - que la Gauche, seule en Occident, a marché avec l'Internationale ressuscitée sur les bases de granit de «L'Etat et la révolution», «Le renégat Kautsky», «Terrorisme et Communisme»; c'est sur ce fil que ne se sont jamais alignés, ni ne l'auraient pu sans le concours de circonstances exceptionnelles, malgré les efforts surhumains des protagonistes d'Octobre, les susnommés représentants d'un pseudo marxisme occidental - non seulement les réformistes déclarés, les maximalistes ou les Indépendants, mais aussi les conseillistes, ouvriéristes, ordinovistes, spontanéistes, en somme immédiatistes [1] - dont la terrible «inertie historique» a barré la route à la révolution en Europe, empêchant en même temps l'éclatante révolution double de Russie de conclure son cycle à l'échelle mondiale, comme seul cela était possible, et à son état-major de rester fidèle à lui-même jusqu'à la limite de ses forces.  Ce fil rouge (revendiqué par les bolcheviks et par nous comme au-dessus des contingences de temps et d'espace, et impératif pour tout communiste sous tous les cieux et à tout moment), nous n'avons pu empêcher qu'il ne se perde, de même que les bolcheviks n'ont pas réussi à le tenir fermement jusqu'au bout ; mais nous n'acceptons pas de le considérer perdu pour toujours. 

L'histoire militante du mouvement ouvrier est faite de hauts et de bas, d'épopées et de tragédies: de ceci, l'année qui va d'août 1919 à août 1920 constitue un brûlant condensé.  Nous en réévoquons les épisodes avec patience et émotion: non par scrupule historiographique ou par luxe académique, mais pour les exigences de la lutte future, en en tirant un enseignement - le même que nous avions alors anticipé à travers le diagnostic des forces agissant à l'échelle mondiale et de leur nécessaire disposition - au lieu de nous incliner devant le sentiment banal du «ceci devait arriver». 

Il en est sorti la trame - que nous ne prétendons ni complète, ni parfaite, et qui ne porte aucune signature comme il convient aux représentants d'une classe qui n'a ni droit ni encore moins propriété à revendiquer - d'une histoire véridique, donc anticonventionnelle, du mouvement communiste, emmêlée aux événements d'un mouvement ouvrier capable d'écrire des pages glorieuses lors de journées d'authentique grandeur.  Nous la dédions à la mémoire de la splendide génération de militants révolutionnaires d'alors, pour qu'elle resurgisse, comme elle ne peut manquer de le faire, muni de l'intégralité de ses armes de batailles et, finalement, de victoire. 

Note explicative :  

Pour faciliter la lecture, les comparaisons et les éclaircissements, nous avons inséré les documents d'époque dans le corps du texte ou en appendice à la fin des chapitres, des rappels précis des uns aux autres, donnant un relief particulier aux textes des années 1919-20 qui développent des arguments à peine effleurés ou non encore approfondis dans le volume précédent, et les corrélant aux textes ou thèses rigoureusement parallèles de la 3e Internationale.  Les deux derniers chapitres dédiés au mouvement communiste mondial et au 2e congrès de Moscou forment un seul bloc ; que le lecteur non pressé le considère comme un tout unique.


[1] Nous avons pour cette raison reproduit plus de textes de nos adversaires et des bolcheviks que dans le volume 1, et dédié un chapitre entier à l'ordinovisme.


Retour au livre de l'auteur: Amadeo Bordiga (1889-1970) Dernière mise à jour de cette page le dimanche 24 décembre 2006 8:28
Par Jean-Marie Tremblay, sociologue
professeur de sociologie au Cégep de Chicoutimi.
 



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