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Collection « Les auteur(e)s classiques »

Jean Bodin, Les six livres de la République. (1583) [1993]
Note sur la vie et l'oeuvre de Jean Bodin


Une édition électronique réalisée à partir du livre de Jean Bodin, Les six livres de la République. Un abrégé du texte de l'édition de Paris de 1583. Édition et présentation de Gérard Mairet. Paris: Le livre de poche, LP17, no 4619. Librairie générale française, 1993, 607 pp. Une édition numérique réalisée par Marcelle Bergeron, bénévole, professeure à la retraite de l'École polyvalente Dominique-Racine de Chicoutimi, Québec. [Cet ouvrage nous a été recommandé et même prêté par Mme Diane Lamoureux, politologue, Université Laval.]

[585]

Note sur la vie et l'oeuvre
de Jean Bodin




JEAN BODIN [1] (1529/1530-1596) est né à Angers (son œuvre majeure est signée « Jean Bodin Angevin »). Selon une tradition, non absolument attestée, sa mère aurait été juive, probablement chassée d'Espagne par l'Inquisition. La lecture de La République rend cette hypothèse plausible, de même que sa dernière œuvre Le Colloquium heptaplomeres, tant la tradition hébraïque (Bodin sait l'hébreu) y est [p. 586] présente. Quoi qu'il en soit, la religion de Bodin est une question débattue et ne pourra probablement jamais être tranchée. Il entre au Carmel en 1545, semblant se destiner à une carrière ecclésiastique. Il sera délivré de ses vœux en 1548, non sans avoir été inquiété en 1547 pour hérésie. Il semble être attiré, vers 1550, par le calvinisme.

Dans les années 1550, il étudie le droit à Toulouse, mais ne peut obtenir un poste qu'il convoite à l'Université. Il s'établit à Paris dans la profession d'avocat et se fait remarquer par son extraordinaire talent d'orateur et de débatteur. Il connaît la célébrité coup sur coup avec, en 1566, sa Méthode pour la connaissance de l’histoire et, en 1568, La réponse à Monsieur de Malestroit, où il développe les premiers éléments d'une théorie monétariste. En 1571, il est au service du duc d'Alençon. Il échappe semble-t-il au massacre de la nuit tragique de la Saint-Barthélemy, en 1572. À cela s'ajoute le spectacle connu de lui du fanatisme religieux dans le Midi. Il prend parti pour une tendance modérée de la Ligue (catholique), opposée au fanatisme intégriste des Guises, mais favorable à la toute-puissance de la Couronne. C'est pourquoi il développera, dans Les Six Livres..., une théorie de la souveraineté du monarque réfutant la thèse de la monarchie élective, c'est-à-dire d'un roi élu du peuple, thèse qui était alors celle des Monarchomaques (protestants). Bouleversé par les guerres civiles et religieuses, Bodin militera dans son œuvre pour la tolérance, recommandant au prince de ne jamais traiter la question des « sectes » par la force, sauf à mettre en péril la république.

En 1576, il publie donc Les Six Livres de la République. L'ouvrage connaît un immense succès et doit être plusieurs fois réédité. On compte au moins quatorze éditions en langue française, jusqu'en 1629, et plusieurs éditions de la traduction latine que Bodin [p. 587] fit lui-même de son œuvre (1586). Pierre Bayle, dans la notice qu'il consacre à Bodin dans son Dictionnaire historique et critique [2], rapporte que, lors du voyage de son auteur à Cambridge, La République y fut lue publiquement en latin.

À l'époque de la publication de La République, il épouse la riche veuve Bayard. Il est élu député du Vermandois et siège en cette même année 1576, comme député du tiers état aux états généraux de Blois [3]. Là, il fait échouer une tentative d'Henri III en vue d'augmenter les impôts, mais aussi, et peut-être surtout, Bodin y défend une position politique fondée sur la tolérance, face au roi qui cherche à imposer le catholicisme comme religion d'État. Meneur de l'opposition, pourtant convaincu que son point de vue était, finalement, favorable à la Couronne, il se voit alors refuser la charge promise jadis par Henri III de maître des requêtes.

Il publie, en 1578, l’Exposé du droit universel, et, en 1580, La Démonomanie des sorciers, manuel qui décrit les pratiques de sorcellerie et les moyens de les détecter et surtout de les punir. Le problème posé par la sorcellerie, raison pour laquelle Bodin s'y intéresse de près, est que, selon Bodin, les sorciers font le jeu de Satan et donc introduisent un ferment de désordre dans la république.

Bodin partira en 1581 pour l’Angleterre, comme conseiller du duc d'Alençon. Mais après la mort du duc en 1584, il s'installe à Laon où sa famille avait des origines. Après l'assassinat d'Henri III (1589), la Ligue catholique soutient Charles X contre le protestant Henri IV, premier héritier en ligne de la couronne. À Laon, les partisans de la Ligue sont dominants et Bodin est contraint, par prudence, quoique [p. 588] politiquement opposé au parti catholique, adepte de la résistance au roi « légitime », violemment intolérant, de composer avec lui. Et ce n'est qu'en 1594, Henri IV s'étant converti au catholicisme, qu'il put le soutenir.

Au cours de cette période, l'activité intellectuelle de Bodin reste très importante. Il compose un Théâtre de la nature universelle (non publié de son vivant), où il expose une philosophie naturaliste et, surtout, il publiera l'année de sa mort, en 1596, un Colloquium ou Colloque des Sept, où le point de vue du Juif Salomon (parmi un catholique, un luthérien, un rationaliste, un mahométan, etc.) semble exprimer, avec un naturalisme platonisant, le point de vue de Bodin lui-même. On dit que Leibniz, un siècle plus tard, redoutait pour la foi chrétienne la publication du Colloque des Sept.

Selon ses vœux, Bodin fut enterré selon le rite catholique.



[1] Cf. Simone Govard-Fabre, Jean Bodin et le droit de la république, Paris, PUF, 1989, qui propose une étude assez détaillée de la vie de Bodin ; Julian H. Franklin, Jean Bodin et la naissance de la théorie absolutiste, édition française revue par l'auteur, Avant-propos par J.-F. Spitz, Paris, PUF, 1993. Ces deux ouvrages donnent une bibliographie. La présente Notice s'appuie également sur l'Introduction de J.H. Franklin à sa traduction anglaise de quatre chapitres de La République, Cambridge University Press, 1992.

[2] Texte repris dans Corpus, n° 4, 1er trimestre 1987.

[3] Bodin fait référence à cet épisode de sa vie dans Les Six Livres... Cf. pp. 307-308.



Retour au texte de l'auteur: Jean-Marc Fontan, sociologue, UQAM Dernière mise à jour de cette page le dimanche 23 janvier 2011 9:02
Par Jean-Marie Tremblay, sociologue
professeur de sociologie retraité du Cegep de Chicoutimi.
 



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