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Collection « Les auteur(e)s classiques »

La Russie et la barrière de l’Est (1937)
Préface


Une édition électronique sera réalisée à partir du texte de Jacques Bainville, La Russie et la barrière de l’Est. Paris: Librairie Plon, 1937, 294 pp. Éditions d’histoire et d’art. Collection bainvillienne. Une édition numérique réalisée par Réjeanne Toussaint, bénévole, Chomedey, Ville Laval, Québec.

Préface

Dans la préface de la Fortune de la France, le premier ouvrage posthume de J. Bainville, M. Gignoux a bien raison de dire que ce livre est un bienfait. Voici, dans un autre ordre d'idées, un nouveau bienfait, non moins insigne, et plus étendu, car il franchit nos frontières. Sont appelés à en profiter tous les peuples dignes d'entendre les leçons d'un pareil maître. Y participent également toutes les grandes causes auxquelles il avait dévoué sa vie, patrie, paix, civilisation, humanité, vérité. Nos amis et alliés polonais et roumains y trouveront, avec un juste hommage aux vertus qui expliquent le miracle de leur résurrection, des vues singulièrement pénétrantes sur tous les problèmes dont dépend leur avenir. 

Mais si ces études s'appliquent plus particulièrement à l'Europe orientale, leur portée en dépasse de beaucoup le sujet. Sans doute, c'est surtout en politique extérieure, où les éléments en apparence les plus distincts se combinent et réagissent les uns sur les autres, qu'il est exact de dire que tout est dans tout, en ajoutant ou non, selon la boutade connue : et réciproquement. Reste à découvrir le secret de ces réactions mutuelles en dégageant les rapports qui les déterminent. Or, nul n'y excelle comme J. Bainville, prince de la synthèse et, par conséquent, de l'analyse. C'est le grand art de l'historien et aussi du politique, l'histoire étant la politique du passé, et la Politique étant  l'histoire de l'avenir. C'est pourquoi les hommes d'Etat, ou plutôt (car ce serait un trop petit public pour J. Bainville) les politiciens qui aspirent à mériter ce beau nom si galvaudé de nos jours, seront bien inspirés de se mettre à son école. Ce sera pour eux une chance de promotion. Ils y trouveront aussi la rare bonne fortune d'un avantage accordé à tous sans rien coûter à aucun d'eux, l'intelligence de J. Bainville étant comme la grâce et la lumière selon Bossuet : elle se distribue sans se diviser. Puissent‑ils faire de ses écrits, notamment de celui‑ci, leurs livres de chevet ! S'ils le méditaient pendant la nuit, ils se fourvoieraient moins pendant le jour. À l'exemple de Richelieu, précédent flatteur, ils pourraient se dire que les peuples dorment tranquilles à l'ombre de leurs veilles. 

Cependant les conducteurs de peuples, même en y comprenant ceux qui se flattent de les diriger tout en les suivant, ce qui est le cas de tous les démagogues, ne seront jamais que la partie la moins nombreuse et la moins perfectible des lecteurs de J. Bainville. Sa vraie famille intellectuelle, les fils de son esprit, ceux qui lui doivent le jour, puisqu'il les a éclairés, c'est cette élite de plus en plus innombrable de jeunes gens qu'il a affranchis des sophismes où tant d'autres s'attardent encore, et qui ont la noble ambition de faire l'histoire ou de l'écrire, ou simplement de la comprendre en observant sa méthode. La volupté de comprendre devrait attirer vers lui tous les lecteurs et toutes les lectrices qui y sont sensibles ; nul ne la dispense plus sûrement ni plus généreusement que lui, ni plus discrètement. C'est un maître qui est le contraire d'un magister. A tel point que, par un prodige de simplicité dans la lucidité, et de transparence dans la profondeur, le lecteur a parfois l'illusion - qu'il éprouve aussi en lisant par exemple La Fontaine, et c'est la marque de la perfection - de découvrir tout seul et de ramener à la surface les trésors dont l'auteur lui fait largesse. Cette maïeutique fait de tout lecteur un ami parce qu'il se croit un collaborateur. 

Rendons grâces aux disciples de J. Bainville d'avoir lié ces études, ne disons pas en faisceau, afin d'épargner à sa mémoire un procès de tendance, mais en gerbe ou en bouquet. Et, pourtant, si J. Bainville n'était pas fasciste, c'est bien un faisceau de lumière qu'il promène sur quelques‑uns des aspects et des replis les plus obscurs de la vie internationale. 

Si ce faisceau est un bouquet, il exhale, comme tout ce qui vient de J. Bainville, un parfum discret de sagesse et de finesse, et, bien que telles de ses fleurs aient plus de vingt ans, il est aussi frais que s'il était cueilli ce matin. Où est la clef de ce mystère ? Ce n'est pas seulement la magie du style. C'est un lieu, commun de répéter que les articles de journaux ne durent que par le style. Pour voler au‑dessus du temps, et par tous les temps, sans se friper et sans passer inaperçue, il faut que la forme en soit légère, solide et brillante. On a tout dit sur le style merveilleux de J. Bainville. J'allais dire sottement, en usant d'un de ces clichés dont il avait horreur, que ce style brille dans ces pages de tout son éclat. Mais, s'il était là, il me reprendrait gentiment, me ferait observer que je manque d'une de ses qualités essentielles, la propriété des termes, son style évitant l'éclat avec autant de soin que d'autres le recherchent. Il met sa coquetterie à l'assourdir, à l'estomper, ce qui est autrement difficile que de le « brillanter ». Il le dépouille volontairement, ce qui nous permet de l'admirer, et d'admirer la vigueur de sa pensée, dans sa densité plus lumineuse que brillante, dans sa nudité musclée d'athlète. 

Certains critiques ont comparé J. Bainville à Voltaire. C'est faire beaucoup d'honneur à Voltaire qui a été défini, je crois, par Émile Faguet, un chaos d'idées claires, alors que J. Bainville a fait sortir d'un chaos d'idées fausses un monde ordonné d'idées justes et claires. La ressemblance, s'il y en a une, serait plutôt dans la forme que dans le fond. Ne pourrait-on dire, de J. Bainville dont le style préfère à la verroterie de l'épithète rare le pur diamant d'une savante simplicité, qu'il écrit, comme Voltaire, la langue de tout le monde, mais comme Personne ? 

Et pourtant, le haut mérite de ces pages est dans le fond plus encore que dans la forme. Le suc en est aussi nourrissant que si savoureux. C'est si bien écrit qu'on les lirait avec plaisir même ce n'était pas si bien pensé. C'est si bien pensé qu'on les lirait avec fruit et aussi avec plaisir même si ce n'était pas si bien écrit. Le temps écoulé depuis les faits qui les ont inspirées ajoute à ce plaisir et à ce fruit en confirmant les prévisions de J. Bainville. L'expérience aujourd'hui les certifie conformes au réel dont il avait le culte, ce qui est une rare originalité à une époque où l'esprit de chimère a fait plus de dégâts dans la politique extérieure que partout ailleurs. Cette épreuve - il serait piquant, cruel et édifiant d'y soumettre les vaticinateurs patentés de l'idéologie encore régnante en composant avec leurs prophéties un sottisier qui servirait de repoussoir à ce florilège - cette épreuve cautionne la doctrine de l'auteur. En lui apportant la sanction du passé, elle engage ceux qui ont souci de l'avenir à le construire sur cette base indestructible. Ce qui en fait la valeur permanente et générale, c'est qu'elle est elle-même fondée sur le sens du permanent et de l'universel, sans négliger le transitoire et le particulier, mais en éclairant ceux-ci à la lumière de ceux-là, C'est en appliquant aux problèmes de la politique les constantes et les concordances de l'histoire qu'il en découvre, avec les véritables données, le lien, la jointure, la solution. Il médite sur la politique du jour en Philosophe et en poète, si philosopher c'est expliquer le divers par l'un en ramenant le contingent à l'essentiel, et si la poésie consiste à extraire le rare du commun et à se rapprocher de l'absolu en Partant du concret. Car J. Bainville part toujours du concret - il en part avec esprit de retour - mais toujours pour s'élever à des conclusions qui le dépassent tout en le rendant intelligible. C'est ce qui le distingue de tant d'esprits présomptueux et superficiels qui prennent les généralités pour des idées générales, alors qu'ils n'en ont pas plus qu'ils n'ont le sens du concret.

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En accueillant J. Bainville à l'Académie, M. Maurice Donnay l'a complimenté d'estimer qu'il avait le devoir non seulement de « renseigner », mais d' « enseigner » le lecteur. Il a ajouté, en se référant à son livre le plus répandu, je crois : « C'est l'histoire de France en avion. » 

Ces heureuses formules caractérisent aussi ce nouveau livre. Il enseigne aujourd'hui plus qu'il ne renseigne, les faits qui y sont exposés devant être surtout retenus pour la leçon qu'il en dégage. C'est encore de l'histoire, et de la politique en avion. Non par la rapidité, c'est un avion planeur et qui ne s'en prive pas quand le spectacle en vaut la peine, mais par la hauteur et par la lucidité dans la vision des ensembles, de leurs rapports et de leurs proportions. Quelque sujet qu'il traite, J. Bainville le survole. En histoire et en politique, comme à la guerre, c'est le meilleur procédé d'observation. Dans leurs traits essentiels les grands panoramas n'y sont pas moins immuables que ceux de la terre. La nature des choses y est aussi stable que les choses de la nature. Le coeur humain et ses passions, les courants de sentiments, d'idées et d'intérêts qui en dérivent ne changent pas plus de place que les chaînes de montagnes, les fleuves et les mers. À l'altitude variable de J. Bainville, soit au‑dessus des nuées, soit au‑dessous, jamais au milieu, si ce n'est pour les percer, tantôt il contemple les vérités éternelles, les astres qui le guident, tantôt il scrute les horizons de notre planète où tout lui apparaît à son vrai plan, avec son exact relief, y compris les moindres détails. Mais il voit que ce sont des détails et il ne les relève que s'ils ont un rôle dans l'ensemble. 

Pour dire les choses tout simplement, la qualité maîtresse de J. Bainville, qui en a tant d'autres, c'est le bon sens, le sens commun, si l'on veut, mais à un degré si rare qu'on s'en émerveille. Le sens commun, noble faculté puisque, comme son nom l'indique, elle nous permet de communier avec l'humanité. Ce bon sens appliqué à de grands sujets en tire de grandes leçons parce qu'il est éclairé par une sûre doctrine, informé par une science universelle, aiguisé par l'expérience et la réflexion. Si les jugements de J. Bainville s'imposent à nous avec tant de force, c'est parce que leurs considérants en sont aussi décisifs que les termes en sont incisifs. Le cours des événements donne aujourd'hui à ces jugements une valeur prophétique, qu'ils portent sur la Russie, la Pologne, la Petite‑Entente, la Turquie ou l'Asie. 

J. Bainville qui a horreur des paroles inutiles, du développement oratoire, triomphe dans le raccourci. Il a au plus haut point le don de la formule qui résume une situation et illumine tout un horizon. Dans ses articles sur la Russie, il définit sa faiblesse : « gigantisme et débilité ». Il dénonce la puérilité des plans conçus par les Alliés, en 1918, pour étouffer la révolution russe au berceau. On n'occupe pas la moitié du monde, dit‑il, « avec quatre hommes et un caporal ». Bien avant que les rapports de la France avec les Soviets aient donné les fruits amers que nous goûtons aujourd'hui, il constate que « la Russie nous tient plus que nous ne la tenons ». Sans méconnaître l'action des causes profondes dans le destin des peuples, un esprit aussi avide de comprendre ne néglige pas les causes secondes, ce qu'il appelle l'accident, l'accident qui parfois déclenche la catastrophe, « le petit fait qui détermine tout à coup comme une combustion générale de l'organisme ». Saviez-vous que ce petit fait, en Russie, est le voyage de M. Doumer à Pétrograd pendant la guerre ? Il est le principal auteur de la Révolution parce qu'il a obtenu de Nicolas II, non sans peine, de gigantesques levées d'hommes. Ce fut un magnifique succès diplomatique. Mais c'est l'entassement de tous ces moujiks dans les casernes de la capitale qui a fourni une armée à la révolution. 

J. Bainville fixe un regard aussi perçant sur les conséquences du cataclysme que sur ses causes. Pour lui, la restauration de l'ordre est un rêve. Et ce n'est pas un beau rêve. La Russie ne retrouvera pas d'elle‑même son assiette comme les fleuves rentrent dans leur lit après une inondation. Il y faudra un immense effort d'ordre. Or, en Russie, l'ordre est allemand. D'ailleurs, depuis la dernière guerre, l'alliance germano-russe (qui, en droit, existe, le traité de Rapallo ayant été non pas dénoncé, mais renouvelé) est, en fait, imposée par la force des choses, c'est‑à‑dire par l'histoire et par la géographie. Par l'histoire des traités qui ont mis fin à la guerre et qui ont été imposés à la Russie comme à l'Allemagne, avec cette nuance qu'elle ne les a même pas signés. Par la géographie, par la résurrection entre l'Allemagne et la Russie d'une Pologne qu'elles aspirent à se partager de nouveau. Malgré les apparences, l'antinomie des régimes n'est pas un obstacle à la collaboration, l'Allemagne n'ayant pas l'habitude de subordonner, à l'exemple de notre République sa politique extérieure à sa politique intérieure. J. Bainville fait observer qu'elle a toujours gardé le contact avec Moscou, même alors qu'elle écrasait chez elle les Spartakistes, et que, pour elle, les idées des autres peuples ne sont que des explosifs qu'elle manipule dans ses laboratoires pour faire sauter ceux qui la gênent. C'est dire que la collusion germano‑russe ne se développe que plus dangereusement à l'abri du pacte franco‑soviétique, le piège le plus grossier où soit jamais tombée la diplomatie française. 

Autre point où la clairvoyance de J. Bainville lui a fait pressentir l'évolution de la crise russe. Les pontifes du bolchévisme juraient qu'ils n'imiteraient pas les « grands ancêtres » en s'entre‑dévorant. J. Bainville avait un mince sourire devant ces serments. Il connaît la loi d'anthropophagie mutuelle qui régit les terroristes. Or, voici que le Guignol russe devient sanglant même pour ses vedettes. Il avait prévu ce massacre en masse des premiers apôtres du bolchévisme, cette jonchée de cadavres comme dans les dénouements des drames de Shakespeare, sans qu'on puisse dire que c'est un dénouement.

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La bouffonnerie du pacte franco-soviétique n'est pas seulement sinistre en elle-même ; elle l'est aussi parce qu'elle éloigne de nous nos meilleurs amis de l'Europe orientale. Cette alliance contre-nature détruit nos alliances naturelles. Elle est incompatible avec le maintien de la Pologne, de la Roumanie et de la Yougo-Slavie dans notre système défensif. À cet égard, les défaillances et les erreurs du gouvernement français donnent malheureusement raison à J. Bainville dans la controverse amicale que j'ai eue parfois avec lui sur la solidité et l'efficacité de nos accords avec la Pologne et la Petite-Entente. À ses yeux, je surestimais ces accords, alors qu'il me semblait enclin à les sous-estimer. Son scepticisme portait non sur la vitalité de ces nations - il en faut moins pour vivre que pour ressusciter - ni sur leur fidélité envers la France, mais sur l'aptitude de notre régime démocratique à leur assurer des garanties suffisantes pour les détourner d'en chercher ailleurs. Ayant moi-même été témoin de l'héroïsme de ces nations et de leur culte pour la France libératrice, notamment en Roumanie dont on a dit que son attachement à « la grande soeur latine » est le seul cas vraiment passionnel de la politique internationale, je ne pouvais croire que la France aurait jamais un gouvernement assez ennemi d'elle-même pour compromettre un pareil capital d'amitié, de prestige et de sécurité. Ayant longtemps représenté la République française à l'étranger alors qu'elle avait une diplomatie nationale, je ne pouvais l'imaginer capable de sacrifier nos meilleurs atouts en Europe en jouant, pour des raisons inavouables de politique intérieure, la carte maléfique de Moscou. J. Bainville qui avait observé à Paris, de plus près que moi, la subordination croissante de notre politique extérieure à notre politique intérieure ne partageait pas cet optimisme. Dans cette discussion, les rôles étaient intervertis entre nous. Je considérais le problème en journaliste, d'après mes impressions locales, J. Bainville l'examinait en diplomate, d'après ses réflexions dans le cadre de la politique générale dont il connaissait tous les éléments mieux que moi, notamment la maladie organique de notre démocratie sur laquelle j'avais encore quelques illusions. En fait, la cohésion du groupement Pologne-Petite-Entente, comme élément d'équilibre, rempart de la paix, et « allié de revers » éventuel contre l'impérialisme allemand, postule sa solidarité active avec la France et, si possible, l'Angleterre, ou, tout au moins, aussi longtemps que Londres déclinera toute responsabilité sur le continent en dehors du Rhin, l'appui d'autant plus ferme et vigilant d'une France fidèle à sa vocation d'Etat régulateur et pacificateur. Ce groupement serait inébranlable s'il s'adossait au front Londres-Paris-Rome et la coordination des deux systèmes rendrait impossible toute entreprise contre la paix. À défaut de cet idéal qui était presque réalisé quand la crise éthiopienne a éclaté, la constellation pacifique de l'Orient tiendrait encore si l'attraction de l'Occident, c'est-à-dire surtout l'attraction de Paris, s'exerçait fortement sur elle ; mais si le pôle d'attraction devient un pôle de répulsion, comme c'est le cas depuis la conjonction Paris‑Moscou, la dislocation est inévitable. Quand l'astre aujourd'hui aberrant de la France aura réintégré son orbite, tout rentrera dans l'ordre. Les alliés ne lui manquent que parce qu'elle se manque à elle‑même. 

Les leçons de J. Bainville montrent à la France et à l'Europe la voie du salut. C'est la même, pour l'une et l'autre ; mais c'est à la France de s'y engager la première parce qu'elle est la plus menacée de toutes les grandes Puissances et parce que les autres peuples ont l'habitude de lui faire cortège quand elle ne s'égare pas. Metternich disait : l'Europe éternue quand la France est enrhumée. Que la France recouvre la santé, ce sera tout bénéfice pour la santé de l'Europe. 

La France et l'Europe trouveront dans ces pages de J. Bainville des règles d'hygiène qui, si elles sont observées, leur épargneront des crises redoutables et l'intervention du chirurgien.

 

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Tous ceux qui ont connu l'auteur, l'ont aimé et admiré, méditeront ces conseils, discrets par le ton et péremptoires par la souveraineté de la raison, à la lois avec joie et avec tristesse. 

Joie de l'esprit qui entre en possession de la vérité, son objet, dans sa plénitude et dans ses nuances ; joie qui ne va pas sans plaisir, car on se sent plus intelligent en pénétrant dans son intimité, et nous y goûtons le double et contradictoire attrait de la nouveauté et de la sécurité : les questions qu'il traite, même si nous les connaissons déjà, nous semblent nouvelles parce que nous les comprenons pour la première fois ; et son explication nous rassure parce que nous la sentons conforme à la sagesse éternelle. 

Tristesse du coeur, à la pensée que la mort a fermé ces yeux si clairvoyants et éteint cette voix si persuasive, alors que les événements donnent à la sagesse de J. Bainville tout son prix et que sa gloire toujours grandissante lui donne tout son rayonnement. C'est ce qui confère à ces paroles une gravité testamentaire et impose à tous les amis de la paix en France et dans le monde, le devoir de les traduire en actes. Sa voix est éteinte, sa lumière ne l'est pas. Les générations nouvelles accompliront ses dernières volontés et se sauveront elles-mêmes en transformant cette lumière en force. 

Saint-Aulaire.


Retour au livre de l'auteur: Jacques Bainville, historien Dernière mise à jour de cette page le samedi 7 avril 2007 11:01
Par Jean-Marie Tremblay, sociologue
professeur de sociologie au Cégep de Chicoutimi.
 



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