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Collection « Les auteur(e)s classiques »

Principes de médecine expérimentale (1858-1877)
Préface


Une édition électronique réalisée à partir du livre de Claude Bernard, Principes de médecine expérimentale (ou de d'expérimentation appliquée à la physiologie, à la pathologie et à la thérapeutique (fragments rédigés entre 1858 et 1877). Paris: Les Presses universitaires de France, 1947, 308 pages. Collection: Bibliothèque de philosophie contemporaine. Une édition numérique réalisée par mon amie, Gemma Paquet, bénévole. Cet ouvrage m'a été fortement recommandé par mon ami Philippe Folliot, bénévole, professeur de philosophie au Lycée d'Ango de Dieppe.

Préface: [Un court extrait]

par le Dr. Léon Delhoume
[Nous présentons de la préface que les extraits citant le Dr. Claude Bernard. Le texte en italique est celui de Claude Bernard.]


Dans les premières pages de l'
Introduction à l'étude de la médecine expérimentale, Claude Bernard écrivait ceci :

Tout l'avenir de la médecine expérimentale est subordonné à la création d'une méthode de recherche applicable avec fruit à l'étude des phénomènes de la vie, soit à l'état normal, soit à l'état pathologique. Je n'insisterai pas ici sur la nécessité d'une telle méthode d'investigation expérimentale en médecine, et je n'essayerai pas même d'en énumérer les difficultés. Je me bornerai à dire que toute ma vie scientifique est vouée à concourir pour ma part à cette œuvre immense, que la science moderne aura la gloire d'avoir comprise et le mérite d'avoir inaugurée, en laissant aux siècles futurs le soin de la continuer et de la fonder définitivement.

Les deux volumes qui constitueront mon ouvrage sur les
Principes de la Médecine expérimentale seront uniquement consacrés au développement de procédés d'investigation expérimentale appliqués à la physiologie, à la pathologie et à la thérapeutique. Mais comme il est impossible à un seul d'envisager toutes les faces de l'investigation médicale, et pour me limiter encore dans un sujet aussi vaste, je m'occuperai plus particulièrement de la régularisation des procédés de vivisections zoologiques. Cette branche de l'investigation biologique est sans contredit la plus délicate et la plus difficile ; mais je la considère comme la plus féconde et comme étant celle qui peut être d'une plus grande utilité immédiate à l'avancement de la médecine expérimentale.

Dans l'investigation scientifique, les moindres procédés sont de la plus haute importance. Le choix heureux d'un animal, un instrument construit d'une certaine façon, l'emploi d'un réactif au lieu d'un autre, suffisent souvent pour résoudre les questions générales les plus élevées. Chaque fois qu'un moyen nouveau et sûr d'analyse expérimentale surgit, on voit toujours la science faire des progrès dans les questions auxquelles ce moyen peut être appliqué. Par contre, une mauvaise méthode et des procédés de recherche défectueux peuvent entraîner dans les erreurs les plus graves et retarder la science en la fourvoyant. En un mot, les plus grandes vérités scientifiques ont leurs racines dans les détails de l'investigation expérimentale qui constituent en quelque sorte le sol dans lequel ces vérités se développent.

Il faut avoir été élevé et avoir vécu dans les laboratoires pour bien sentir toute l'importance de tous ces détails de procédés d'investigation, qui sont si souvent ignorés et méprisés par les faux savants qui s'intitulent généralisateurs. Pourtant on n'arrivera jamais à des généralisations vraiment fécondes et lumineuses sur les phénomènes vitaux, qu'autant qu'on aura expérimenté soi-même et remué dans l'hôpital, l'amphithéâtre ou le laboratoire, le terrain fétide et palpitant de la vie. (Introduction, pp. 25-27.)


Un peu plus loin, examinant les considérations spéciales de l'expérimentation chez les êtres vivants, Claude Bernard ajoute :


La médecine, en tant que science, a nécessairement des lois qui sont précises et déterminées, qui, comme celles de toutes les sciences, dérivent du critérium expérimental. C'est au développement de ces idées que sera spécialement consacré mon ouvrage, et je l'ai intitulé Principes de Médecine expérimentale, pour indiquer que ma pensée est simplement d'appliquer à la médecine les principes de la méthode expérimentale, afin qu'au lieu de rester science conjecturale fondée sur la statistique, elle puisse devenir une science exacte fondée sur le déterminisme expérimental. En effet, une science conjecturale peut reposer sur l'indéterminé ; mais une science expérimentale n'admet que des phénomènes déterminés ou immuables. (Introduction, pp. 222-223.)


Enfin, au dernier chapitre de son livre, revenant à la conception future des Principes


Dans diverses publications récentes de médecine - écrit-il -dont j'approuve et loue d'ailleurs lès tendances physiologiques, j'ai vu, par exemple, qu'on commençait par faire, avant l'exposé des observations médicales, un résumé de tout de que la physiologie expérimentale avait appris sur les phénomènes relatifs à la maladie dont on devait s'occuper. Ensuite on apportait des observations de malades parfois sans but scientifique précis, d'autres lois pour montrer que la physiologie et la pathologie concordaient. Mats, outre que la concordance n'est pas toujours facile à établir, parce que la physiologie expérimentale offre souvent des points encore à l'étude, je trouve une semblable manière de procéder essentiellement funeste pour la science médicale, en ce qu'elle subordonne la pathologie, science plus complexe, à la physiologie, science plus simple. En effet, c'est l'inverse de ce qui a été dit précédemment qu'il faut faire : il faut poser d'abord le problème médical tel qu'il est donné, par l'observation de la maladie, puis analyser expérimentalement les phénomènes pathologiques en cherchant à en donner l'explication physiologique. Mais dans cette analyse, l'observation médicale ne doit jamais disparaître ni être perdue de vue ; elle reste comme la base constante sur le terrain commun de toutes les études et de toutes les explications.

Dans mon ouvrage, je ne pourrai présenter les choses dans l'ensemble que je viens de dire, parce que j'ai dû me borner à donner les résultats de mon expérience dans la science physiologique que j'ai le plus étudiée. J'ai la pensée d'être utile à la médecine scientifique en publiant ce simple essai sur les principes de la médecine expérimentale. En effet, la médecine est si vaste, que jamais on ne peut espérer trouver un homme qui puisse en cultiver avec fruit toutes les parties à la fois. Seulement il faut que chaque médecin, dans la partie où il s'est cantonné, comprenne bien la connexion scientifique de toutes les sciences médicales, afin de donner à ses recherches une direction utile pour l'ensemble et d'éviter ainsi l'anarchie scientifique. Si je ne jais pas ici de la médecine clinique, le dois néanmoins la sous-entendre et lui assigner la première Place dans la médecine expérimentale. Donc, si je concevais un traité de médecine expérimentale, je procéderais en faisant de l'observation des maladies la base invariable de toutes les analyses expérimentales. Je procèderais ensuite symptômes par symptômes dans mes explications, jusqu'à épuisement des lumières qu'on peut obtenir aujourd'hui de la physiologie expérimentale, et de tout cela il résulterait une observation médicale réduite et simplifiée. (Introduction, pp. 316-317.)

*
* *

[…]

Voici maintenant dans leur succession chronologique les notes de Claude Bernard qui précédèrent la conception définitive des Principes de Médecine expérimentale.


Décembre 1865.

Remaniement définitif du plan de l'ouvrage.

(Pour servir à des préliminaires ou pour servir à la Préface.)

Mon Introduction à l'étude de la Médecine expérimentale a paru et elle a un caractère que le reste de l'ouvrage doit conserver.

L'ouvrage a le titre de : Principes de Médecine expérimentale, ce qui veut dire, principes d'études de la médecine expérimentale.

Or, j'ai établi par la définition même, que la médecine expérimentale n'est rien autre chose que l'expérimentation appliquée à l'étude analytique des maladies d'après certains principes qui sont tirés de la nature même du sujet que l'on a à étudier.

La médecine expérimentale est donc la médecine analytique. C'est la physique et la chimie animales à l'état normal et à l'état pathologique. Mais pour faire cette analyse des phénomènes de l'être vivant les procédés donnés ne suffisent pas, bien qu'ils soient indispensables. En effet, dans les analyses le point de vue vital est généralement négligé. C'est ce qu'il importera particulièrement de faire ressortir dans mon ouvrage. Une des meilleures que je crois avoir lattes, c'est d'avoir insisté sur les conditions physiologiques des expériences qu'on avait presque complètement négligées avant moi. Ces conditions qui sont dans l'animal, qui résident soit dans son système nerveux, soit ailleurs, sont aussi importantes à considérer que la perfection de l'instrument physique ou chimique que l'on emploie [Note 1].

Un ouvrage renfermant les principes de l'expérimentation appliqués à la physiologie, à la pathologie et à la thérapeutique qui forment les trois parties fondamentales de la médecine m'a paru utile pour faire cesser l'incohérence et la confusion qui existent souvent entre les expériences et les expérimentateurs et qui sont la conséquence d'une absence de méthode commune. Il en serait de même en physique et en chimie, si chaque expérimentateur faisait les expériences à sa manière. Aujourd'hui, les procédés chimiques s'apprennent dans les laboratoires, mais autrefois les chimistes mettaient à la fin de leurs traités les instruments opératoires les plus usités. (Voyez chimie de Lavoisier, Thénard, etc.) Je ne fais donc rien de différent pour la science expérimentale médicale.

Je crois que cette régularisation des procédés opératoires de l'analyse expérimentale du corps vivant à l'état sain et à l'état morbide sera une chose fort utile au point de vue de la critique expérimentale. On sentira qu'il est absolument nécessaire de suivre un procédé opératoire réglé si l'on veut avoir des résultats semblables ou comparables. Il ne devra plus être permis d'opérer au hasard comme on le lait souvent et de venir ensuite contredire d'autres observateurs qui ont opéré autrement.

Il n'est pas possible de faire un ouvrage qui réponde à tous les cas qui pourront se rencontrer et qui renferme tous les détails nécessaires. J'ai voulu seulement tracer des jalons et faire sentir toute l'importance qu'il y a de soumettre à des règles déterminées l'analyse expérimentale des phénomènes de la vie.

Dans cette analyse physico-chimique des phénomènes de la vie, on est sans cesse obligé de recourir à des procédés ou à des appareils empruntés soit au chimiste, soit au physicien [Note 2]. Je n'entrerai à ce sujet que dans les détails absolument nécessaires et je me bornerai à indiquer les circonstances vitales dans lesquelles il faut opérer avec ces instruments en renvoyant du reste pour la description aux livres de physique et de chimie. Je développerai surtout, ainsi que je l'ai déjà dit, les vivisections et le côté vital de l'expérimentation organique. Je montrerai comment le point de vue vital doit toujours dominer le point de vue physico-chimique. Je montrerai en un mot qu'il ne faut pas faire l'analyse de substances et de phénomènes organiques, mais l'analyse de substances et de phénomènes organisés. Telles sont mes vues sur la digestion, sur la glycémie, sur la nutrition, sur l'action des médicaments par l'intermédiaire des nerfs, etc. les phénomènes de développement par une sorte de fermentation synthétique.

Du Bois Reymond, ainsi que beaucoup d'autres expérimentateurs allemands, ont trop considéré le côté purement physique des actions nerveuses et des actions musculaires. Ils n'ont pas distingué nettement le côté physiologique ou vital de la question. C'est un travail que j'aurai à faire. En effet, la propriété vitale des tissus n'est qu'entretenue ou manifestée par les phénomènes physico-chimiques mais non créée par eux. Les phénomènes physico-chimiques sont les conditions de manifestations vitales, mais les propriétés vitales n'en sont que la conséquence. Il y a le fanatisme de l'exactitude physico-chimique qui est très nuisible à la physiologie et à la médecine. Cela n'est utile qu'en physique et en mathématique où les expériences doivent servir de point de départ à des calculs impossibles en biologie.

Il est bien entendu que pour étudier analytiquement les maladies, cela suppose qu'elles sont connues. Ce qui veut dire, en d'autres termes, que la médecine expérimentale ne vient qu'après la médecine d'observation. Les études analytiques de la médecine expérimentale ne doivent arriver qu'après la médecine d'observation de l'hôpital. Le médecin a observé certaines maladies, certains symptômes morbides ; il veut s'eh rendre compte et il vient expérimenter pour produire ces symptômes ou ces maladies afin d'en connaître le mécanisme. Il a observé les effets de certains médicaments ; il veut s'en rendre compte et il vient les expérimenter sur les animaux. Ou bien il veut essayer certaine substance nouvelle et il doit avant en essayer les effets sur des animaux. On voit donc par là que je ne veux pas substituer la médecine de laboratoire à la médecine d'hôpital comme on me le lait dire. Je veux au contraire que la médecine d'hôpital précède car le problème, en définitive, c'est le malade. Seulement je dis que la médecine de laboratoire est le complément indispensable, si l'on veut avoir une médecine scientifique aussi complète et aussi puissante que possible. Toutes ces idées générales sont du reste développées dans l'Introduction.

En résumé, cet ouvrage sera un ouvrage pour guider le médecin expérimentateur dans l'analyse des phénomènes de la vie, comme il faut certains principes pour diriger les chimistes dans l'analyse des corps minéraux.

La médecine expérimentale est la médecine analytique des corps vivants sains et malades, comme la chimie est la science analytique des corps bruts. Mais il faut surtout remarquer que la physiologie ou la médecine analyse les corps organisés et non pas les corps minéraux et organiques, comme le lait la chimie.

Mais la première condition pour analyser un corps brut ou organisé, c'est d'avoir une idée exacte des éléments dont il est composé. Les éléments des corps bruts sont les corps simples ou espèces chimiques ; les éléments des corps vivants sont des éléments anatomiques ou histologiques organisés.

Il faut aujourd'hui ramener toute la médecine à l'élément organisé. J'ai dit cela en 1859 (Médical Times, Virchow a émis la même idée dans la pathologie cellulaire. D'ailleurs cette tendance analytique s'est toujours manifestée. Haller la cherche dans les tissus, Bichat généralise et crée l'anatomie générale. Aujourd'hui, on va plus loin ; du tissu on est descendu dans la cellule ou l'élément primitif qui est lui-même un organisme élémentaire, c'est-à-dire une sorte d'infusoire agrégé ; le corps serait une sorte de polypier, comme on l'a dit [Note 3].

La première chose à faire avant d'entrer dans l'examen des procédés opératoires à l'aide desquels on peut arriver à analyser les fonctions vitales dans les appareils et les organes et les propriétés vitales dans les éléments, il faudrait donner un conspectus général de l'organisme, montrer comment ces éléments sont le principe de la vie. (Ne plus le rechercher comme autrefois dans un point central : Legallois.) Tout est dans les propriétés et les agencements de ces éléments. La vie n'est qu'un mécanisme résultant de cet arrangement.

Il y aurait donc à examiner : 1º conspectus général de l'organisation: appareils, organes, éléments, milieu intérieur ; 2º éléments : leur nombre, leurs propriétés : éléments physiques, chimiques, éléments plastiques. Autonomie des éléments ; leur subordination, influence des agents sur eux : directs ou indirects.

Mécanisme de la vie.
Mécanisme de la mort : l'anatomie pathologique n'apprend rien ce n'est qu'un caractère pour classer les maladies anatomiquement.
Mécanisme du retour à la santé et des actions médicamenteuses.
Force vitale - force plastique.

*
* *

Médecine et médecins contemporains.

La médecine contemporaine est un mélange de toutes sortes de choses. Cependant la médecine d'observation et l'empirisme associés constituent la médecine la plus générale.

En effet, la médecine d'observation pure ne peut pas être acceptée par les praticiens, car elle conclut à l'expectation. Or, l'expectation en pratique n'a jamais eu de succès ; les malades veulent être traités. Il n'y a pas un seul hippocratiste pur, même parmi ceux qui préconisent le plus Hippocrate, parce que aucun d'eux ne se résout à faire de l'expectation. Cependant l'observation comme méthode scientifique doit nécessairement être adoptée. L'empirisme est aussi la seule manière de procéder d'abord pour la médecine. Dès qu'un médecin arrive auprès d'un malade il se pose deux questions. Qu'est-ce qu'un malade ? Que faut-il lui faire ? La première question se résout scientifiquement, c'est-à-dire que le diagnostic et. le pronostic ne sont que le résultat de l'observation et de la connaissance de la marche de la maladie. Quant à la seconde question, elle est empirique, parce qu'elle manque de points de comparaison pour savoir comment la maladie se terminerait sans traitement. Dans tous les cas, la médecine expérimentale doit comprendre le mécanisme des symptômes morbides et le mécanisme de l'action des médicaments. Le tout fondé sur la connaissance de la réaction des éléments sains et morbides dans l'ensemble des phénomènes de l'organisme.

Beaucoup de médecins pensent que ce mélange ou cette association de la médecine d'observation est le nec plus ultra. Ils croient que cela suffit et que la médecine scientifique n'est pas possible. Ils m'objectent que le ne suis pas médecin praticien (et cela est vrai, sans cela je serais à leur point de vue) et que je ne leur donne rien de pratique en voulant renverser ce qu'ils ont. « Tant, disent-ils, qu'on ne nous donnera pas quelque chose qui vaudra mieux que les anciennes doctrines, nous les garderons. »

Tout ce qui précède me prouve que je n'ai pas été compris. Je ne propose pas de supprimer les anciennes doctrines. Je dis seulement qu'elles ne suffisent pas et qu'il faut aller plus loin. Je n'enlève donc pas aux médecins ce qu'ils ont ; je leur dis : « Gardez vos faits, mais changez vos théories, parce que les vôtres ont lait leur temps et qu'en les gardant vous faites que la Science reste stationnaire. » Ce serait bien le cas d'appliquer la parabole du rossignol.

Toutes ces objections ne sont donc pas valables ; je ne demande, je le répète, la suppression de rien. Je demande seulement le progrès naturel des choses ; ce qui arrivera forcément malgré tout le monde. Je ne fais que le montrer aux jeunes gens pour qu'ils prennent la voie progressive. Maintenant si les hommes à idées fixes résistent, ne comprennent pas, c'est qu'ils ne peuvent changer de point de vue ou que par paresse ils aiment mieux rester où ils en sont. Leur siège est fait. Ce n'est pas à eux que je m'adresse d'ailleurs, car on ne change guère les idées qui ont pris droit de domicile. Mais je le dis en terminant, je ne fais que prêcher la médecine progressive ou expérimentale, mais non la médecine subversive. Je ne soutiens aucun système nouveau. Il n'y a d'ailleurs plus de systèmes possibles en médecine. J'ai entendu les systématiques dire que ce sont les hommes qui manquent et que, si un homme de puissante intelligence arrivait, il créerait un système durable. C'est une erreur. C'est le temps de la médecine qui est assez avancé pour ne plus permettre de systèmes.


En décembre 1865, à la suite du préambule qu'on vient de lire, Claude BERNARD établit le plan des deux volumes des Principes ainsi qu'il suit :


Plan du premier volume. Idées arrêtées.

Après l'Introduction déjà imprimée viendra

1º Aperçu historique.
(Coup d'œil sur le développement de la médecine expérimentale.)
*
* *


Objet de l'Ouvrage.

Dans l'Introduction qui précède nous avons voulu établir que la médecine expérimentale est la science analytique des phénomènes de la vie à l'état pathologique en s'appuyant exclusivement sur l'état normal. C'est donc la physique et la chimie animales, normale et pathologique. Par conséquent, il est nécessaire de traiter ici des procédés de physique et de chimie propres à l'investigation biologique. Cependant, je m'attacherai surtout, quant aux détails, aux procédés de vivisection. Quant aux procédés chimico-physiques, je les indiquerai pour la plupart du temps en renvoyant aux auteurs. Seulement j'insisterai sur l'esprit biologique suivant lequel ils doivent être appliqués.

Nous ne voulons point par cela, comme nous l'ont fait dire des hommes qui ne nous ont point compris ou qui ne nous ont pas lu, nous ne voulons, point, dis-je, substituer le laboratoire à l'hôpital. Nous avons répété à satiété dans l'introduction précédente [Note 4] que dans toutes les sciences, l'analyse expérimentale des phénomènes doit être précédée de leur observation, que par conséquent la médecine expérimentale suppose la médecine d'observation sur laquelle elle s'appuie, qu'en un mot l'étude expérimentale des maladies dans le laboratoire suppose préalablement l'étude clinique des maladies faite dans l'hôpital. Ce serait donc absurde de dire que la médecine d'observation et la médecine expérimentale s'excluent et se contredisent ; elles ne font que se compléter.

L'étude analytique des phénomènes de la vie n'est pas une chose nouvelle ainsi que je viens de le dire. Elle a existé de tout temps ; seulement elle ne s'est développée que lentement, à mesure que les moyens d'analyse se sont perfectionnés, et aujourd'hui, en essayant d'en formuler les principes, je ne ferai que donner ce que l'évolution nous a donné à travers les siècles. La médecine expérimentale arrivera fatalement par l'évolution scientifique ; elle représente l'état le plus avancé de la médecine, c'est-à-dire son état scientifique. Elle tend à se constituer par le progrès naturel de nos connaissances médicales au milieu de toutes les erreurs innombrables et inévitables qu'entraînent nécessairement des études aussi complexes que celles de la médecine.

En écrivant ce livre, je ne fais que signaler la voie naturelle et spontanée de la science afin d'attirer les travailleurs de ce côté et de faire que le progrès soit plus rapide. Quant à ceux qui par leurs idées cherchent à s'opposer à cette évolution, leurs efforts seront vains ; ils passeront et la science ira toujours. Il n'est pas en leur pouvoir de l'empêcher de marcher parce que son évolution est dans la nature des choses.

Le progrès est une roue immense qui mène l'humanité avec plus ou moins de rapidité suivant les époques, cette roue qui élève ceux qui la poussent et qui écrase sans pitié ceux qui veulent l'arrêter.

J'espère que l'aperçu historique qui va suivre le prouvera.

*
* *

[…]



Février 1877.

PLAN NOUVEAU DE MON LIVRE.

Traité de l'expérience dans les Sciences médicales.

PRÉFACE


Ce livre est commencé il y a vingt-huit ans (voir mes leçons de pathologie expérimentale : avant-propos). Une longue maladie et mille autres obstacles se sont opposés à son exécution.

Publication de l'Introduction en 1865. (Introduction à l'étude de la médecine expérimentale.)

Pendant ce temps la physiologie et les sciences médicales ont marché rapidement dans la voie expérimentale.

Quand je conçus l'idée de mon livre, aucun laboratoire n'existait à l'étranger, ni en France, sauf le laboratoire bien pauvre du Collège de France. Aujourd'hui des installations expérimentales splendides se sont fondées dans toutes les universités étrangères et on commence chez nous à comprendre la nécessité des laboratoires.

En voyant ces progrès si rapidement réalisés, j'avais eu la pensée de renoncer à. mon projet d'un livre sur l'expérimentation espérant qu'il s'en produirait nécessairement de plus complets que le mien, à cause de la pénurie de mes ressources comparée aux riches dotations dont jouissaient les laboratoires étrangers.

Des traités d'expérimentation ont en effet paru. D'abord, en Angleterre, le traité de MM. Burder-Sanderson et Cie ; en Russie, celui de M. Cyon. Toutefois, ces traités, malgré le mérite de leurs auteurs, ne répondent pas à l'idée que je voulais développer dans le livre que j'avais conçu. C'est pourquoi je suis revenu sur ma décision, et j'ai repris mon travail interrompu pour le continuer avec les laits, les ressources dont je disposais, ayant seulement l'intention de tracer des jalons dans une voie à laquelle j'ai consacré ma vie, et non la prétention de donner un ouvrage complet et achevé. Au moins le cadre de l'ouvrage fera ressortir l'idée générale qu'il renferme.

Je pense, en effet, qu'il est indispensable aujourd'hui de donner aux sciences médicales les moyens de recherche qui leur sont indispensables pour marcher dans la voie expérimentale qui pénètre de plus en plus profondément dans l'étude des phénomènes de la vie, mais je pense d'un autre côté qu'il ne suffit pas de créer de beaux laboratoires pour croire que de grandes découvertes et que des travaux importants en sortiront nécessairement. Il faut encore avoir des principes scientifiques bien arrêtés et des méthodes qui puissent vous guider sûrement dans la recherche et la critique des phénomènes de la nature. Mon ouvrage aura principalement pour objet de mettre en lumière les préceptes qui doivent présider à l'application des principes de la méthode expérimentale à l'étude des phénomènes qui se passent chez les êtres vivants.

Toutefois cet ouvrage visera spécialement la médecine expérimentale. Je désire prouver que les lumières tirées de l'expérimentation se fondent avec celles que fournit l'observation clinique. Je ne suis pas comme Vulpian qui professe la pathologie expérimentale sans y croire. (Chien à sang froid.) Reporter ces idées à l'Introduction.

Cet ouvrage est divisé en trois parties formant chacune un volume en quelque sorte distinct.

Le premier volume renferme les procédés opératoires pour arriver à la localisation des divers phénomènes fonctionnels de l'organisme. Ici le cadre du sujet sera essentiellement anatomique, car il sera de la physiologie descriptive. Je donnerai des types d'expériences dans lesquels seront exposés les principes du déterminisme expérimental.

Le second volume contiendra les moyens d'étude propres à rechercher les explications des phénomènes.

Ici le cadre ne sera plus anatomique à proprement parler. Il s'agira des propriétés des éléments organiques, des liquides organiques, des ferments auxquels ils doivent leur activité physiologique, etc. Il s'agira de la physiologie histologique et des phénomènes chimico-physiques de l'organisme dans lesquels l'anatomie ne dit ordinairement rien.

Le troisième volume comprendra les études relatives à l'expérimentation pathologique et thérapeutique ou toxicologique. Il faudra développer mes idées sur l'action se portant sur les éléments que j'ai le premier innovée dans la science.

INTRODUCTION [Note 5]

L'expérimentation est indispensable pour connaître les phénomènes de la vie ; l'observation et l'expérimentation ne se distinguent pas en réalité ; elles se succèdent ; l'observation commence et l'expérimentation pousse plus loin l'étude du phénomène jusqu'à la détermination de ses causes immédiates ou de son déterminisme.

Il sera important de bien définir une fois pour toutes l'observation et l'expérimentation.

On a eu bien raison de dire qu'il fallait toujours se fonder sur l'observation pour cultiver les sciences de la nature. L'observation seule en effet peut nous faire connaître les phénomènes dont nous voulons découvrir les lois. Or, sous ce rapport, je dis qu'il ne faut pas distinguer l'expérimentation de l'observation ; je l'ai dit : l'expérience n'est qu'une observation provoquée. Donc, il faut toujours partir de là : observation et expérimentation ; ce qui est une seule et même chose.

Mais tout le monde ne comprend pas de même la méthode expérimentale qui n'est que la mise en œuvre de l'observation et de l'expérience dans la recherche du vrai, c'est-à-dire de la vérité scientifique.

Les uns partent des résultats de l'observation et de l'expérience pour induire des théories qu'ils ne soumettent plus à l'expérience. C'est ce qu'on pourrait appeler les a prioristes. Tandis qu'il faut contrôler ses inductions par de nouvelles expériences. C'est la vraie méthode expérimentale que tout le monde connaît et que M. Chevreul appelle méthode a posteriori expérimentale.

Mais cela ne suffit pas encore. Même quand on vérifie son induction par une expérience ou une observation, il faut rester l'esclave de l'observation et de l'expérimentation. Il ne faut pas se laisser dominer par son idée inductive qui n'est au fond qu'une hypothèse. Je puis dire que je suis exactement ce précepte ; c'est pourquoi la vérification de mon hypothèse inductive, quelque vraisemblable qu'elle puisse être, ne m'aveugle pas ; je n'y tiens que sous bénéfice d'inventaire. C'est pourquoi je cherche autant à détruire mon hypothèse qu'à la vérifier ; je cherche en un mot avec l'esprit libre, et c'est pourquoi il m'est arrivé si souvent de trouver des choses que je ne cherchais pas en en cherchant d'autres que Je ne trouvais pas. En un mot, le vrai doit être le but de nos études. Il ne faut pas se laisser satisfaire par le vraisemblable qui est un véritable danger.

En résumé, l'observation ne doit jamais être abandonnée, car dès qu'on s'en sépare, on est livré à toutes les erreurs que peut enfanter l'esprit de système.

Ainsi Pasteur suit ses idées et il veut y soumettre les faits, moi, je suis les laits et je cherche à en faire sortir des idées sans violence et d'elles-mêmes.

Pasteur veut diriger la nature ; moi, je me laisse diriger par elle je la suis. Cuvier dit : l'observateur écoute la nature ; l'expérimentateur l'interroge. Il faut faire les deux. Il faut interroger la nature, lui poser une question, mais il ne faut pas vouloir qu'elle réponde à votre question, il faut l'écouter quoi qu'elle dise. Ainsi l'observateur et l'expérimentateur doivent écouter la nature et se taire devant elle. Seulement, pour l'observateur la nature parle d'elle-même, tandis que pour l'expérimentateur, elle est provoquée à parler : expériences pour voir, pour voir n'importe quoi ; expériences pour faire parler la nature et lui faire dire n'importe quoi. Il faut tâcher de la comprendre voilà tout. Le savant n'est que son secrétaire et ne lui dicte pas ses idées.

Moi, je suis le secrétaire de la nature. Pasteur et les a prioristes veulent lui dicter ses réponses selon leurs idées.

L'observation comme l'expérimentation ont un double but : 1º localiser les phénomènes de la vie (géographie des fonctions) ; 2º les expliquer. C'est comme dans l'histoire ; il faut décrire la scène, le théâtre des événements (géographie), puis exposer les événements et le rôle des acteurs qui s'y meuvent.

A) Les anciens physiologistes semblaient croire que la localisation des fonctions était tout. Quand on avait localisé anatomiquement une fonction ou une maladie, on croyait avoir atteint le but suprême. La fonction s'expliquait ensuite par une entité (force vitale, propriété vitale).

B) La science moderne a montré qu'il n'en est point ainsi. Quand on a localisé la fonction, il faut descendre dans son explication qui est d'ordre physico-chimique spécial. C'est là pour ainsi dire que la physiologie commence réellement et que la physiologie générale a son domaine. Ici, l'histologie est une science nécessaire, car il s'agit de la physiologie des éléments, de leurs phénomènes de nutrition qui ne se localisent pas ; ils sont généralement répandus.

C) L'expérimentation appliquée aux sciences biologiques présente à considérer plusieurs principes fondamentaux.

1º Le déterminisme existe dans les phénomènes de la vie comme dans ceux qui se passent dans les corps bruts.

Par conséquent, la méthode expérimentale qui sert à l'investigation physiologique repose sur les mêmes principes que celle qui sert à l'investigation des phénomènes physico-chimiques.

2º Le but de l'expérimentation biologique est de localiser, décrire et expliquer les phénomènes de l'organisme vivant.

Les localisations sont des nécessités des mécanismes organiques, mais elles ne sauraient être absolues. En effet, dans les organismes inférieurs où il n'y a pas de mécanismes organiques, rien n'est localisé, tout se réduit aux propriétés nutritives générales [Note 6]. Dans les organismes supérieurs il n'en est plus de même ; mais encore là il y a des vicariats : ainsi le rein expulse l'urée ; mais l'intestin pourrait le suppléer. D'autre part, les organes se régénèrent, c'est-à-dire que l'organisme tend toujours à reconstituer son unité. Dans les systèmes vasculaire et nerveux, les localisations sont parfois très difficiles ; c'est là une question importante en médecine et en physiologie ; exemple : localisations cérébrales, localisations anatomo-pathologiques des maladies bien souvent trompeuses.

Néanmoins les localisations sont le but poursuivi parce qu'on croit à la relation entre la forme et la jonction, ce qui n'est pas non plus absolu.

L'explication des phénomènes vitaux doit toujours être ramenée à des lois, à des propriétés, à des conditions, à des phénomènes physico-chimiques. Seulement ces phénomènes physico-chimiques sont de nature spéciale. Ils ont des agents spéciaux quoiqu'ils rentrent dans les lois physico-chimiques générales. Ce sont des ferments, des noyaux de cellules, en un mot, des instruments chimiques qui n'existent que dans les êtres vivants (développer mes idées à ce sujet). Dans ces phénomènes organiques ou histologiques, il n'y a pas nécessairement relation entre la morphologie et la phénoménalité. De même que la vie reste identique dans toutes les formes d'organisme, de même les propriétés de la vie sont identiques dans des éléments organiques de forme différente. Ce qui prouverait que ce n'est pas à la morphologie, mais à la propriété chimique que la propriété (de la vie) se trouve liée.

La forme en effet ne saurait rien dire pour caractériser les ferments, les agents les plus importants de l'économie vivante. Le protoplasma, qui paraît la substance vitale par excellence, n'a aucune /orme déterminée. Je pense même que des liquides sont vivants, à moins qu'il n'y ait des granulations moléculaires d'une ténuité invisible.

D) Il y a dans les organismes deux côtés essentiels à considérer au point de vue des phénomènes dont ils sont le siège.

Il y a une force atavique, vitale, comme on voudra l'appeler, en vertu de laquelle les organismes se succèdent et se répètent, vivent sans que nous puissions saisir l'origine de cette force première. Le Darwinisme, en admettant que les mécanismes vitaux puissent avoir une évolution qui les lasse tous procéder les uns des autres, n'explique rien et ne dit rien relativement à la nature de cette force première qui reste tout aussi incompréhensible pour nous. Le Darwinisme, c'est la théorie cellulaire appliquée aux organismes. Tous les tissus proviennent d'une cellule ; on voudrait que tous les organismes procédassent d'un prototype. Il ne s'agit que de le prouver.

On ne peut échapper à l'idée que cette force atavique vitale inconnue est la cause cachée de tous les phénomènes de la vie. Mais c'est là une cause d'ordre métaphysique qui n'a aucune action par elle-même. Elle pourrait à la rigueur être regardée comme une résultante ; mais elle ne possède aucun effet rétroactif sur l'organisme qui l'aurait engendrée.

Toutes les causes ou toutes les conditions actives sur l'organisme sont d'ordre physique ; sans ces conditions physiques, la condition atavique d'ordre métaphysique reste inerte, cachée et comme si elle n'existait pas. Dans la médecine, il y a une foule d'entités métaphysiques, et on ne peut pas agir sur ces entités ; on ne peut agir que sur le physique ou par le physique.

On peut dire, en un mot, qu'il y a dans les organismes deux forces la force législative, métaphysique, la force exécutive, physico-chimique.

Or, nous ne pouvons saisir dans nos études que les forces exécutives physiques, les autres étant purement subjectives et en dehors de notre portée, et sans effet rétroactif.

On peut dire comme conséquence de la proposition précédente : le physique agit sur le métaphysique (l'engendre-t-il ? ou le modifie-t-il ?) mais jamais le métaphysique n'agit sur le physique.

E) Critique expérimentale.

Mon livre doit avoir en vue la fondation de la critique expérimentale s'appuyant sur le principe du déterminisme qui est le seul principe absolu en science. Il n'y a en réalité pas de cause pour nous dans les phénomènes de la nature.

C'est en vertu des principes indiqués précédemment qu'on peut essayer de fonder aujourd'hui la critique expérimentale qui repose sur le déterminisme comme principe scientifique absolu, tandis que les théories sont relatives.

La critique repose également sur un autre principe fondamental la spécialité des agents physico-chimiques dans l'organisme. C'est le principe que j'appellerai : principe du vitalisme physico-chimique.

Un troisième principe est celui de la mobilité excessive des phénomènes vitaux qu'il faut distinguer en phénomènes synthétiques et analytiques ou fonctionnels. Ces deux ordres de phénomènes sont-ils absolument simultanés ou successifs ? Dans tous les cas, les phénomènes d'assimilation exigent la désassimilation préalable, mais les deux phénomènes peuvent être successifs comme ils le sont dans les végétaux. Dans les animaux il semble y avoir simultanéité dans les expériences comparatives qui sont toujours le critérium le plus sûr.

Il faut savoir aussi que lorsque l'organisme est disloqué, troublé par une maladie ou autrement, les phénomènes synthétiques s'arrêtent, tandis que les phénomènes analytiques ou de décomposition continuent même plus activement. Il en est de même après la mort ; les phénomènes fonctionnels de désassimilation continuent. Exemple : foie, ferments digestifs, c'est là un principe important.

Il y a autonomie des tissus et des organes et des éléments, mais in situ, ce qui prouve qu'il y a des territoires spéciaux dans l'organisme. Là-dessus sont fondées des méthodes expérimentales, circulations artificielles [Note 7], empoisonnements partiels.

Peut-on conclure des expériences laites sur les animaux à l'homme ? Oui, certainement.

Peut-on faire des vivisections ? Oui.

La médecine scientifique n'est au fond que la physiologie.

Il n'y a pas dans l'organisme de phénomènes subits ; ils sont tous préparés d'avance et la cause qui semble les faire apparaître subitement n'est que la goutte d'eau qui fait déborder le vase, mais il a fallu que le vase ait été préalablement rempli peu à peu, et tant qu'il n'était pas plein on ne s'apercevait pas qu'il contînt quelque chose.

C'est là une vue féconde qui s'applique aux actions toxiques et médicamenteuses et à une Joule de questions relatives à la pathologie.

CONCLUSION

Aujourd'hui il faut fonder la critique expérimentale dans les sciences médicales et biologiques. Elle repose sur les principes que nous avons exposés et qu'on pourrait encore développer.

MAGENDIE a été le chiffonnier de la Physiologie. Il n'y a été que l'initiateur de l'expérimentation ; aujourd'hui il faut créer la discipline, la méthode.

Le livre sera le développement des idées contenues dans cette introduction.

*
* *
[…]

Notes

Note 1 : V. la leçon que j'ai écrite à ce sujet dans le tome VII de mes leçons. Les espèces animales présentent des différences sous ce rapport ; exemple : chevaux bretons et anglais, chiens de chasse et de berger. Taille, race, animaux à sang chaud, à sang froid ; saisons. Les animaux élevés sont plus utiles pour séparer les fonctions que les animaux inférieurs. (Note de Claude Bernard.)
Note 2 : Dire en son lieu qu'il faut pour le physiologiste des appareils toujours prêts (exemple : piles, hémomètres, thermomètres, etc.), parce que pendant qu'il prépare son instrument, le phénomène vital disparaît. (Note de Claude Bernard.)
Note 3 : « Rechercher ce que les polypes présentent d'analogue. » (Note de Claude Bernard)
Note 4 : Introduction parue en juillet 1865.
Note 5 : Dans cette introduction, mettre ce que j'ai écrit sur le laboratoire et l'hôpital en y donnant la figure de RÉGNIER DE GRAAF.
Note 6 : Voir la conception des organismes telle que je l'ai exposée. (Note de Claude Bernard.)
Note 7 : On voit dans ces expériences qu'il y a des actions nerveuses indépendantes des centres ? Étudier les actions périphériques deS nerfs sur les muscles, comme si le muscle était une continuation du nerf. (Note de Claude Bernard.)

Retour au livre de l'auteur: Claude Bernard Dernière mise à jour de cette page le mardi 3 avril 2007 8:42
Par Jean-Marie Tremblay, sociologue
professeur au Cegep de Chicoutimi.
 



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