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Collection « Les auteur(e)s classiques »

Essais sur l’expérience libératrice. (1952)
Épilogue


Une édition électronique réalisée à partir du livre de Roger GODEL [1898-1961], Essais sur l’expérience libératrice. Préface de Mircea Eliade. Paris: Les Éditions Gallimard, 1952, 342 pp. Collection: “Les essais”, no 54. Une édition numérique réalisée par un bénévole qui souhaite conserver l'anonymat sous le pseudonyme “Antisthène”, un ingénieur à la retraite de Villeneuve sur Cher, en France.

[302]

Essais sur l’expérience libératrice

Épilogue

Les lignes finales du dernier chapitre, en pointant vers l’axe intemporel de l’être d’où procèdent toute existence, tout savoir et permanence, conviennent-elles à l’homme moderne des cultures d’Occident ?

On peut craindre qu’il les trouve évasives. Les Barbares que nous sommes tolèrent mal d’être privés de jouer sur le théâtre du « monde extérieur ». Le « réalisme » des choses est là — devant nous — qui nous presse d’agir. Un goût invétéré pour l’action, transmis par la coutume depuis des millénaires, nous impose d’assumer des rôles dans un scénario chargé d’intrigues, de passions, de combats. De combats surtout ! Une foule de désirs, brûlant d’être satisfaits, nous incite à porter des masques et à parader dans des costumes qui ne sont pas à nous.

Le Sage regarde en paix l’homme d’action jouer sa pièce. Seulement, dans les coulisses, il lui propose de déposer son personnage et de laisser là tous les masques de rechange pour découvrir la vérité en lui-même derrière l’impermanence des rôles. Avec la venue de la Sagesse voici que le temps des songes inconscients est aboli — abolie avec eux la multitude sans nombre des temps et des espaces possibles. Après l’épuisement des expériences exhaustives de la relativité, un résidu demeure, inaltérable. [303] Contre ce roc éternellement irréductible, l’océan des âges est sans pouvoir.

Un roc d’éternité, tel est le socle vierge sur quoi repose la nature réelle de l’homme : centre immuable d’un déploiement d’images, de pensées, de passions, d’agissements dont le flux le laisse inaltéré.

C’est en ce lieu où l’action se résout en contemplation, et la contemplation verse en action que le Sage réside. Sa vision est pareille — quant aux silhouettes des choses — à la nôtre. Mais elle est fixée hors des contingences du temps.

Mourir, selon lui, c’est recevoir la visitation d’un songe et d’une pensée après tant d’autres — ce songe annonce l’approche d’une frontière temporelle de l’esprit. De même que les contours d’un objet en circonscrivent le volume particulier dans l’espace, semblablement à travers le champ des durées multiples, la naissance et la mort encadrent une séquence de phénomènes.

Mais la conscience d’éternité — suprême invariant du Sage — est affranchie des lois du temps et de l’espace. Sans commencement ni terme, elle repose par sa pointe invisible dans la paix de l’Insondable.

7 Janvier 1952.


Retour au texte de l'auteur: Jean-Marc Fontan, sociologue, UQAM Dernière mise à jour de cette page le mardi 21 janvier 2020 13:10
Par Jean-Marie Tremblay, sociologue
professeur associé, Université du Québec à Chicoutimi.
 



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