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Collection « Les auteur(e)s classiques »

Suite à Mars. Tome I. Convulsions de la force. (1939)
Avant-propos


Une édition électronique réalisée à partir du livre d'Alain (Émile Chartier) (1868-1951), Suite à Mars. Tome I. Convulsions de la force. Paris: Les Éditions Gallimard, 1939, 309 pp. Collection NRF.

[7]

Suite à Mars.
Tome I.
Convulsions de la force

Avant-propos

Il a paru intéressant aux éditeurs de conserver, non pas un choix des Propos écrits sur la guerre en ces vingt ans de paix armée, mais plutôt de rassembler tous ces Propos qui correspondent à une réflexion continue sur quelque aspect nouveau de guerre et paix suggéré par les événements au cours de ces vingt ans. Cette réflexion a permis à l’auteur de pénétrer tout à fait dans son sujet : car il ne s’agit pas alors d’anecdotes ; mais bien plutôt c’est la notion de force qui est explorée et comme retournée. La doctrine de la force, si cohérente, si remarquable par ses réalisations s’est montrée d’année en année plus clairement, et cela ressortira d’une publication comme celle-ci qui présente, en trois cent cinquante articles réunis en deux volumes, le double aspect de la force. D'un côté les convulsions qui lui sont propres et par lesquelles elle s’éveille elle-même. En même temps, d'autre côté, et par cette intime dialectique, apparaît ce qui est la confirmation des vues doctrinales de l’auteur, et c’est l’échec de la force, dont on pourra remarquer qu’il dépend moins d’un équilibre neutralisé que d'une sorte de loi intime de la force, ou, pour mieux dire, de l’effort continu de la force vers l’établissement d’un droit, ce qui loge la paix au creux même de la guerre, et semble devoir régler toute cette période historique que nous vivons, où la défensive se substitue à l’offensive, jusqu’à annuler les plus brillantes théories de la force. Que le lecteur fasse seulement attention à ceci que, par les raisons [8] ci-dessus résumées, il n'y a pas des analyses qui traitent de la convulsion, ni d'autres qui traitent de l’échec mais au contraire, toute analyse un peu poussée conduit au point essentiel où les deux notions, convulsion et échec, n'en font plus qu'une. L'auteur se félicite d'avoir conduit jusqu'à ce point la dialectique interne de la force, dans le temps même où nous voyons que l'esprit de l'histoire aboutit au même point, quelque détour que l'on prenne.

Il ose conjecturer que, par cette convergence de tant de pages, cette Suite à Mars pourrait bien conduire plus avant dans la doctrine que Mars lui-même. Et le lecteur trouvera sans nul doute que ces improvisations quotidiennes sont souvent plus éloquentes et plus variées que les chapitres d’un traité.

Certainement on finira par joindre ensemble la Guerre et la Paix sans aucune contradiction, et simplement en donnant toute force et toute étendue à leurs raisons. Et cette conciliation des notions étant la vraie Paix, on espère n'avoir rien négligé pour arriver à la vraie Paix et pour mettre la sérénité dans les esprits si longtemps partagés entre les deux éternelles thèses.

Tous nos souhaits donc au lecteur inconnu et aussi toute notre foi dans l’Esprit qui se tirera de ces difficultés comme il s’est tiré de tant d'autres.

31 décembre 1938.



Retour au texte de l'auteur: Jean-Marc Fontan, sociologue, UQAM Dernière mise à jour de cette page le samedi 13 octobre 2018 16:25
Par Jean-Marie Tremblay, sociologue
professeur associé, Université du Québec à Chicoutimi.
 



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