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Collection « Les auteur(e)s classiques »

Martin Heidegger, L'Être et le temps. (1927) [2019]
Avertissement


Une édition électronique réalisée à partir du livre de Martin Heidegger, L'Être et le temps. Traduction française par Jacques Auxenfants. 2019, 552 pp. Parution originale, 1927 dans le Jahrbuch für Phänomenologie und phänomenologische Forschung [Annales de phénoménologie et de recherche phénoménologique] d’Edmund Husserl, tome VIII. [Autorisation du traducteur accordée le 1er février 2019 de diffuser cette traduction en libre accès dans Les Classiques des sciences sociales.]

[i]

Avertissement

Cette traduction est le fruit de près de trois ans de travail assidu, mais ce dernier n'est point celui d'un « philosophe professionnel », à quelque titre que cette qualité méritât d'être attribuée, et par suite n'est point celui d'un spécialiste de la somme heideggerienne. On n'y trouvera donc, sauf exceptions « élémentaires » (dont la seule prétention est de guider le lecteur qui entrerait dans le texte sans préparation philosophique suffisante) et/ou clarificatrices de la traduction retenue, aucun commentaire critique de grande ampleur, ni personnalisé, tel que ceux accompagnant des travaux universitaires de même nature, et notamment bien sûr les deux traductions intégrales disponibles à ce jour, j'ai nommé celles de F. Vezin et de E. Martineau. La revendication principale de ce travail est avant tout de permettre une entrée dans cette œuvre magistrale, qui soit lisible par l'étudiant et/ou le lecteur « moyens », qui sorte du charabia malheureusement trop répandu et nuisant à la diffusion de la philosophie.

Restons dans les poncifs : toute traduction présuppose une compréhension ; elle relève donc d'une interprétation, que l'on pourra toujours, en tant que telle, qualifier bien évidemment de personnelle. C'est en ce sens également le travail d'un ami de la philosophie, et à ce titre, il n'aurait pu être mené, ni prétendre l'être, sans un apprentissage de plusieurs années, patient et à large spectre, y compris en sciences physiques et mathématiques, ouvrant des horizons et permettant d'y insérer comparativement la pensée de Heidegger dans une histoire personnelle.

Dans de telles conditions initiales, objectera-t-on, c'est une gageure de s'attaquer à la traduction de l'ouvrage philosophique considéré comme intraduisible par excellence ! Comme le dit Georges-Arthur Goldschmidt dans la préface de son livre paru aux éditions CNRS, Heidegger et la langue allemande : « la pensée de Heidegger en tant qu'elle se fond dans cette langue ne peut, même politiquement, passer en français. Ce que dit Heidegger est rigoureusement inséparable de la langue qui l'exprime, d'autant plus que tout l'effort de Heidegger est de prendre, en somme, la langue à sa racine, de la prendre verticalement. » Heidegger lui-même n'a-t-il pas dit lors d'un interview du Spiegel en septembre 1966, que cite Françoise Dastur en page 180 de son ouvrage, Heidegger, la question du logos : « Pas plus que des poèmes, on ne peut traduire une pensée. On peut tout au plus la paraphraser. Dès que l'on se met à traduire littéralement, tout est transformé. »

Mais dire cela, n'est-ce point donner par avance raison à une pensée apparemment sous-jacente de Heidegger, à laquelle adhéreraient nombre de ses thuriféraires, suivant laquelle on ne peut penser en français, seul l'allemand, avec le grec, serait apte à exprimer l'être. Comme si c'était la langue qui contenait la pensée. Comme si la langue était une sorte de « es » extérieur à l'homme, une sorte de matière prophétique qu'il suffit d'entendre. « Il est impossible de détacher Heidegger de sa langue. La non-traduisibilité est le délibéré de la pensée de Heidegger. Comme si le texte était fait pour sa propre rétention, pour garder pour lui, à l'intérieur du champ linguistique proprement allemand, le sens de la tribu. (...) Si le philosophique est à ce point tributaire de son expression, il est dès lors intraduisible et indétachable de la langue qui l'exprime. Il serait alors un phénomène [ii] de langue, et purement de langue, dont la pertinence philosophique ne serait que de nature morphologique ou grammaticale. En fin de compte, il se peut que Heidegger ait voulu que le philosophique puisse comme tel s'exprimer quelque part, qu'il y ait une issue objective, et c'est alors tout le problème de l'allemand en tant que langue de la philosophie, comme si dès le départ, il y avait confusion entre l'appropriation linguistique et la 'pensée' elle-même, le politique y devenait inévitable. »

Fallait-il donc désespérer et renoncer ? Sans revenir sur les problèmes que pose toute traduction, en relation avec ce qui relève de l'interprétation, et au sujet desquels il suffit de se reporter aux analyses si profondes de Paul Ricœur, qu'il me soit permis de simplement rappeler la belle préface d’Alain Renaut au tome II des Leçons de métaphysique allemande du regretté Jacques Rivelaygue. Fort de son conseil éminent, dans une appropriation personnelle dérivée de la maxime phénoménologique, je m'en tiendrai donc à ce qui est là sous mes yeux : au texte de 1927, date de sa première parution, autrement dit date limite de sa rédaction, étant précisé qu'aucune modification notable, à ma connaissance, au fil des rééditions, n'y a été apportée.

Et contre l'objection récurrente à une lecture de Sein und Zeit qui l'isole ainsi de l'œuvre ultérieure de Heidegger, je ne peux qu'être encouragé par Paul Ricoeur encore (Temps et Récit III, page 111) : « Il est parfaitement légitime de traiter l'Etre et le Temps comme une œuvre distincte, puisque c'est ainsi qu'elle a été publiée, du moment que l'on en propose une lecture qui en respecte l'inachèvement, voire qui en accentue le caractère problématique. L'Être et le Temps mérite une telle lecture pour son propre compte et son propre honneur. »

Dans l'intraduisible propre à Sein und Zeit, deux séries de difficultés se présentent, lesquelles tiennent, la première, à certaines spécificités de la langue allemande (plus particulièrement la possibilité d'enchâssements adjectivaux, qui ne laissent au traducteur d'autre possibilité que de passer par des propositions subordonnées, la faculté large de création de mots par agglutination, et la possibilité que des particules verbales soient séparables ou inséparables, particularité que ne manque pas d'utiliser Heidegger pour mettre l'accent sur tel ou tel sens possible du verbe, comme il le fait par exemple avec le verbe übersetzen), et la seconde, à l'usage vertical, particulier, que fait Heidegger de sa langue (identité de radical et connivence d'essence semblent un guide de sa pensée - « primat du mot et de son noyau sémantique unitaire » dit Jean-François Courtine), non seulement en construisant son vocabulaire propre, voire une architecture linguistique spécifique, dont chaque mot mériterait paraphrase, mais encore en cumulant les appositions de ses termes. En outre, Heidegger ne se contente pas de jouer du champ sémantique des mots (que l'on songe au mot Schuld par exemple) : « ces feintes langagières où la pensée se réfugie derrière les mots et les laisse faire », mais il se met souvent simplement à l'écoute des mots, qu'il faut alors traduire en fonction de leur décomposition « auditive », et non point forcément selon le sens synthétique que retranscrit le dictionnaire.

Mais il est d'autres raisons, plus profondes encore, à ces difficultés. Comme le dit Paul Ricœur toujours (Temps et Récit III, note 1, page 115) : « Pour porter au langage les existentiaux, il faut, ou bien créer des mots nouveaux, au risque de n'être entendu de personne, ou bien tirer parti de parentés sémantiques oubliées dans [iii] l'usage courant, mais préservées dans le trésor de la langue allemande, ou bien rénover les significations anciennes de ces mots, voire leur appliquer une méthode étymologique qui, en fait, engendre des néo-significations, au risque, cette fois, de les rendre intraduisibles dans une autre langue, voire dans la langue allemande usuelle. Le vocabulaire de la temporalité nous donnera une ample idée de cette lutte quasi désespérée pour suppléer aux mots qui manquent : les mots les plus simples, tels que 'avenir', 'passé', 'présent', sont le lieu de cet exténuant travail de langage. »

Puisque Sein und Zeit, en un certain sens et à juste titre, est intraduisible, il faut bien sacrifier une des dimensions du texte (tout le système des assonances notamment), et ce afin de préserver l'essentiel, à savoir le fond (certes, tel qu'il est compris et/ou interprété par le traducteur), et d'en restituer la lisibilité en français. Pour ce faire, j'ai sacrifié (tout en informant au mieux le lecteur des pertes les plus notables) l'architecture linguistique, le jeu sur les racines ou étymons, jeu que permet la langue allemande et que Heidegger a élevé à un niveau semble-t-il exceptionnel. En l'occurrence, il ne s'agit point de sa part d'un simple jeu linguistique, au sens d'un jeu de mots (« Ce n'est pas nous qui jouons avec les mots, mais l'Être de la langue qui joue avec nous » - Qu'appelle-t-on penser, page 133, phrase citée par Michel Haar, Heidegger et l'essence de l'homme, page 22), mais l'expression d'une « connivence d'essence » entre les mots, dimension de la pensée heideggerienne concernant le langage et sa propre force de dévoilement. C'est ainsi par exemple que je n'ai pas recherché, en français, à supposer qu'elle existât, de filiation entre les mots construits sur Sicht, sur Stand, ou sur Ruf (comme le fait par exemple E. Martineau pour ce dernier terme, recherchant obstinément, par les expressions exotiques ad-vocation, con-vocation, pro-vocation, à suivre celles de Anruf, Autrui et Vor-Ruf qui réfèrent à la racine « vocale » de l'appel : Ruf). Je n'ai pas cherché non plus à traduire par un simple néologisme la plupart des mots ou des expressions composées du glossaire heideggerien. Une polysémie que l'allemand rassemble en un seul mot (Schuld par exemple) exige en français, ou bien une traduction qui privilégie un sens au détriment des autres, ou bien des néologismes, des mots composés reliés par des tirets, voire des paraphrases. Vouloir écrire comme Heidegger, mais en français, conduit immanquablement au charabia, dont les deux traductions disponibles ne sortent malheureusement pas dans la majorité des passages les plus denses (§ 18 et § 58 par exemple). J'ai donc en général privilégié des expressions « complexes », lesquelles présentent l'avantage de pouvoir se décliner de multiples manières, à partir de l'utilisation des mots allemands correspondants, sous forme adjective, nominale ou verbale. Certains paragraphes (par exemple le § 18 qui, comme le souligne Marlène Zarader, tombe dans un épouvantable charabia) sont proprement intraduisibles sans faire appel à des périphrases essayant de retrouver l'esprit de l'expression ultra-condensée de Heidegger. Ces périphrases font donc partiellement appel à une interprétation du texte, laquelle, dans ces conditions, a l'avantage d'être explicite et facilement « critiquable » par celui qui ne l'approuve point.

Bien entendu encore, le problème, aussi ancien que la traduction, se pose : traduction périphrastique, ou néologismes. De manière générale, j'ai pris le parti de privilégier, pour la plupart des termes ou expressions simples de la terminologie de Heidegger, les images médiatrices ou les concepts souples chers à Bergson, plutôt que les termes « ésotériques », forgés de toute pièce, souvent retenus par les [iv] traducteurs, mais dont la lecture isolée n'évoque immédiatement rien pour le lecteur moyen, auquel je pense avant tout parce que je suis l'un d'eux, si elle n'est pas simultanément référencée à son explicitation, elle-même issue du corps du traité. C'est ainsi par exemple que j'ai choisi de traduire l'adjectif « faktisch » par « en situation », expression qui me semble reproduire immédiatement le contexte mobile et ouvert particulier au Dasein, qui plus est en sa qualité d’“être-ayant-été-lancé”, ou « Befindlichkeit » par état émotionnel d'arrière-plan. Ces formes complexes permettent un jeu plus significatif permettant de les adapter à la forme verbale, substantive ou adjective dans laquelle les mots allemands sont employés, dans des structures syntaxiques souvent complexes. Le lecteur peut ainsi mieux faire le distinguo entre sa critique de la traduction que j'ai choisie, et le contexte dans lequel se place le mot en question, lequel lui permet de chercher sa propre interprétation, si elle est différente, de la pensée de Heidegger. Le problème du génitif (subjectif et/ou objectif) n'a point manqué de se poser. Ou bien en raison de l'accumulation en cascade desdits subjectifs, ou bien pour la clarté du texte, j'ai donc très souvent modifié les génitifs subjectifs par des liaisons entre les mots concernés : qu'a, inhérent à, propre à. Enfin, j'ai « standardisé » le plus possible les propositions indépendantes, et certains complexes, de mots, comme par exemple gewärtigend-behaltende Gegenwärtigen (das) : Le fait, en retenant (ou en ayant retenu) ce à quoi (l'on) s'attend, de le rendre présentement présent. Ces entités verbales sont fermées sur elles-mêmes et doivent, et c'est là toute leur portée, s'imposer par voie d'effet.

Compte tenu de l'attention extrême qu'a portée Heidegger à la langue allemande et à l'origine, souvent lointaine, du sens de certains des mots qu'il emploie, compte tenu également des conclusions qu'il en a tirées quant à la création spécifique de mots ou d'expressions qu'il déploie tout au long de Sein und Zeit, compte tenu enfin du fait que le livre est un ouvrage philosophique, dont les termes techniques utilisés le sont par principe précisément et à bon escient, pour toutes ces raisons, le vocabulaire que je donne en annexe est clos et biunivoque, c'est-à-dire que la traduction des mots listés est exclusivement celle indiquée, qu'elle soit unique (par exemple : Eigenschaft = propriété ; Ursprünglich = originel), ou multiple (par exemple erörtern). Chaque première occurrence de traduction (qu'elle soit unique, ou qu'elle soit l'une des traductions mentionnées) est indiquée par l'ajout, entre crochets, du terme allemand ainsi traduit [en italique]. Dans le même esprit, certains mots, dont les traductions peuvent se recouper, ont été systématiquement traduits par le même mot ou la même expression française, laissant ainsi le lecteur devant la même problématique que le traducteur devant le mot allemand (par exemple le couple bedeuten/besagen a toujours été traduit par le couple signifier/vouloir dire ; le couple Forschung/Untersuchling par le couple recherche/investigation). Le traducteur n'a pas à ajouter sa propre sensibilité littéraire ou sa vision harmonieuse du texte à celles qu'a mises en musique l'auteur.

Il s'agit néanmoins de rester le plus proche du texte, et de se cantonner le plus possible aux modifications que nécessitent les structures différentes des langues, et ce sans rechercher outre mesure la beauté formelle du style, ce qui contreviendrait à ce principe. Le tout reste un ouvrage de philosophie, et quel ouvrage ! Sa lecture est donc loin d'être évidente, quels que soient les efforts consacrés à la rendre claire.

Les renvois aux apostilles de Heidegger qui sont tirées de son exemplaire de travail (dit Hüttenexemplar) sont indexés par les lettres a, b, c, ... et sont conformes [v] à la pagination de l'édition Niemeyer. Je laisse au lecteur le soin de veiller au fait qu'il puisse arriver que deux notes de même indice se retrouvent sur la même page du texte français, dans sa pagination informatique. Les notes explicatives que j'ai introduites dans le corps même du texte sont repérées par la lettre N, suivie du numéro de la note, étant précisé que la numérotation redémarre à chaque paragraphe. Par ailleurs, dans chaque paragraphe, les alinéas sont numérotés à leur fin afin de servir de repère par rapport aux commentaires qui ont pu être édités et qui y renvoient.

Rappelons qu'en allemand, tout adjectif peut également devenir adverbe, ce que sa déclinaison, ou l'absence de celle-ci, laisse apercevoir. De même, l'allemand permet l'utilisation large des verbes substantivés, ce que ne connaît plus le français. La nominalisation d'un verbe à l'infinitif signifiant le fait de... ou l'action (l'acte) de..., j'ai essayé de rester dans notre langue et j'ai évité l'utilisation des infinitifs, sauf lorsque la construction de la phrase permet de commencer sur une proposition infinitive sujet. De manière générale, j'ai privilégié les traductions nominales, quand elles étaient possibles, et écarté l'utilisation très fréquente du verbe substantivé : ou bien, quand les substantifs correspondant aux verbes, notamment les mots avec suffixe « -ment », existent en français avec leur sens d'action (le questionner par exemple, en tant que substantif, sera remplacé par le questionnement), ou bien par une typographie particulière, comme par exemple le comprendre = la Compréhension (avec majuscule à compréhension). Dans les autres cas, moins fréquents, j'ai traduit, ou bien, tout simplement, par : le fait de..., ou bien par une autre méthode à chaque fois particulière.

Là où un ou plusieurs mots ont été ajoutés, pour améliorer la compréhension de la phrase allemande, plus aisément condensable, les mots ajoutés ont été écrits en rouge. N'ont cependant point été marqués, parce que ne représentant pas un véritable ajout, les mots qui n'ont pour but que d'échapper à l'équivoque possible, en raison principalement de l'existence du neutre en allemand et des procédés de repérage des référents que permettent les déclinaisons. C'est notamment le cas des répétitions des sujets des formes verbales et des pronoms personnels. N'ont pas non plus été écrits en rouge tous les articles définis qui ont été rajoutés, là où Heidegger, compte tenu du statut spécifique de l'article défini en allemand, ne juge pas utile de les ajouter, et cela sans intention significative. N'ont pas non plus été écrits en rouge tous les « à savoir » ou « autrement dit » que j'ai introduits pour la clarté du texte, là où ne se trouve qu'une simple apposition après virgule.

Pour ce qui est de la mise en page, j'ai choisi de justifier (au sens typographique) l'ensemble du texte. Toutefois, compte tenu de la spécificité du lexique heideggerien, et notamment de l'utilisation des tirets dans la composition des mots et expressions, je n'ai pas introduit de tiret de césure des mots en fin de ligne, ce qui a pour petite conséquence négative de faire varier les espacements entre les mots, mais comme avantage de ne point perturber la compréhension du lecteur, précaution que ne prennent malheureusement pas les éditions en langue allemande, obligeant le traducteur à comparer les versions pour s'assurer de la présence voulue par Heidegger, ou non, du tiret problématique.

Deux types de mots ou expressions sont à prendre en considération : ceux dont il faut absolument respecter la traduction univoque pour que le lecteur, s'il ne l'admet [vi] pas, puisse suivre à la trace le mot en question : ceux au contraire dont la polysémie en allemand doit être impérativement respectée, faute de quoi la traduction par un mot unique (Hören, Schuld) rend le texte incompréhensible. Lorsque Heidegger emploie des mots différents, mais qu'il serait possible de traduire par un même mot en français, je privilégie autant que possible l'emploi de deux mots différents, en essayant alors, si elle existe, de respecter l'éventuelle image « spatiale » que recèle, par formation, le mot allemand. Par exemple : Abgrenzung (délimitation), Umgrenzung (circonscription)

Georges-Arthur Goldschmidt est-il dans le vrai quand il dit : « Sans retour, la 'parole', Sage, de Heidegger est enfermée dans sa Sprache ou plutôt dans ce qu'elle ne fut pas. On ne peut faire comme si cette langue-là, si spécifique, si reconnaissable, si inhumaine, brandie, armée et casquée n'avait pas existé, elle parle désormais quelque part au fond de l'expression philosophique de langue allemande. C'est une langue d'effroi qui, justement, ferme toute pensée par la massivité même de la terminologie. » (GAG, page 225)

Qu'il soit bien clair enfin que les corrections que j'ose apporter aux traductions de F. Vezin et d'£. Martineau ne doivent jamais être considérées comme des critiques de leur travail, mais ne sont que le reflet du temps que j'ai pu consacrer à ce travail. Chacun en effet doit bien se convaincre que le temps passé à traduire un tel ouvrage (près de trois ans) est un luxe que peut s'offrir un « rentier » retraité, et ne peut aucunement espérer être un projet « économique ».

Last, but not least, je dois beaucoup aux auteurs suivants, les plus souvent cités dans le corps de mes notes explicatives, dont les citations que je leur emprunte seront repérées à partir des lettres en majuscule de la liste ci-dessous, dont l'ordre est purement alphabétique.

WB : Walter Biemel - Le concept de monde chez Heidegger - VRIN

JFC : Jean-François Courtine - Heidegger et la Phénoménologie - VRIN

FD1 : Françoise Dastur - Heidegger et la question du temps - PUF

FD2 : Françoise Dastur - Heidegger - la question du Logos - VRIN

DF : Didier Franck - Heidegger et le problème de l'espace - Éditions de Minuit

MH : Michel Haar - Heidegger et l'essence de l'homme - Éditions Jérôme Millon

GAG : Georges-Arthur Goldschmidt - Heidegger et la langue allemande - CNRS

PR : Paul Ricœur - Temps et récit III - Points essai - Éditions du Seuil

JG : Jean Greisch - Ontologie et Temporalité - PUF

AS : Alexander Schnell - De l'existence ouverte au monde fini - VRIN

MZ1 : Marlène Zarader - Lire Être et Temps de Heidegger - VRIN

MZ2 : Marlène Zarader - Heidegger et les paroles de l'origine - VRIN


Retour au texte de l'auteur: Jean-Marc Fontan, sociologue, UQAM Dernière mise à jour de cette page le mardi 12 février 2019 12:44
Par Jean-Marie Tremblay, sociologue
professeur associé, Université du Québec à Chicoutimi.
 



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