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Collection « Les auteur(e)s classiques »

ESSAI DE PHILOSOPHIE GÉNÉRALE.
Tome I: La recherche de la vérité. Sa genèse idéale et son fondement. (1954)
Avant-propos


Une édition électronique réalisée à partir du livre de Jean Anglès d'Auriac, ESSAI DE PHILOSOPHIE GÉNÉRALE. Tome I: La recherche de la vérité. Sa genèse idéale et son fondement. Paris: Les Presses Universitaires de France, 1954, 293 pp. Collection: “Bibliothèque de philosophie contemporaine” fondée par Félix Alcan. Une édition numérique réalisée avec le concours du fils de l'auteur, Thierry Anglès d'Auriac, bénévole. [Livre diffusé en libre accès dans Les Classiques des sciences sociales avec l'autorisation des ayants droit accordée le 19 mai 2019].

[ix]

ESSAI DE PHILOSOPHIE GÉNÉRALE

Tome I. La recherche de la vérité.
Sa genèse idéale et son fondement.

Avant-propos

Dans l’essai dont je publie aujourd’hui les deux premiers tomes [1] je m’efforce d’apporter à la science humaine certaines améliorations, sur des points qui me semblent fondamentaux.

J’entends par science humaine, généralisant autant que possible le concept de science, l’ensemble des croyances certaines acquises et mises en commun par les hommes, rattaché lui-même aux recherches dont il dépend. De son côté, la croyance est pour moi, sans aucune des restrictions qu’on attache le plus souvent à son idée, l’état, quels qu’en soient l’objet, l’intensité, les raisons, auquel s’oppose le doute. Son caractère certain enfin, très différent de la simple absence du doute en elle, consiste dans l’exclusion du risque d’erreur, exclusion qu’elle doit apporter à son sujet actuel et qui dépend donc non seulement de sa teneur, mais encore de l’état mental de ce sujet. Je développe et justifie ces notions dans mes ouvrages, ainsi que celle de bonté, dont je vais parler.

Cela étant, telle qu’elle existe actuellement, la science humaine, par elle-même et par ses effets, est douée d’une éminente bonté. Donnant au mot son sens fondamental, qui comprend mais déborde l’acception morale, je désigne par bonté la propriété, pour un objet quelconque regardé dans son essence, d’appeler idéalement l’existence, qu’il en jouisse ou non en fait. Par elle-même donc, comme par toutes les nouveautés qui lui sont directement imputables, la science humaine, à mes yeux, mérite au plus haut point le respect et le service de l’homme. Elle me paraît cependant souffrir de certains défauts qui, présents dès son origine, l’affectent dans tout son développement. On peut ranger ces défauts sous les deux chefs suivants.

D’abord il lui manque un ensemble de recherches qui, antérieures au dessein de travailler pour elle, viennent se ranger en elle dès que ce dessein a été formé à juste titre : elle ne comporte pas de démonstration explicite de sa bonté et du droit qu’a l’homme de travailler systématiquement à son édification indéfinie. [X] Plus généralement, elle ne montre pas comment, conditionnellement, l’homme doit en venir à lui donner naissance, après s’être mis, inconditionnellement, au service du Bien et du Meilleur. Ses attaches idéales dans l’esprit, la volonté, le caractère de chacun de ceux dont la tâche est de s’y adonner ne sont pas méthodiquement déterminées par elle, à la place due.

Ensuite elle traite imparfaitement plusieurs problèmes fondamentaux dont toute autre recherche présuppose pourtant la solution, en face d’une chose quelconque. Ces problèmes concernent la nature des choses, je veux dire les composantes dont l’union, aux yeux de l’intelligence, fait de chacune d’elles ce qu’elle est, leur genre d’existence, ou la façon dont elles sont ou seraient posées en elles-mêmes et subsistent ou subsisteraient, leur causalité enfin, soit le pouvoir, exercé ou non, de nouveauté qu’elles apportent nécessairement avec elles. En face de toutes les déterminations que nous connaissons ou concevons, nous devons d’abord nous demander ce que sont en elles ces notes qui leur donnent leurs propriétés les plus absolues. Faute d’avoir discuté, et d’abord posé, avec assez de soin ces diverses questions, la science humaine, malgré ses immenses acquisitions et son inestimable succès pratique, ne les résout pas et, si je ne me trompe, laisse son agent, entraîné par un vice congénital de sa nature, les résoudre mal : inconsciemment et d’une façon erronée et incohérente, ce qui entraîne une certaine falsification, limitée il est vrai et indirecte, de ses meilleures découvertes. Grave est la faute. En effet, davantage et mieux nous connaissons, en ce qu’elles ont de positif, je veux dire de définissable en termes de donnés, les relations qui relient les choses, plus est affligeante la mythologie radicale dont nous entourons dans nos idées et les termes qu’elles relient et ces relations elles-mêmes : la seule idée de chose n’est-elle pas due à un assemblage incohérent d’éléments physiques et psychiques et ne promeut-elle pas, d’une façon absurde, certains des premiers au rang de sujets, faisant des volumes vus et touchés l’apparence de morceaux d’étendue indépendants ? De la mythologie que je dénonce, ceux qu’on nomme savants et philosophes sont eux aussi victimes, tant qu’ils n’en ont pas reconnu le principe dans la paresse et la confusion de nos conceptions spontanées, tant qu’ils n’ont pas vaincu la première et dissipé la seconde, par un examen, au moins partiel, des problèmes définis plus haut.

Je pense donc que la science humaine est entachée de deux graves défauts. Je ne demande évidemment pas qu’on me l’accorde dès à présent. Ce serait contredire ma théorie de la bonne [xi] croyance, puisque à mon sens, celle-ci est telle pour naître d’une connaissance de son objet, connaissance que ne donnent pas mes affirmations. Ce serait aussi tenir mon essai pour inutile, puisqu’il édifie cette théorie. Poursuivant un avant-propos dont le seul objet est d’éclairer mes travaux sans rien prouver encore, je dirai que ces deux défauts n’ont pas la même gravité. Le premier est principalement un manque, s’il est vrai que l’homme en quête du Vrai a le plus souvent, par sentiment sinon par vision distincte, une connaissance pratiquement suffisante de la bonté de son travail. Le second défaut en revanche a quelque chose d’un vice : de la science qui fait défaut, en effet, des croyances indignes d’occuper l’esprit tiennent la place. Il est sûr maintenant que l’un et l’autre ne sont pas réparables par un simple développement des recherches du savant. Approximativement, celui-ci s’intéresse aux relations, qu’elles relient en fait des données ou nécessairement de simples possibles. Or le premier défaut affecte l’entreprise même de toute recherche, conçue comme devant servir la science humaine en général. Seule une théorie de la valeur de cette science peut le faire disparaître, la valeur étant entendue non au sens dérivé et partiel du logicien, mais dans l’acception métaphysique première et totale, où elle englobe le bon et le mauvais, pris absolument. Elle consiste alors dans le lien de convenance ou de disconvenance plus ou moins grande qui relie l’existence à une essence quelconque, compte tenu de l’ensemble des propriétés de celle-ci et en dehors de toute convention.

Quant au second défaut, il appelle une médication difficile, où prennent place des remèdes différents quoique liés : il faut d’une part épurer nos conceptions spontanées par un effort de réflexion et de critique, très différent de celui du savant et de l’autre étudier, par des moyens originaux, des notes elles-mêmes irréductibles. Bien antérieures aux relations puisqu’elles pénètrent le fond le plus absolu de tous les éléments de celles-ci, ces notes ne sont découvertes que par une analyse intelligente, qui, analogue à celle du mathématicien, s’en distingue pourtant notablement. Il appartient donc à la philosophie première de faire disparaître les deux défauts dont la science humaine est encore grevée. Et si mon essai semble ignorer les immenses acquisitions de la recherche des savants, c’est qu’il n’a pas directement à en connaître, non que je m’en désintéresse. Comment le ferais-je ? Ils sont la part la plus étendue d’une science, que je ne veux sans aucune tache que pour l’estimer digne, par la grandeur de sa bonté, d’une pureté totale.

[xii]

Cela étant, dans les ouvrages que je publie aujourd’hui, je lutte seulement contre le premier des deux défauts que je viens de dénoncer. Il est sans doute le moins grave, mais l’ordre demande qu’on s’attaque d’abord à lui. Or le titre même sous lequel j’ai résumé mes démarches initiales, assemblées en un long discours : La Recherche de la Vérité. Sa genèse idéale et son fondement montre que les premières ont à mes yeux le résultat de contribuer à le faire disparaître. Je dis le résultat, et non l’objet. En effet, comme je l’explique et en donne les raisons dans la conclusion de mon ouvrage, je ne me suis pas demandé initialement ce que vaut la science ni comment l’homme doit être conduit à s’en occuper. J’ai posé une question beaucoup plus générale, et qui ne fait mention ni de la science ni de la recherche du Vrai. Mais la discussion de cette question a pour résultat de prouver leur bonté et, mieux encore, de dessiner leur genèse idéale. Et ces fruits sont d’autant meilleurs qu’ils n’étaient pas escomptés par l’agent logique des démarches, si l’auteur concret de celles-ci en vérité les avait en vue.

Notons une répétition dans le titre de mon premier ouvrage. En effet, la genèse idéale d’une œuvre implique la découverte de ce qui en fonde l’entreprise. Mais je devais insister sur la note de valeur qui, du commencement à la fin, est essentielle à ma discussion, tout en disant que je ne considère pas la science humaine sous le seul aspect de son droit à exister mais, d’une façon plus générale, m’intéresse aux conditions de sa naissance. D’où l’énoncé que j’ai finalement choisi. On remarquera que l’expression initiale La Recherche de la Vérité n’y a que la valeur d’un génitif. Je l’ai mise en tête et isolée pour alléger mon texte, suivant un usage commun. Mais je n’attire d’abord l’attention sur elle que pour la rattacher aux deux déterminations qui, en la spécifiant, se l’annexent et sont, après cette annexion, le seul vrai titre de mon ouvrage.

En quoi cependant mon second ouvrage va-t-il encore contre le défaut dont en apparence le premier s’occupe déjà suffisamment, puisqu’il donne à la Recherche, mère de la science, non seulement sa justification mais sa naissance et son rang dans la vie active de l’homme ? En ce qu’il situe cette Recherche dans l’Œuvre totale dont elle est l’élément le plus frappant et efficace, le plus important aussi, mais non la pièce unique. Cette Œuvre consiste à donner à l’esprit son meilleur régime. Or le régime, en général, est fait de destruction, de retenue et d’abstention, comme d’action créatrice. Parfait, il demande l’arrêt et la purification du jugement autant que son exercice. Et il est nécessaire de l’avoir [xiii] découvert en entier, non seulement pour connaître le degré de bonté de la science humaine, mais pour préserver celle-ci de toute altération. Part principale d’un tout, la science n’est accomplie que si son indispensable complément a lui-même vu le jour. Mon apologie de la recherche de la Vérité n’est donc achevée qu’une fois le meilleur régime de l’esprit entièrement déterminé.

Attirons maintenant l’attention sur plusieurs points, mentionnés partiellement et sous la forme de remarques dans l’essai où j’ai à résoudre d’autres problèmes. Il importe en effet de lutter par avance contre de fausses apparences qui jouent contre mes ouvrages mais que j’avais le devoir d’affronter, l’ordre me le demandant. Je ne me suis pas dérobé à ce devoir, quelque inconvénient que j’en puisse éprouver.

Dissipons d’abord l’apparence la plus naturelle, qu’une lecture avisée de mes titres suffirait cependant à écarter. Mes ouvrages ne se réduisent pas à une introduction, au tracé d’un programme, à un plan. Non que je méprise ces travaux : ils sont, à mes yeux, souvent utiles, parfois indispensables. Mais je sais aussi combien il est mauvais de s’y attarder. Les actes n’ont pas de commune mesure avec les promesses, qu’il importe de réduire au minimum. Cela étant, mes deux livres préparent bien un travail à venir, puisque le premier forme, discute et adopte le projet d’une Œuvre, que le second s’emploie encore à déterminer. Mais ils ne sont pas pour autant de simples annonces.

D’abord ils établissent la légitimité ou le caractère obligatoire d’une certaine activité humaine et montrent à quelles conditions, qui ne se trouvent satisfaites que fort rarement, et par quelles péripéties, dont le caractère ordonné et tranquille n’exclut ni la nécessité ni l’efficacité, cette activité en vient à être à juste titre élue et exercée par tel individu. On voit que cela n’est pas faire espérer quelque réussite à venir, encore moins s’en vanter déjà. C’est seulement laisser leur sérieux à des objets qui ne sont pas frivoles : la Recherche de la Vérité, l’homme, son agent, qui est un sujet, et de ce fait, dans l’ordre des valeurs, un premier absolu.

Ensuite les débats que je mène, dans un désir incessant de rigueur et de lucidité, m’obligent à des analyses, dont le résultat, si partiel qu’on le juge, dépasse de beaucoup les décisions qui en sont l’issue. Je forge, non sans doute ex nihilo mais en groupant, accusant, précisant des conceptions communes peu nettes et sans vertu, les notions fondamentales d'essence d’objet pensé et de fonds physique des déterminations. J’espère avoir jeté quelque lumière sur ce qu’on nomme essence, existence, réalité, possibilité, [xiv] vérité, certitude, science, bonté, perfection, pouvoir, causalité, propriété, faculté, signe. La richesse de ces notes, leur équivocité rendent malaisés une vue distincte de leurs éléments, et le discernement, même purement pratique, de chacune. Peut-être ai-je atténué ces difficultés. Il me semble enfin que j’ai précisé le problème de la connaissance, des rapports de ce qui est en soi et de ce qui est à nos yeux, en distinguant, notamment dans ma théorie des apparences, l’être fermé et l’être ouvert et en déterminant le genre d’existence des Vérités, telles qu’elles nous sont données du moins dans notre expérience.

En troisième lieu aux analyses de notions j’ai ajouté une étude directe de choses, au sens où la chose s’oppose à l’idée. J’ai regardé de près, et sans me contenter des points de vue traditionnels, certains modes de la vie psychique, modes de l’esprit, modes de la volonté, qui me semblent, tant par leur teneur que par leur causalité, très dignes d’intérêt. Dans La Recherche je m’occupe principalement d’une part des états où l’homme jouit d’une information, au sens le plus large du mot, c’est-à-dire voit une chose exister, à ses yeux, de quelque façon que ce soit, et de l’autre de l’activité personnelle. Les deux études ont un très vaste objet. En effet, l’information est réalisée, inégalement, par la sensation, que je généralise sous le nom de pathie, la connaissance et la pensée. Celle-ci qui, je le montrerai, conditionne la précédente, implique elle-même le langage, entendu comme une fonction créatrice non seulement de signes qui mettent en communication le penseur avec lui-même et ses semblables, mais aussi et d’abord d’outils sans lesquels il ne pourrait accomplir aucune opération psychique. D’autre part l’activité personnelle réclame des pouvoirs immédiats donnés dans quelque sensation, des instruments d’action ou facultés et l’être, à la fois un et complexe, qui se nomme à la première personne : « je » ou « moi ». Le Régime s’attache, de son côté, à l’essence et à la valeur de natures d’un grand poids « les faits d’opinion », états ou dispositions qui font partie de la famille de la croyance et du doute. Au delà de ces états, il n’y a plus rien dans la vie de l’esprit ; ils en sont l’expression la plus haute. On voit la variété et l’importance des divers objets dont j’ai à m’occuper.

Or mes deux ouvrages en donnent une théorie qui se suffit à elle-même et rentre ainsi directement dans la science humaine. Cette théorie présente certaines particularités, qui la rendent peut-être digne de considération. D’abord elle situe son objet dans le monde intelligible, où chaque chose occupe éternellement une place immuable que lui assigne nécessairement sa [xv] quiddité. Et elle montre ce qui, dans cet objet, est, à notre insu, déterminé a priori par nous. Je ne décris pas, par exemple, la famille des faits d’opinion comme un témoin qui dépose de ce qu’il a seulement constaté ou en naturaliste, classant de l’extérieur et après coup des espèces qu’il aurait rencontrées par grâce. J’en découvre et ordonne a priori les membres, à la mode du mathématicien mais en ne m’appuyant pas sur de simples conventions ; la connaissance du principe ontologique des natures que j’énumère est mon guide. Des mêmes faits d’opinion d’autre part, de la connaissance, de la science je note les attaches mentales, montrant que, sans nous les représenter dans des conceptions distinctes, nous les pensons pourtant de nous-mêmes, faisant d’eux le principe d’une conduite ou le terme d’une aspiration : regardés en esprit et en vérité, le doute et la Recherche me révèlent l’idée et le désir de la connaissance et de la science.

Par les traits que je viens de dire mon étude s’efforce de ne pas priver les choses du meilleur d’elles-mêmes. Mais le même souci de fidélité à l’être m’amène à regarder toujours leurs soubassements les plus humbles. J’insiste sur le recours au corps, à la motricité, à la sensation qui nous est imposé pour l’accomplissement et l’identification de nos opérations psychiques, si intimes et spirituelles soient-elles. Et l’observation attentive de cette nécessité me conduit, je pense, à améliorer la connaissance du langage. J’explique l’efficacité, limitée mais invincible, de ce dernier, après en avoir déterminé les diverses fonctions, dont je montre les rapports nécessaires. Je situe dans le monde des essences éternelles le signe et l’outil avec autant de soin que les espèces de faits d’opinion, m’efforçant de découvrir la parenté, idéale et agissante, des natures que j’étudie, bien distinguées toujours des natures semblables dont elles évoquent l’idée.

Une dernière particularité de mon travail, la plus importante si l’on regarde la matérialité de celui-ci, est de soumettre les faits d’opinion à l’idée du Bien, entendue au sens métaphysique qui est le fondement de toutes les acceptions dérivées de cette notion. Dans la première et la quatrième partie de La Recherche comme dans l’étude du Meilleur régime de l’esprit, je ne me demande pas uniquement ni même d’abord ce que c’est que bien juger et, plus généralement, bien « diriger son esprit », comme l’entend le logicien. Pour celui-ci, bien juger c’est ne donner son assentiment qu’au Vrai, et pour des motifs qui justifient cet assentiment, donc sans risquer de se tromper, ce qu’exprime l’adverbe : certainement ; bien diriger son esprit, c’est en user d’une façon telle qu’on parviendra à connaître le Vrai et de ce fait à y croire avec certitude. [xvi] Mais le logicien prend pour accordé qu’il est bon de croire au Vrai et ne voit dans la certitude qu’un moyen d’empêcher l’homme de se tromper, sans regarder ce qu’elle apporte à sa dignité d’être personnel. Nulle faute en cela : comme logicien, il raisonne ex hypothesi, s’étant proposé un objectif limité. Mais il est aussi et d’abord un sujet personnel, agissant par le maniement d’une nature où il trouve des amours, des désirs et diverses forces à leur service. Or de ces donnés, dont il use comme sujet distinct d’eux et de tout ce qui ne coïncide pas avec lui seul, l’idée du bon et du mauvais, du bien et du mal, est inséparable. Aucune décision de sa part n’est libre de référence à cette idée : le « permis » et 1’ « indifférent », auxquels il pense tacitement lorsqu’il agit sans se demander si ses actions sont licites, se situent encore par rapport à cette convenance et disconvenance de l’existence à l’essence qui définissent la bonté et son contraire. Le dessein de découvrir les conditions et les facteurs de la connaissance du Vrai et de faire de cette connaissance le seul principe décisif du jugement est ainsi d’autant meilleur que l’on soit mieux quelle est, en soi et en dehors de toute convention, la valeur de cette tâche comparée à toutes les autres et que l’on a plus méthodiquement formé et discuté le projet de l’entreprendre. Or, si cela n’est pas l’objet logique de mes ouvrages, qui s’occupent directement des faits d’opinion et non de la Recherche, c’en est le but et, je pense, le résultat.

J’en viens à un second point, que son analogie avec le premier doit éclairer : il s’agit toujours d’une insuffisance apparente de mes recherches. Mais cette fois elle aurait pour cause non l’attente d’un hypothétique avenir, mais l’inutile répétition d’un passé, chargé déjà de fruits suffisants. Mon texte a de multiples résonances et références cartésiennes, je devrais dire cartésianiques, puisque c’est de tout le cartésianisme, non du seul Descartes, qu’elles donnent un écho ou réclament un secours : ordre, distinction, adéquation, recherche du Vrai, conditions et valeur de sa découverte, bon régime de l’esprit, autant d’idées, de thèmes ou d’instruments intellectuels qui semblent inséparables du cartésianisme. Certains en concluront peut-être que j’ai voulu refaire quelque Discours de la Méthode, Réforme de l’Entendement ou Recherche de la Vérité, sans me soucier d’écrasantes comparaisons. Je dois dire, et l’on peut voir dès à présent qu’il n’en est rien. En effet, le problème dont je traite est, en vérité, déjà résolu par Descartes, Spinoza, Malebranche au départ même de leurs démarches. Ils prennent pour accordé qu’il est bon, non seulement dans l’abstrait mais pour eux, d’abord de chercher la [xvii] Vérité, puis d’opérer cette recherche par tels moyens matériels d’écriture, enfin de la publier. Ils ne se soucient pas de dire comment leur est venue et ce que vaut l’idée de cette fin et de ces moyens. Je m’efforce au contraire de donner méthodiquement le jour au dessein de l’Œuvre d’ensemble, d’une teneur rigoureusement déterminée par les essences, les valeurs, les Vérités éternelles, dont la recherche du Vrai, opérée à l’aide de mots et publiée, n’est que la part principale. Il me semble que les titres de mes ouvrages, bien compris, marquent sans ambiguïté l’indépendance, dans laquelle nécessairement et par hypothèse je me trouve à l’égard du cartésianisme. Le premier le dit ouvertement, puisque j’y rattache à des conditions préalables la Recherche dont les cartésiens font un absolu. Quant au second, tout lecteur attentif de La Recherche » comprendra que j’y donne au superlatif relatif le meilleur un sens plénier nouveau : la bonté du régime que je m’efforce de découvrir n’est pas faite seulement de son rapport au Vrai et à l’esprit mais de ses incidences sur tout ce que nous savons avoir quelque valeur.

Ces observations ont trait à l’objet formel de mes ouvrages. J’ajoute que le lecteur devra se méfier encore de certaines ressemblances, réelles mais superficielles, qu’il pourra relever entre leur teneur et les fameux préceptes cartésiens. C’est ainsi que la retenue du geste du jugement dont je fais l’indispensable auxiliaire de l’idée de la connaissance dans la lutte contre le jugement illégitime diffère tota via du simple ordre d’éviter soigneusement la précipitation et la prévention. Il implique une théorie des opérations psychiques qui est franchement anticartésienne, puisque elle voit dans le geste non quelque usage accidentel du corps par l’âme, rançon de leur union, mais l’indispensable moyen de tous nos actes d’esprit ou de volonté dans notre condition présente. De même, la connaissance, telle que j’en forme l’idée a priori, l’opposant à la pensée, ne coïncide que matériellement avec la perception claire et distincte de Descartes : son essence d’objet pensé, comme les conditions de sa conception par moi, sont tout autres.

Je ne peux nier cependant que mes ouvrages comportent un recours explicite à l’histoire. Le cartésianisme n’y est pas seul mis en jeu, bien que je lui rattache certaines notions particulièrement importantes : lorsque je parle de la prénotion physique ou de la solidarité organique par exemple, c’est à des doctrines — et d’abord à des questions — bien différentes que j’ai égard. Plus généralement, je fais comme si j’avais des semblables, m’adressais çà et là à des personnes vivantes, toujours écrivais pour elles [xviii] autant que pour moi, m’insérais enfin dans une histoire dont j’aurais le droit d’utiliser telles déterminations. Or je ne sais pas encore qu’il en est ainsi, puisque d’aucune de ces choses je n’ai connaissance : je me les représente seulement à partir de certains donnés sensibles qui me semblent, sans que je le voie immédiatement ou par démonstration, en être l’effet et la preuve. Je professe pourtant que la croyance n’est légitime qu’en face de Vérités connues. D’autre part la genèse idéale de la Recherche du Vrai est telle que chaque homme puisse la dessiner en lui. Préface d’une science qui doit être le bien de tous, elle évite toute note qui la restreindrait à tels esprits particuliers. Elle exclut donc l’information historique que j’introduis dans mes ouvrages. Ainsi je me contredirais deux fois, accueillant en moi une croyance que mes principes les plus explicites me commandent de retenir, et rendant impossible une communication avec mes semblables que je tiens pour nécessaire et m’efforce théoriquement d’obtenir.

À regarder les choses de plus près cependant, l’objection s’évanouit. Examinons d’abord sa première partie. Elle oppose au droit un fait — et un fait qu’impliquerait nécessairement mes démarches. Mais c’est à tort car, si le droit est bien ce qu’elle dit, le fait n’est ni réalisé ni exigible. En aucun point de mes deux volumes je ne décide de l’être, présent ou passé, de sujets semblables à moi, dont j’introduis seulement l’idée. Bien comprise, l’expression « les apparences de la vie sociale », dont j’use systématiquement, le dit nettement. Dans ces apparences, le psychisme n’est jamais donné, mais toujours supposé : pour user du langage défini et justifié dans la première partie de La Recherche, elles ne sont « objectives », c’est-à-dire connues, qu’en ce qui concerne des comportements corporels. Pour tout ce qui met en cause un psychisme, elles sont « mentales », c’est-à-dire présentes devant l’esprit avec un air de vraisemblance qui tend à leur obtenir l’assentiment mais dépouillées de l’état physique qui leur mériterait cet assentiment. Je ne commets d’ailleurs aucune faute en laissant intact le problème de la vérité de ces apparences mentales. En effet, je peux opposer à leur propos, en dilemme, deux éventualités qui couvrent tout le champ du possible. Ou elles m’intéressent seulement par leur teneur, qui me permet d’éclairer la structure et le mécanisme de faits donnés en moi et dont l’être est donc pour moi assuré : c’est le cas de ma théorie du langage, pris seulement comme moyen de communication possible entre des êtres intelligents. Ou leur existence importe au contraire à la vérité et à la certitude de mes assertions. Il en est ainsi lorsque je pense à des sujets dont je voudrais [xix] effectivement atteindre et modifier le psychisme. Mais dans le premier cas, je n’ai évidemment pas à décider de la réalité extramentale des situations décrites. Et dans le second, c’est à bon droit que j’en retiens l’idée sans lui donner encore mon assentiment. En effet, si je suis vraiment entouré d’êtres dont le comportement corporel exprime et prouve le psychisme, j’aurais tort de me priver du moyen de communication avec eux que constitue le recours à une information historique, qui, d’après les modalités de ce comportement, doit être présente au moins chez certains d’entre eux.

Je rencontre, il est vrai, ici, la seconde difficulté. Il y aurait opposition entre mon désir obligatoire de donner à mes démarches une portée universelle et le recours à une information dont tous ne peuvent jouir. Mais je vois bien qu’à l’analyse cette contradiction se résoud en une simple divergence partielle, qu’un accord supérieur compense. Pour mieux le prouver, insistons d’abord sur la réalité du désir, que la rédaction à la première personne de mes deux ouvrages pourrait masquer à certains.

Donc, l’Œuvre dont je traite, et dont la recherche du Vrai, mère de la science, se révèle à l’analyse comme la pièce maîtresse est une Œuvre ouverte à tous. Ou, plus précisément, les conditions de son entreprise idéale (que je détermine au chapitre VI de la quatrième partie de La Recherche) sont impersonnelles, en ce sens que les particularités qu’elles mettent en jeu ne renvoient à aucun sujet individuel, pris comme tel. Les démarches justifiant le service de la science humaine doivent avoir le même caractère. Nécessaires à ce service, il faut qu’elles conviennent à tous ceux qui le décident. Aussi bien me suis-je efforcé de ne les entacher d’aucune restriction. Le pronom de la première personne qui me sert et à les opérer et à les publier ne me désigne que par accident. Et il obligera mes lecteurs à les accomplir aussi personnellement que moi, au moins pour commencer, car s’ils les estiment indues, ils pourront ou plutôt devront ne pas les prendre finalement à leur compte. Pourquoi cet accord initial, les obligeant à rester, à ma suite, eux-mêmes ? C’est que les signes du langage, je le démontre longuement au second livre de La Recherche, sont nécessairement efficaces et que tout être qui leur donne leur valeur de signe épouse comme tel, les actes et attitudes de leur « émetteur ». Mes lecteurs les plus différents de moi s’approprieront donc la totalité de mes démarches, grâce à la subjectivité même de leur exercice. Lorsque cette subjectivité y est plus difficilement communicable, exigeant quelque transposition caractérielle, je la réduis au minimum. C’est ainsi que, dans le dernier [xx] chapitre, qui me conduit à adopter le projet de la Bona Mens, je ne consacre que quelques lignes à parler de moi, après une longue étude des « bons desseins » envisagés dans l’abstrait.

Ainsi, mes deux études ont bien l’intention d’être en principe accessibles à tous. Cela m’interdisait-il d’y avoir recours à des notations particulières d’ordre historique ? Pour répondre à cette question, remarquons d’abord qu’il est impossible à un auteur quelconque, dans un ouvrage quelconque, de se passer de telles notations. En effet, comme je le prouve maintes fois d’une façon détaillée, le succès personnel, et éventuellement social, de démarches qui ont en vue l’établissement de Vérités non immédiatement évidentes exige l’emploi systématique de mots. Ceux- ci sont les outils nécessaires des premières, en attendant d’en devenir les indispensables signes. Sans eux, elles ne peuvent être ni opérées ni propagées. Cela étant, pour qu’un auteur fût tenu d’user de mots ne mettant en jeu aucune convention particulière, il faudrait ou qu’il existât actuellement, en plus des idiomes propres à tels groupes limités, une langue commune à tous les hommes ou que l’auteur fût capable de la créer avant de penser et d’écrire. Dans le premier cas, il utiliserait la langue, lui apportant au besoin quelque retouche ou complément. (La chose serait nécessaire, s’il ne pouvait par le seul maniement de ses outils effectuer toutes les opérations et surtout désigner tous les objets qu’il voudrait. Et le progrès tant de l’invention que de l’analyse amènerait nécessairement cette impossibilité, qui en serait elle-même la marque heureuse). Dans le second cas, l’auteur construirait lui-même la langue. Mais il est évident, à leur seul énoncé, qu’aucune des deux éventualités n’est présentement réalisée pour quelque homme que ce soit : il n’est point de langue universelle et sa création, par les soins qu’elle demanderait, rendrait irréalisable dans l’immédiat l’ouvrage qu’on lui subordonnerait. L’exigence d’une impersonnalité totale réduirait donc tout auteur au silence.

Heureusement cette exigence est-elle abusive. Pour être parfaite, la science humaine et les démarches qui lui donnent le jour doivent seulement être en principe ouvertes à tous. Cela revient à dire que leur auteur doit n’utiliser que des instruments dont chacun serait capable de se servir, convenablement élevé et instruit. La recherche du Vrai s’accommode de la diversité tant des chemins que des marches ou plutôt elle en tire bénéfice, comme je le montre au chapitre IV de la deuxième partie de La Recherche. Et la pluralité des langues, qui en favorise le succès pour ses agents individuels, ne fait point de tort à l’universalité exigée par la bonté des ouvrages, puisque chaque langue est traduisible [xxi] dans toutes les autres, en vertu de leur commun rapport au langage, leur principe éminent unique.

Mais, entre l’emploi d’une langue particulière et l’usage de notions propres à tels penseurs ou expressives de telles institutions historiques, il n’est qu’une différence de degré. L’absence ou l’insuffisance d’information de plusieurs de mes lecteurs éventuels à l’égard de ces notions n’était donc pas plus pour moi une raison invincible de les ignorer par principe que la faible diffusion de la langue française ne m’interdisait a priori de penser et d’écrire en français. Dans l’un et l’autre cas, en l’absence de raisons absolues, le problème consistait à peser le pour et le contre de la méthode à choisir. Cela étant, j’ai pensé et écrit en français pour des raisons personnelles, parce que le français est ma langue maternelle et qu’avec tout autre idiome j’avais moins de chances d’opérer correctement mes démarches, qu’il me fallait bien accomplir avant de les propager. Et j’ai recouru — modérément— à des notations d’ordre historique pour des raisons qui mettent au contraire en jeu principalement mes semblables ; il s’est agi pour moi d’être à leur égard plus clair et plus convaincant et surtout moins fictif et plus humain.

Toutes les fois que mes assertions ou mes concepts pouvaient recevoir un accroissement de clarté ou de force d’une référence à quelque grande doctrine habituellement connue, à en croire « les apparences de la vie sociale », ne fallait-il pas, sans m’abstenir pour autant de les expliquer directement, les lui rapporter ? Les doctes bénéficieraient de la chose, les ignorants n’en pâtiraient pas et pourraient en prendre occasion pour s’instruire. Et, plus encore, ne devais-je pas, par cet appel ouvert à un secours extérieur et social, rappeler et limiter à la fois le caractère fictif de mon essai ? Toute publication repose sans doute sur des conventions. Elle implique l’usage de signes dont le sens est supposé connu : elle présente surtout comme instantanées des démarches étudiées, qu’ont préparées non seulement un grand nombre d’essais, critiques, corrections ayant en vue leur propre mise au jour mais des années d’instruction et d’éducation, sans lesquelles leur agent n’eût point disposé de l’équipement intellectuel qu’exigeait leur seule entreprise. Ces conventions sont nécessaires. Elles seules permettent aux ouvrages de l’esprit d’avoir l’indépendance et le fini que réclament leur individualité, les délivrant d’un travail très étendu et mal délimité de fondation. Mais, en les oubliant, on se méprendrait totalement sur la portée des premiers. Le mal serait particulièrement grave pour un travail qui concerne la naissance de la science humaine. Celle-ci existe, [xxii] pleine de force et de beauté. Je décris, si je peux dire, sa conception, sa gestation, sa mise au monde idéales. Et c’est afin d’illustrer son être de fait présent. Pour n’être pas dupe de mon dessein, il convenait de l’encadrer dans le paysage extérieur et social où il s’insère effectivement, et pour cela de donner à mon essai une certaine note d’historicité. Dans mon intention et théoriquement, mes démarches émanent de ce que je nomme la partie hégémonique de l’esprit : le meilleur et le fond de celui-ci. Raison de plus pour ne pas masquer l’incalculable débit de mon esprit, les innombrables et incessantes grâces reçues par lui au sein des « apparences de la vie sociale ». J’y pourvois par mes références historiques. Un autre avantage de celles-ci est de donner à mes lecteurs le droit d’agir comme moi et de découvrir leur vocation de chercheur à leur mode et avec leurs aides propres : j’écarte radicalement pour la science humaine l’exigence d’une uniformité qui serait inféconde et pratiquement impossible. Ces avantages m’ont paru l’emporter sur ceux d’une impersonnalité purement apparente et inhumaine.

Je n’ai plus qu’à reconnaître maintenant, en en donnant la raison, une faiblesse certaine de mes deux ouvrages. Leur objet est d’accomplir, en les organisant comme il faut, diverses démarches, d’esprit ou de volonté, qu’appelle une idée. J’opère ces démarches en émettant des mots écrits dont la lecture et l’intellection doivent permettre à mes semblables de refaire matériellement les premières, en s’associant à elles, si elles leur paraissent le mériter. Une différence profonde nous sépare donc à l’origine, qui ne disparaît que peu à peu. Elle concerne le principe même de nos démarches communes. Ce principe est une idée. Elle tranche très nettement pour moi sur toute autre idée et plus généralement, sur tout mode de ma vie intérieure. Et ses résonances affectives me le rendent bien sensible. Mais je ne peux l’exprimer d’abord que très imparfaitement à cause de sa complexité, de la nouveauté de certains de ses éléments, de son indistinction partielle. Alors que j’ai, par droit d’auteur, non seulement un sentiment précis et une première vue d’ensemble de sa teneur mais la connaissance de sa structure, c’est de l’extérieur, par voie de composition, progressivement, que je la fais partager à mes lecteurs. Il en résulte que mes démarches et leur ordre ne pourront d’emblée se faire apprécier justement d’eux, faute de leur révéler leurs raisons et même plus simplement leur sens. Je me soumets, dès l’origine, à des exigences de l’idée qu’il m’est impossible d’énoncer d’un seul coup, alors que j’en ai personnellement, sinon une conscience entière, du moins un sentiment [xxiii] assez éclairé et précis pour savoir que je dois m’efforcer d’y satisfaire. Mes lecteurs pourront donc me reprocher des lenteurs, des détours, des soins excessifs, là où je m’efforce seulement d’être fidèle, dans ma façon et de juger et de penser, au « meilleur », tel que j’en ai une première connaissance et en découvre progressivement la teneur. Je leur demande, pour porter un jugement définitif sur mon effort, d’en attendre le terme et, j’espère, les fruits, c’est-à-dire d’avoir achevé mes deux ouvrages [2].

[xxiv]


[2] On notera que, dans cet avant-propos, comme dans mes ouvrages, je distingue par la majuscule des efforts particuliers, si graves soient-ils en eux-mêmes et aux yeux de leur auteur, tendant à la découverte de telles Vérités la conduite par laquelle l’homme s’efforce de découvrir systématiquement la Vérité. La Recherche est le principe éminent et la synthèse ordonnée des recherches. De même l’Ordre est, considéré sous son aspect de valeur, l’ensemble des relations qu’exigent ou appellent idéalement les essences ou plutôt le principe de la bonté, obligatoire ou seulement souhaitable, de ces relations. En revanche, une disposition de fait quelconque, assemblant tels rapports concrets, est pour moi simplement un ordre, même si elle est ce qu’elle doit être, se conformant ainsi à l’Ordre.


Retour au texte de l'auteur: Jean-Marc Fontan, sociologue, UQAM Dernière mise à jour de cette page le jeudi 27 juin 2019 9:14
Par Jean-Marie Tremblay, sociologue
professeur associé, Université du Québec à Chicoutimi.
 



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