Gaston Bachelard, L'ENGAGEMENT RATIONALISTE


 

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Collection « Les auteur(e)s classiques »

Gaston Bachelard, L'ENGAGEMENT RATIONALISTE. (1972)
Préface


Une édition numérique réalisée à partir du livre de Gaston Bachelard, L'ENGAGEMENT RATIONALISTE. Paris: Les Presses universitaires de France, 1re édition, 1972. 102 pp. Collection: Bibliothèque de philosophie contemporaine. [Recueil d'articles publiés à partir de 1936.] Une édition numérique réalisée par Stefan Dimitrov, chercheur en philosophie depuis 7 ans à l'Académie Bulgare des Sciences, Institut des recherches philosophiques, Sofia, Bulgarie, maintenant résident québécois.

[5]

L’ENGAGEMENT RATIONALISTE

Préface

Gaston Bachelard, inaugurant, en mil neuf cent quarante-neuf, un Congrès de philosophie des sciences, revendiquait pour les travaux ordonnés au thème Science et méthode leur « valeur d'engagement ». Publiant, la même année, Le rationalisme appliqué, il écrivait : « Le rationalisme appliqué doit être mis au rang d'une philosophie engagée, si profondément engagée qu'une telle philosophie n'est plus esclave des intérêts de premier engagement »[1]. Un an plus lard, dans une séance de la Société française de philosophie, au cours de la discussion suscitée par ses arguments sur la nature du rationalisme, il répliquait à l'un de ses interlocuteurs : « Je veux vous montrer que le rationalisme est engagé ». C'est pourquoi le titre d'Engagement rationaliste donné à la présente réédition de quelques articles et conférences devrait apparaître comme suggéré par Gaston Bachelard lui-même. Dans le premier de ces articles, publié en mil neuf cent trente-six, une constatation recouvre une obligation implicite d'engagement : « A vrai dire, en n'importe quel temps, on a des difficultés à s'installer dans une position purement rationaliste. » Les difficultés se sont révélées rapidement impossibilité. Installation, position, ces termes ont été dorénavant gommés. On connaît l'aveu : « Rationaliste ? Nous essayons de le devenir » [2].

Avant Bachelard, bien des rationalistes se sont crus engagés, alors même que, faute d'une mode idéologique encore à venir, ils ne se disaient pas tels. Mais il s'agissait le plus souvent d'un engagement de la raison contre la religion, ou contre l'ordre établi d'un pouvoir traditionaliste, plutôt que d'un engagement pour la rationalité de la raison contre sa propre tradition. Celle sorte d'engagement s'adossait à une raison impavide, assurée de se retrouver et de se reconnaître dans la continuité progressive de la science qui l'avait instruite.

Pour Bachelard il s'agit d'un engagement pour la raison, contre [6] celle forme de rationalisme, sorte de superstition scientifique, expression béate d'un premier succès de rationalisation. Il est si vrai que le rationalisme de Gaston Bachelard est la contestation d'un rationalisme euphorisant qu'il invente un terme pour l'en distinguer, celui de « surrationalisme », qu'il fait appel à l'agressivité de la raison, systématiquement divisée contre elle-même. Le rationalisme polémique est autrement radical que la polémique rationaliste, souvent limitée par un compromis inconscient avec l'objet de sa critique. Pour espérer devenir rationaliste il faut plus qu'un souci de dévalorisation des préjugés, il faut la volonté de valoriser la dialectique du déjugement. L'engagement rationaliste c'est une révolution permanente. L'apparentement du surrationalisme avec le surréalisme n'est pas seulement onomatologique.

Il serait inélégant, et d'ailleurs vain, de présenter en un abrégé introductif, des textes dont la vigueur, le mordant, la subtilité font non seulement le sel mais le suc. Celle rapide préface a pour fin d'informer le lecteur que les textes ici rassemblés constituent, avec Le droit de rêver, antérieurement publié par les Presses Universitaires de France, et avec Etudes, publié par la Librairie Joseph Vrin, la quasi-totalité des écrits de Gaston Bachelard extérieurs à ses livres.

L'ordre de présentation choisi pour les textes de L'engagement rationaliste est aisé à reconnaître. La raison, la science el son histoire, la philosophie de la science. Dans la première partie et dans la deuxième, les textes sont disposés en ordre chronologique d'élaboration. Dans la troisième partie, l'ordre est donné par la succession historique des philosophies soumises au jugement du rationalisme bachelardien. On peut ne pas s'interdire de penser que cet ordre est aussi un ordre axiologique, un ordre de maturité épistémologique croissante. Peut-être, enfin, n'est-il pas fortuit que celle série s'achève par l'évocation d'un philosophe mathématicien dont on sait que la mort lui fut donnée parce qu'il n'avait pas cru pouvoir séparer dans son engagement la raison el l'existence.

Georges CANGUILHEM.



[1] Le rationalisme appliqué, p. 124.

[2] L'eau et les rêves, p. 10.



Retour au texte de l'auteur: Jean-Marc Fontan, sociologue, UQAM Dernière mise à jour de cette page le lundi 30 mars 2015 19:00
Par Jean-Marie Tremblay, sociologue
professeur associé, Université du Québec à Chicoutimi.
 



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